“Est-ce que tu es végane ?”. Voilà une question que l’on me pose de plus en plus souvent et à laquelle je vais tâcher d’apporter une réponse dans cet article…
Grâce à tout ce que j’ai pu vivre, observer et lire ces dernières années, il ne fait pour moi aucun doute : tous les animaux (humains et non-humains) sont des êtres sensibles, sentients et doués de conscience qui désirent vivre, qui peuvent éprouver du plaisir et qui ne supportent pas la souffrance, qu’elle soit physique ou émotionnelle. Ainsi, je m’oppose à tout comportement qui pourrait nuire à leur bien-être et/ou causer leur mort, lorsque celle-ci n’est ni nécessaire, ni voulue. Si prendre soin des êtres humains m’a toujours semblé naturel et normal, prendre soin des animaux non-humains ne l’a malheureusement pas toujours été pour moi. J’ai grandi à une époque, dans une famille, dans une société et dans un environnement où l’exploitation et la mise à mort des animaux non-humains sont dissimulées, normalisées et/ou banalisées.
J’ai malgré tout, comme beaucoup d’entre nous, développé une certaine sensibilité vis-à-vis d’un grand nombre d’espèces animales ainsi qu’un réel malaise ou dégoût concernant la consommation ou l’exploitation de plusieurs d’entre elles. Comme je le raconte dans l’article “Les animaux et moi” et “Le jour où j’ai arrêté de manger des animaux”, j’ai toutefois mis du temps avant de réaliser que j’étais spéciste et carniste. En tant que spéciste, je partais du principe que certaines espèces étaient supérieures à d’autres et méritaient donc davantage de considération morale et de droits. Ceci se reflétait dans mon comportement vis-à-vis de plusieurs espèces animales. En tant que carniste, je justifiais la consommation de produits d’animaux non-humains en m’appuyant sur différentes croyances socio-culturelles. De ce fait, manger des aliments ayant engendré la mort d’animaux me semblait naturel, normal et nécessaire quelles que soient les circonstances.
Puis, il y a environ 5 ans, j’ai commencé à m’intéresser de plus près à mon impact sur l’environnement. Inévitablement, j’ai pris conscience du fait que les produits carnés que je consommais étaient une grande source de pollution. Je ne comprenais toutefois pas pourquoi la consommation d’aliments que je considérais alors comme étant vitaux à mon bien-être pouvaient être si néfastes pour la planète. En continuant mes recherches, j’ai appris que les nutriments associés aux produits carnés (protéines, fer, calcium…) étaient également présents dans le règne végétal et qu’il était donc possible d’avoir une alimentation saine et équilibrée sans se nourrir d’animaux. Je me suis alors intéressée à l’alimentation végétalienne et au fil de mes lectures, j’ai réalisé qu’outre son impact sur l’environnement, l’exploitation des animaux pouvait être la cause de souffrances ignobles et inimaginables et ce bien au-delà de l’industrie alimentaire.
Cette prise de conscience m’a bouleversée et je me suis alors plongée dans la lecture d’articles et d’ouvrages susceptibles de m’aider à comprendre comment on en était arrivé là, comment j’avais pu être naïve à ce point, comment j’avais pu être complice d’un système aussi violent et discriminatoire et surtout comment je pouvais m’en affranchir… La lecture de No Steak et de La révolution végétarienne, en décembre 2013, m’ont apporté certaines réponses et ont déclenché ma volonté de changer mon rapport aux animaux en adoptant une vision antispéciste et en remettant en question mes croyances carnistes.
Depuis, je ne mange et ne bois plus aucun aliment d’origine animale, je n’utilise aucun produit ménager ou cosmétique contenant des matières animales ou testé sur les animaux, je n’achète plus de textiles réalisés à partir de fibres animales et je continue d’éviter les endroits où les animaux sont exploités – zoos, cirques, aquariums etc.-, ce que je faisais déjà bien avant de m’intéresser au véganisme. Je fais donc de mon mieux au quotidien pour faire des choix qui ne causent aucun tort aux animaux et qui ne contribuent pas au maintien d’un système spéciste et carniste. Je ne dis pas que ma manière de faire ou de vivre est la meilleure, car il n’existe selon moi pas de modèle idéal à suivre et applicable à tous les contextes ; c’est toutefois celui qui me correspond le mieux ici et maintenant puisqu’il me permet d’appliquer mes valeurs, d’être en harmonie avec mon environnement et de me sentir bien dans ma tête et dans mon corps au quotidien.
Ceci dit, je continue d’utiliser mes chaussures en cuir, mes pulls et ma couverture en laine ainsi que notre couette en plumes achetés il y a quelques années. Il m’arrive également d’avaler des médicaments qui ont probablement été testés sur les animaux. Il m’arrive aussi de boire du vin sans certitude qu’il soit végane. Quand je mange un plat végétalien dans un restaurant non-végane, j’ignore si mon plat est réellement exempt de produits animaux tant ces derniers sont utilisés dans l’industrie alimentaire sous forme d’additifs. Il se peut également que les fruits et légumes bio que j’achète soient cultivés avec des engrais d’origine animale. Il se peut aussi que les cabosses des fèves de cacao utilisées pour fabriquer les tablettes de chocolat que j’achète aient été transportées par des animaux malmenés. Une ou deux fois par an, je vais chez une esthéticienne qui utilise des produits qui ne sont pas labellisés cruelty-free. Je regarde parfois des séries ou des films dans lesquels apparaissent des animaux dressés et exploités par l’industrie cinématographique. Je fais mes achats auprès de producteurs, de marques, de sites et dans des épiceries, cafés et restaurants qui ne vendent pas que des produits véganes ; mon argent finance donc indirectement la production, l’achat et la vente de produits non-véganes. Quand bien même j’adhère aux fondements du véganisme, m’assurer que chacun de mes choix ne nuit à aucun animal me paraît encore compliqué.
Nous vivons dans une société où l’exploitation des animaux non-humains est tellement répandue et acceptée – dans le domaine de la santé, des loisirs, de l’éducation, de l’alimentation, etc., – qu’il est parfois laborieux de s’y soustraire. Ici et là, je croise régulièrement des critiques véganes et même non-véganes qui reprochent les contradictions et le manque d’engagement de certains véganes et qui laissent à penser que pour être végane il faut atteindre un idéal imperfectible. Pourtant, il n’y a ni lois véganes ni gourous véganes ni police végane… Le véganisme repose sur une idéologie nourrie par les pensées et les actions d’une multitude d’hommes et de femmes, à travers le monde et à travers les siècles, qui considèrent que les animaux sont des êtres sensibles à qui l’on devrait accorder des droits et non des commodités que l’humain peut exploiter à son gré. Il existe toutefois toutes sortes de véganes : des welfaristes, des abolitionnistes, des écologistes etc. Leurs motivations, leur manière de vivre leurs convictions au quotidien et leur buts ultimes sont variables mais leur considération pour les animaux reste la même.
Et moi dans tout ça ? J’avoue que je ne sais pas vraiment car à mon sens, il n’y a pas de véganisme universel idéal et je considère que notre rapport aux animaux est à la fois personnel et contextuel. J’ai beaucoup voyagé et j’ai partagé le quotidien de peuples aborigènes qui se nourrissaient exclusivement des plantes et des animaux qui les entouraient. Ils étaient néanmoins bien plus en harmonie avec leur environnement et respectueux du vivant que je ne l’ai jamais été et je considère qu’il est nécessaire, normal et naturel que ces peuples chassent et mangent les animaux qui les entourent. La différence, entre eux et moi, c’est que j’ai le choix entre des sources de protéines végétales et animales et qu’il me semble donc préférable de privilégier celles qui causent le moins de souffrance. J’ai aussi du mal à répondre à cette question- “Quelle végane es-tu ?”- car je n’aime pas l’idée de devoir rentrer dans une case.
Il faut dire que je n’ai jamais aimé les étiquettes sociales de manière générale – nationalité, ethnicité, profession, diplômes, statut marital… Chacun de ces statuts est relié à un nombre de stéréotypes qui m’ont pesé à un moment ou à un autre de ma vie. On a tendance à faire des suppositions en fonction des catégories auxquelles appartiennent les gens et cela peut affecter la manière dont on les perçoit et se comporte envers eux. Le statut de végane n’y échappe pas : il arrive que les véganes commes les non-véganes se fassent une idée de ce que devraient être ou de ce que sont les véganes et cela peut engendrer des attitudes préjudiciables. Il suffit qu’un.e non-végane ait rencontré un.e ou deux véganes agressif.ves pour qu’il/elle se mette en tête que tou.te.s les véganes sont agressifs.ves. Quand on y pense, c’est complètement absurde car nos traits de caractère ne sont pas intrinsèquement liés aux idéologies auxquelles on adhère. Ce serait comme de dire que tous les omnivores étaient intolérant.e.s, simplement parce que c’est le cas de nos voisins. Le fait de consommer ou pas des produits d’animaux ne définit pas notre personnalité. Cela peut tout à fait l’influencer, la modeler, et de la même manière, je pense que notre personnalité peut jouer un rôle dans nos choix alimentaires, mais cela est très variable d’une personne à l’autre.
L’idée d’appartenir à une catégorie à laquelle on associe différentes caractéristiques qui ne me correspondent pas et qui pourraient être nuisibles à mes relations sociales me dérange donc. En plus de ça, je ne souhaite pas que ma personne se résume à cela : Natasha = végane. Je préfère qu’on parle de ma personnalité, de mes qualités comme de mes défauts et de mes convictions plutôt qu’on en reste à un simple label. Car dans le fond, savoir qu’une personne est végane ne nous dit pas tout de sa personne. On peut être un.e végane écolo, un.e végane consumériste, un.e végane matérialiste, un.e végane raciste, un.e végane tolérant.e.… de la même manière qu’il existe des omnivores en tout genre. Les idéologies qui nous animent ne nous définissent donc pas entièrement. On peut d’ailleurs, d’après mon expérience, tout à fait s’entendre avec des personnes qui ont des croyances et convictions différentes des nôtres. Je n’ai donc pas envie que « végane » deviennent le principal adjectif utilisé pour me décrire et que l’on ressente le besoin de dire que je suis végane quand on parle de moi. J’ai remarqué que certain·e·s ressentent le besoin de dire « untel/unetelle est homosexuel.le/bisexuel.le » etc. quand ils·elles parlent de personnes qui ne sont pas hétérosexuelles alors que cela n’a rien à voir avec le sujet de conversation. J’ai du mal à comprendre ce besoin de mettre en avant les choix « hors-normes » de certains individus lorsque cela n’est pas nécessaire.
De plus, je trouve l’étiquette “végane” limitante car elle n’englobe pas toutes les causes qui me tiennent à coeur. J’ai le sentiment que dire je suis “végane” insinue que la cause animale est la seule qui m’importe. En réalité, j’ai commencé à agir pour les causes humaines et environnementales bien avant que je me sente concernée par cause animale et ce nouvel intérêt n’a en rien amoindri l’attention que je porte aux problèmes humanitaires, sociaux et environnementaux. Bien au contraire : je considère désormais que ces causes sont indissociables et je continue, jour après jour, de faire de mon mieux pour ne nuire ni aux humain·e·ss, ni à l’environnement, ni aux animaux non-humains.
J’ai aussi lu de nombreux commentaires de véganes qui stipulent qu’être végane est un engagement militant, qu’il faut “se battre” pour la cause animale, participer à des évènements et des manifestations et que se contenter de bannir les produits animaux de son quotidien n’est pas suffisant. Si je suis partisane de la résistance sous forme d’actes ordinaires et discrets au quotidien, le militantisme et la résistance sous forme de mobilisation massive et collective visible ne m’inspirent guère. Cela ne veut pas dire que je suis contre ce genre de mobilisation – bien au contraire, je pense qu’elles peuvent être des formes de résistance essentielles et efficaces -, mais cela ne correspond tout simplement pas à ma manière de lutter pour les causes qui me tiennent à coeur. Je suis toutefois reconnaissante envers les personnes qui militent collectivement en public. Elles jouent un rôle important dans la diffusion de certaines idées et l’ébauche de changements positifs.
Je me demande également si dire “je ne mange/bois pas de produits d’animaux”, “je n’achète pas d’objets réalisés à partir de membres/fibres d’origine animale”, “je ne participe pas à des évènements et je ne me rends pas dans des lieux où les animaux sont exploités” – plutôt que de dire simplement “je suis végane” – ne donne pas lieu à des échanges plus constructifs. Même si, à vrai dire, j’ai pu avoir des conversations très constructives après avoir fait la liste des bases du mode de vie végane comme j’ai pu en avoir simplement après avoir dit “je suis végane”. Je trouve qu’il faut toutefois savoir adapter l’angle par lequel on aborde le sujet en fonction des sensibilités de nos interlocuteur·rice·s.
Enfin, j’ai peur de m’enfermer dans une idéologie et de m’en sentir prisonnière. Je me dis que peut-être, un jour, je serai dans une situation où manger des animaux ou acheter une paire de chaussures en cuir sera la seule ou la meilleure option à ma portée. Renoncer à l’application de mes principes de manière temporaire ferait-il de moi une “fausse” végane ? De la même manière que cela me pèse de devoir justifier mes choix par rapport à ce que je ne consomme pas, je redoute d’avoir à justifier ce qui pourrait être perçu comme un “retour en arrière” et un “faux pas” par autrui. Comme j’en parlais au début de cet article, je n’ai pas envie que mon véganisme soit mesuré, ni évalué ou condamné en fonction de mes imperfections.
Les raisons pour lesquelles je suis réticente à l’idée de m’identifier au véganisme sont diverses et variées mais avec du recul, j’ai réalisé qu’elles sont toutes étroitement liées à un manque de confiance en moi et à ma peur des reproches, jugements et comportements négatifs d’autrui. C’est cette même peur qui m’a freinée dans mon cheminement vers un mode de vie végane : j’ai mis du temps avant de me sentir prête à annoncer les changements dans mes habitudes alimentaires à certaines personnes de mon entourage. De ce fait, pendant plus de 2 ans, je me suis contentée de manger végétalien à la maison, chez mes parents et quelques ami.e.s proches. Ailleurs, je mangeais végétarien, jusqu’à ce que le fait de manger des oeufs et des produits laitiers me cause plus de tourments et d’inconfort que l’idée d’être critiquée et incomprise par autrui. J’ai donc fini par annoncer au reste de mon entourage que je souhaitais désormais manger végétalien. À ce moment-là, je me sentais plus que jamais convaincue que c’était ce qu’il y avait de mieux pour moi et je me sentais donc prête à en parler ouvertement.
J’ai le sentiment d’avoir suivi un cheminement similaire dans mon rapport au véganisme. Si toutes les réticences et craintes que j’ai énoncées précédemment sont encore une réelle préoccupation pour moi, elles ne me semblent plus aussi effrayantes et insurmontables qu’il y a quelques mois ou années. Dans son livre Les animaux ne sont pas comestibles, Martin Page dit qu’on “a tendance à se moquer de ceux qui font la démonstration d’un engagement. On les tourne en ridicule. Comparé à ce que subissent les animaux, les moqueries ne sont pas graves. On peut hausser les épaules, sourire, et expliquer.” Je trouve ce raisonnement plein de bon sens et j’espère à présent moi aussi réussir à passer outre les moqueries et critiques auxquelles je risque de faire face à l’avenir et les surpasser en faisant preuve d’écoute, de compassion, de patience et de bienveillance.
Cela fait un moment que je questionne ma place dans le mouvement végane et que j’ai le sentiment d’en faire partie, à ma manière. Il existe mille et une manières louables de soutenir la cause animale et après avoir longuement hésité, j’ai décidé que pour ma part, ce serait en devant végane, en osant dire “je suis végane”. Même si mon mode de vie n’est pas et ne sera peut-être jamais 100% végane. Même si je n’aime pas les étiquettes sociales. Même si je trouve ce terme limitant. Même si je ne suis pas une militante. Même si cette affirmation peut donner lieu à des échanges non-constructifs. Parce que malgré mes imperfections et mes contradictions, je fais de mon mieux pour vivre végane au quotidien et je me sens à ma place dans ce mouvement qui me porte, m’enrichit, me stimule les neurones, m’ouvre le cœur et l’esprit un peu plus chaque jour. Peut-être qu’un jour, je n’y serai plus à ma place. Mais aujourd’hui, j’y suis bien et cela me fait du bien de pouvoir dire tout simplement « Je suis végane ».
Un peu plus haut, je disais que j’avais peur de me sentir prisonnière en disant cela et paradoxalement, depuis que je le dis, je me sens envahie par un sentiment de libération. C’est certainement parce que je me sens enfin libérée du poids de mes peurs, que je vois désormais plus d’ouvertures que de limitations au véganisme et que je me sens portée par le sentiment de sérénité et de plénitude que ce mode de vie et que cette vision du monde m’apportent. C’est pourquoi je me retrouve beaucoup dans ces mots de Martin Page : “Devenir végane est une révolution mentale. C’est un bouleversement éthique et pratique qui demande forcément du travail et du courage. Mais il ne faut pas oublier que c’est un plaisir aussi. Nous ne sommes pas des acètes.”
mais comme je me retrouve dans ce qu tu écris !!!
je ne me dis pas végane parce que beaucoup trop de choses me blessent dans ce courant là ….
Je préfère passer par la « bouffe », démontrer qu’on peut se régaler! c’est ma révolution à moi ! na!
et quoiqu’il en soit, on fait (du moins on essaie) de faire de notre mieux, avec les cartes que nous avons en mains, nos possibilités, nos aptitudes, nos craintes et nos peurs …..
petit à petit l’oiseau fait son nid !!
<3
Je suis heureuse de savoir que cet article fait écho en toi ! J’ai mis du temps à trouver les bons mots… c’est un sujet tellement personnel et délicat. Faire de son mieux, de son mieux à soi, c’est ce qu’il y a de plus important et gratifiant je trouve.
Comme je me reconnais dans cet article. Merci Natasha de rappeler que rien de bon ne sort des extrémismes…
Ça me fait sourire que tu dises cela parce qu’on a déjà sous-entendu que j’étais extrémiste… mais extrémiste en quoi, je en sais pas !
Hello Natasha,
Je trouve ton article très intime, cela ne doit pas être évident de mettre des mots sur un cheminement qui est très intérieur, peut-être parfois même inconscient. Mais la (jolie) façon dont tu en parles, et surtout la notion de catégorisation me parle beaucoup, c’est pourquoi je laisse un commentaire cette fois ci.
Je ne mange pas de viande, je me « sens » végétarienne, je me vis comme telle. Pour autant je ne suis pas parfaite, il peut arriver des moments où je n’aurai pas forcément le choix, parce que je n’aurai pas assez anticipé ou autre, peu importe. De ce fait, j’ai du mal à m’assumer comme végétarienne, sûrement par peur d’essuyer des remarques du style « bravo la cohérence ».
A côté de ça, dans un restaurant à Strasbourg, j’ai demandé une fois une tarte flambée sans lardons, et le serveur sur le ton de la plaisanterie a dit « une tarte flambée hallal! ». Je l’ai corrigé en disant, sûrement pas assez fort, « non, plutôt végétarienne », mais n’empêche…Ce type de catégorisation me heurte énormément car cela m’attribue une religion et des intentions qui ne sont pas les miennes (d’autant que ce n’est pas la première fois que cela m’arrive)…
Ce long discours pour dire que j’ai du mal à rentrer dans une ou plusieurs catégories pré-déterminées, je me dis que nous vivons dans des sociétés métissées, influencées par de nombreuses cultures, donc que c’est peut-être le cas pour la plupart des gens… Et pourtant nous nous « amusons » à créer toujours de nouvelles cases, de nouveaux attributs…
Bonjour Salima,
Merci pour ton témoignage. Je comprends bien ton malaise face à ces catégorisations… et je pense que nombre d’entre elles finiront par disparaître au fil des siècle au vu du métissage dont tu parles. Peut-être que de nouvelles catégorisations apparaîtront alors. Comme tu le sais peut-être, je suis prof d’anthropologie sociale et culturelle et j’étudie donc de « près » (même si c’est de loin en réalité !) différents groupes et sociétés et je remarque que quels que soient leurs lieu et mode de vie et leurs croyances, tous organisent les gens, leur monde et leur pensée selon différentes catégories. J’ignore d’où vient ce besoin de catégoriser et si c’est un trait propre aux humains, mais il est certain que cela peut être pesant dans certains contextes et situations.
Utiliser le mot végane est aussi pour moi une manière de normaliser cette manière de vivre, de le faire rentrer dans le langage courant afin que l’on sache pertinemment ce que ça signifie concrètement quand quelqu’un dit qu’il souhaite un plat végétarien/végétalien et que cela ne donne pas lieu à des associations et confusions comme celles que tu as pu connaître.
Bonjour Natasha, j’ai trouvé ton article très juste car il décrit (avec des mots plus concrets que les miens, qui s’entrechoquent de concepts) la notion d’engagement dans ses évolutions, comme une évolution même, qui se refuse à être catégorisée. Et je trouve ça bien de l’écrire. En plus, il m’aide à apporter certaines précisions sur l’acte d’être végane et de le vivre au quotidien !
Effectivement, il s’agit d’une évolution, tant dans la pensée que dans le coeur et dans l’action…
Merci de ton témoignage qui, outre son aspect très personnel, montre qu’on peut être végane « modéré(e) ». Quand tu dis avoir peur des critiques d’autrui, je pense qu’au contraire, tu es armée pour y répondre positivement. Comme tu dis, c’est le caractère qui prime sur la véganité et le tien fait que tu n’es pas agressive sur ce sujet et que tu ne juges pas ceux qui continuent à manger de la viande, donc, normalement, tu devrais arriver à faire accepter ton côté végan sans problème !
Effectivement, je considère que je n’ai pas de jugements à poser sur les omnivores… chercher à comprendre plutôt que de juger, c’est plus constructif je trouve.
Je suis bien loin de toi, moi qui n’assume pas encore le qualificatif de végétarienne, et pourtant je me reconnais tout à fait dans tes mots. Ce sentiment d’appartenance mélangé à la peur de l’étiquette indécollable… Merci pour ce très beau texte!
Dans le fond, l’essentiel est de savoir où l’on est et d’y être bien 🙂
Encore un superbe article, Natasha. Comme toujours, tu trouves les mots justes pour dire les choses avec douceur et bienveillance… c’est vraiment très agréable à lire, et ça met un peu de baume au cœur <3
Merci !
Merci Anne-So ❤
Très bel article, très bien écrit. Il en ressort une introspection profondeur et sincère. Je ne suis pas vegan…. juste végétarienne 😉 et tout comme toi je déteste les étiquettes qui nous réduisent à bien peu de choses. Comment peut-on réduire une personne à ce qu’elle a dans son assiette.
On sent que ton cheminement s’est fait de manière réfléchie et progressive. On ressent surtout que tu sembles être en phase avec tes convictions. Quelle belle victoire.
Tu as parfaitement résumé ce que j’ai ressenti en rédigeant cet article et la nature de mon cheminement 🙂
Un récit chargé, très bien écrit et pas si long ! Quand ce sera l’heure pour toi, il faudra que tu t’ouvres à ta Natasha intérieure, parce qu’on la sent toute coincée. C’est comme si toute la sensibilité et l’attention portées sur ce sujet (et sur d’autres certainement),
toute cette difficile définition, était le miroir de ce que tu te refusais à toi-même. Il faut accepter qui on est, qui qu’on soit. La force réside dans chaque âme. Assume la tienne, elle a tout pour toi. Et on peut se revendiquer de n’importe quelle étiquette et en changer autant que notre évolution le nécessite, quelle importance ? Et la correspondance entre une étiquette et un être humain ne sera jamais qu’un flottement, car on est entre deux catégories complètement différentes, la définition et le vivant !
Si tu as tant de mal à savoir ce que tu dois dire, faire et afficher, c’est que tu n’oses pas regarder qui tu es. Regarde-toi, tu es belle ! Accepte tes douleurs, elles sont une partie de ton énergie et une grande source d’empathie et de poésie.
J’ai commencé un travail sur cette « Natasha intérieure » il y a quelques mois… elle est toute coincée en effet, mais petit à petit mon coeur, mon regard et mes pensées se délient… « La correspondance entre une étiquette et un être humain ne sera jamais qu’un flottement »… c’est joliment dit et c’est ainsi que je vois les choses également…
Ton article est très touchant, sincère, et plein de bon sens, merci !
Merci Melle 💚
je suis aujourd’hui convaincue aussi que cette façon de vivre est la mieux pour moi, sans etiquette, sans justification, sans violence, sans revendication. je ne souhaite pas manger d’animaux et j’essaie comme toi de me rapprocher le plus possible de cet engagement , j’estime ne pas avoir à me justifier envers autrui de ce que je ressens comme vrai pour moi, et je ne souhaite pas non plus me definir ou être définie comme faisant partie d’une « categorie » (d’ailleurs ce que tu dis des orientations sexuelles etait le sujet de mon memoire de libraire,)
ton article est parfaitement clair et respectueux , et merci de formuler les choses de si inspirante façon
belle journée
Je crois qu’il est important de prendre le temps d’expliquer ses choix quand autrui cherche réellement à les comprendre… mais les justifier, non, je suis de ton avis.
Je me pose souvent cette question aussi. Si je mange végétalien à la maison, il arrive que ça ne soit pas le cas à l’extérieur, notamment parce que à ma connaissance, à Grenoble, mis à part des sushi (c’est carrément pas mon truc), il n’y a aucun restaurant à la fois Kids, « chéri difficile » et Véganes’ friendly. Et puis, cet hiver, sans faire exprès, j’ai acheté un manteau en plumes de canard. Comment j’ai fait pour ne pas faire exprès ? Ah ah, faire les boutiques d’occaz avec un enfant de 6 ans, c’est mission compliquée. Et j’ai vérifié tous les manteaux, sauf celui-là. Il m’allait bien, était joli, pas usé, pas trop cher, c’était Petit Lutin qui l’avait trouvé et il bondissait de joie car c’était le mieux de tous ceux que j’avais essayé, et bien j’ai oublié de vérifier. En rentrant, mon Amoureux m’a demandé « Mais, est-ce que je c’est vraiment moins bien que du polyester ?? ». Et je n’ai pas de réponse à cette question ! Pour les canards, c’est moins bien, et pour la planète, je ne sais pas. Après réflexion, j’en suis arrivée à la conclusion qu’il faut souvent faire des compromis dans la vie, que tout ne peut pas être parfait. Alors je porte mon manteau en plumes de canard, et je l’userai au maximum. J’espère que d’ici la prochaine fois où j’aurais besoin d’en acheter un, une solution naturelle alternative aux plumes et au polyester aura vu le jour 🙂
Bref, tout ça pour dire que à la question « Est-ce que tu es végane ? », je réponds « Je fais de mon mieux ».
Grenoble n’est vraiment pas une ville « vegan-friendly », je suis bien de ton avis ! Personnellement, je n’hésite plus à aller dans des restaurants qui ne proposent aucune option végétale à la carte- en entrant, je demande s’il leur serait possible de me préparer un plat sur mesure et jusque-là ça n’a généralement pas posé de problème. Il faut oser demander, c’est sûr, ce que j’ai mis du temps à pouvoir faire… mais cela me facilite tellement la vie lorsque je veux manger dehors que je n’hésite plus désormais.
Ton histoire de manteaux de plumes me fait penser aux derniers jeans et au short que j’ai achetés : je n’avais pas pensé aux patchs en cuir ! Les matières animales sont tellement présentent qu’il est facile d’oublier de vérifier certains détails…
Cet article est merveilleusement bien écrit Natasha, merci pour tes mots justes, mesurés tout en étant forts, ta pensée et très claire et m’a tout au long de ma lecture je me faisais de petites reflexions (attention, pas de critiques, bien des réflexions!) qui évoluaient à mesure que je te lisais. Et c’est cela que j’aime en te lisant, tu amène ton point de vue avec douceur et explique tes choix sans jamais juger, je trouve ton cheminement exemplaire et je te souhaite beaucoup de joie tout au long, et quoi qu’en soit l’évolutinon! Que ta journée soit douce 🙂
Merci Estelle, tes mots sont toujours tellement agréables à lire 💚
pardon, j’ai envoyé trop vite !
* ta pensée EST trés claire
* et tout au long…
* l’évolution
(moi, impatiente?! 😉 )
Comme je me retrouve dans certaines des idées et des introspections que tu nous expliques …
Mais tu es allée bien plus loin que moi .. Perso j’en suis toujours à dire que ‘je mange à plus de 95% vegan (et sans gluten)’ parce que pour le moment le côté sectaire de certains vegan ne me convient pas (tout comme la méchanceté de certains face à mon alimentation et en général à ma façon de petit à petit changer ma façon de consommer pour être plus en harmonie avec l’environnement).
Et les 5% non vegan, ce sont les sorties entre amis … là je n’ose pas encore demandé ou amené un plat qui me convienne alors je demande juste du sans (viande, etc) stp ?
Pas facile tout ça …
Mais merci tu nous encourages de bien des manières avec ton blog
J’ai toujours été agréablement surprise par les réactions neutres/positives de mes ami.e.s lorsque je leur ai expliqué que je ne mangeais pas/plus ceci ou cela. Soit ils me disent que ce n’est pas un problème pour eux, soit qu’ils se réjouissent à l’idée de relever de nouveau défis en cuisine ou de goûter mes plats. Et du coup à chaque fois, je me suis sentie bête d’avoir si longtemps hésité à leur parler de mon végétalisme ! Pour faciliter les choses, j’ai toujours dit que je ne voulais surtout pas leur compliquer la vie et que je me ferais donc une joie de contribuer au repas de la manière qu’ils/elles préfèrent. Ainsi, ils/elles n’ont pas le temps de stresser (en se disant « oh non mais qu’est-ce que je vais pouvoir lui faire à manger ?!) et ils/elles peuvent choisir l’option qu’ils/elles préfèrent. J’espère que toi aussi un jour tu oseras dire que tu préfères manger végétalien à tes amis, si c’est ce que tu souhaites 🙂
Très bel article, tellement agréable à lire, à la fois fort par les idées qu’il défend et doux dans la façon de les présenter. Bravo !
Juste une petite réflexion que je me suis faite à la lecture : tu dis que tu n’es pas militante. Mais à ta façon pourtant tu l’es ! Ce blog, ce texte et tes graines vertes sont du militantisme. Tes choix de consommation aussi. Ils sont une façon de faire passer un message, d’expliquer tes choix et les raisons qui les motive, d’inciter tes lecteurs et tes proches à comprendre la façon dont tu vois le monde, d’ouvrir leur réflexion, d’apporter ton soutien aux auteurs ou aux commerçants qui te tiennent à cœur.
Pas besoin de dénigrer les autres opinions ou de chercher à changer les gens pour apporter un soutien actif aux idées et aux causes qui nous motivent ;).
Effectivement, en partageant mes idées sur ce blog, je milite à ma manière… Mais certain.e.s végan.e.s considèrent certainement que ce n’est pas assez, que ce n’est pas ça « militer »…
Je trouve ta dernière phrase plein de bon sens 🙂
Merci pour cet article très intéressant et touchant.
J’essaie moi-même d’avoir le moins d’impact possible sur la vie animale. Mais ce n’est pas évident tous les jours. Mais j’essaie le plus possible. Si j’ai le choix, je me dois de respecter les animaux.
L’attitude de mon entourage est aussi dure á supporter. Ils ne comprennent pas et ne souhaitent pas faire l’effort de se remettre en cause, comme si penser autrement était dangereux.
C’est juste pour ca que j’ai du mal á assumer mes choix, mais ca ne me dérange pas d’être appelée « végétarienne », car c’est ce á quoi j’aspire.
Je ne comprends pas trop pourquoi ca vous dérange.
Quant au fait de juger les autres, je ne suis pas d’accord avec cette expression remplie de fausse tolérance. Nous pouvons juger les comportements de chacun, mais ca ne signifie pas qu’il faille traiter une personne différemment. Mais oui je juge. Quand un mec costaud me dis que les poissons sont insignifiants et bêtes, je juge que c’est un abruti et je ne lui parle plus ou moins.
J’ai évoqué les raisons pour lesquelles cette étiquette me dérange dans l’article et je suppose que cela peut être difficile à comprendre quand on n’a pas connu les mêmes expériences. Il s’agit d’un vécu et d’un ressenti très personnels.
Personnellement, je préfère chercher à comprendre plutôt que de juger. D’après mon expérience, c’est plus constructif puisque cela me permet toujours d’établir un dialogue et un échange aussi enrichissant pour moi que pour autrui. Si quelqu’un me disait que « les poissons sont bêtes et insignifiants », je chercherais à savoir d’où lui vient cette idée, cette croyance. J’ai moi aussi manqué de considération envers certaines espèces animales par le passé, il n’y a pas si longtemps que cela d’ailleurs (5 ans, c’est si peu dans une vie !)… Mais de belles rencontres et expériences m’ont ouvert les yeux et le coeur. Cela fait-il de moi une abrutie ?
Ton article est totalement lucide, et ça fait du bien de le lire.
Il y a tellement de jugement sur le véganisme, tellement une idéalisation que ça en devient complétement absurde.
Comme toi, je ne peux pas me catégoriser, je pense que je fais les choses à ma façon, petit à petit, et comme je le souhaite, je ne mange plus de viande ni de poisson, ne boit plus de lait, ne consomme pas de produits testés sur les animaux, en tout cas dans ce que j’ai dans la salle de bain, ni de produits ménagers… Pareil pour les zoos et tout le reste, hors de question de participer à cela.
Mais on ne peu pas être à 100% tout le temps, comme toi, les médicaments ( à de très très rares occasions ) comment savoir ? Les vêtements achetés il y a des années de ça…
Aussi, je me suis remise à consommer des œufs, et je me souviens avoir reçu des critiques complétement hallucinantes, alors que mes œufs viennent des poules du jardin de chez mes parents, qui se les ont acheté pour justement avoir des œufs frais de poules en bonne santé qui gambadent toute la journée. Enfin bon…
Je pense qu’on a chacun notre façon d’aborder la chose, j’espère évoluer encore plus dans ma façon de consommer.
Belle journée.
Il y a effectivement tant de choses que l’on ignore sur les produits qu’on consomme… Même les fruits et légumes que l’on achète ne sont pas forcément véganes, donc à partir de ce moment-là, difficile d’avoir la certitude de ce qui est végane ou pas ! L’essentiel est de s’informer, de demander, de faire de son mieux et de progresser autant qu’on peut et à son rythme 🙂 Belle journée à toi aussi !
Bravo pour cet article et ton ouverture d’esprit !!!
J’étais justement désespérée par des blogueuses/eurs que je suivais (tout sujet confondu) et qui (grosse tête aidant) se fendaient d’un article inquisiteur du type «Vous devez utiliser tel objet…» ou «Vous devez absolument arrêter de…». Quand je leur ai répondu en mp, que je n’aimais pas qu’on me dicte ma conduite et qu’à minima, il fallait des preuves argumentées (oui parce que les avis de gourous ça va 2 min), je n’ai pas reçu de réponse argumentée.
Tu es la preuve que toute la blogosphère n’est pas pourrie 😉 Et qu’un témoignage plein de bienveillance est bien plus efficace ! Merci 🙂
Je t’en prie ! Je n’aime pas qu’on me dise ce que je devrais faire (mais j’apprécie qu’on me donne des conseils, ce qui est très différent)… d’où certainement ma manière d’aborder les choses autrement sur mon blog 🙂
Je suis omnivore (ce n’est pas une étiquette mais une réalité) et j’aime bien lire ce blog parce que je le trouve doux et intelligent dans les articles réflexifs et plein de bonnes idées dans ceux plus pragmatiques.
Merci bou 💚
Wo. Wo. Wo.
Je n’ai jamais lu un si bon article sur le veganisme et la façon de le voir.
C’est d’une justesse, d’une bienveillance.
Merveilleux article.
Je ne commente jamais aucun blog, que je lis pourtant au quotidien, mais là franchement, chapeau.
Merci Améline, tes compliments me vont droit au 💚 !
Que tes mots sonnent juste, encore, Natasha… Comme tu le sais, je ne suis pas végane, ni même végétarienne. Si certains pas vers une vie plus respectueuse de ce qui m’entoure m’ont été faciles, évidents, celui-ci est beaucoup plus complexe, même s’il me semble inconcevable par exemple d’utiliser des cosmétiques testés sur animaux. Au jour d’aujourd’hui, mon petit déjeuner quotidien est végétalien et j’intègre des repas végétaliens dans mes menus de la semaine… Et c’est drôle, malgré ce petit pas, je ressens une émotion que je ne ressentais pas avant de me poser la question de consommer ou non des animaux : la culpabilité. De ne pas me sentir en mesure de faire plus, en tout cas pas maintenant.
Ceci étant dit… Et bien que ma lecture soit probablement différente de celles de tes lectrices qui se qualifient de véganes ( 😉 ) tes mots résonnent et font écho en moi, que ce soit concernant les catégories et caractéristiques ou encore ton propre ressenti. Comme à ton habitude, tu nous livres un raisonnement abouti et ô combien respectueux, qui donne matière à réflexion. Pour cela, un grand merci <3 .
Je suis désolée de savoir que tu ressens de la culpabilité lorsque tu consommes des produits d’animaux. Cela ne doit pas être évident à gérer. Personnellement, je ne me suis jamais forcée, dans un sens, comme dans l’autre. Pendant longtemps, alors que j’étais déjà consciente des problèmes liés à l’industrie laitière, le fromage a continué de me faire envie. Alors j’en ai mangé, sans culpabiliser, en acceptant que je répondais à un besoin qui m’était propre et ce en pleine conscience. De la même manière, je pense que tu continues de manger des produits d’animaux pour répondre à des besoins personnels (je suppose que le contexte familial joue un rôle dans ton cas, donc il s’agit peut être de partager des repas avec tes proches sans prises de tête). Il est important d’accepter que l’on ne peut pas toujours répondre à tous nos besoins de la manière que l’on considère la meilleure et donc de reconnaître que l’on fait de son mieux à un moment donné et dans un contexte précis. J’espère sincèrement que la suite de ton cheminement sera positif pour toi (je ne sais pas si mes propos font sens, c’est tellement difficile parfois pour moi de parler de choses aussi abstraites et subjectives !).
Quel partage ! Merci Natasha pour ce bel article où tu nous dis beaucoup de toi.
Tout comme toi, j’ai en horreur les catégories : les hommes sont comme ci, les femmes sont comme ça, le pire pour moi !
J’ai été très jeune cataloguée de « bizarre » parce que je ne voulais pas manger de viande (vers 10-12 ans) à une époque où cela était inconcevable. J’ai eu la chance d’avoir des parents respectueux de mon choix. J’ai grandi, grandi (1m80) et à 58 ans, je suis en pleine forme, malgré un métier épuisant (infirmière toujours en pleine activité).
Je continue tout doucement, très discrètement mon chemin. J’explique pourquoi je ne veux plus rien issu des animaux, en insistant que c’est MON choix, simplement.
Ton article me touche beaucoup, pour plein de raisons personnelles ; merci !
Tu as bien grandi en effet 😉 ! J’imagine combien cela a dû être compliqué de faire accepter à ton entourage je fait que tu ne voulais pas manger de viande lorsque tu étais enfant. Il est important d’expliquer que cela reste un choix personnel en effet… mais dans une société où la nourriture est une affaire sociale, cela reste difficile, c’est sûr ! Je te souhaite de pouvoir continuer ton cheminement dans la joie et la sérénité 🙂
Comme je te comprends ! Végane, moi aussi, mais pas parfaite, je fais simplement de mon mieux. Et le véganisme ne suffit pas à me définir, pour moi ce n’est qu’une partie d’un tout. Tout est lié, tout a de l’influence sur le reste, je tends à vivre dans un monde meilleur et je fais tout ce que je peux pour qu’il le devienne.
PS : J’en profite pour te remercier pour ton blog et que j’ai parcouru du début jusqu’à la fin et dans lequel je me suis retrouvée, même si je n’ai pas laissé de commentaire jusqu’ici (ou peu, sais plus) 🙂
Cela fait tellement de bien de se sentir comprise, n’est-ce pas ? 🙂
Quel bel article !
J’aurais aimé avoir ta sagesse lorsque je suis devenue vegane. Mais mon cheminement de pensée a été un peu inverse du tien dans la manière d’affirmer mon véganisme. Car lorsque j’ai découvert l’étendue de l’exploitation animale, j’étais si révoltée que devenir et dire que j’étais vegane haut et fort était pour moi un moyen d’une part de militer, d’aiguiser la curiosité de mon interlocuteur, et puis d’une certaine manière, j’avoue que cela me définissait aussi (je me suis même faite tatouer « vegan », ce que je ne referais pas aujourd’hui).
Mais comme tu l’énonces avec justesse, cela met les gens dans des cases et j’ai fini par trouver cela limitant. Aujourd’hui, je suis partisane du « montrer par l’exemple » et je me rends compte que les gens autour de moi sont plus réceptifs et plus curieux qu’avant.
Et, si la discussion s’y prête, je préfère dire que je suis antispéciste, plutôt que vegane, car ainsi je peux aborder le rapport à l’animal non-humain de manière plus globale, alors que les discussions sur le véganisme prennent souvent place autour de la table et se focalisent ainsi vite sur l’alimentation uniquement.
Enfin, pour ce qui est de ne pas être 100% vegan, c’est le cas de tout le monde, même le.la plus informé.e d’entre nous. L’exploitation animale est tellement ancré dans le système économique, qu’il est difficile d’y échapper, à un moment où un autre, même en étant vigilant. Souvent d’ailleurs car on ne sait pas. Vegan ne veut pas dire être parfait.e., mais simplement faire au mieux sur ce sujet là!
Belle fin de journée 🙂
Merci d’avoir partagé tes débuts en tant que végane. Cela a dû être intense pour toi comme pour ton entourage !
Je trouve cela intéressant d’expliquer tes choix en parlant d’antispécisme plutôt que de véganisme. Cela doit effectivement aider à aborder le sujet de manière plus globale, plutôt que de réduire le véganisme à un régime alimentaire ou de réduire les problèmes de l’exploitation animale à l’alimentation. J’avais également abordé les choses en partant de cet angle avec une personne de mon entourage mais j’ai trouvé cela difficile malgré tout car à partir du moment où un être humain se considère plus important/intelligent/sensible etc. que tous les autres êtres vivants, on se sent dans une impasse.
Belle journée à toi 🙂
Bonjour Natasha,
Je trouve ton témoignage très intéressant, d’autant que je réfléchis moi-même beaucoup autour de la question animale en ce moment. Je dois dire que je partage tout à fait les préoccupations écologiques liées à l’élevage intensif et à la consommation délirante de viande de nos sociétés modernes. Je mange moi-même assez peu de viande ou de poisson, même si je continue à consommer des oeufs et du fromage régulièrement, et lorsque je dois manger quelque chose que je n’ai pas préparé je choisis systématiquement l’option « la plus végétarienne possible ». Je n’aurai aucun problème à aller plus loin dans mes choix, mais je n’arrive pas à trouver suffisamment de raisons à vrai dire.
Il me semble qu’en soi, l’argument écologique ne suffit pas à justifier l’option végane de ne rien posséder ou consommer qui soit issu d’un animal, puisque tu le dis toi-même, il est tout à fait possible de consommer ou d’utiliser des produits d’origine animale dans un rapport harmonieux avec les animaux et l’ensemble du vivant.
Le refus de faire souffrir les animaux, en revanche, pourrait appuyer une position radicale, mais il pose pour moi des questions délicates qui m’empêchent d’y adhérer. En effet, premièrement, comment définir ce que l’on entend par animal ? On sait bien qu’il y a une continuité entre le règne animal et végétal, que ce ne sont finalement que des étiquettes commode qui nous servent à décrire le vivant mais qui ne tiennent pas longtemps si on les interroge de trop près. Entendons-nous par animal, comme souvent dans les sous-entendus, les grands mammifères terrestres et aquatiques ? Il me semble que cela revient à tracer nouvelle une ligne frontière entre l’homme et les animaux dignes contre tout le reste des espèces. Faudra-t-il sinon étendre le véganisme aux productions d’insectes ? De larves ? Et en réalité, tout ceci contribue à penser les animaux comme des êtres individuels, quand tout être vivant est un tissu d’interaction avec d’autres espèces animales, végétales, minérales même. La moindre plante est une coproduction de bactéries, champignons, insectes, matière inerte et même interaction par des d' »animaux » au sens large. De quel droit pourrions-nous la consommer dans ce cas ?
L’argument de la souffrance est également pour moi difficile à cerner, car qui nous dit que les plantes que nous consommons ne souffrent pas également ? Elles n’ont peut-être pas un système nerveux aussi développé que certains mammifères, néanmoins elles sont capables de ressentir les variations de leur enrivonnement et les attaques qui leur sont faites, donc pourquoi devrait-on disqualifier leurs sensations au motif que nous sommes incapables de les rendre visibles ou de les quantifier ?
Enfin, le dernier problème que je vois à refuser de consommer de la viande est ce que l’on peut dire du reste des carnivores ? Doit-on condamner le lion qui mange la gazelle ? La grenouille qui se nourrit de larves d’insectes? Ou bien doit-on dire que l’homme, lui, est au-dessus de cela, et reproduire ainsi ce que tu appelles du spécisme ?
J’ai l’impression que, en voulant améliorer le sort des animaux, on reproduit d’une certaine manière les schémas de pensée qui ont permis cette exploitation animale sans fin. Il me semble qu’un rapport équilibré au monde vivant dans son ensemble impliquerait surtout de bien peser les conséquences de ses actes sur le milieu, et des les accomplir en connaissance de cause, qu’il s’agisse aussi bien de manger de la viande animale que des kilos de céréales. La mort de certains organismes est nécessaire au développement des autres. Il faut accepter ce sacrifice, qu’il soit animal, végétal, ou même celui des molécules d’oxygène que nous « tuons » pour rendre du carbone et de l’azote. Il n’est pas vain tant qu’il reste mesuré et qu’il ne s’agit pas d’une prédation pure, un « prendre sans rendre » comme diraient certains anthropologues. Enfin, voilà où j’en suis de mes réflexions pour le moment ! Merci à toi de nous permettre de nous questionner, et bon cheminement…
Bonjour Antoine,
Merci pour ton point de vue au sujet du véganisme et pour les nombreuses questions intéressantes que tu soulèves. Je vais tâcher d’y répondre au mieux, sachant qu’il ne s’agira-là que d’un point de vue et d’un ressenti personnels.
☛ Quand je parle d’animaux, je fais référence à tous les êtres vivants sentients dotés d’un système nerveux. Cela inclut les insectes, les larves…
Qui nous dit que les plantes que nous consommons ne souffrent pas également ?
☛ Je ne peux répondre à cette question avec certitude. Comme tu le précises, leur système nerveux n’est pas aussi développé, mais il n’en reste pas moins que les plantes sont à mes yeux des êtres vivants dotés de capacités uniques qui contribuent à l’équilibre de nos écosystèmes et à notre bien-être, certainement bien plus qu’on ne le réalise.
Pourquoi devrait-on disqualifier leurs sensations au motif que nous sommes incapables de les rendre visibles ou de les quantifier ?
☛ Je n’ai personnellement jamais eu le sentiment de disqualifier la valeur des plantes. Bien au contraire. Toutefois, il est vrai que je les consomme sans me poser autant de questions que lorsque je consommais des animaux. Pourquoi ? Parce que j’ai personnellement besoin des nutriments fournis par les plantes pour vivre. Renoncer à consommer des animaux non-humains et réduire autant que possible sont impact sur l’environnement n’est pas pour moi un renoncement à la vie. C’est toutefois une manière de faire de mon mieux pour vivre pleinement et en bonne santé en nuisant le moins possible aux écosystèmes qui m’entourent.
Doit-on condamner le lion qui mange la gazelle ? La grenouille qui se nourrit de larves d’insectes? Ou bien doit-on dire que l’homme, lui, est au-dessus de cela, et reproduire ainsi ce que tu appelles du spécisme ?
☛ Je ne condamne personne. Ni les humains qui mangent d’autres animaux, ni les animaux carnivores. Mes besoins nutritionnels sont différents de ceux des lions. À ma connaissance, un lion a besoin de manger des animaux pour survivre. De la même manière que les Imraguens du Banc d’Argent en Mauritanie ont besoin de pêcher et que les indiens Kalinias de Guyane française ont besoin de chasser le singe pour remplir leurs besoins en protéines. Pas moi puisque j’ai la possibilité de trouver tous les nutriments dont j’ai besoin dans les sources végétales auxquelles j’ai facilement accès.
L’homme, lui, est au-dessus de cela, et reproduire ainsi ce que tu appelles du spécisme ?
☛ À mon sens, l’être humain n’est au dessus de rien ni de personne (j’irais presque dire le contraire quand je vois la manière dont l’humain se comporte envers les êtres de sa propre espèce ainsi qu’envers le vivant de manière générale, mais ça c’est un autre sujet !). Toutefois, la plupart d’entre nous sommes dotés d’une capacité à réfléchir, à nous remettre en question, à agir en connaissance ce cause (je ne dis pas que les autres animaux n’ont pas cette capacité mais je me dis qu’étant donné que nous avons cette capacité, nous devrions pouvoir en faire de belles choses !).
Je te souhaite également un bon cheminement.
PS- désolée pour le retard de ma réponse, ton commentaire était dans mes indésirables !
merci <3
🙂