Voilà un peu plus d’un an que Gaëlle régale nos papilles avec ses recettes végétaliennes hautes en saveurs, en couleurs et en originalité, verdit notre quotidien avec ses DIY écologiques et ses astuces pratiques, et nous en met plein les yeux avec ses photos débordantes de poésie, de fraîcheur et de douceur ! Chacune de mes balades sur son blog Better than Butter est source d’évasion et d’inspiration et me permets de prendre le temps d’apprécier la beauté des petits riens du quotidien… et comme ça fait du bien !
Cette talentueuse blogueuse de 18 ans vit actuellement à Paris où elle fait une prépa BCPST (biologie/agro-véto) afin de devenir paysagiste. Aujourd’hui, elle revient sur son cheminement vers le véganisme depuis ses 15 ans, sa vie de famille dans la Sarthe, et partage avec nous ses réflexions et ses conseils plein de bon sens et de sagesse…
Gaëlle, te souviens-tu du jour où tu as annoncé à ta famille que tu souhaitais adopter un mode de vie végane ? Qu’as-tu ressenti, comment ton entourage a-t-il réagi ?
Je n’ai pas de souvenir précis du jour où j’ai vraiment décidé d’être végane. C’était plus un cheminement qu’une décision prise du jour au lendemain. Ce cheminement ne s’est pas fait par la voie la plus ‘classique’, c’est à dire végétarisme plus végétalisme, c’était un peu un tout : j’avais arrêté la viande (je ne vais pas vous mentir, par goût au début), le fromage, le beurre, mais je mangeais encore du poisson, des œufs et du yaourt. Mon but n’était pas le végétarisme ni même le végétalisme, je le faisais pour le côté environnemental, c’était un peu comme un chemin inexploré pour moi et je ne savais pas trop où j’allais, même si je rassurais mes parents en leur disant (alors que je ne le pensais pas du tout) : ‘je veux devenir végétarienne mais je mangerai encore du fromage, rassurez-vous !’. C’est en cherchant des alternatives à tout ce que je souhaitais arrêter que j’ai découvert que cela avait un nom, le végétalisme, et j’ai découvert tout l’aspect éthique derrière qui m’a mis une ‘bonne claque’ ! Et, bizarrement, le fromage a été une des choses les plus faciles à arrêter – alors que je viens d’une famille agricole qui produit du fromage et que j’ai dû en manger des tonnes –, le plus dur a été le yaourt. Ma famille proche l’a plutôt bien pris, et surtout je sortais de quelques problèmes liés à mon alimentation et à l’image que j’avais de moi-même et soit je mangeais vg, soit je ne mangeais rien !
En revanche, pour ce qui concerne ma famille dans un sens plus large, ma décision d’être végéta*ienne a été très, très, très mal perçue. Toute ma famille maternelle travaille ou a travaillé dans l’élevage de bovins, mon oncle et ma tante par exemple transforment leur lait et en font du fromage, du yaourt, de la crème, du beurre… L’élevage est le pilier familial et arrêter de manger de ces produits (ainsi que les animaux qu’ils chassent…) est un véritable sacrilège.

Lorsque tu es devenue végétalienne, comment se sont organisés les repas chez tes parents ?
J’ai toujours fait beaucoup de cuisine à la maison. J’adorais préparer les repas et je le faisais souvent. Au début, lorsque je suis devenue vg, j’ai dû me préparer à manger car mes parents ne savaient pas quoi me faire. D’un autre côté, on n’a jamais mangé beaucoup de viande à la maison et on consommait déjà beaucoup de légumineuses, mais le plus compliqué a été de convaincre ma mère à ne pas mettre du beurre partout.
Après quelques temps, ils ont commencé à préparer des repas entièrement vg pour toute la famille, chacun pouvait ajouter du beurre dans ses haricots verts s’il le souhaitait, mais les plats sur la table étaient vg. Je pense qu’il leur a fallu un temps pour qu’ils voient vraiment ce que je mange ou pas étant donné que je ne leur ai jamais clairement formulé que je voulais devenir végane, et puis ils ont certainement dû trouver un peu d’inspiration en regardant ce que je me préparais.
En tout cas, je n’ai jamais rien voulu leur imposer, je n’ai jamais critiqué ce qu’ils mangent et ils ne le font pas pour moi, ça marche dans les deux sens ! Je n’ai pas à juger ce qu’ils font, s’ils ont très envie d’un gâteau au chocolat ils le mangent et je ne dis rien, et ils ne me forcent pas à en prendre non plus.
Tes prises de conscience ont-elles également eu un impact sur leur mode de vie et leurs choix alimentaires ?
J’ai l’immense chance d’avoir des parents qui ont toujours été concernés par notre alimentation : on a toujours mangé beaucoup de bio et de légumineuses, quand ma sœur et moi étions petites nous n’avions quasiment jamais de petits pots sauf ‘pour dépanner’, notre alimentation a été relativement saine. Comme je l’ai dit, nous ne mangions pas beaucoup de viande, et ils en mangent encore moins maintenant. Pour ma mère (mes parents sont séparés), c’est maintenant une des choses les plus normales que de manger des saucisses au tofu.
Je pense que ce qui leur plaît c’est aussi la facilité de la cuisine vg : les plats sont bien moins difficiles à laver, les gâteaux sont faits en un tour de main, il n’y a pas besoin de faire fondre le beurre pour des cookies, je trouve – et eux aussi – qu’il n’y a pas plus simple comme cuisine ! En plus de cela, je cuisine toujours beaucoup, et il arrive très fréquemment que ma mère me demande certaines recettes et c’est une vraie petite victoire pour moi !

T’es-tu sentie comprise ou soutenue dans le contexte scolaire (autant par tes camarades que les responsables) ?
C’est là que les choses se compliquent. Au lycée je n’ai mangé au self qu’en seconde (quand je n’étais pas encore vraiment vg) puis j’ai arrêté en première et terminale, mais je sais pertinemment que cela n’aurait pas été possible de me préparer des plats végétaliens. Les légumes, les pâtes, tout baignait dans une piscine (oui!) de beurre et d’huile (je n’ai pas de photos mais je vous jure que c’était assez terrifiant). Arrivée en prépa, je mange au self le midi, et j’ai bien essayé de discuter pour qu’on me garde une portion de pâtes avant qu’ils n’ajoutent tout leur beurre mais la scolarité n’a rien voulu entendre et, du coup, je me contente d’un bout de pain (blanc…) et d’un fruit le midi.
Pour ce qui concerne mes camarades, je n’osais pas trop le dire au lycée, mais je l’ai dit à certain-e-s ami-e-s de prépa et ils ont été extrêmement ouverts à cela : j’ai bien sûr eu la fameuse question des protéines mais ils me posent beaucoup de questions et cela me réjouit énormément. D’un autre côté, je ne le crie pas sur les toits et je le dis à des personnes en qui j’ai confiance, mais comme on part en voyage scolaire très bientôt, j’ai hâte de voir la réaction de tous lorsqu’ils vont remarquer que je n’ai pas le même pique-nique qu’eux ! (le pique-nique est préparé par le centre qui nous hébergera).
Quels conseils donnerais-tu pour faciliter la transition sociale à un/e ado qui souhaiterait devenir végétata*ien ou végane ?
Déjà, je lui suggérerais de ne pas avoir peur le dire. Je ne dis pas le dire à tout bout de champ pour se faire remarquer, non, mais d’oser dire ‘je suis végane’ quand on nous pose des questions. Je n’ai pas assez osé le faire et je pense que ça m’aurait beaucoup aidé. Il faut vraiment formuler clairement ce qu’on mange et ce qu’on ne mange pas, il faut que ça soit clair pour les autres, et généralement ça passe mieux. En plus de cela, j’ai remarqué qu’oser le dire, sans peur ou timidité, d’assumer son végéta*isme (mes grands problèmes!) est beaucoup plus convainquant pour les omnis qui, du coup, vont moins chercher à nous convaincre de prendre un bout de fromage ou de se moquer.
Cela me fait penser à un exemple qui m’a beaucoup marquée et qui a été extrêmement constructif pour moi. Mon cousin a fêté il y 2 ans ses fiançailles avec sa copine. Ce n’était pas vraiment le genre de choses à laquelle nous étions habitués, il y avait foie gras, champagne, petits fours… J’étais vg et j’appréhendais énormément cet événement. Le repas a inévitablement commencé par le foie gras, que j’ai mangé avec des nausées insupportables et je n’étais vraiment pas bien physiquement et psychologiquement. Je n’avais alors pas osé dire que j’étais vg car je n’avais pas envie de me faire remarquer. Et là, je vois la copine de mon cousin – qui était à la même table que moi – manger une soupe car elle est végétarienne. Je n’en revenais pas. Je m’étais forcée à manger ce foie gras, et j’ai devant moi une fiancée vg ! J’en ai profité pour leur dire je ne mangeais pas de viande et j’ai eu droit à un véritable festin. Donc le dire ne vous coûte rien et peut même vous apporter d’agréables surprises 🙂
Ensuite, j’ajouterais qu’il ne faut pas hésiter à préparer des plats vg lorsque vous êtes invité-e-s, à une soirée par exemple ou un repas de famille. On retrouve énormément dans un cas des chips, des pizza, et d’autres choses non vg et dans l’autre de la viande, du poisson, du fromage. Emmenez par exemple des cookies, un cake, une quiche vg – sans dire que ça l’est avant!- et étonnez-les par la déliciosité des plats vg ! Pour ce qui est des repas entre amis qui finissent souvent au Mc Do ou au kebab, proposez-leur d’aller dans un resto indien ou de manger des falafels, ils sont généralement très agréablement surpris et y retournent ! (et ils sont même contents de dire : ‘j’ai mangé un plat sans viande et c’était trop boooooon !’ 😉 )
En revanche, il y a une question que je n’ai toujours pas résolue, c’est celle de savoir par exemple si je mange ou non ces crêpes préparées avec amour par une personne qui m’est chère. Ici, je pense que cela dépend des personnes, et je rappelle qu’il n’y a pas de police vg pour surveiller ce qu’on fait ! Le végéta*isme est déjà compliqué à vivre dans notre société française, il ne faut pas à mon avis que ça devienne une obsession, il faut prendre du recul. Ce n’est pas une question de pureté, ce n’est pas parce que vous allez manger cette part de tarte que vous allez être rayé de l’ordre des vg 😉
Pour clôturer cela, j’ajouterais que le végéta*isme doit être une source de plaisir, de rencontres et de découvertes et pas quelque chose qui nous fait replier sur nous-mêmes. On ne veut pas qu’on nous prenne pour des vg extrémistes asociaux, non ? 🙂

Très chouette témoignage !
je suis d’accord pour la question de la police VG et de la pureté, le recul, tout ça 🙂
Merci Linette ! 🙂
La question de la pureté et de ‘ce qu’on a le droit de manger ou pas’ m’est très importante, on perd souvent le contrôle de ce qu’on fait, en tout cas je trouve qu’il est facile d’oublier pourquoi on est vg : on ne mange pas ‘ça’ ni ‘ça’ mais on oublie les raisons derrière, comme si on s’installait dans une routine 🙂 Et puis la question ‘est ce que tu as le droit de manger ça’ revient souvent, j’ai le droit de TOUT manger, après c’est une question de convictions 😉
ah làlàlààààà mais Gaëlle c’est ma sorcière bien aimée !!! 😀 😀
<3 <3
des bisous vous 2 <3
C’était une très belle interview et j’aime beaucoup sa façon de penser, je m’y retrouve!
Merci ! je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule à penser comme ça aussi 🙂
Merci ! je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule à pense comme ça aussi 🙂
Merci beaucoup pour cette interview qui me parle pas mal car j’ai un âge assez proche de celui de Gaëlle, même si pour moi la prise de conscience est venue un peu plus tard. Cependant; là où s’est pour moi un peu plus difficile c’est que mes parents ne me soutiennent pas vraiment dans ces choix! Du coup, c’est encore plus dur d’en parler à l’extérieur… Et comme elle (et je pense beaucoup d’entre nous), j’ai du mal à refuser quelque chose cuisiné pour moi avec amour… Je suis persuadée que le chemin vers le végéta*isme se fait petit à petit et qu’un jour, je serais assez forte dans mes convictions pour les opposer aux autres, y compris ma famille!
Merci encore à toi Gaëlle pour ce beau témoignage et à toi Natasha pour ces éco-défis.
Merci à toi ! 🙂
J’ai conscience que j’ai des parents géniaux qui me laissent manger comme je veux, et je leur en suis très reconnaissante ! Forcément, ça passe beaucoup moins bien avec des parents qui ne nous comprennent pas, mais j’avoue que ça n’est pas toujours tout rose chez nous et que j’ai parfois dû faire quelques concessions au début, surtout aux repas de famille, sinon ça allait tourner en scandale (ou presque) 😉
Je ne sais pas comment tes parents réagissent, s’ils rejettent en blog le végétalisme ou s’ils ne veulent pas faire un plat à part, en tout cas je te souhaite beaucoup de courage ! 🙂
Je confirme,pour ma fille de 15 ans :impossible de manger au self du lycée.Nous avons déménagé pour qu’elle rentre manger à la maison dés que son emploi du temps le lui permet.
Merci Gaëlle pour ce joli témoignage, je suis justement en plein questionnement, maman végé, j’ai une de mes filles qui l’ai aussi et elle rentre au collège l’an prochain, nous sommes allés à la porte ouverte de l’établissement pour lui faire découvrir son nouvel univers, mais bloqués sur l’établissement en lui-même et l’enseignement c’est que maintenant que je me dis « mince t’as pas posé la question pour ses repas au self » qu’elle nouille je fais mais il est encore temps demain que je leur téléphone pour poser la question, nous rassurer peut-être et au pire prévoir une organisation à condition qu’elle soit acceptée par l’établissement, affaire à suivre donc. Merci encore à toi pour ce témoignage et ton blog que je trouve très intéressant dynamique et motivant, Biz
Un très beau portrait et témoignage !
Merci !
Je dois dire que je me retrouve dans plusieurs phrases et vécus. 🙂
Merci à toi ! 🙂
Très joli !
Ah Gaëlle je l’adore ! un rayon de soleil, de simplicité, d’inspiration !
Ooooh, merci !
Merci Gaëlle , tu es un exemple pour les jeunes vege ! bravo a toi ! en plus tu es une excellentes cuisinière !
Merci à toi Cindy ! Je ne pense pas être tout ça mais c’est très gentil 🙂
Une belle interview par une très dynamique et inventive jeune femme =)
Comme Gaëlle le dit si bien, c’est important de déclarer si l’on est végéta*ien et d’être clair(e) sur ce qu’on mange ou non. Lors des repas avec mon équipe académique, j’ai dû me mettre « à découvert » par deux fois, en le signalant ouvertement car les personnes qui organisent n’y pensent juste pas ! (mais sont souvent très ouvertes 🙂 )
Mais je me demande: en France, pour les temps de midi, vous ne pouvez pas amener votre propre repas ? Où cela dépend des collèges/lycées?
Sinon, c’est vrai qu’affronter seul(e) cette position alimentaire n’est pas toujours chose aisée: on est plus fort quand on est plusieurs à partager ce mode de vie, moins sujet aux critiques.
Encore merci pour ce partage 🙂
Merci Emi 🙂
C’est vrai que les personnes n’y pensent pas, mais en leur rappelant que ça va commencer à être banalisé.
Alors, pour ce qui est du repas du midi, je peux emmener quelque chose à manger mais il faudrait que j’aille faire réchauffer tout ça à l’infirmerie et manger toute seule là bas et ça ne me tente pas trop 🙂 Sinon une personne (géniale et fabuleuse) m’avait donné l’idée d’apporter des trucs un peu discrets que je n’ai pas besoin de faire réchauffer comme de d’hummous, mais j’avoue que j’ai un peu la flemme de le faire et que je n’ai pas forcément le temps de me préparer à manger pour le midi en plus. Au lycée j’aurais pu aussi, j’aurais pu manger dans le ‘foyer’ mais pareil, j’aurais été toute seule et ça ne me tente pas trop 🙂
Merci encore à toi !
Ah, tu ne pouvais pas manger avec les autres qui étaient au réfectoire ? que c’est bizarre quand même.
Et en prépa, tu as des alternatives végétariennes dans les restaurants scolaires ? En Belgique, hormis là où je suis maintenant, il y a chaque repas une alternative végétarienne et la possibilité de faire des assiettes composées etc. Bon courage pour tes examens en tout cas 😉
Merci pour ce tres joli temoignage!
Deja a mon epoque (pfiou!) les carrottes baignaient dans l’huile au sefl du lycee… c’est dommage que ca n’ait pas change.
Aaaah, il y aurait BEAUCOUP de choses à changer dans les cantines 😉
Merci à toi !
Bonjour à tous et merci à Gaëlle pour ce témoignage !
ça fait du bien de voir que d’autres personnes sont passées (ou passe) par là :-)! Je suis vegan et je vais rentrer en seconde l’année prochaine. J’appréhende énormément sur la nourriture sachant qu’en plus je serais en internat. Le lycée dans lequel je vais est un petit peu tourné vers le bio et fais attention à prendre du local, mais de là à proposer un menu sans viande-sans poisson-sans beurre-sans lait-sans crème, il y a un pas ! Je ne sais pas encore qu’est-ce que je vais pouvoir faire… Re-manger de la viande est hors de question pour ma part mais je pense que je ne pourrais pas faire l’impasse sur les produits laitiers…
Si quelqu’un a des conseils d’ailleurs, je suis preneuse !
Merci beaucoup en tout cas pour cette article qui m’a permis de découvrir une nouvelle blogueuse qui m’a l’air très intéressante !
Une belle vague de fraîcheur cette gaëlle. Et j’ai pêché, j’ai lu l’article alors que j’avais faim, et ben c’est malin! Les photos sont effectivement superbement alléchantes! Merci pour ce bel article