Depuis que j’ai décidé d’avoir une garde-robe minimaliste, éthique et écologique, je choisis principalement des vêtements unis, assortis les uns aux autres et passe-partout et j’ai appris à miser sur les accessoires – bijoux, étoles, bandeaux, sacs etc. – pour personnaliser chaque tenue et transformer l’allure d’une même pièce selon les occasions. Ainsi, une simple robe du quotidien accessoirisée peut devenir une élégante robe de soirée ! Cela m’a non seulement aidée à réduire le contenu de ma penderie mais cela m’a aussi permis de faire de sacrées économies et de me simplifier la vie ! Si investir dans des vêtements de marques responsables demande indéniablement un budget important et mettre la main sur des vêtements d’occasion correspondant à sa taille, ses goûts et ses besoins peut être fastidieux, je trouve personnellement plus simple de trouver quelques accessoires de marques engagées à prix plus accessibles ou bien des accessoires de seconde main qui me plaisent et me vont. Je trouve également qu’il est plus facile de revendre ou de s’échanger les accessoires dont on n’a plus besoin entre ami·es car la question de la taille ne se pose pas. Enfin, côté pratique, les accessoires prennent généralement bien moins de place que les vêtements !
Cela dit, l’offre d’accessoires équitables et écologiques est encore assez restreinte à mon sens. On trouve bien quelques créateur·rices engagé·es qui font des bijoux en métaux recyclés, des sacs en cuir végétal ou encore des bandeaux en chutes de tissu récupérées, mais je trouve personnellement le choix assez limité. J’étais donc heureuse de découvrir Natifs, une boutique en ligne d’accessoires fabriqués dans des conditions équitables par des artisan·es de différents continents ayant un véritable savoir-faire. Bien que je privilégie l’achat de produits locaux et ce dans tous les domaines du quotidien – lorsque cela est possible -, je suis toujours curieuse de découvrir l’artisanat de différentes régions et populations du monde, soit lors de mes voyages ou bien dans les boutiques spécialisées, juste pour le plaisir des yeux et d’observer d’autres matières, d’autres manières de faire, de jouer avec les textures et les couleurs (d’ailleurs, si vous passez à Freiburg, je vous recommande vivement d’aller faire un tour à Kido, une très jolie boutique japonaise où j’aime simplement aller me dépayser de temps à autre !). Le problème c’est que l’on sait rarement dans quelles conditions ont été fabriqués les objets que l’on admire, même lorsqu’il s’agit d’artisanat local.
C’est pourquoi j’ai voulu en savoir plus sur Natifs, entreprise française fondée en juillet 2015, par Magali et Benjamin, tou·tes deux désireux·se de contribuer à la valorisation et à la préservation de certains savoir-faire à travers le monde, tout en s’assurant de sélectionner des produits réalisés dans le respect des artisan·es.
Comment est né votre souhait de créer la boutique en ligne Natifs ?
C’est pendant notre tour du monde que tout a commencé. En 2014, nous avons quitté nos emplois respectifs et nous sommes parti·es avec nos sacs à dos pour un voyage de 13 mois. Petit à petit, en découvrant les situations des populations et en se plongeant dans l’histoire des différents pays, on a pris beaucoup de recul sur la façon de vivre qui était la nôtre. On s’est rendu compte qu’on imaginait à tort ne pas vraiment avoir de liens avec ces gens qui vivent à des milliers de kilomètres de Paris. Alors que dans le monde globalisé qui est le nôtre, nous sommes en fait tou·tes relié·es et nos choix quotidiens ont des conséquences sur la vie de ces populations.
En parallèle, on a aussi découvert la beauté des différents artisanats. Et nous avons eu un coup de cœur total pour les mochilas, ces sacs colorés crochetés à la main par les femmes wayuu de Colombie. On s’est tout de suite dit que c’était dommage qu’ils ne soient pas plus connus. Surtout que les Wayuu vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans une zone aride et que cet artisanat est une grande ressource financière pour elleux. Alors on s’est mis en tête de peut-être les vendre à notre retour. On a trouvé la personne qui ferait l’intermédiaire entre nous et les Wayuu. On a mis quelques mochilas dans nos sacs à dos et on s’est dit « on va essayer de faire quelque chose de bien ».
Ç’a été un succès total ! Tou·tes nos ami·es et membres de la famille les ont trouvés magnifiques. Et iels les ont encore plus adorés quand on leur a expliqué leur origine. On a alors décidé de monter notre site internet pour en proposer au plus grand nombre et faire connaître l’histoire de ce peuple.
Et puis on a vite eu envie de raconter d’autres situations et de mettre en lumière des marques qui se battent pour faire changer les choses, pour prouver qu’il est possible de travailler sainement avec les pays en voie de développement. En s’appuyant sur leur artisanat, en préservant et mettant en avant leur savoir-faire. Et en leur rendant hommage plutôt que de les exploiter comme c’est souvent le cas.
Quelle est votre définition d’une mode « éthique et écoresponsable » ?
Pour nous, la mode éthique c’est celle qui va avoir au moins un impact positif. Sur la planète, sur les humain·es ou sur les animaux. C’est une mode qui va chercher à faire mieux. Qui va se soucier du monde qui l’entoure et chercher soit à le rendre meilleur, soit à le préserver des effets néfastes qu’elle peut avoir. Et elle peut prendre plusieurs visages. L’écoresponsabilité en est un. Avec une fabrication zéro déchet, des matériaux recyclés, naturels, biodégradables ou moins gourmands en ressources. Mais il y a plein d’autres impacts positifs possibles.
Sur Natifs, nous laissons le choix à nos clients entre 6 impacts : la capacitation des femmes, l’employabilité, la protection de l’environnement, la lutte contre l’esclavage, la sauvegarde des traditions artisanales et la protection des animaux. Comme nous avons choisi de mettre en avant les pays en voie de développement, beaucoup de ces impacts luttent contre des situations qui y sont spécifiques. Chaque visiteur·se peut ainsi opter pour la ou les causes qu’iel souhaite soutenir. À chacun·e, en fonction de ses propres valeurs et de ce qui le·la touche, de craquer pour tel panier ou tel bijou.
Comment sélectionnez-vous les artisan·e·s et leurs produits ?
Plusieurs choses vont entrer en jeu. Mais la première, qui est primordiale, c’est l’esthétique de l’accessoire. Parce qu’un sac aura beau être végane, recyclé et commerce équitable, s’il ne plaît pas, il ne se vendra pas. Et sans vente, pas de revenu et pas de projet viable pour la population qui le fabrique. Donc zéro impact positif et même des ressources utilisées pour rien. Alors bien sûr, il y a toujours une part de subjectif dans l’esthétique, mais après 3 ans à sélectionner des produits, on commence à mieux voir ce qui marchera ou non.
Ensuite, comme je l’ai dit auparavant, notre choix c’est de mettre en avant les pays en voie de développement. Il faut qu’au moins une partie significative de l’accessoire ait été fabriquée dans un de ces pays. Et bien évidemment, il faut que le produit soit éthique. Pour l’éthique, une fois que nous avons repéré une marque / une coopérative / un groupe d’artisans qui se revendique comme tel, nous commençons notre travail de vérification. On se renseigne sur le pays d’origine, les problématiques spécifiques, le niveau de vie… Mais on va aussi chercher les articles qui auraient déjà été écrits sur la marque, les prix gagnés, les labels et leur signification, le référencement dans des annuaires de mode éthique, etc. Et une fois tout ce matériel réuni, on entre en contact avec la marque et on vérifie les points, on éclaircit ce qui nous semble flou. C’est seulement après tout ça, que l’on décide ou non de proposer les accessoires sur le site.
Mais même si nous faisons cette sélection de notre côté, nous ne voulons pas que nos client·es perdent leur libre arbitre. Une des choses qui nous paraît très importante dans la mode éthique, et plus largement pour un style de vie responsable, c’est le fait de se poser des questions, de se renseigner et de se forger sa propre opinion. Surtout, ne pas se fier aveuglément à des personnes qui se prétendraient expertes. Alors même si nous avons nos critères, nous invitons tout le monde à interroger les marques avec qui nous travaillons.

Comment vous assurez-vous que les artisan·e·s travaillent dans des conditions véritablement équitables ?
Soyons clair·es et réalistes : nous ne pouvons pas être 24 heures sur 24 avec tou·tes les artisan·es qui fabriquent les accessoires à travers le monde pour nous assurer qu’iels soient traité·es justement. Personne ne le peut. Alors nous devons forcément nous baser sur les engagements revendiqués par la marque et/ou sur les labels obtenus. Mais comme on l’a vu avant, nous faisons aussi tout un travail de recherche et de vérification. Lorsque nous avons le moindre doute, on s’abstient et on explique à la marque pourquoi.
Cette année, nous avons pu nous rendre au Guatemala, rendre visite à un groupe d’artisanes qui travaillent pour Mercado Global. Nous avons passé plusieurs heures avec elles, échangeant librement en espagnol sur leur vie et leur travail. C’était une expérience formidable et qui est venue confirmer tout ce que nous savions de la marque. On espère pouvoir multiplier ce genre de rencontres dans le futur.
Pourquoi avoir fait le choix de mettre en avant des artisan·e·s/produits d’autres continents alors qu’il y a tout autour de nous des créateur·rices dont les savoir-faire mériteraient d’être (re)valorisés ?
Le savoir-faire local est aussi important. Il y a aujourd’hui beaucoup de boutiques et d’événements qui le mettent très bien en avant. Et la mention « Made in France » est connue et reconnue par les consommateurs. Avec Natifs, on ne se place pas en opposition à ces créateur·rices mais plutôt comme une alternative complémentaire.
Il y a certes la France, mais au-delà de nos frontières, il y a bien le reste du monde. Et ce n’est pas parce qu’un·e artisan·e vit très loin de la Seine ou du Rhin que ce qu’iel fabrique ne mérite pas tout autant d’être reconnu et préservé. D’autant plus que cet artisanat possède souvent un style très marqué. Avec plein de couleurs ou des formes géométriques qui peuvent plus plaire à certains que le classicisme intemporel du français. Que ce soit ici ou ailleurs, l’artisanat est un secteur clé de l’économie qui doit être soutenu et encouragé.
Que faites-vous, à votre niveau pour réduire l’impact écologique de votre entreprise ?
En créant Natifs, on s’est tout de suite dit qu’au-delà de ce que l’on vendait, comment on le vendait était tout aussi important. Alors on a immédiatement cherché à réduire notre impact écologique.
Et cela passe d’abord par nos emballages. Nous essayons de les réduire au maximum pour chaque envoi. Certain·es de nos client·es, habitué·es aux multiples couches de plastique d’autres boutiques en ligne, ont parfois été surpris·es de découvrir leur sac emballé dans une simple feuille de papier recyclé et déposé au fond d’un carton ! Le recyclage, c’est d’ailleurs un autre point important pour nous. Nos emballages sont soit en matière recyclée, soit au maximum recyclable.
Nous avons aussi choisi d’adhérer à une coopérative qui nous fournit en énergie renouvelable. Comme ça, l’électricité utilisée pour répondre aux mails de nos client·es, écrire les articles du blog ou concevoir les graphismes utilisés sur nos réseaux sociaux est verte.
Et enfin, pour compenser les émissions dues au transport de nos marchandises jusque chez nos client·es, nous plantons des arbres avec Planète Urgence. Pour chaque commande passée, un arbre est planté dans un pays fortement touché par la déforestation.
Enfin, pouvez-vous chacun·e nous présenter l’un de vos derniers produits (véganes) coup de cœur et nous dire quelques mots sur leurs créateur·rice·s ?
On va très prochainement proposer une nouvelle marque sur la boutique avec des sacs entièrement véganes, mais en attendant, mon coup de cœur à moi, Magali, sur nos derniers produits, c’est ce panier en roseaux. Nous vendions des paniers avant qu’ils ne deviennent la grande tendance. Et du coup j’ai beaucoup trop vu certains modèles qui ont été repris à outrance par les enseignes de fast fashion. Mais ce panier, il n’est pas comme les autres. Avec son format boîte je le trouve chic, alors que c’est un accessoire 100 % naturel. Il est fabriqué au Maroc par les artisan·es qui travaillent pour Bohemia. C’est une marque dont j’aime beaucoup le travail parce qu’elle arrive à créer des pièces contemporaines tout en s’appuyant sur les traditions artisanales.
Pour moi, Ben, c’est ce sac week-end. Il est réalisé à partir de matériaux recyclés : d’anciennes chambres à air et des toiles de tente. C’est devenu mon nouveau sac pour partir en week-end ou aller au sport. Il est super pratique et résiste à la pluie. C’est la marque Paguro qui l’a conçu et il est fabriqué en Indonésie, sur l’île de Java plus précisément. Les artisan·es sont logé·es gratuitement et perçoivent un salaire supérieur aux standards du pays. Je trouve ça déjà génial de créer de belles choses à partir de déchets. Mais en plus, dans ce pays où les enjeux environnementaux sont énormes, Paguro et ses artisan·es s’engagent pour la préservation de la biodiversité.
Ton site est vraiment magnifique 🙂
Merci… il a été entièrement refait par Camille Villard 🙂
Merci de nous avoir fait découvrir cette boutique ! Ils font du beau travail !
Je t’en prie 🙂
C’est une bonne idée de miser sur les accessoires pour les couleurs. Je n’arrive pas à faire un GROS tri dans mes vêtements. Je trouve toujours que j’en ai trop mais j’en retire un peu de temps en temps. Ca fait un bien fou d’avoir moins de choses en tout cas et dès que j’achète un article local et/ou éco responsable je suis très contente. Alors que prendre un T shirt à 5€ qui a été fait dans de mauvaises conditions m’ennuie un peu et j’y trouve beaucoup moins d’intérêt quelques mois après.
Je pense qu’il est difficile de faire un gros tri en une (voire deux, ou trois) fois… Cela prend peut prendre plusieurs saisons/quelques années avant d’arriver à une garde-robe dont le contenu et la quantité nous conviennent vraiment. Tu trouveras peut-être quelques pistes pour avancer dans ton tri dans mon article Mes astuces pour une garde-robe minimaliste.
Comme toujours, un article intéressant qui me fait découvrir cette boutique, merci ! Et c’est marrant, car on m’a justement offert un mochilla avant-hier, car la copine de mon cousin est colombienne 😉
Quelle coïncidence ! Je ne connaissais pas du tout les mochillas avant de découvrir Natifs personnellement.
Merci pour cette belle découverte!
Je t’en prie !
Merci pour cet article ! C’est vrai qu’il est souvent compliqué de trouver une marque qui fait de jolis ET bons produits.
Avec deux amis, nous lançons notre jeune entreprise d’édition d’objets d’art (noun.paris), avec notamment comme premier produit des sacs en toile, 100% bio, dont le design a été réalisé par un artiste émergent. C’est important pour nous de mettre, dès le début, l’éco-conception au coeur de nos valeurs et de notre processus. Des articles comme le vôtre nous encourage !
Au plaisir de discuter de tout cela un jour 😊
Bon courage pour le lancement de ton entreprise 🙂
Super article, merci pour cette découverte Natasha !
Le consommateur a un grand rôle à jouer pour faire évoluer notre société, il est donc important de faire les bons choix au moment de sortir ses sous 🙂
Dans le même style, j’ai découvert il y a peu le site « Dream Act » qui propose une consommation responsable de vêtements, produits d’hygiène, cosmétiques, livres, décorations, objets électroniques, etc. Est-ce que tu connais ?
Belle soirée !
Heureuse que cette découverte te plaise Elodie !
J’ai justement découvert Dream Act cet été ; nous avons échangé par téléphone et échangeons depuis par mail et j’aime beaucoup leur approche : nous sommes donc en train de mettre en place une collaboration sur le long terme :-).
Bonjour, Merci pour ce super article qui est très intéressant.
Je t’en prie 🙂
Merci Natasha pour cet article et cette belle découverte !
Je t’en prie Amélie, contente de savoir que cette découverte te plaît 🙂
C’est super pour Dream Act ! J’espère que ta collaboration avec eux se déroulera au mieux et que tu nous en parleras !
Merci pour la jolie découverte ! ça fait plaisir de voir des personnes engagées qui font ce type de travail. ça permet également de découvrir le savoir faire d’autres personnes dans le monde ce qui est plutôt très chouette !