Le post-partum, j’en avais vaguement entendu parler avant et pendant ma grossesse mais pas suffisamment pour m’y arrêter, pour vouloir approfondir le sujet et ressentir le besoin de m’y préparer dûment comme j’avais pu le faire pour l’accouchement, l’allaitement et la diversification alimentaire – les trois seuls aspects liés à la grossesse et à la maternité auxquels je m’étais préparée. Pour le reste, j’ai appris sur le tas, souvent à mes dépends, une fois notre bébé dans les bras.
Pourtant, comme l’explique très bien Illana Weizman dans son livre Ceci est notre post-partum, il s’agit-là d’une période bien à part durant laquelle les personnes venant d’accoucher ont besoin d’une prise en charge globale et d’être entourées sur une durée de quelques semaines, mois ou années. De fait, un soutien est indispensable pour faire face aux nombreux bouleversements physiques, physiologiques et psychologiques pouvant caractériser cette période. Or, de nos jours et dans bien des sociétés, la plupart des parents de nouveaux·elles né·es sont livré·es à elleux-mêmes et de cet isolement, de ce manque de ressources et de connaissances découlent de nombreuses souffrances, en particulier pour les post-parturient·es [1].
Mon post-partum a duré deux longues années mais trois ans après mon accouchement, les séquelles de cette période sont encore présentes. Bien qu’aujourd’hui je me sente mieux et suffisamment forte pour affronter mon quotidien sans trop de peine, les souffrances ressenties durant les deux premières années de ma vie de maman ont eu des conséquences non-négligeables et parfois irréversibles sur ma santé, notre équilibre familial et nos projets. Au-delà des bouleversements d’ordre physique dont je peine encore à me remettre, c’est surtout mentalement que je me sens plus fragile. Je suis plus angoissée, plus effacée, pleine d’amertume et tellement effrayée à l’idée de revivre une telle épreuve et de ne pas y résister une seconde fois que j’ai fini par renoncer, non sans douleur, à l’idée d’avoir un jour un·e autre enfant. Je ne suis pas du genre à avoir des regrets mais combien de fois ai-je souhaité pouvoir tout recommencer à zéro afin que notre couple soit mieux préparé au post-partum et ainsi nous éviter bien des tourments ?
Grâce au recul que j’ai pu prendre sur mon expérience et celles des mamans avec qui j’ai échangé ces dernières années, je reviens à travers cet article sur certaines des complications du post-partum et sur tout ce qui, je pense, pourrait permettre aux post-parturient·es de traverser cette épreuve avec moins de difficultés. Le post-partum est une étape inévitable pour les parents qui mettent un·e ou des enfant(s) au monde mais les souffrances qui la caractérisent ne sont pas une fatalité. Bien des choses peuvent être mises en place avant, pendant et après la grossesse pour nous permettre d’affronter les complications immuables du post-partum et vivre les premiers mois/années de notre (nos) bébé(s) avec plus de confiance, de joie et de sérénité que de peine.
Il ne s’agit pas ici de conseils pratiques à mettre en place à l’échelle individuelle mais plutôt de solutions nécessitant des changements idéologiques et structurels importants. En effet, les obstacles rencontrés par la plupart des parents après l’accouchement ne sont pas nécessairement liés à leur approche personnelle mais plutôt à des manquements d’ordre socio-culturels et politiques. Néanmoins, quelques-unes de ces suggestions pour mieux vivre son post-partum sont d’ores et déjà accessibles ou applicables suivant les contextes. Pour le reste, j’espère qu’il ne faudra pas attendre l’abolition du patriarcat…
Et si l’on donnait plus de visibilité aux post-parturient·es ?
Avant de devenir maman et d’être frappée de plein fouet par le post-partum, je n’avais aucune idée du degré de difficultés que pouvaient rencontrer des parents durant cette période. Pourtant, la plupart de mes amies proches avaient déjà un·e ou plusieurs enfants mais aucune ne m’avait fait part de ses tourments. Ce n’est qu’à partir du moment où je leur confiais les miens qu’à leur tour, elles me parlaient des leurs. Par ailleurs, à chaque fois que j’abordais le sujet sur Instagram, je recevais de nombreux messages de mamans me remerciant de parler ouvertement de mon mal-être face à ma maternité… Petit à petit, au fil de ces échanges, j’ai pris conscience que je n’étais pas seule à avoir l’effrayante sensation de (sur)vivre au bord d’un gouffre depuis la naissance de mon enfant et que les souffrances liées au post-partum étaient socialement et culturellement largement perçues comme des tabous. On idéalise tellement les nouvelle·aux né·es qu’on ne conçoit pas que le bonheur associé à leur venue au monde ne puisse surpasser les éventuelles difficultés du post-partum. Ainsi, ces dernières sont tues, dénigrées, voire niées et leur invisibilisation participe à l’isolement, à la culpabilisation et au sentiment d’incompétence des parents en plein post-partum.
Heureusement, ces dernières années, ce sujet a considérablement gagné en visibilité dans l’espace public, notamment grâce au hashtag #MonPostPartum sur les réseaux sociaux (co-créé par Ilana Weizman), à des comptes Instagram (Postpartum_tamere, Le post partum), des podcasts (Mon post-partum, Bliss stories, La Matrescence) et des livres (Nouvelle Mère, Ceci est notre post-partum) et à toustes celleux qui ont osé parlé ouvertement de leurs peines présentes ou passées. Le fait que les langues se délient à ce propos permet non seulement de normaliser nos souffrances mais aussi d’attirer l’attention de la société dans son ensemble sur cette épreuve et d’encourager de nouvelles politiques pour que l’arrivée d’un·e nouvel·le enfant au sein d’un·e famille puisse se faire dans les meilleures conditions possibles, pour le bien-être de toustes.
Et si l’on rendait certaines informations et ressources sur le post-partum accessibles en amont ?
Afin d’accueillir au mieux notre enfant, je m’étais préparée à l’accouchement, renseignée sur l’allaitement et la diversification alimentaire ; j’avais réuni le matériel nécessaire pour répondre à ses besoins physiques et même congelé quelques repas d’avance. Rien de tout ce que j’avais lu et entendu ne m’avait laissé penser qu’au-delà d’assurer le bien-être de notre bébé, il serait tout aussi important de prendre soin de moi et de mon corps qui, après avoir porté la vie, allaité, été privé de sommeil, sujet à d’importants bouleversement hormonaux, etc., aurait grandement besoin de soutien pour garder des forces et retrouver un certain équilibre. On ne m’avait pas non plus parlé de l’impact du post-partum sur la santé mentale, de dépression post-partum, des phobies d’impulsion ou encore de l’importance de déconstruire quelques mythes sur la maternité pour ne pas aggraver les sentiments de culpabilité et d’incompétence qui me rongeaient déjà.
Ainsi, avoir des informations en amont sur les bouleversements et difficultés possibles après la naissance de notre bébé m’aurait aidée à éviter bien des écueils. Sans forcément rentrer dans les détails sur les défis de la parentalité avant-même d’y être plongée, j’aurais souhaité être consciente des complications plus ou moins courantes et avoir à ma portée des ressources fiables pour m’y référer en cas de besoin. Il aurait pu s’agir, par exemple, d’un annuaire d’organismes et de professionnel·les mis à ma disposition par ma gynécologue, ma sage-femme ou la maternité. Car quand on se retrouve submergé·e, il est, d’après mon expérience, extrêmement difficile de puiser l’énergie et d’avoir la disponibilité mentale nécessaire pour chercher de l’aide. Ainsi, on finit par s’enfoncer un peu plus chaque jour et ce même en sachant qu’il existe des sorties de secours.
À titre personnel, j’aurais notamment souhaité être davantage informée sur les besoins des bébés concernant leur sommeil et suivre une formation comme celle proposée par Fée Dodo pour aider les futur·es parent à créer un environnement (au sens large du terme) favorable à un sommeil autonome et suffisant pour les bébés, suivant leur âge. Si l’accompagnement que nous avons suivi avec une consultante spécialiste du sommeil des bébés – après 16 mois de nuits hachées et écourtées – nous a permis d’éponger la dette de sommeil de notre nourrisson, je regrette d’avoir tant souffert (et notre petit bout aussi) alors que des informations sur le sommeil, en amont, nous auraient permis de prendre de bonnes habitudes dès sa naissance.
Et si l’on bénéficiait d’un accompagnement post-partum professionel ?
Au-delà des informations fournies en amont, un suivi par un·e professionnel·le ayant les connaissances et compétences nécessaires pour accompagner les post-parturient·es, au fil des semaines et des mois suivant leur accouchement, me semble indispensable. Les parents sont bien souvent tellement accaparé·es par les soins à prodiguer à leur progéniture qu’iels s’oublient et s’effacent, au détriment de leur propre santé physique et mentale. Dans bien des cas, la présence régulière d’une personne à leur écoute, sensible à leurs besoins et difficultés, capable de les conseiller et les diriger vers des personnes compétentes – si nécessaire – serait un précieux soutien. Il pourrait s’agir de visites journalières, hebdomadaires ou mensuelles dont la fréquence évoluerait suivant l’état physique et mental et les besoins des parents. Personnellement, j’ai eu la chance d’être accompagnée par une sage-femme qui m’a rendu visite jusqu’aux 6 mois de notre enfant mais cela n’a pas été suffisant pour m’éviter de sombrer. En effet, malgré son écoute et son empathie, son rôle et ses connaissances ne lui ont pas permis de m’apporter tout le soutien dont j’avais besoin.
Et si l’on créait davantage de structures publiques adaptées à l’accueil des parents et des jeunes enfants ?
Étant de nature assez solitaire, de manière générale, j’apprécie de passer la plupart de mon temps libre en tête à tête avec moi-même. Néanmoins, l’arrivée de notre bébé m’a plongée dans un isolement et une solitude imposés. Sans la présence de famille aux environs et avec des ami·es accaparé·es par leur vie familiale et professionnelle, les interactions sociales de qualité furent beaucoup moins nombreuses que je ne l’aurais aimé durant mon année de congé parental. J’ai souvent entendu dire qu’il était important de limiter les visites les premiers jours/semaines suivant l’accouchement mais personnellement, je n’attendais que ça ! Les premières semaines furent les moins solitaires – toustes nos proches se sont précipité·es pour rencontrer notre bébé et prendre de nos nouvelles mais assez vite les « Quand est-ce que je peux passer ? » se sont raréfiés. Une fois le bébé rencontré, le cadeau déposé, l’intérêt de se revoir et même de prendre de nos nouvelles semblait s’être estompé. Sans parler des ex-amies qui, certainement lassent de mon mal-être, ont tout simplement fini par couper les ponts.
Par chance, quelques-un·es de mes fidèles ami·es étant en congé parental en même temps que moi, je pouvais les voir plus facilement et fréquemment qu’en temps normal. Néanmoins, les journées où je ne voyais personne d’autre que mon bébé (et mon mari à son retour du travail) étaient bien plus nombreuses que celles où, en compagnie d’une amie, je pouvais m’aérer l’esprit, penser à autre chose que mes tracas de maman, sortir de chez moi et d’une routine pesante. Ces rendez-vous étaient pour moi de véritables bouffées d’oxygène et je m’y raccrochais comme à une bouée de sauvetage afin d’éviter de me noyer dans le flot d’idées noires qui me submergeaient quasi-quotidiennement. Les jours où mes amies n’étaient pas disponibles, je m’efforçais de sortir pour me poser dans un café avec mon petit bout, histoire de me sentir un peu moins seule parmi les autres client·es et d’échanger quelques mots, aussi banals soient-ils, avec le·la serveur·se — mais je n’y restais jamais bien longtemps car l’espace était généralement inadapté aux jeunes enfants. Nous nous rendions également à un atelier d’éveil musical une fois par semaine, ce qui me permettait de croiser d’autres parents et de me sentir, l’espace d’une heure, pas complètement en charge de mon enfant : même si j’étais bien évidemment à ses côtés tout au long de l’atelier, une autre personne lui proposait de quoi s’occuper pendant que moi je me contentais de suivre le rythme.
J’aurais aimé avoir accès à davantage d’activités comme celle-ci où s’offrait à moi la possibilité de côtoyer d’autres parents et où quelqu’un·e ou quelque chose pouvait distraire mon bébé. En plus d’activités pensées pour les jeunes enfants, il y aurait besoin d’espaces aménagés de manière à ce que petit·es et grand·es puissent venir de manière spontanée, interagir librement, faire de nouvelles rencontres, boire, manger et jouer ensemble. Il existe déjà de telles structures comme, par exemple, Le café des enfants à Grenoble. Dans tous les cas, offrir aux parents qui se sentent isolé·es des opportunités de sortir de chez elleux et de rencontrer d’autres parents peut être extrêmement salutaire.

Photo by La-Rel Easter on Unsplash
Et si les discours sur la parentalité étaient plus inclusifs ?
Enceinte, j’ai commencé à constater que la majorité des discours autour de la grossesse, de l’accouchement et de la parentalité était, le plus souvent, adressés aux femmes – comme si les pères, dans les couples hétérosexuels, n’étaient pas eux aussi, indirectement ou pas, concernés. Que mon mari soit présent à chaque rendez-vous chez la gynécologue, au stage de préparation à l’accouchement et qu’il prenne une part du congé parental n’était pas seulement une évidence pour nous, c’était aussi une possibilité. En effet, la flexibilité de notre employeur lui permettait de m’accompagner lors de mes rendez-vous de suivi mensuels. Par ailleurs, le stage de préparation à l’accouchement avait lieu le week-end et le système allemand permet aux parents de se répartir 11 mois (sur 14) du congé parental comme iels le souhaitent (les 3 premiers mois étant réservés à la personne ayant accouché). Même si j’étais celle qui portait notre enfant, cette grossesse était la nôtre et même si ce serait à moi d’accoucher, l’accompagnement de mon mari serait crucial le jour J.
Malgré tout, c’est moi qui me suis informée sur la grossesse, les différentes manières de se préparer à l’accouchement et tout ce qu’il nous faudrait pour accueillir, vêtir, nourrir, etc., notre bébé. Très rapidement, je me suis sentie entièrement responsable de tout cela et comme je bénéficiais de 6 semaines de congé prénatal, j’étais également davantage disponible pour m’informer, gérer l’aspect pratique, prendre mes marques. Même si j’en informais mon mari qui prenait des initiatives et gérait un tas de choses de A à Z de son côté, contrairement à moi, il n’a pas eu de temps véritablement dédié aux préparatifs de l’arrivée de notre enfant.
Au-delà de ce manque de temps, il faut reconnaître que l’exclusion de l’autre parent et des pères en particulier des discours sur la parentalité ne font que renforcer l’idée selon laquelle les mères sont, par défaut, les responsables principales du bien-être, de l’alimentation, de l’habillement, des divertissements, des soins, etc., des jeunes enfants. Ainsi, le père serait là pour aider la mère – à condition d’être guidé par cette dernière à qui incombe une double charge mentale : celle d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour prendre soin de leur(s) nourrisson(s) puis celle de les transmettre à son conjoint. À cette charge s’ajoute le poids de la culpabilité des mères qui — ayant internalisé l’idée selon laquelle elles sont entièrement responsables du bien-être de leur progéniture — prennent tout sur elles au moindre souci. Dans mon entourage, nombre de mamans m’ont confié se sentir coupables de ne pas avoir vu/senti que leur enfant avait un problème ou de ne pas avoir pris une décision adaptée ses besoins… comme si cette charge-là reposait entièrement sur leurs épaules.
Pour dédouaner les pères de leurs responsabilités, on entend souvent qu’ils sont « fatigués » après une journée de travail. Mais qu’en est-il des mères en congé parental qui ont passé la leur à prendre soin d’un petit être complètement dépendant d’elles, en plus d’assurer diverses tâches domestiques, malgré une privation de sommeil souvent importante ? Les mères aussi sont épuisées, physiquement et émotionnellement, et remplissent une variété de tâches que d’autres effectuent dans le cadre d’emplois rémunérés (la dévalorisation du travail non rémunéré est un vrai sujet, mais je digresse !). « L’instinct maternel » est un autre mythe qu’on peine à défaire et qui renforce l’idée selon laquelle les femmes auraient, contrairement aux hommes, des capacités innées pour s’occuper de leurs enfants. Le capitalisme patriarcal a encore de beaux jours devant lui…
Sous-estimer le rôle des pères dans la parentalité ainsi que la charge mentale, émotionnelle et de travail reposant sur les mères peut avoir des conséquences non-négligeables sur l’équilibre familial et la capacité des post-parturient·es à bénéficier du repos dont elles peuvent avoir besoin après leur accouchement et bien au-delà. C’est pourquoi il me semble indispensable de parler de parentalité comme d’une responsabilité entièrement partagée par les deux parents, de donner aux pères les clés et la confiance dont ils peuvent manquer pour jouer pleinement leur rôle et de cesser de prêter aux mères des qualités intrinsèques qui ne font qu’augmenter leur charge maternelle et renforcer les inégalités de genre.
Et si les parents avaient la possibilité de prendre un congé parental équitable ?
Concrètement, durant le post-partum, les conjoint·es ne peuvent être aussi impliqué·es que les post-parturient·es, à moins de bénéficier d’un congé parental de plus de quelques jours ou semaines. La parentalité est un apprentissage de tous les jours et de tous les instants — on se familiarise avec son enfant au fil des pleurs, des changes, des câlins, des tétées/biberons, etc., et l’on parvient à déchiffrer ses signaux à force d’observation, de patience et d’essais. Comment celleux qui doivent reprendre le travail au bout de si peu de temps peuvent-iels prendre pleinement conscience de leur rôle de parent et pleinement confiance pour faire leur part ? Comment les deux membres d’un couple peuvent-iels instaurer un nouvel équilibre, répartir les tâches de manière équitable et se soutenir mutuellement si l’un·e d’entre elleux doit travailler durant une période où les post-parturient·es sont particulièrement vulnérables – et leur bébé aussi ?
L’idée n’est pas d’imposer à toustes de prendre un congé parental de X mois mais d’offrir aux deux parents la possibilité de bénéficier d’un nombre de mois minimum équivalent. Par exemple, en Allemagne, la personne ayant accouché doit obligatoirement prendre 8 semaines de congé maternité après la naissance de son bébé. Le congé parental offre ensuite aux deux parents la possibilité de se répartir les 12 mois suivants comme iels le souhaitent. Lorsque le congé n’est pas réparti entre elleux, la mère bénéficie d’un maximum de 10 mois de congé parental, en plus des 8 semaines de congé maternité. Les 2 mois supplémentaires reviennent donc d’office au second parent. Dans la plupart des cas, la mère prend la plus longue part du congé alors que l’autre parent profite des 2 mois qui lui sont réservés durant le post-partum, offrant ainsi aux deux parents 2 mois complets ensemble, auprès de leur enfant. Parfois, les parents prennent 6 mois chacun simultanément ou séparément. Plus rarement, la personne ayant accouché reprend le travail au bout de 2 mois tandis que l’autre parent s’occupe de leur(s) enfant(s) à temps plein pendant les 10 mois suivants. Bien que ce système ne soit pas sans imperfections, il a l’avantage d’offrir aux couples la possibilité de choisir la répartition du congé parental et d’être ensemble durant les premiers mois du post-partum.
Et si l’on faisait partie d’un village ?
J’ai longtemps cru qu’on disait qu’ « il faut tout un village pour élever un·e enfant » uniquement dans l’intérêt des petit·es. En effet, je pensais que ce proverbe [2] mettait surtout en lumière l’importance pour les enfants d’être entouré·es de personnes de générations différentes, aux personnalités, passions et points de vue variés, afin d’élargir leurs horizons et d’enrichir leur parcours éducatif. Ce n’est qu’une fois devenue maman que j’y ai vu un autre sens : l’intérêt de ce village est aussi dans celui des parents, non seulement durant le post-partum, mais également bien au-delà.
Je viens d’une famille indienne où il est tout à fait normal que plusieurs générations vivent sous le même toit et/ou à proximité les un·es des autres. J’ai moi-même passé les premières années de ma vie dans le même foyer que ma maman, mes grands-parents maternels, mon oncle, ma tante, mon cousin et ma cousine (toustes deux déjà adultes à ma naissance) et même une fois que ma maman eut déménagé, j’ai continué à passer énormément de temps avec le reste de ma famille les week-ends, les mercredis, en vacances, etc. Il ne fait aucun doute que pour ma maman qui traversait une période extrêmement éprouvante et avait des soucis considérables, pouvoir se reposer au quotidien sur ses proches les jours, semaines, mois et années suivants ma naissance lui a été salvateur. Ainsi entourée, elle n’avait pas besoin de se préoccuper de certains aspects du quotidien et pouvait ainsi se reconstruire certainement un peu plus vite et facilement que si elle n’avait pas eu à sa portée d’autres paires de bras pour s’occuper de moi.
Sans aller jusqu’à habiter sous le même toit que ses proches – je conçois que ce mode de cohabitation soit inenvisageable pour bien des raisons – il me semble indispensable de vivre à proximité d’une diversité de personnes sur qui l’on peut compter à la naissance de ses enfants. Il peut s’agir de membres de sa famille, mais pas uniquement : notre village peut être constitué d’ami·es, de voisin·es mais également de collègues et connaissances qui reconnaissent l’importance d’entourer les jeunes parents, et ce indépendamment des liens les unissant à elleux. En effet, je crois qu’on peut tout à fait faire preuve d’entraide et de générosité envers des personnes dont on n’est pas forcément proches : apporter son soutien, quelle qu’en soit la forme, à des personnes vulnérables, demande juste un peu de bon sens et d’empathie.
Idéalement, dans les mois suivant la naissance de leur(s) enfant(s), les jeunes parents devraient être entouré·es de personnes à même de prendre des initiatives pour les soulager dans leurs tâches ménagères, s’occuper physiquement de leur(s) enfant(s) ou tout simplement prendre régulièrement de leurs nouvelles. Soit des personnes de confiance, à l’écoute et désireuses d’alléger et d’apaiser la vie des jeunes parents.
Or, nous vivons dans des sociétés et à une époque où il est de moins en moins commun de vivre dans la même ville, la même région, voire le même pays que sa famille et où il n’est pas toujours évident de tisser des liens avec ses voisin·es ni courant d’aller proposer ni demander de l’aide à des personnes dont on n’est pas particulièrement proches. L’évolution des modes d’habitations, plus individualistes que collectifs, nécessite la réinvention de structures permettant la création de villages de formes différentes. Ce processus passe également par une évolution des mentalités afin que chacun·e se sente concerné·e par le bien-être des parents de leur entourage.

Photo by Vonecia Carswell on Unsplash
Et s’il y avait plus d’écoute, moins de conseils malvenus, de jugements et de questionnements ?
Bien souvent, quand j’évoquais mes difficultés, mes interlocuteurs.trices – qui n’étaient pas des professionnel.les de la santé ou de la petite enfance – se retrouvaient à tirer des conclusions sur ma situation et à me faire part de conseils non sollicités et peu avisés. Je déplore qu’on mette souvent le mal être des post-parturient·es sur le dos des hormones, empêchant ainsi toute remise en question des manquements de diverses structures sociales. Je veux bien croire que les changements hormonaux puissent fragiliser les post-parturient·es à bien des niveaux mais s’il n’y avait que ça, les plaies du post-partum ne seraient pas si nombreuses, douloureuses et profondes. Cessons donc de suggérer aux nouvelles mères en larmes que tout ira mieux une fois l’équilibre hormonal rétabli, essayons plutôt d’identifier les autres causes possibles de leur mal-être.
J’ai par ailleurs perdu le compte du nombre de fois où l’on a accusé l’allaitement de perturber le sommeil et l’alimentation de notre enfant : « Le lait maternel ne lui suffit pas » ; « Elle ne tète pas beaucoup, dis donc ! », « Tu devrais lui donner un biberon de lait infantile avant de la coucher pour mieux la caler » ; « Tu devrais arrêter de l’allaiter si tu veux qu’elle mange autre chose »… Autant d’avis malvenus que j’ai su rejeter sans pour autant garder confiance en ma capacité de prendre soin de de notre enfant. À force de voir mes choix parentaux questionnés et critiqués – de l’allaitement à l’habillement en passant par le sommeil et les activités – j’étais dans un état de remise en question quasi-permanent. Quand on est au bord du gouffre et que rien n’est fait dans la société pour soutenir les mères, reconnaître et valoriser leurs accomplissements, ces jugements ne font que remuer le couteau dans la plaie béante du post-partum.
Ainsi, j’ai compris assez tôt qu’il valait mieux – dans certains contextes et auprès de certaines personnes – taire mes difficultés plutôt que de m’exposer à des conclusions hâtives ou des critiques à des moments où j’aurais surtout eu besoin d’écoute, d’empathie et, éventuellement, d’être redirigée vers des professionnel·les à même d’évaluer nos difficultés, nos besoins et les solutions adaptées à notre situation. Pour moi qui suis habituée à parler ouvertement de mes maux et incapable de prétendre que tout va bien quand ce n’est pas le cas, être dans la retenue a été extrêmement éprouvant et n’a bien évidemment pas diminué mon mal-être.
Au-delà des jugements sur nos faits et gestes, je trouvais pesant d’être sans cesse questionnée sur l’évolution de notre enfant : « Elle marche ? », « Elle ne marche pas encore ? », « Elle mange mieux ? », « Elle ne mange toujours pas ? », « Elle fait ses nuits ? », « Elle ne fait toujours pas ses nuits ? », « Elle fait bien ses siestes ? »… Tant de questions me donnant l’impression d’être évaluée et de ne pas être à la hauteur à chaque fois que je répondais « Non ». J’aimais quand on me demandait simplement « Comment tu vas ? », « Comment va votre bébé ? », « Comment se passe votre quotidien ces temps-ci ? », « Qu’aime faire votre bébé en ce moment ? »… Des questions ouvertes qui me permettaient de livrer ce que j’avais à cœur de partager à l’instant, sans m’obliger à faire un compte-rendu détaillé sur la motricité, l’alimentation et le sommeil de notre bébé certains jours.
Ma sensibilité particulièrement accrue par la fatigue et mon profond mal-être tout au long de mon post-partum ont rendu certaines interactions sociales particulièrement éreintantes, m’obligeant à m’isoler à des moments où, au contraire, je n’aurais pu tenir debout sans le soutien d’autres êtres humains. Fort heureusement, l’écoute, l’empathie et la bienveillance de quelque-un·es de mes proches m’ont permis de tenir le coup.
Et si l’on déshéroïsait et l’on humanisait les mères ?
« Femmes fortes », « Femmes courageuses », « Superwomen », « Wonderwomen », « Reines », « Déesses », « Magiciennes »… Les expressions à caractère héroïque pour décrire les femmes de manière générale et les mères en particulier sont nombreuses ; elles sont utilisées couramment pour applaudir leurs exploits et l’efficacité avec laquelle elles jonglent entre charge mentale, charge morale, charge émotionnelle, charge parentale, charge éducative, charge domestique, charge professionnelle… sans jamais flancher.
J’ai commencé à questionner cette héroïsation des mères assez tôt dans ma maternité où, bien souvent, après avoir évoqué mes difficultés, on me renvoyait à cette image de femme et mère dotée de qualités et pouvoirs extraordinaires innés pour faire face à tout ça : « C’est extrêmement éprouvant et douloureux ce que tu vis, mais regarde comme tu es forte ! ». Mais avons-nous seulement d’autre choix que de résister face à un petit être dont le bien-être dépend de nous ? Et que dit ce genre d’étiquette faisant guise de compliment à propos des mères qui flanchent, des mères qui s’effondrent, des mères qui mettent fin à leurs jours ? Y aurait-il donc des mères « fortes » et des mères « faibles » ? Des mères « courageuses » et des mères « lâches » ? Des mères à couronner et d’autres à détrôner ?Personnellement, si je suis restée au bord du gouffre sans jamais y sombrer et que j’ai fini par trouver la sortie du tunnel du post-partum, ce n’est pas grâce à quelconque qualité héroïque mais plutôt grâce à certains de mes privilèges. En effet, j’ai plongé dans la maternité avec une bonne santé physique et mentale, je suis en couple avec une personne avec qui je me sens bien et en sécurité, j’ai des proches – amies et famille – à qui je peux me confier et qui peuvent m’apporter leur soutien, j’ai une situation de vie confortable et je n’avais aucune autre préoccupation durant mon post-partum. Toutes les mères ne bénéficiant pas de ces privilèges, certaines tombent forcément plus bas que d’autres mais cela ne dit rien de leur force ni de leur courage.
J’avais évoqué ce sujet avec Cécile Doherty-Bigara, suite à la publication de son livre Nouvelle Mère dans lequel elle décrit les mères comme des « Reines » et je lui avais posé la (longue) question suivante : « Dans le chapitre « La fierté d’être une nouvelle mère » tu expliques que les mamans sont des « reines » et qu’elles devraient être « vénérées ». Personnellement, je dois t’avouer que je n’ai pas envie qu’on me considère comme une reine ni qu’on me vénère, et ceci pour deux raisons. La première, c’est qu’en mettant les mamans sur un piédestal, j’ai l’impression que l’on crée une hiérarchie entre les femmes qui ont des enfants et celles qui n’en ont pas. La seconde, c’est qu’en élevant les mères au statut de « reine » […], j’ai l’impression qu’on participe à la minimisation/dissimulation de leurs souffrances et qu’on laisse croire que malgré leurs difficultés, elles s’en sortent très bien. Or, ailleurs dans ton livre, ton message me semble plutôt clair : les mères ont besoin d’être soutenues et le second parent a besoin de jouer son rôle à part égale. Pourtant, en les identifiant à des « reines », n’est-on pas en train de dire que du fait de leur statut de mères, elles sont déjà équipées pour faire face aux difficultés de la parentalité qui sont elles-mêmes exacerbées par les failles d’une société capitaliste et patriarcale ? Et mettre les mères sur un piédestal ne participerait-il pas à renforcer (voire justifier) la hiérarchie des rôles dans le couple hétérosexuel où, bien souvent, le père joue un « second rôle » ? ». (Je vous invite vivement à lire sa réponse très éclairante dans l’article que j’ai consacré à son livre Nouvelle Mère).
Pour conclure, sans dénigrer ni nier l’étendue du travail des mères et leurs accomplissements au quotidien, il me semble essentiel de reconnaître à quel prix elles parviennent à se soucier des repas de leurs bébés, de leur garde-robe, de leur hygiène, de leur sommeil, de leur développement affectif, moteur, social, etc., en plus de tout ce qu’elles font chaque jour pour maintenir leur vie de couple, familiale, domestique, professionnelle, etc., à flot. Rien de tout cela ne se fait grâce à quelconque pouvoir surnaturel, formule divinatoire ou coup de baguette magique. Tout cela s’accomplit au prix de notre énergie (limitée), de notre temps (24h par jour, comme tout un chacun), de compromis (pour ne pas dire sacrifices) et de notre santé mentale et physique. Les mères sont des humaines comme les autres. Il serait donc temps qu’on les traite comme telles et qu’on cesse de normaliser, voire naturaliser l’ampleur de leur investissement dans la parentalité. Elles ne se tuent pas à la tâche parce qu’elles sont faites pour ça mais parce qu’elles n’ont pas le choix.

Photo by Sydney Sims on Unsplash
[1] J’ai fait de mon mieux pour inclure les personnes non-binaires et les hommes transgenres lorsque je fais référence aux personnes enceintes et ayant accouché. Je parle toutefois des « mères » quand je fais référence à des injonctions qui pèsent précisément sur les femmes.
[2] J’ai cherché, en vain, les origines exactes de ce proverbe parce que « africain », c’est si vague et réducteur. Si vous avez des informations à ce sujet, ça m’intéresse.
Pour aller plus loin :
- Le récit de mon accouchement traumatisant – de l’AAD à la césarienne
- L’épisode n°13 du podcast Mon post partum dans lequel je partage de vive voix certaines des difficultés de mon post-partum
- Mon témoignage dans le podcast Allô Fée Dodo où j’évoque les problématiques de sommeil de notre enfant et leurs conséquences durant mon post-partum
- Ma présentation du livre Ceci est notre post-partum d’Illana Weizman
- Ma présentation du livre Nouvelle Mère de Cécile Doherty-Bigara
Chère Natasha,
Merci pour cet article si bien écrit, qui met de mots sur une réalité tellement peu présente dans l’imaginaire collectif. Bravo d’avoir réussi à réfléchir si bien sur ta situation pour nous proposer des idées qui seront utiles pour tout le monde !
J’espère que de plus en plus de personnes pourront anticiper cette période de post-partum, et ton article permet de créer un chemin entre les clichés idéalistes niant les maux du post-partum et les sketchs/bande-dessinées/blagues qui évoquent ces maux sans donner de clés pour s’en protéger.
Pour le proverbe « il faut un village pour élever un enfant », il me semble qu’il est d’origine wolof : https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-roukiata-ouedraogo/la-chronique-de-roukiata-ouedraogo-07-decembre-2020
Chère Sandrine,
Merci pour ton message ainsi que pour les explications sur l’origine de ce fameux dicton.
Tu fais partie des personnes qui m’ont été d’un précieux soutien tout au long de mon post-partum. Alors qu’on se connaît à peine et qu’on ne vit pas à côté, tu as su être présente, à l’écoute et faire preuve d’empathie. Tes mots m’ont si souvent réconfortée et donné le sentiment d’être moins seule. Merci d’avoir été et d’être toujours là !
Merci Natasha de nous partager ton témoignage. C’est précieux et éclairant.
J’ai eu une grossesse et un accouchement tellement tranquilles, bien en forme jusqu’au jour J, que je souhaite la même chose à toute personne enceinte. Mais voilà plus de deux semaines que mon fils est naît et je ne me reconnais pas. Je ne m’attendais pas à autant d’intensité de toute part, venant de ce tout petit être.
On nous sur protège et sur médicalise tout au long de la grossesse et de l’accouchement et après débrouillez vous.
Je suis amère de ne pas avoir été prévenue par mon entourage et le personnel médical des difficultés concrètes qui m’attendraient, hormis le sempiternel « il faut se reposer ».
J’ai l’impression d’avoir perdue du temps à lire sur des sujets qui ne me sont pas utiles. Je me prends à rêver d’un abonnement, avec chaque mois une lecture bien sélectionnée pour se préparer en tant que parents sur tous les sujets. Ce qui est sûr, dorénavant, c’est que j’oserais sans aucune retenue dire à qui veut l’entendre que oui c’est difficile le post-partum et proposer mon aide en conséquence, ce que je n’avais pas forcément fait pour mes amies à l’époque, pensant bien faire en les laissant dans leur bulle, et que je regrette aujourd’hui.
Bonjour Anaïs,
Je comprends et partage ton amertume et souhaite sincèrement qu’à défaut d’être mieux préparée que tu ne l’aurais souhaité pour les difficultés du post-partum, tu seras aussi bien entourée que possible pour t’aider à traverser cette étape de la parentalité et que la suite sera plus sereine pour toi.
Et bienvenue à ton tout petit bout 💚
Bravo pour cet article. Tant de choses à mettre en place pour accompagner les mères/les parents… Et que tous vivent bien ce moment.
Merci Hélène.
En effet, les leviers pour une parentalité apaisée sont nombreux !
Et j’espère qu’individuellement et collectivement nous parviendrons à les activer.
Je pense que le vrai fondement de cette problématique n’est pas patriarcale mais capitaliste. Il était beaucoup plus facile d’être entourée et d’avoir accès à un certain savoir (notamment la gestion du sommeil et de l’alimentation) avant les années 60 qu’aujourd’hui. Les femmes étaient éduquées à être mères et bénéficiaient des connaissances de toutes les générations maternelles précédentes qui bien souvent habitaient la porte d’à côté. Il n’y avait pas d’éducatrice à venir à la maison une heure par semaine mais une foule de visites tout au long de la journée et une présence presque constante de la famille. Les conseils ne venaient pas non plus de toutes parts mais étaient limités à notre cercle, ce qui réduisait les injonctions culpabilisantes et contradictoires.
Notre société industrialisée a dévalorisé ces savoirs considérés comme primitifs car non validés par la science alors qu’ils avaient traversé les siècles de l’expérience. Ce que nous avons gagné en précision médicale – réduction importante de la mortalité infantile et des parturientes, nous l’avons perdu en confiance en notre instinct.
Par ailleurs, la maternité et l’éducation des enfants est devenu une sorte de loisir que les femmes s’accordent aux dépens de la productivité des entreprises. Difficile pourtant de comprendre comment celles-ci fonctionneraient sans le choix de certaines d’enfanter… Agent d’entretien, nounou, cuisinière, éducatrice sont des métiers mais maman non. L’argent fait la valeur du travail. Très peu de couples peuvent se permettre de faire le choix de vivre sur un salaire. Ainsi, la charge mentale dans les familles résulte selon moi en grande partie de cette double fonction imposée de mère et de travailleuse, réduisant la maternité à un loisir sans valeur. Être mère devient un obstacle à une carrière et presque un luxe. L’image de Wonder woman savamment travaillée par les grands patrons capitalistes est un miroir aux alouettes.
Je suis complètement d’accord avec cette analyse et je pense personnellement que les deux idéologies (capitalisme et patriarcat) sont intrinsèquement liées et responsables de ces maux, c’est pourquoi je parle de capitalisme patriarcal dans mon article.
Merci pour cet article Natasha ! Je ne suis pas maman mais deux de mes sœurs sont actuellement en post-partum et ce genre d’articles est tellement précieux pour comprendre ce qu’elles traversent et comment les aider au mieux. Quel travail !
Je te remercie d’avoir pris le temps de lire cet article !
Je pense comme toi que même lorsqu’on n’est pas parent – qu’on souhaite le devenir ou non – c’est important de se sensibiliser à ce qu’implique le post-partum et la parentalité de manière plus générale car on a forcément des parents dans notre entourage qui apprécieraient notre écoute et notre soutien… À titre personnel, j’aurais vraiment aimé être sensibilisée à toutes ces difficultés avant de devenir maman afin d’être plus présente auprès de mes amies et plus attentive à leurs besoins non exprimés…
Bonjour Natasha,
Merci infiniment pour cet article! Je te suis depuis plusieurs années et j’ai traversé le post-partum en même temps que toi! J’ai donc suivi tes témoignages avec beaucoup d’intérêt! Nombreux sont ceux dans lesquels j’ai pu me retrouver, difficultés de sommeil, jugements, charge mentale, culpabilité, isolement. Pour ma part, j’ai plutôt bien vécu la première année en congé parental. J’ai vécu au rythme de mon bébé sans me mettre trop de pression et cela me comblait… les difficultés se sont invitées dès ma reprise du travail alors même que mon conjoint était lui-même en congé! En rentrant je voulais absolument relayer mon mari, j’assurais les nuits qui sont devenues compliquées à ce moment là, au détriment de ma fatigue et de mon temps libre – cette situation m’a beaucoup questionnée par rapport justement au fait que dans la situation inverse on dédouane les pères fatigués de leur journée de travail, a trop vouloir soulager mon mari, je me suis oubliée et épuisée… – j’ai lentement glissé dans un gouffre comme tu le décrit ci-bien… mes plus gros tourments ont été la fatigue et la sur sollicitation de mon enfant qui, sentant probablement mon manque de disponibilité, réclamait mon attention en permanence, moi qui voulait simplement pouvoir de temps en temps prendre le temps de cuisiner, de faire le ménage (oui oui, ranger était parfois une soupape 😊), aller prendre l’air seule… je me suis interdit beaucoup de choses me faisant du bien par culpabilité de laisser cet enfant, qui n’avait rien demandé, au soin de quelqu’un d’autre.
D’ailleurs, j’ai l’impression que nos parents avaient bien moins de culpabilité à nous confier, j’ai l’impression que la société actuellement véhicule une image positive des mamans professionnelles qui s’occupent a plein temps de leurs enfants et remplissent leurs réservoirs entre 5h et 7h du matin… et donc j’en arrive a ton paragraphe sur l’héroisation des mères… je n’avais jamais appréhendé les choses sous cet angles trouvant ce phénomène plutôt positif mais je n’avais jamais envisagé sous l’angle de la hiérarchisation des mères, d’autant plus compte tenu du tabou entourant les difficultés maternelles. Au delà c’est un moyen rapide de mettre un couvercle sur les difficultés! « Oui je sais c’est difficile mais tu es une warrior »… comme si avoir un enfant était une guerre…
Merci de ton partage, de ton angle de vue qui m’amène encore a réfléchir sur cette expérience que j’espère pour ma part renouveler même si je me demande parfois s’il n’y a pas derrière une volonté de réparation… l’avenir me le dira!
Julie
Bonjour Julie,
Merci beaucoup pour ton témoignage. Malgré les différences de situations et d’expériences, on voit que ce sont souvent les mêmes difficultés et sentiments qui reviennent et accablent les mamans. Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis concernant les interdits… J’ai enfin réussi, il y a quelques mois, à commencer à m’autoriser à prendre du temps pour moi – en allant dîner avec une amie, en participant à des ateliers d’écriture et tout récemment, en partant voir ma famille seule pendant 3 jours (+ 2 jours pour le voyage). Alors que mon mari a toujours exprimé facilement ses envies et ses besoins et ainsi continué ses activités personnelles et en solo en dehors du travail, pour ma part je n’arrivais pas à m’autoriser du temps pour moi pendant que lui ou quelqu’un d’autre s’occupait de notre enfant (pourtant, mon mari m’a souvent répété que ce serait bien que fasse des activités en dehors de chez nous, pour moi). Comme si notre enfant était, par défaut, ma responsabilité… Je commence petit à petit à me détacher de cette injonction-là et mon voyage en solo fut une grande étape – très libératrice – en ce sens.
Quant à cette volonté de réparation… je crois qu’elle est bien présente chez moi, ou tout du moins elle l’a été. Quand j’avais encore du mal à mettre une croix sur un projet de 2e enfant, j’étais clairement motivée par – entre autres – le besoin de « réparer » ou tout du moins de m’offrir la chance de vivre un post-partum plus serein, un début de 2e maternité plus épanouissant où je pourrais davantage profiter des joies qu’offre cette période de la vie d’un·e nourrisson… Rester sur cette 1re expérience me laisse un goût bien amer mais j’espère que la thérapie (pas encore commencée mais ça devient urgent) et le temps m’aideront à mieux digérer tout ça.
En tout cas, tout comme toi, je suis rassurée de voir que malgré tout ce que j’ai traversé depuis la naissance de notre enfant, c’est une petite humaine épanouie avec qui je partage une relation pleine d’amour, de tendresse et de rires.
Merci et bravo pour cet article. Personnellement, le proverbe que tu évoques me revient très régulièrement en tête tellement il est vrai. Même si mon conjoint est très impliqué dans l’éducation de ma fille, ça ne suffit pas et pouvoir compter sur mes parents, mes beaux parents, ma sœur et son conjoint est ce qui m’a permis de tenir le coup. D’ailleurs c’est pour ça que j’ai sombré après deux ans de covid alors que ma fille avait déjà 4 ans car c’est impossible de vivre sereinement ainsi coupée des autres en prenant tous le poids de nos responsabilités parentales sur les épaules même pour une personne solitaire comme moi. Bref, moins de cadeaux de naissance, plus de présence et la vie sera plus supportable pour les jeunes parents.
Bonjour Manon
Merci pour ton témoignage.
Le 1er confinement a été instauré au moment où j’ai repris le travail, 3 semaines à peine après la fin de mon congé parental d’un an… Je m’étais tellement raccrochée à la reprise du travail + à la garde en crèche de notre enfant pour remonter la pente que j’ai vécu ce premier confinement comme une punition… Alors au lieu de m’éloigner du gouffre comme je l’avais espéré, je m’en suis rapprochée ; il faut dire que la reprise du travail dans des conditions extrêmement difficiles n’a fait qu’accentuer mon mal-être… Je comprends donc comment tu as pu sombré suite à la pandémie. Je te souhaite plein de courage pour remonter cette rude pente en espérant que tu puisses de nouveau te reposer sur tes proches.
Merci pour cet article si complet, qui dit si bien les difficultés du post partum et m’apporte même un nouveau regard, notamment sur l’héroïsation. Je suis en plein dedans (mon bout de chou a 3 mois et demi), et, si je crois ne pas réellement mal le vivre, j’ai rencontré nombre de difficultés auxquelles je n’étais effectivement pas préparée. J’aurais aimé voir le documentaire Post Partum de Ève Simonet avant. J’aurais aimé lire des livres sur le post partum. J’aurais aimé qu’on nous en parle, comme on nous parle de l’accouchement. Et pourtant, je ne crois pas être parmi les moins bien informées : j’avais (et j’ai toujours) une doula (accompagnante périnatale), j’ai accouché en maison de naissance donc j’ai été suivie par une sage femme toute la grossesse avec de longs entretiens à chaque fois, où je pouvais vraiment parler… Le passage de la sage femme les 10 premiers jours après la naissance m’a vraiment aidée. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, d’autant que mon compagnon était retourné travailler au 3eme jour (par choix, même si en France les coparents n’ont pas autant de congé qu’en Allemagne, il aurait pu prendre 25 jours). J’aurais aimé que ça dure plus longtemps. Toutefois, ma sage femme est restée disponible par message, et cela m’a beaucoup aidée (mais rien ne l’y obligeait, j’ai simplement eu de la chance d’être tombée sur elle). La doula m’a également énormément aidée. Pouvoir échanger avec elle a été extrêmement précieux. Et puis, aussi étrange que ça puisse paraître, les réseaux. Je n’avais pas de tribu autour de moi, je l’ai trouvée en virtuel. Ça ne fait pas tout car ces gens là, des femmes pour la plupart, ne pouvaient pas garder le petit ou préparer un repas, mais émotionnellement, ça m’a aidée à me maintenir à flot alors que mon couple partait complètement à vau l’eau. L’écriture aussi, surrout. Ça m’a aidée à sortir d’une situation toxique (père alcoolique, couple très récent, violences psychologiques…). Je suis aujourd’hui plus proche de ma famille. Je suis seule à m’occuper de mon enfant… Et à la fois tellement moins seule que lorsque j’étais en couple. Ma soeur m’aide énormément. Bref, je ne sais pas où je vais avec ce commentaire, je ne sais pas si ça parlera à d’autres, mais merci, très fort, et à tous les parents : vous n’êtes pas seul.e.s .
Et à toutes les mamans ayant vécu une grossesse arrêtée : vous avez le droit d’être accompagnée (et le coparent également), pendant votre post partum aussi. ❤️
Bonjour Lola,
Merci pour ton témoignage. Ta situation m’a beaucoup émue.
Les réseaux sociaux m’ont également été d’un précieux soutien – y « croiser » des personnes qui comprenaient mon vécu, qui étaient en plein post-partum également ou qui en étaient sorties m’a aidé à me sentir moins seule, à prendre conscience que le problème ne venait pas forcément de moi, qu’il me dépassait complètement en fait…
Je souhaite que tu puisses profiter pleinement de ta maternité à présent et que tu continues d’être épaulée par ta famille.
Merci ❤️
Bonjour Natasha,
Te suivant sur les réseaux depuis des années, je suis heureuse de voir de façon un peu plus détaillée ce qui a fait tes difficultés pendant ce post-partum. Merci de les mettre à la vue de tout un chacun, c’est précieux de faire exister ces récits je trouve. Ici je ne veux pas d’enfant, et je constate à l’inverse déjà toute l’injonction qu’on peut faire reposer sur les femmes rapport à la maternité : c’est le seul sujet sur lequel tout le monde refuse mon « non » (je ne veux pas d’enfants). Il faut obligatoirement pour les interlocuteur.ices que je dise que peut-être je changerai d’avis. Ce n’est qu’une fenêtre très étroite sur ce qui est vivable, et je trouve déjà le message fort. Merci pour cet article, j’essaye au quotidien d’aider mes amies à déculpabiliser, mais ton article me renvoie à quel point il est facile d’intégrer la personne dans sa catégorie de « mère », et de ne pas questionner son bien-être vis-à-vis même de sa situation (et non pas dans le rapport qu’elle a avec son enfant). Je vais m’y atteler d’autant plus. Bon courage à toi, et encore une fois : merci ! ❤️
Bonjour Emilie,
Merci beaucoup pour ton message.
« Ton article me renvoie à quel point il est facile d’intégrer la personne dans sa catégorie de « mère », et de ne pas questionner son bien-être vis-à-vis même de sa situation. » C’est si bien dit je trouve…
Concernant toutes les injonctions autour de la charge maternelle dont le souhait de ne pas avoir d’enfants, j’ai trouvé le livre de Fiona Schmidt, « Lâchez-nous l’utérus », très riche et percutant. J’en avais parlé dans cet article si ça peut intéresser quelqu’un·e.
Merci à toi ; personnellement ça me fait du bien de voir que des personnes ne souhaitent pas avoir d’enfants s’intéressant à ce genre d’articles car les personnes qui sont éloignées de moi durant mon post-partum n’en avaient pas et je crois que leur insensibilité à mon égard était en partie liée à leur incompréhension de ma situation et de mes besoins.
Merci Natasha d’avoir réussi à mettre en mots cette période si dure et de l’avoir publié. J’ai eu notre enfant assez tard par rapport à mon cercle d’amies et ma famille proche. Alors même si personne ne m’a jamais parlé de souffrance, j’avais entr’aperçu que les premiers mois c’était de gros bouleversements et qu’on pouvait être la tête sous l’eau. Je ne voulais pas être seule. Pendant ma grossesse j’ai beaucoup écouté Bliss stories et préparé des repas à congeler. Je ne travaillais pas et mon compagnon a pris 5 mois de congé parental après la naissance. Je suivais la méthode de Gasquet qui préconise un resserrement du bassin et un repos au lit pendant un mois post accouchement. J’avais parlé de mes choix à mon entourage, je pensais vraiment être prête !
J’ai accouché un mois avant le premier confinement, j’ai eu des crevasses 12h après la tétée d’accueil. Un mois de douleurs atroces mais je voulais un allaitement long, je me suis accrochée grâce à un suivi à la maternité puis au lactarium où j’ai été très soutenu et qui ne se contentait pas de « vous avez la peau très claire, c’est pas de bol » (ma maman et ma sœur ont la même peau et n’ont jamais eu de crevasses, ma belle-mère a la peau très mâte et a eu des crevasses pour ses 4 enfants) . Donc mon premier mois a commencé avec un accouchement très rapide mais en milieu de nuit et le manque chronique de sommeil, un corps de vieillard comme le décrit si bien Ilana, beaucoup de souffrances et un nouveau né qui pleure énormément. Pendant ces premiers mois j’ai eu beaucoup d’empathie et de compréhension pour toutes ces femmes qui abandonnent leur bébé, les tue, se jettent par la fenêtre. C’était inimaginable et ça a traumatisé mon compagnon qui ne veut pas d’autre enfant depuis. Entre les confinements, un bébé très intense, un manque de sommeil qui se creuse un peu plus chaque mois, qui met tout le monde à vif, l’incompréhension de l’entourage, je ne sais pas trop comment nous avons tenu. J’ai la chance de lire couramment anglais et les réseaux sociaux, surtout américains, m’ont permis de me sentir moins seule. Des comptes comme Hey Sleepy Baby m’ont permis de normaliser le sommeil de mon enfant, de mettre en place des routines, de comprendre son tempérament et sa grande sensibilité. Mais ce petit être, malgré beaucoup de joie et d’émerveillement a créé beaucoup de tensions et de conflit dans notre couple qui sont très compliqués à dépasser aujourd’hui. Après deux ans et des réveils nocturnes qui se font de plus en plus rares, un allaitement très léger et un début de garde plusieurs jours par semaine, je commence à me retrouver comme individu à part entière. C’était un tourbillon et ce que j’aurais aimé savoir c’est qu’au delà des lochies, il y a tout un état physique et psychologique dont personne ne parle (moi j’ai eu des sages-femmes en préparation à l’accouchement qui ne voulaient pas stresser davantage les futurs parents et en parlait à demi mot, mon compagnon a détesté leur édulcoration alors que certaines femmes ne connaissaient pas les lochies) et aucune information sur le sommeil des bébés (et pourtant j’ai lu plusieurs livres français sur le sujet mais à part les phases et évolutions, c’était purement technique) ainsi que sur les tempéraments et sensibilités ( tulipe, pissenlit, orchidée). Parce que des bébés intenses qui pleurent beaucoup, se sentent sur-stimuler par tout, et qui ont énormément de difficultés à s’apaiser bah moi ya que chez les psychologues américains que j’en entends parler et chez qui je trouve des mots et des choses à mettre en place pour l’accompagner et qu’on trouve enfin un équilibre. Pareil en France je n’entends pas du tout de communication autour de la co-régulation alors que ça aide énormément dans une approche bienveillante de la parentalité.
J’ai beaucoup appris sur l’être humain ces deux dernières années, pour ça c’était une expérience assez incroyable. Mais pour moi qui n’ai pas voulu d’enfant pendant longtemps, je comprends toujours celles qui n’en souhaitent pas, celles qui le regrettent, celles qui trouvent ça fantastique, mais comme je le disais récemment à Asmae, sociétalement j’ai l’impression de payer la double peine malgré toute l’implication de mon conjoint. Le retour dans le monde du travail est très difficile, j’ai l’impression de nager à contre courant encore plus qu’avant et un grand isolement malgré la fréquentation de divers lieux et un début d’investissement associatif. Je remercie le fait que ce post partum et toutes les pensées qui m’ont traversé, tous les gestes d’épuisement, toute la rage et la haine que j’ai pu ressentir n’ont en rien altéré la belle relation et le lien très fort que j’ai avec mon enfant. Je n’ai pas culpabilisé d’être qui j’étais et de mes limites, j’ai un entourage bienveillant qui n’a pas toujours compris mais qui n’a jamais donné de conseil, je suis dans une situation économique angoissante mais j’assume mes choix et je me sens alignée avec ce que j’avais envie de vivre et mes trauma que je voulais réparer. Continuons de partager nos vécus.
Bonjour Lea,
Merci pour ton témoignage et toutes les informations que tu y partages.
Ce que tu dis concernant ton empathie envers les femmes qui « abandonnent leur bébé, les tuent, se jettent par la fenêtre » me rappelle une conversation que j’ai eu avec une amie (psy) ayant accouché de son 2e deux mois après mois… Elle me disait qu’en voyant une affiche de prévention sur le syndrome du bébé secoué, elle comprenait désormais comment on pouvait en arriver là… et je lui ai dit que moi aussi. Qu’en plein post-partum, j’ai pris conscience que ça pouvait arriver à n’importe qui et que les à priori que je pouvais avoir sur les mères faisant cela s’étaient envolés. Il m’est arrivé de me demander « et si c’était moi ? »… C’est extrêmement déstabilisant d’en arriver là, de perdre ainsi confiance en soi, d’avoir peur de ce qu’on pourrait faire tellement le mal nous ronge. Sans en arriver là, le simple fait d’avoir littéralement hurlé sur mon bébé un jour m’a profondément perturbée – je ne me reconnaissais plus…
J’espère que tu connaîtras bientôt des nuits apaisées et moins d’angoisses par rapport à ta situation économique.
mes difficultés principales, ça a été de recevoir des gens, de préparer un goûter pour eux, de rester assise à discuter alors que je voulais être seule avec mon bébé pour qu’on apprenne à se connaître. Ce qui m’a aidée pour ça, c’est mon ami venu me rendre visite pour m’aider, et pas pour que je m’occupe de lui: il est entré, a fait la vaisselle et passé l’aspirateur , nous a embrassés et est reparti. J’ai été surprise, déstabilisée même. Maintenant que j’y pense: quelle délicatesse, qu’elle sensibilité à l’autre, alors qu’il n’avait pas eu d’enfant lui même. Pour notre 3e enfant, nous avons prévenu nos amis: ok pour que vous passiez, mais pas plus de 30 mn, et on vous offrira un verre de jus et pas plus. Là c’est eux qui ont été étonnés, mais je pense qu’ils ont compris plus tard, quand ils ont été dans la même situation…
L’autre grande difficulté, ça a été avec un de mes enfants qui pleurait beaucoup et dormait très peu. La chose qui m’aidait à chaque fois, c’était de sortir de chez moi faire un tour en poussette: ça le calmait la plupart du temps, et même si ça ne le calmait pas, ça me rassurait de voir la vie continuer en dehors de mes quantité murs. C’était curieusement apaisant. J’ai gardé cette habitude maintenant, quand ça ne va pas fort. Une petite promenade me donne toujours un coup de pouce, m’aide à relativiser, à sortir de moi même.
Merci Natasha pour cette prise de parole, qui permet un peu de ce compagnonnage dont nous avons tant besoin dans la vie.
Bonjour Eve,
Merci pour ton témoignage ! J’aurais adoré un ami comme le tien, haha !
Et avec le recul, je me dis que j’aurais dû sortir davantage en balade – le soir, lors des endormissements difficiles ou des « crises », nous sortions avec notre petit bout en porte-bébé systématiquement mais quand j’étais seule à la maison la journée, épuisée physiquement et mentalement, trouver le courage de me préparer pour aller marcher seule me manquait souvent. Pourtant, je sais qu’une fois dehors, ça m’aurait fait du bien et certainement revigoré au moins un peu.
bonjour, j’avoue être un peu choquée par ce long article qui fait apparaître le « post-partum » comme une fatalité de la femme devenue mère… je n’ai personnellement pas connu cette étape et pourtant ne suis pas une personne avec un parcours de « long fleuve tranquille », suis sujette à des moments très difficiles de ma vie psychique etc.. j’ai eu la chance d’accoucher au Québec assistée d’une seule sage-femme – la 2ème prévue pour l’expulsion n’a pas eu le temps de franchir le pont – et de mon mari qui du coup a fait office d’assistante… ceci dans une maison de naissance où cette nuit de juillet nous étions le seul couple. Nous avons partagé le même grand lit tous les trois pour la première nuit qui a fait suite à l’accouchement. Le lendemain matin petit déjeuner servi comme des rois. Inès est restée dans les bras de son père les deux heures qui ont suivi sa naissance, pendant que la sage-femme s’occupait de moi. Sans famille puisqu’immigrée depuis peu au Canada, nous avons gagné chaque jour comme une victoire depuis la naissance de la petite. Mais je n’ai connu que des phases difficiles mais avec la réussite comme fanion finale à chaque étape. J’ai allaité ma petite malgré mon petit poids et ce 6/7 mois consécutifs, sans reproches, juste les conseils de la sage-femme venue m’assister chaque jour au début, à domicile. Car le retour à la maison se fait quelques heures seulement après l’accouchement. Mon mari était en vacances estivale et a pu m’aider les premières semaines. Jusqu’à 6 semaines après, nous avions des réunions à la maison de naissances, entre jeunes accouchées et les sage-femmes. Pas de jugement, juste l’expérience et les témoignages. Avoir accouché « naturellement », juste une partie dans la baignoire et accompagnée par la sage-femme qui avait créé une bulle pour que ma souffrance ne soit pas du masochisme stérile, m’a donné confiance en ma force de femme et de future mère. Je pense que la pratique du yoga, de la méditation et du reste m’ont aidé mais je pense aussi qu’il faut lâcher prise, ce que je ne suis toujours pas vraiment capable de faire. Ma fille m’y a aidé… il faut être présente pour son bébé mais savoir aussi dès le début préparer l’autonomie de ce petit être si dépendant, en lui montrant qu’il peut aussi faire avec nous, son bout de chemin, en aidant ses propres parents, dans une communion informelle.
En ce jour de fête des mères, ma fille a bientôt 17 ans, elle a perdu son père, mon conjoint de toujours, d’un cancer il y a presque 3 ans, à notre retour tant attendu en France. Je peux dire que cet enfant, le cadeau de ma vie, je ne pensais jamais pouvoir l’avoir un jour – aménorrhée de 13 ans liée à une anorexie mentale dans mon jeune âge adulte ! et bien c’est aussi le plus beau témoignage que la vie est résiliante et qu’il faut l’accueillir, simplement.
Je vous souhaite du courage pour la suite, comme vous en avez montré jusqu’à présent mais ne vous prenez pas trop la tête….. LÂCHER PRISE DE TEMPS EN TEMPS. Vous avez voulu tout mener de front et de façon excellente, la vie ne supporte pas cela. Je vous lis depuis des années, vous admire et vous souhaite un parcours plus facile mais ne condamnez pas à l’avance la possibilité de vivre une nouvelle grossesse AUTREMENT. Bien à vous et en espérant que ce message ne sera pas mal compris dans son intention.
Bonjour Valérie,
Merci pour votre témoignage.
C’est rassurant de voir que d’autres post-partum sont possibles.
En revanche je n’apprécie pas ces injonctions à « lâcher prise » et à ne « pas se prendre trop la tête » qui rendent les mères, encore une fois, en partie responsables de leur mal-être (« lâcher » quoi exactement ?) et je trouve étonnant que vous m’encouragiez à ne pas abandonner l’idée d’avoir un·e autre enfant alors qu’il s’agit-là d’un choix personnel. J’ai par ailleurs expliqué que je ne pensais pas « résister » à une telle épreuve une seconde fois. Le mot n’était peut-être pas assez explicite – en fait j’aurais peur de ne pas survivre, littéralement, à un 2e post-partum.
Je suis désolée, je pense ne pas avoir pris assez de temps pour exprimer le fond de ma pensée et du coup être passée à côté de ce dont je voulais témoigner. Une leçon pour une prochaine intervention de ma part, le sujet est vraiment très délicat car il inscrit cette expérience dans notre chair de femme devenue mère, notre relation aux autres, à notre conjoint, nos attentes vis à vis de la vie…. trop profond et complexe pour un si maigre échange. Je suis profondément désolée.
Des témoignages de non post partum sont aussi importants, tout comme le fait de ne pas en avoir vécu. L’un n’empêche pas l’autre d’en avoir vécu un, et on a tendance à cacher je trouve tous les maladies qui peuvent survenir durant la grossesse ou après.
On nous apprend dès notre plus jeune âge, à s’occuper de la maison et d’un bébé (il suffit de regarder les jeux offerts, poupons, cuisinière, etc). Cette injonction se poursuit longtemps, avec même l’injonction d’avoir plusieurs enfants (regardez les soucis des enfants uniques….). Je comprends que le vécu de Natasha ne lui permettent pas aujourd’hui d’envisager un second enfant, et en quoi cela est critiquable? L’équilibre qu’elle a aujourd’hui semble lui convenir et donc ce choix est peut-être bien justement un lâcher prise sur l’injonction d’avoir plusieurs enfants.
Bonjour, je ne pensais pas « critiquer » la décision de Natacha de ne pas revivre de grossesse…. chaque choix est respectable et aucune injonction ne peut venir le contrecarrer, surtout dans un domaine aussi sensible et intime. J’ai personnellement dû renoncer à une seconde grossesse en raison d’un grave souci de santé consécutif à la naissance de ma fille. Elle est unique.
Je suis navrée d’avoir répondu maladroitement, sans prendre le temps nécessaire pour être sûre de faire passer mon témoignage comme un élan de vie, une expérience personnellement vécue, justement dans un autre milieu que les conditions proposées en France qui me semblent auraient conduit mon aventure vers un post-partum quasi obligé.
J’abonde dans le sens des femmes qui souhaitent changer les choses pour éviter la souffrance inutile infligée à ces mères qui doivent forcément être heureuses !!!!
merci pour cet article ! je ne suis pas (encore) touchée directement par ce sujet, mais ayant eu plusieurs amies qui viennent d’accoucher, je lis ce que tu écris avant une grande attention et je vais tâcher d’être beaucoup plus présente (si elles le veulent !) dans le post partum de ces amies.
merci d’avoir eu le courage de raconter tout cela et de donner des pistes de réflexion autour du sujet !
Bonjour Camille,
Merci pour ton intérêt pour le sujet.
Le post-partum – et la parentalité de manière plus générale – bousculent beaucoup les amitiés je trouve. Forcément, on n’est moins disponible, moins flexible, plus fatigué·e, etc… Mais c’est justement dans ces moments-là qu’on reconnaît nos ami·es les plus précieux·ses. Non seulement celleux qui son « là » pour nous, à leur manière, mais aussi et surtout celleux qui restent, malgré tout ce que ça peut chambouler en nous et dans notre relation.
Bonjour Natasha,
Merci pour cet article très intéressant et auquel je souscris. Je n’ai pas d’enfant, et pour l’instant je n’envisage pas d’en avoir, mais tes propos m’aident à mieux cerner ce par quoi pourront passer mes ami.e.s.
J’ai toujours beaucoup aimé cette notion de « vie en village », c’est quelque chose vers lequel j’aimerais tendre de plus en plus. A mon sens, cela peut être bénéfique pour les familles, mais pour tout le monde en somme : les personnes qui vivent seules et qui peuvent avoir besoin de coup de main, les personnes âgées qui souffrent d’isolement, etc. Pour ma part, j’apprécie cette idée d’être là pour mes ami.e.s, pour voir leurs enfants grandir et être l’un des adultes rassurants de leur entourage, qui les aide à se construire et leur permet de découvrir d’autres choses, hors de la famille nucléaire (terme que je n’aime pas du tout d’ailleurs).
Par ailleurs, j’apprécie toujours autant de te lire, et j’aime le fait que tu relies des vécus intimes aux contextes sociétaux.
Bonjour Salima,
J’aime également l’idée de réunir des personnes de générations différentes au sein d’un même « village » – cela fait tellement sens d’un point de vue pratique, relational, affectif et éducatif.
Merci beaucoup pour ton intérêt continu pour mes articles !
Merci beaucoup pour cet écrit qui me permet de me rendre davantage consciente de ce que peut-être le poste partum. Je ne suis pas mère (et ne souhaite pas le devenir) mais j’ai autour de moi beaucoup de naissances (famille et ami.e.s) j’ai envie de dire tranche d’âge oblige… (car le fait de devenir parent me semble aussi être une injonction dans notre société).
J’avais pu partager et lire d’autres articles sur la naissance et j’ai du coup toujours essayé d’offrir un cadeau pour les parents en même temps que pour les enfants à la naissance… D’autant plus que je ne suis pas une grande fervente d’offrir un cadeau bébé (ce qui est pourtant très normé dans notre société). A la lecture de cet article, je suis donc d’autant plus convaincu que cette norme n’est pas celle qui touche les parents, mais qu’une aide, une continuité dans le partage est plus significatif.
Merci aussi de signaler les questions fâcheuses, qui viennent des moyennes statistiques de ce que l’enfant est sencé avoir acquéri en fonction de son âge. Ce qui en soi n’a pas de sens vraiment puisque justement ses nombres proviennent de moyennes…
Je trouve intéressant le système de congé en Allemagne, avec la diversité qu’il propose, mais pas simple pour des primo parent de savoir comment va bouleverser la vie quotidienne d’un nourrisson. Comment faire alors un choix éclairé ?
Tu soulignes en fin d’article la question de la thérapie. Je trouve ça intéressant, et me questionne sur l’intérêt qu’il pourrait y avoir avoir un suivi avec un psy_chose, en couple et/ou seul, avant et après la naissance d’un bébé pour justement éviter d’avoir creuser un trou pour appeler à l’aide. Tout comme le fait qu’on impose à la mère un congé après l’accouchement, ce qui signifie qu’on a conscience d’un besoin de repos, cela ne s’accompagne pas d’une aide automatique pour tout ce qui concerne les tâches ménagères, du quotidien…
Mais comment faire bouger les lignes dans notre société très capitaliste et patriarcal ?
Je n’ai pas lu, mais feuilleté une bd qui parle du burn out d’ une mère. J’avais apprécié le fait que ce soit en bd dans l’idée d’une facilité à lire. Il s’agit de maman, maman, maman de Cevany.
Bonjour Nolwenn,
Merci pour toutes les questions très intéressantes et pertinentes que tu soulèves.
Je trouve l’idée de faire un cadeau aux parents très pertinente en effet. Si les parents ont déjà tout ce qu’il faut pour leur bébé, ce qui est souvent le cas quand ce n’est pas le premier enfant et/ou qu’iels ont pu récupérer du matériel de leur entourage, je n’offre rien pour leurs enfants. Dans le cas contraire, j’offre un cadeau pour l’enfant et la maman (ou les parents). Il s’agit le plus souvent de bons cadeaux pour un repas, une sortie, etc. J’espère pouvoir proposer plus à l’avenir quand je me sentirai moi-même moins sous l’eau.
Effectivement, difficile de savoir à l’avance à quel point l’arrivée d’un bébé nous bouleversera et donc d’anticiper, surtout lorsqu’il s’agit du premier. Pour le second, je suppose qu’on peut prendre certaines dispositions, même si chaque bébé est différent et qu’on n’est jamais à l’abri d’imprévus.
C’est si juste ce que tu dis concernant l’imposition d’un congé maternité de X semaines – on sait que retourner travailler juste après avoir accouché serait inconcevable pour bien des parents mais on fait comme si il suffisait d’avoir quelques semaines de congé pour aborder la parentalité sereinement et retourner au travail par la suite.
Merci pour ta recommandation lecture – j’apprécie de plus en plus le format BD ou roman graphique pour les récits intimes et politiques. Ils permettent de se familiariser plus facilement avec un tas de sujet de société.
Bonjour Natasha, bravo à toi d’avoir écrit cet article !
Je n’ai pas d’enfant, et je t’avoue que les difficultés évoquées m’effraient un peu, car j’aimerais en avoir. Cela dit c’est important de savoir ces choses, et je me dis même que j’ai du faire pas mal de maladresses avec certains adultes ! J’ai quand même proposé à des collègues de garder leur enfant si besoin, mais j’avoue que ça m’a semblé bizarre de le faire, venant d’une femme « seule » sans enfants comme moi… (Et encore je suis une femme !) Je pense que toutes les histoires d’agression sur les enfants ont accentué le fait que seuls les parents « puissent » vraiment s’en occuper aux yeux de la plupart des gens.
Concernant la terme de « reines », même en-dehors des mères je trouve ce mot trop fort. Traitons les femmes comme des humaines et ce sera déjà bien ^^
Je suis contente de savoir que ton enfant se porte bien, et que tu t’en sors mieux maintenant ! Toutes mes pensées pour la suite !
Bonjour Lucile,
C’est intéressant ce que tu dis concernant le fait de proposer de garder des enfants alors que tu n’en as pas toi-même. Nombre de baby-sitters, de filles au pair et de professionel·les de la petite enfance s’occupent d’enfants sans être elleux-mêmes parents et ne sont pas moins « qualifié·es » pour autant à mon sens. En tant que parent, j’ai beaucoup appris sur le tas et je me suis simplement laissée guidée par ma volonté de 1) prendre soin de mon enfant et 2) partager du bon temps – et ça, je crois que c’est à la portée de quiconque s’en sent capable et en a envie tout simplement, qu’on ait ses propres enfants ou non. Bien sûr, les agressions dont sont victimes les enfants peuvent rendre les parents méfiant·es et pourtant, nous confions nos enfants à des étranger·ères (qui nous deviennent ensuite familiers) l’essentiel de la journée pendant des années – à la crèche, à l’école, aux activités extra-scolaires, parfois en camps de vacances. Alors moi si une amie sans enfant me proposait de garder mon enfant quelques heures, je n’aurais aucun mal à lui faire confiance, au contraire. Mais ceci est très personnel – on m’a souvent fait remarquer ma facilité à confier notre enfant, à la mettre dans les bras d’autres personnes, mais je sais que ce n’est pas évident pour tout le monde, cela dépend beaucoup de nos vécus et besoins personnels je suppose.
Merci pour toutes tes bonnes pensées Lucile !
Coucou Natasha, merci et bravo pour cet article, qui, je suis sûre, pourra aider bien des personnes. Pour ma part, je suis un peu « de l’autre côté du miroir » : j’ai une amie qui a eu une petite fille il y a un peu plus d’un an, et je vois bien qu’elle traverse bien des difficultés que tu décrit (d’autant plus accentuées sur certains aspects qu’elle vit à la campagne et que son compagnon doit régulièrement s’absenter pour son travail)… C’est vrai que de mon coté, même si j’essaye de la soutenir au mieux, je me sens un peu impuissante car n’ayant pas d’enfants, je ne me sens pas toujours légitime. Alors je m’efforce de l’aider dans la mesure de mes moyens, en lui proposant de lui faire des courses, de lui cuisiner de petits plats, en lui proposant des sorties (avec ou sans sa fille), en lui disant que je suis disponible pour garder sa fille (pas forcément simple car nous n’habitons pas tout près l’une de l’autre et je ne suis pas véhiculée). J’essaye aussi de rester une oreille attentive, et surtout, lui dire qu’elle a le droit de se sentir mal, d’en avoir parfois marre, de regretter sa vie d’avant… Cela aussi, je pense que c’est important de pouvoir le verbaliser. Ce sont à des témoignages et des articles comme le tien, ainsi que des épisodes du podcast la Matrescence ou d’autres personnes auxquels j’essaye de me référer pour l’accompagner du mieux que je peux. Alors encore une fois, merci !
J’espère que maintenant tu as pu retrouver un certain équilibre et que tu te sens mieux. Toutes mes pensées.
Bonjour Milounette,
Quel soutien formidable tu apportes à ton amie – je crois qu’on n’a pas besoin d’avoir des enfants soi-même pour pouvoir accompagner des post-parturient·es en toute légitimité. Je crois qu’il faut simplement en avoir l’envie et la possibilité de donner de soi, de son temps et être à l’écoute.
Je me suis souvent dit « Heureusement que je vis en ville et non à la campagne, sans personne aux alentours »… Je n’imagine même pas comment je m’en serais sortie si j’avais été aussi isolée socialement et géographiquement.
Merci de tout cœur pour ton intérêt pour ce sujet et toutes tes pensées !
Bonjour Natasha,
Merci pour cet article très intéressant et très personnel aussi: merci pour tes mots qui ont fait échos en moi.
Je m’étais préparée au post-partum, une de mes plus grandes craintes pendant la grossesse et, s’il n’a pas été / n’est pas aussi terrible que ce que j’avais craint, ce n’est tout de même pas tous les jours facile. Tes mots expriment avec tellement de justesse certaines choses que j’ai essayées maladroitement et difficilement d’exprimer à mon conjoint. Je lui ai partagé ton article et cela nous a permis de revenir sur des moments que nous avons l’un et l’autre vécus difficilement: merci !
Plus intimement, j’ai été particulièrement touchée par ce que tu écris sur l’allaitement et les injonctions au biberon…
Comme en écho, en venant au travail, j’ai écouté la fin du premier épisode du podcast de France Inter « le fantôme de Pétain » dans lequel des extraits de ses discours sont diffusées… l’héroïsation des mères déjà… En revanche, bonne (ou mauvaise) surprise (du patriarcat), la fête des mères n’est pas l’une de « ses inventions ».
Encore merci pour cet article (et tous les autres : si j’étais – un peu – préparée, c’est aussi grâce à toi !).
Je te souhaite que ta santé physique et mentale continue de s’améliorer.
Bonjour Mathilde,
Merci beaucoup pour ton témoignage !
Je suis contente de savoir que cet article t’a donné l’opportunité de revenir sur votre expérience avec ton mari. Personnellement, j’ai eu énormément de mal à évoquer certaines de mes difficultés avec mon conjoint (et mes autres proches) et que c’est libérateur d’y être enfin parvenue.
Merci pour tes bons souhaits !
Je trouve intéressant que tu ai pu parler avec ton conjoint de ton post parfum etbqu’il est pu lui aussi exprimer ses difficultés.
Car, pour le partenaire aussi, l’arrivée de l’enfant le chamboule également. Je trouverai ça aussi intéressant de connaître des témoignages de partenaires, de leur vécu, de leur ressenti lié aussi fait qu’iel à peu de jours de congés pour s’occuper et découvrir son enfant.
Merci pour cette article qui dit si bien ce que je tais tout bas…
Je t’en prie Maria. Je sais combien c’est libérateur parfois de lire dans les mots des autres ce que nous-mêmes ne parvenons pas ou n’avons pas la possibilité d’exprimer.
Merci pour ce super article Natasha !! J’avoue que les 5 dernières années (depuis la naissance de notre enfant) ont été tellement difficile pour moi que j’ai de la peine à imaginer en avoir un autre (bien que ce soit mon souhait à la base…). J’ai enfin de sortir enfin du tunnel. Je crois que nos difficultés ont d’ailleurs été démultipliées par le fait qu’on était expatrié, loin de nos familles et de nos amis. Je te souhaite une belle journée,
Myriam
Bonjour Myriam,
Comme toi je pense que si j’avais eu de la famille à proximité, je n’aurais certainement pas connu autant de difficultés…
J’espère que les années à venir seront plus paisibles et faciles à vivre pour toi Myriam.
Bonjour Natasha,
ca fait un moment que je te suis et ce n’est pas la première fois que tu évoques ce sujet, je pense comme toi qu’il est important que les femmes en parlent. Dans une de tes réponses à un commentaire tu remercie une maman de te montrer qu’elle a bien vécu le post partum. J’ai deux enfants pour la première mon post partum a été plus compliqué que pour le second (bien que pas au niveau ou tu la subis visiblement). Pour la première donc je suis arrivé à la maternité trop tot et alors que j’avais prévu un accouchement physio, ce soir la nous étions trop nombreuses, donc clairement ca embetait le personnel médical qui a poussé à la roue pour que j’accepte une péridurale, après avoir passé 3h en salle d’attente sans pouvoir laisser mon corps faire son job (pousser, crier etc.) parce qu’il y avait du monde clairement j’étais épuisée et accepté une péridurale trop dosée, qu’on a pas voulu baissé, résultat le travail a ralentit et ils ont finit par m’injecter de l’ocytocine pour le relancer. J’ai eu l’impression qu’on m’avait volé cet accouchement, ce pouvoir sur mon corps. Je n’ai pas sentit ma fille sortir, je n’ai fait que répondre aux injonctions de la SF, je n’ai pas pu faire le lien entre le bébé que je sentais bouger dans mon ventre et celui qu’on m’a posé sur le ventre, je n’ai pas ressentit « cette vague d’amour » tant vanté. Pour moi cela est lié à mes désirs, besoins non respecté d’être actrice de mon acouchement, puis le fait qu’on m’ai injecté de l’ocytocine a perturbé à mon sens la production de cette hormone par mon corps, or c’est l’hormone de l’attachement. Pour moi, la surmédicalisation de mon accouchement a donc été le point de départ des problèmes. Ensuite je suis la première depuis 5 générations dans ma famille a allaiter (mes grands mères ont fait parties des premieres a donner le biberon), un frein de langue et une mauvaise position ont produit de magnifique crevasse, un séjour à la maternité infantilisant alors que c’est justement le moment de donner confiance à la mère ont fait que je suis rentrée chez moi pleines de doutes, d’injonctions contraire (laisse la pleurer pour t’occuper de toi alors que je ne pouvais rien avaler de l’entendre pleurer, tenir la maison comme si rien ne s’était passé etc) ca a duré 2 mois, de doutes, de remises en questions permanentes. Jusqu’au jour ou j’ai découvert les réunions de la leche league, une fois par mois, pendant 2 heures j’avais autours de moi des femmes comme moi, qui vivaient les mêmes difficultes, qui maternaient proximalement et qui avaient confiance en elles. Alors j’ai tout envoyé boulé, j’ai arreté de lutter contre mon bébé et je me suis coulé dans son rythme: la maison était en bazard, rien a foutre, la sieste avec bébé au sein c’est ok, passer la journée au lit ou sur le canap a faire teter mon bébé c’est ok, trouver une association de mamans proximales et faires des balades ou des sorties ludothèques avec elle c’est good. Ne pas préparer mon bébé à un « rythme », ne pas lutter pour qu’elle apprennent à s’endormir seule à 6 mois, qu’elle soit toute la journée en écharpe (et fuck maman ou belle maman qui me promettent pleins d’ennui parce que tout le temps à bras, ou qu’elle ne saura jamais marché etc…) décider d’un sacrifice financier pour ne pas reprendre le travail parce que je ne pouvais pas accepter d’être séparé d’elle. A partir du moment ou j’ai tout envoyé boulé pour n’écouter que moi et mon bébé mon post partum est devenu tellement plus simple (bon il faut dire aussi que je n’ai jamais souffert de manque de sommeil, l’allaitement en co-dodo a était très facile pour moi, je dormais en l’allaitant, elle tétait en dormant et nulle ne connaissait le nombre de reveil).
Bref, je ne dis pas que tu devrais faire ci ou ca et aucune injonction d’aucune sorte je raconte juste ma propre histoire et mes propres « revelation ». Ha oui avoir un papa investit, qui est le premier à dire quand il rentre et qu’il trouve la maison en bazard et que je m’en excuse que je gère un bébé que je ne suis pas en vacances et que ce n’est pas important ou que lui va faire ce qu’il faut. Qui fait barrage contre les commentaires de la famille ou de la belle famille et qui soutient tout ce que je fais, qui ne met aucune pression d’ordre sexuel mais qui propose juste de la tendresse ca aide aussi pas mal lol.
On en arrive au deuxième enfant, je voulais une fratrie car j’ai vu combien avoir mon frère dans ma vie était bénéfique pour moi, pouvoir compter sur lui et réciproquement (alors même qu’enfant c’était compliqué entre nous), le papa étant plus agé, il a fallut le convaincre et ne pas trainer, donc 23 mois d’écart entre les deux. On peut se dire que des enfants aussi rapproché c’est une folie. Sauf que la j’ai pu avoir une place en maison de naissance et d’avoir pu accoucher naturellement m’a donné une force incommensurable, et je me dis parfois heureusement car mon fils a été (est tjrs) bien plus compliquer à élever que ma fille. Un BABI (bébé aux besoins intenses) qui ne faisait quasiment que pleurer alors qu’il était tout le temps en écharpe, allaité, jamais posé etc… Une éviction des produits laitiers plus tard ca va mieux mais il reste un bébé hypersensible qui n’admet aucune frustration qui en grandissant fais des colères terribles mais qui est aussi capable d’une joie sans borne. Bref tout ca pour dire que pour moi l’accouchement a fait une différence que sans cette force je me serait peut etre effondrée sous la difficulté (je me demande si cette infantilisation lors de l’accouchement et du post partum ne joue pas en défaveur de ce post partum si difficile), que les réunions de la leche league ont fait une différence, me donnant confiance en moi, que le fait que ce soit un deuxième m’a permis de ne plus douter , de savoir ou j’allais en étant sure de moi la plupart du temps.
La maternité m’a revelé, m’a permis d’apprendre énormément sur moi, de me sentir compétente et forte.
Je suis devenue animatrice de la leche league et je dis souvent aux mamans qui me contactent que dans les peuples ou l’allaitement est la norme, les 6 premières semaines il y a le temps des relevailles, 6 semaines pendant lesquelles la maman reste au fond de son lit à mettre en place son allaitement et à ne se préoccuper que de créer du lien avec son nouveau bébé, le reste du village se chargeant du reste…c’est aussi ca qui nous manquent je pense. Bref un bien trop long commentaire qui n’a absolument pas pour but de te culpabiliser toi qui voulait un AAD, de te dire que tu aurai du faire ci ou ca, juste parce que ton témoignage est important, peut être qu’avoir un autre versant peut l’être aussi.Parce que tous les vécus, émotions sont importants, peut être que tu pourra analyser en psychotherapie ce qui n’a pas été pour toi, ce qu’il faudrai mettre en place pour que cela fonctionne a l’avenir… ou pas (et je ne dis pas ca pour t’inciter à en avoir un deuxième mais juste parce que tu dis que cela t’es douloureux d’y renoncer). Il y a de toute façon un travail de deuil à faire pour toi comme pour nous toutes , de ce qu’on avait imaginé du post partum confronté à la réalité. Je te souhaite en tout cas de trouver la paix sur le sujet
Bonjour Marie-Elise,
Merci pour ton témoignage.
Ah la fameuse « vague d’amour »… j’ai mis 20 mois à la ressentir. 20 mois durant lesquelles mes souffrances étaient telles que je ne ressentais rien d’autre et durant lesquels je me suis répétée que mon enfant (que je trouvais et trouve encore merveilleuse) ne méritait pas une mère comme moi.
Je me souviens encore précisément – et avec beaucoup d’émotion – du moment où cette vague m’a submergée, où l’amour a pris le dessus sur le reste.
Effectivement, il y a tout un travail de deuil à faire et je cherche depuis longtemps quelqu’un pour m’accompagner en ce sens.
Rebonjour Natacha
en repensant à mon post je me rend compte qu’il nie ta réalité et tes sentiments sur le sujet, je m’en excuse sincèrement et te propose de l’oublier. Je crois que j’avais besoin de partager ma réalité pour montrer que le post partum n’est pas forcement négatif mais en faisant cela j’etouffe ta voix et j’ai l’impression de dire « moi j’ai fais mieux » alors que ce n’étais absolument pas le but. Que c’est difficile de parler de ces sujets sans culpabiliser ou faire du mal même involontairement donc encore une fois je te prie de bien vouloir m’excuser de mon commentaire et de n’y vraiment voir aucune intention malsaine ou néfaste.
Marie-Elise,
Je n’ai pas lu « moi j’ai fais mieux » à travers ton récit, simplement « moi j’ai vécu cette étape différemment, pour telle et telle raison ».
ohlalalla, vraiment vraiment je suis nulle, je n’avais pas vu ton article sur ta césarienne, je me sens encore plus coupable de mon premier commentaire, j’espère que tu lira celui ci en premier et que tu supprimera celui que j’avais fait. Vraiment vraiment je suis désolé, je ne hierarchise absolument pas les accouchements et même si je reste persuadé que ce sentiment d’avoir été dépossédé de son corps n’aide pas a avoir un post partum apaisé je ne veux surtout pas que mon premier commentaire te mettes mal à l’aise.
Marie-Elise,
Ton commentaire ne m’a pas mise mal à l’aise, je t’assure 🙂
bonsoir, oserais-je simplement ajouter de mon expérience que:
– il faut parfois être aidé.e par un.e professionnel.le (psychologue ou psychothérapeute). Je l’ai fait très tard … (c’est terriblement cliché mais ça a été une belle crise de la quarantaine !). Mais je ne le regrette plus, c’est comme ça, ça fait parti de mon parcours. Je ne me dis plus « et si … » ou « si j’avais » … Ce qui n’enlève rien aux problèmes structurelles de notre société « toute pourrie » … Mais comme on ne vit pas dans un monde normal (volontairement, je ne dis pas « idéal »), il faut aussi penser à sa survie mentale (pour moi, il y avait aussi mon écoanxiété, mon idéalisme, le deuil de parents « normaux », ma culpabilité permanente …). Parfois, les ami.e.s, les conjoint.e.s ne peuvent pas prendre le rôle de soignant.e.s. Il y a des choses que j’ai osé dire à ma psy que je n’aurais jamais pu dire à voix haute à qui que ce soit … des choses que la société interdit de dire ou penser.
– la vie est mouvante: ma relation à mes enfants évolue en permanence, il n’y a pas de déterminisme ou de fatalisme. C’est une construction permanente, j’ai fait des trucs avec eux dont je ne suis pas fière mais j’ai pu aussi être une pas trop mauvaise mère, et même une chouette maman ! (dans mon cas grâce aussi à une coparentalité au top).
– quant au fait d’avoir ou non un autre enfant: je vous souhaite que ne pas vouloir de 2ème enfant ne soit pas un rejet, un cri mais un choix apaisé. Le seul bon nombre d’enfants (y compris 0), est pour moi celui qui serait un choix serein (et partagé avec l’autre parent) … malgré les difficultés de la vie (ce nombre peut ne pas être le même selon les moments et selon les accidents de la vie aussi), et sans avoir à se justifier.
Bonne continuation dans votre cheminement parental.
Bonjour Louise,
Merci pour votre partage.
J’espère bien trouver un·e thérapeute pour m’accompagner mais ça fait 2 ans que je cherche ; je ne trouve personne qui puisse m’accompagner en français ou en anglais à Freiburg et qui soit disponible. Je vais essayer de voir si je trouve un·e psy en France qui propose des consultations à distance et qui a encore de la place pour une nouvelle patiente… J’ai l’impression que toustes sont débordé·es ces dernières années…
Bonjour, je ne sais pas si ça peut être une piste mais ma psychologue consulte en visio (merci le covid …) et je pense qu’elle prend encore des patientes. Je peux lui envoyer un message pour vérifier tout ça.
Bonjour Louise, je veux bien, merci !
Mathilde du blog qu’on se le dise semble avoir trouvé une aide grâce à l’application psyenergy. Elle a évoqué le sujet il y a peu sur Instagram
Merci pour l’info Nolwenn !
j’ai envoyé un mail à ma psychologue. J’attends sa réponse; quand elle arrivera, je vous enverrai un mail via la page contact.
Merci Louise !
J’ai envoyé un mail via les contacts … Je ne sais pas s’il est bien arrivé ?
Bonne journée
Je l’ai bien reçu Louise, merci ! J’y ai répondu il y a peu d’ailleurs 🙂
Bonjour Natasha,
Pour ma part le post-partum de mon premier enfant c’est mieux passé que ce que j’imaginais (il faut dire que j’ai un pessimisme de compétition et que j’envisage toujours le pire…) mais c’était quand même un grand bouleversement, ce d’autant que ma famille habite loin et que personne n’avait d’enfant dans mon entourage proche. Après 4 mois à la maison avec le bébé j’ai quand même repris le travail avec soulagement parce que j’aime mon travail et que j’avais besoin d’interactions sociales entre adultes. Sauf que le sevrage de l’allaitement + de très grosses journées chez l’assistante maternelle (11h 5 jours sur 7 parce que je n’avais absolument pas le choix) ont été trèèèès difficile pour mon fils (qui dormait la nuit depuis ses 6 semaines, et a commencé à se réveiller plusieurs fois par nuit, et ce jusqu’à ses 20 mois). Et comme mes amis/collègues n’avaient pas d’enfants, j’ai mal vécu le fait d’intérioriser tout ça parce que ça ne les intéressaient pas/ les soûlaient et donc je n’en parlais pas (mes chefs avaient plus d’empathie pour la personne qui se disaient fatiguée parce que malade la nuit précédent voir même sortie tard la veille que par un réveil en lien avec un bébé parce que « tu l’as voulu »). Mais globalement ça allait plutôt bien, surtout parce que partage équitable de charges avec mon conjoint.
En revanche début de post-partum vraiment horrible pour mon deuxième enfant parce que premier enfant jaloux à gérer en même temps (qui allait à ce moment là à l’école seulement le matin, soit 4 heures seulement…), allaitement difficile, et surtout un impératif professionnel non différable à gérer en même temps. J’appelais mon conjoint à son travail en larme à 15 heures en lui demandant de rentrer (ce qui n’était évidemment pas possible). Mais tout s’est arrangé à ma reprise du travail à la fin du congé maternité (2 mois et demi cette fois pour ma fille) avec l’organisation de notre routine.
En lien avec la conversation au dessus au sujet des infanticides en lien avec des difficultés du post-partum je recommande ++++ « la maison de la rue en pente » une série japonais disponible sur arte.
Bonjour Zoé,
Merci pour ton témoignage.
Ça m’a serré le cœur de t’imaginer appeler ton conjoint en pleurs en lui demandant de rentrer… ça m’a rappelé des situations similaires.
Comme toi, je recommande vivement la mini-série « La maison de la rue en pente » ; c’est une série qui met le doigt sur nombre des difficultés du post-partum, de la parentalité de manière générale et les inégalités de genre et qui montre bien les mécanismes structurels qui peuvent pousser les mères à bout. Il faut vraiment avoir le cœur accroché pour regarder cette série mais quelque part, ce récit m’a conforté dans l’idée qu’il n’y a pas de « bonnes » ou de « mauvaises » mères mais bien souvent des contextes, des situations et des privilèges qui nous permettent de donner le « meilleur » de nous-mêmes… ou pas.
Cet article est extrêmement important et pourra sûrement être aidant pour plein de femmes. Je ne souhaite pas être mère mais je suis très touchée par ce que tu as partagé. Merci.
Merci à toi Mathilde.
Bonjour Natasha, un grand merci pour cet article et pour les témoignages qu’il a suscités.
Je souhaite que beaucoup de futurs et jeunes parents tombent dessus.
Mon 1er post partum ne m’a pas laissé de souvenirs traumatisants : 3 mois à pouvoir vivre au rythme du bébé, une sage-femme puis des dames de crèche extrêmement gentilles et dénuées de jugement qui m’ont vraiment aidé à me sentir maman.
Cela a été plus compliqué pour le 2ème : un accouchement mal vécu, la nécessité de suivre les horaires scolaires de l’aînée, des décès / maladies graves dans l’entourage, une rééducation par kiné faute de disponibilité de sage-femme, moins d’intérêt et de compréhension à la crèche, et une charge de travail très élevée. Tout ça a conduit à une sévère dépression post-partum et à la décision partagée de ne pas avoir d’autres enfants. Aujourd’hui je n’ai que peu de souvenirs de l’année qui a suivi cette naissance, symptôme certain du déficit de sommeil chronique sur la période.
La consolation, c’est que 6 ans après, les enfants sont bien dans leurs chaussures et moi aussi !
Bonjour Mentalo,
Merci pour ton témoignage qui montre combien le soutien et la sensibilité de l’entourage ainsi que le contexte peuvent faire une différence sur la manière dont on traverse le post-partum. Je suis heureuse en tout cas de savoir que tes enfants et toi-même allez bien à présent.
Merci pour ce témoignage dans lequel je me reconnais en partie. Étant en ce moment même en train de vivre un deuxième post-partum, je crains d’avoir des propos assez décousus pour commenter ton article.
J’ai personnellement vécu mon premier post-partum comme un uppercut qui m’a mise ko technique. Sur le papier pourtant tout partait bien : accouchement physiologique rapide et sans péridurale. L’idéal comme beaucoup se plaisent à dire. Cependant, ce fut pour moi une première claque. La douleur s’est incrustée dans ma chaire et m’a laissée sonnée alors même que le véritable marathon commençait à peine : prendre soin de ce petit être totalement dépendant. Pourtant extrêmement bien entourée par mon conjoint, ma famille, mes amis, j’ai vécu un sentiment de solitude totalement inédit. Et pourtant j’aime la solitude.
Mon deuxième post-partum me donne le sentiment de renouer avec une maternité plus apaisée mais me fait ressentir le goût amer d’une première maternité gâchée. Comme le sentiment d’avoir jouer mon rôle maternel de façon automatisée, sans y trouver un quelconque épanouissement, car j’étais l’ombre de moi même. On ne s’attend pas à vivre de tels chamboulements. Pour une deuxième naissance, on sair déjà un peu plus à quoi se préparer.
Et encore aujourd’hui, lors de journées difficiles, où j’ai du bercer constamment mon enfant sans pouvoir le poser, je me demande en boucle : mais comment peut on imposer ça aux femmes? Laisserait on des hommes vivre des expériences aussi déroutantes et éreintante ?
Alors merci pour ces contats et réflexion si riches et justes
Bonjour Sabine,
Mon cœur s’est serré à la lecture de ton témoignage… Et tes questionnements, à la fin, sont très pertinents je trouve et rappelle le rôle du patriarcat dans tout ça.
Bonjour Natasha,
Cet article me force à enfin t’écrire, comme j’y pense très souvent depuis la naissance de mon enfant, il y a presque 3 mois. Je voulais te remercier depuis longtemps pour tout ton travail et tes partages, tu m’as fait découvrir et avancer sur beaucoup de sujets ces dernières années, et tes articles sur ton chemin vers la parentalité m’ont permis de me sentir moins seule lorsque les mois se succédaient sans grossesse. Je ne suis vraiment pas très active sur internet, mais je lis tous tes articles et je recommande constamment ton blog depuis que je te suis. Je sais que c’est un gros investissement de ta part, et je suis impressionnée que tu arrives à maintenir ce travail avec tout ce que tu as traversé ces dernières années. Alors merci pour tous tes articles et ton travail de qualité pour les écrire.
Je ne suis qu’au début de mon post-partum (à mon sens plus long que les fameux 40 jours) mais ce qui m’a facilité ces premiers mois fut ton article sur ton accouchement. Comme toi, je me suis préparée pour un accouchement physiologique (en maternité certes, et pas à domicile) qui finalement après de nombreuses heures de travail s’est soldé par une césarienne sous anesthésie générale. Et bien que ni mon bébé ni moi n’ayons été en danger à aucun moment, ni souffert d’aucune complication, cet accouchement a été traumatisant pour de nombreuses raisons (contractions très intenses et rapprochées dès la 2ème heure, péridurale latéralisée lorsque j’ai fini par craquer, sentiment d’abandon et de non prise en compte de mon ressenti par le personnel médical débordé par une activité plus importante que d’habitude, et pour finir une anesthésie générale qui ne nous permet ni au papa ni à moi de vivre la naissance de notre enfant). La deuxième nuit après cette naissance, je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer alors que mon bébé dormait à côté de moi, ce petit tant désiré qui était en pleine santé, et j’ai beaucoup pensé à ton vécu. Ton article m’a poussé à insister pour rencontrer la psychologue de la maternité avec mon conjoint avant la sortie. Cet entretien nous a été très bénéfique à tous les deux, et permis de ne pas laisser un traumatisme s’installer dans cette période de grande vulnérabilité. La psychologue m’a suivi régulièrement depuis, et je sais que sans son aide les derniers mois n’auraient pas été les mêmes. Je commence tout juste à me sentir « maman », et cela prendra encore du temps avant de retrouver un équilibre, mais grâce à ce petit coup de pouce que tu m’as offert, je ne m’effondre plus en repensant à mon accouchement.
Merci, de tout coeur, merci.
Bonjour Sandrine,
Ton témoignage m’a émue aux larmes… Quelle épreuve et merci pour tes mots !
Je suis tellement heureuse de savoir que la lecture de mon récit d’accouchement t’a permis de te tourner vers une psy suffisamment tôt pour éviter de porter le poids de ton accouchement traumatisant. J’espère que d’autres liront ton témoignage et sauront se tourner vers une aide psychologique dès la maternité si besoin (j’ignorais que c’était possible !).
Je te souhaite d’être suffisamment soutenue dans la suite de ton post-partum et ta maternité de manière générale… et puis bienvenue à ton tout petit bout !
Bonjour Natasha,
Voici enfin que je prends le temps de lire ton article. Merci de l’avoir écrit.
Je pense également qu’une partie des maux du post-partum pourrait être réduite si le système était différent. Je ne m’étais pas posée la question avant de lire ton avis au sujet de l’héroïsation des mères, mais je le partage à 100% !
Je me souviens encore de la journée de reprise du travail de mon compagnon après 3 semaines de congés de paternité. Bébé avait passé la journée au sein, avait débordé de sa couche jusque dans le divan et sur mon coussin d’allaitement. Le contenu du coussin s’était répandu par terre quand je l’ai dé-houssé car il était troué et j’ai enfin eu un peu de répits lors d’une sieste à 15h30. Je n’attendais qu’une chose, c’est qu’il soit 17h30 et que mon compagnon rentre à la maison. Je me rappelle que tout au long de mon congé de maternité, j’attendais 17h30 et lorsqu’il était un peu plus tard car retenu un quart d’heure au boulot, je sentais que mon humeur en prenait un coup. Pourtant, l’amour pour mon bébé était bien présent, mais l’isolation dû au confinement (durant la deuxième vague) était très pénible.
J’étais aussi très stressée par mon allaitement. J’ai eu beaucoup de difficultés à la mise au sein pendant les premiers jours et aussi beaucoup de crevasses. Je suis retournée au travail et malgré le fait que ce n’était pas facile, j’ai persévéré et pris des pauses d’allaitement pour tirer mon lait pendant encore 3 mois et demi. Je ne tirais pas énormément à la fois mais j’ai tenu le coup pour allaiter 13 mois au total (uniquement le matin et le soir par la suite). J’ai aimé allaité mon enfant mais c’était pour moi une grande source de stress, surtout quand j’étais (rarement) absente le soir et que je savais que je tirais moins de lait que ce que mon enfant avait consommé. Avec le recul, je me rends compte que j’ai beaucoup mieux vécu ma maternité une fois que je n’allaitais plus. Et pourtant, je n’envisage pas autre chose que de retenter l’aventure de l’allaitement.
Nous attendons dans 2 mois l’arrivée de notre deuxième enfant. Cette fois, je sais que je peux réussir mon allaitement et j’espère l’aborder de manière plus sereine. Pour limiter la période durant laquelle je devrai tirer mon lait, j’ai pris 1,5 mois de congé parental. Je me rends compte du privilège que j’ai de pouvoir m’écouter à ce niveau là, même si ça ne sera pas forcément facile financièrement parlant.
Comme j’ai déjà pu te le dire, je suis préparée à me sentir dépassée par les événements durant ce second post-partum. Surtout que je ne peux pas anticiper la réaction de notre premier qui viendra d’avoir 2 ans et va changer de chambre. Je redoute les premiers jours pour lesquels il faudra le sécurisé tout en lui gardant son rythme habituel et en prenant nos marques avec bébé. J’ai aussi un peu peur des premières nuits seules à la maternité puisque mon compagnon rentrera avec notre grand à la maison.
Je compte bien suivre les conférences spéciales jeunes parents de Fée dodo car même si les nuits de mon grand ont été sereines après 1 mois, les siestes ont longtemps été un enfer (elles se sont d’abord régularisées à la crèche avant d’être ok à la maison). Je sais que je vais trouver plein d’informations intéressantes dans ces conférences.
Je compte aussi accepter absolument tout l’aide qui nous sera proposée par mes parents, beaux-parents et ami.e.s, sans être tout le temps mal à l’aise de déranger (ça c’est moi de base…).
J’espère que le fait de m’attendre à me sentir mal et dépassée m’aidera à mieux vivre cette période (et pourquoi pas l’écourtée).
J’avoue me questionner beaucoup sur mon envie de 2e enfant. A 2 mois du terme cela peut paraitre étrange, mais je sais que je n’ai pas spécialement envie de vivre les prochains mois et leurs difficultés. Cela a été un vrai soulagement quand mon bébé a pu se tenir debout tout seul et que je retrouvais mes mains libres (je pense que je n’ai pas assez utiliser mon écharpe de portage à l’intérieur de la maison ^^’ ). Je vois donc les 9-12 mois à venir comme un tunnel qu’il faut traverser et au bout duquel il y a, j’espère, une vie à 4 où tout le monde est épanoui (moi y compris). Cela va peut être choquer certaines personnes qui me lisent, mais je préfère être honnête, même si je ne regrette absolument pas cette seconde grossesse et qu’elle était réfléchie ! Je comprends donc très bien ton choix de renoncer à un second enfant.
Je te souhaite plein de bonheur.
Bonjour Pauline
Merci pour ton témoignage et de livrer tes questionnements aussi ouvertement.
C’est important de reconnaître cette ambivalence de sentiments qui caractérisent beaucoup ma maternité personnellement.
Tant de joies et de souffrances se mêlent à ce rôle…
Je te souhaite également beaucoup de bonheur dans ce nouveau chapitre de ta vie de famille à (bientôt) 4 !
Merci Natasha pour cet article très juste.
Après des mois d’une préparation très méticuleuse à l’accouchement (qui s’est finalement mal passé), je suis tombée des nues en découvrant la brutalité du post partum. Si je n’avais pas eu un mari en dispo, donc à la maison, pendant les trois premiers mois, je n’aurais pas tenu le coup. Et comme toi, nous envisageons de renoncer à un deuxième enfant, par peur de revivre les mêmes choses.
Je n’ai pas le temps de lire tous les commentaires de suite, mais je reviendrai.
Merci encore.
Merci pour ton témoignage Rebechat et ton intérêt pour les divers ressentis et expériences partagés en commentaire 🙂
Merci Natasha pour cet article.
Comme je te l’avais déjà manifesté, lire tes partages sur la maternité m’a beaucoup aidée a posteriori et a allégé ma culpabilité, et je t’en serai toujours reconnaissante.
Une phrase de ton article a particulièrement résonné en moi, c’est le « regarde comme tu es forte! ». On me l’a tellement répété. Et un jour une sage-femme me l’a dit, et voyant que cela me laissait de marbre, elle a ajouté « vous êtes forte… et ca vous fait une belle jambre qu’on vous le dise! ». Et c’était exactement ca. Je suis forte, et alors? Est-ce que ca rend l’enfer moins désagréable que de parvenir à le traverser? Avais-je seulement le choix?
Evidemment ce commentaire partait d’une bonne intention, mais ne faisait que renforcer ma sensation d’isolement.
Pour survire (car c’était vraiment le mot), j’ai beaucoup mis Pitchou en porte bébé et je partais prendre le bus. Avec le recul je me demande comment j’ai fait: j’étais chargée comme pas possible, je marchais sur les chemins de campagne glissants, je traversais à pieds toute la ville, il n’y avait pas une seule table à langer ni de chauffage, je crois que j’étais en pilote automatique en fait. Et malheureusement, 7 ans plus tard, ma santé mentale le paie encore, car j’ai beaucoup trop tiré sur la corde, en étant isolée à la campagne sans réseau de soutien et avec un conjoint défaillant psychologiquement.
Ce dont je me réjouis toutefois c’est que je suis allée souvent en Belgique les premières années, et du coup Pitchou est très proche de ma famille malgré l’océan qui les sépare actuellement. Il a aussi pu passer de nombreux moments avec ma grand-mère dont c’était le premier arrière-petit-enfant, et c’est quelque chose qui me tenait à coeur.
Pour conclure, même si je suis attachée à Pitchou qui est un enfant joyeux et tendre, ces années ont été source d’énormément de souffrances, et je n’ai pas encore le recul nécessaire pour me dire que cela en valait la peine…
Ça me serre le cœur de lire ce que tu as traversé depuis la naissance de Pitchou.
Oh et personnellement je ne supporte pas cette tendance à ajouter que « ça en vaut la peine » à chaque fois ou presque qu’on parle des difficultés qu’on peut rencontrer dans sa parentalité. Il y a quelques jours je regardais justement la vidéo d’une Youtubeuse enceinte qui disait qu’elle savait que ce serait difficile mais qu’elle savait que ça en valait la peine… et son discours m’a rappelé ma propre naïveté quand j’étais sur mon nuage de femme enceinte. J’aime ma fille profondément mais dire que « ça en valait la peine » quand j’ai cru et voulu mourir me semble encore impossible aujourd’hui.
Je suis bien d’accord avec toi… et heureusement que petit à petit se déconstruit ce mythe selon lequel le simple fait d’être parent suffirait à compenser toutes les souffrances qui peuvent y être associées…
Bonjour,
Je découvre votre blog suite à la recommandation d’une amie d’aller y lire vos articles sur le sommeil de votre enfant (mon n°1 a deux ans et demi de sommeil très compliqué et n°2 arrive dans quelques semaines, alors j’angoisse). Je n’ai pas encore lu lesdits articles car le sujet du post-partum me semblait plus urgent à lire! Merci pour ce partage de réflexion profondes et très bien argumentées, je suis d’accord avec absolument tout!
J’ai eu de gros problèmes d’attachement à mon enfant à sa naissance, d’autant plus perturbée par l’accouchement en période de premier confinement où j’ai été séquestrée à l’hôpital sans mon mari durant une semaine (oui, le mot est choisi à dessein) puis AUCUNE contact social durant deux mois. Deux ans plus tard, j’ai trouvé la métaphore qui convient: je me suis occupée de mon fils comme d’un tamagotchi jusqu’à ce qu’il soit capable de sourire et que je sois capable de m’y attacher doucement. J’ai donc eu la « chance » de n’attendre « que » sept semaines pour commencer à voir le côté positif de cet enfant (la « vague d’amour », on va laisser tomber comme définition, je tiens à lui et suis capable de lui dire que je l’aime sans avoir l’impression de mentir, c’est tout ce que je demande), je n’ose pas imaginer combien les vingts premiers mois de vie de votre enfant ont dû vous paraître long.
J’ai découvert récemment une BD qui traite du thème de la dépression du post-partum et qui rejoint beaucoup de vos points: « Chère Scarlet, l’histoire de ma dépression post-partum » de Teresa Wong aux Editions Dunod.
Cette BD m’a fait énormément de bien en mettant non seulement des mots mais aussi des images sur beaucoup de choses. Je n’ai jamais été « diagnostiquée dépressive » mais je pense sincèrement que mes symptômes dépassaient le « baby blues standard ». Son épilogue où elle raconte la suite de cette dépression et la fin positive de cette aventure (trois enfants en trois ans, le premier dont elle a raconté la dépression, la seconde où elle a fait une dépression après six mois et le troisième où elle a compris ce que vivaient « les mères normales » (elle le dit bien mieux que cela)) m’a permis d’oser penser que la dépression post-partum n’est pas une fatalité et qu’on peut trouver des solutions (pour moi, accepter que je considérerai probablement mon enfant comme un tamagotchi durant ses deux premiers mois de vie p.ex. et que c’est pas grave; et que ce ne sera pas forcément le cas).
J’espère pour vous que vous aurez réussi à trouver quelqu’un qui puisse vous aider à déposer tout ce que vous avez vécu. Je comprends tout à fait le problème de la barrière de la langue et de la barrière culturelle (double même pour vous probablement) et j’espère que les contacts qu’on vous a donné auront abouti, ou que vous aurez trouvé une solution alternative pour extérioriser tout ça (art-thérapie? musique? danse?… quand j’étais en Allemagne avec le blues (avant enfant), c’est la danse qui m’a permis de me recentrer, et cela permet d’avoir une activité « obligatoire » pour soi loin de son enfant et de son mari avec du contact social, élément non-négligeable aussi).
Bonjour Liseli,
Merci beaucoup pour votre témoignage, vos pistes de réflexion et la BD que vous recommandez.
Je vous souhaite plein de courage pour faire face aux difficultés de sommeil de votre enfant – peut-être trouverez vous des pistes pour améliorer la situation de manière durable grâce aux ressources de Fée Dodo qui propose différentes conférences et VOD. Et si les difficultés perdurent, il est possible de suivre des accompagnements personnalisés (mais ceux-ci demandent un budget bien plus important que pour l’accès aux VOD).
J’ai été écouter les podcasts Fée Dodo suite à sa découverte sur votre blog. Depuis j’ai aussi découvert l’émission Barbatruc sur France Inter et notamment un épisode sur le Terrible Two avec comme invitées notamment les autrices du livre « Je ne veux pas » qui ont aussi écrit un bouquin sur le sommeil. Visiblement, le bouquin « Je ne veux pas » est à promouvoir d’urgence vu les retours que j’en ai eu si jamais 😉