La première fois que j’ai entendu parler de véganisme, c’était en 2005. Je faisais alors connaissance avec Emily, une étudiante américaine qui poursuivait ses études dans la même université londonienne que moi et qui emménageait dans ma colocation. La première chose que j’ai apprise à son sujet, c’est qu’elle ne mangeait aucun produit d’origine animale parce qu’elle était végane. Malheureusement, lorsque je lui ai demandé, avec curiosité et bienveillance, pourquoi elle avait fait ce choix, sa réponse fut brève et m’a laissée sur ma faim : elle m’a simplement répondu que c’était une idée de ses amies et qu’elle avait décidé de se joindre à elles. Trop timide, je n’ai pas osé lui poser plus de questions à ce sujet. Pendant l’année où nous avons partagé un toit dans le sud-est de Londres, je l’ai toutefois observée avec curiosité et discrétion dans la cuisine, me demandant ce qu’elle pouvait bien manger… elle était tellement mince et pâle que je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cette manière de s’alimenter était malsaine et honnêtement, ça m’inquiétait un peu pour elle ! Étant donné la superficialité de son explication, je me disais que c’était bête tout de même de faire une croix sur tous ces aliments et de se rendre malade « juste pour faire comme ses amies » ! Pendant plusieurs années, je n’ai plus jamais entendu parler de véganisme et je suis donc restée sur l’idée qu’il s’agissait d’un régime alimentaire amaigrissant à la mode aux USA.
Quelques années plus tard, j’ai redécouvert le véganisme sous un nouvel angle. Ma quête vers un mode de vie écologique m’a naturellement amenée à questionner le contenu de mon assiette et ma consommation de produits d’animaux en particulier. De fil en aiguille, je suis tombée sur des blogs véganes dont celui d’Antigone XXI. Ophélie était bien différente d’Emily : non seulement elle semblait en pleine forme mais surtout, grâce à ses articles détaillés et rédigés avec soin, j’ai rapidement compris qu’elle n’était pas victime d’une mode venue d’Outre-Atlantique. Bien au contraire, Ophélie était devenue végane suite à un cheminement personnel et à une réflexion poussée sur son rapport aux animaux et à sa place dans le monde. Dès lors, j’ai commencé à suivre cette végane qui « croquait la vie à pleines dents sans lui faire de mal » avec intérêt. À cette époque, j’étais déjà sur la route du végétalisme, essentiellement motivée par le désir de réduire mon empreinte écologique. J’ignorais encore beaucoup de choses sur les conditions de vie et d’abattage des animaux exploités par l’industrie alimentaire et je ne savais rien des animaux exploités par les êtres humains à d’autres fins. Les propos d’Ophélie m’ont toutefois aidée à ouvrir les yeux, à réfléchir à la place des animaux dans le monde et à réfléchir à notre rôle auprès des animaux en tant qu’humain.e.s. Elle m’a permis de prendre conscience que j’étais spéciste et que je ne souhaitais plus vivre et raisonner ainsi.
Ophélie a donc joué un grand rôle dans mon intérêt pour l’éthique animale, pour l’antispécisme et pour le véganisme et je ne pense pas être la seule à avoir été sensible à ses articles, aussi riches dans le fond que dans la forme. J’avais lu d’autres blogs véganes avant et j’en ai découvert d’autres après, mais le sien est celui qui m’a le plus enrichie dans ma période de découverte du véganisme. C’est pourquoi, avant même de le tenir entre les mains, avant même d’en connaître le sommaire, avant même d’en avoir lu quelques pages, je savais qu’il y avait de fortes chances pour que son nouveau livre, Planète Végane*, me plaise énormément et effectivement, je n’ai vraiment pas été déçue !
Dans cet ouvrage de près de 500 pages, Ophélie Véron nous offre un condensé des réponses à toutes les questions qu’omnivores, végétarien.ne.s, végétalien.ne.s ou véganes se posent ou ont pu se poser à propos du véganisme en tant que mode de vie, philosophie et mouvement politique et social. En 19 chapitres riches en références variées de sources historiques, scientifiques et internationales, elle aborde les questions les plus basiques comme les plus épineuses. Bien que le sujet examiné soit des plus sérieux et que certains thèmes soient particulièrement complexes, elle parvient à rendre le contenu intéressant, instructif et accessible à toute personne – végane ou non – qui cherche à comprendre le pourquoi du comment.
Dans la première partie du livre, Ophélie répond à la question “Pourquoi végane ?”. Pour commencer, elle nous fait découvrir les origines du véganisme à travers l’histoire, les cultures, les religions et le monde. J’ai trouvé ce chapitre absolument passionnant ; les faits présentés par Ophélie prouvent bien que le véganisme n’est pas un mouvement qui date d’aujourd’hui, qu’il ne s’agit pas d’une simple mode, ni d’une préoccupation d’occidentaux “bobos”. Dans le second chapitre, consacré à l’éthique animale, elle nous amène à réfléchir aux droits des animaux ainsi qu’à nos devoirs envers eux. Elle aborde également le sujet de l’intersectionnalité, soit le lien entre les différentes oppressions qui affectent les animaux humains et non-humains de nos jours : racisme, sexisme, âgisme etc., rappelant ainsi que le véganisme n’exclut pas les humain.e.s de ses préoccupations et que, bien au contraire, pour le bien-être de tou.te.s, nous avons tout intérêt à nous rallier à différents mouvements de justice sociale. Pour continuer, Ophélie fait le tour des problèmes écologiques liés à l’exploitation des animaux et c’est dans ce chapitre-là que vous pourrez découvrir ma réponse à la question “Peut-on être végane et locavore ?”. Enfin, Ophélie revient sur 12 objections souvent énoncées par des omnivores mal informé.e.s et, entre autres, explique clairement pourquoi les carottes ne souffrent pas, en quoi le véganisme n’est pas une forme d’extrémisme ou encore pourquoi nous n’avons pas à craindre l’invasion d’animaux si nous arrêtons de les manger !
Dans la seconde partie, intitulée “Devenir végane”, l’autrice nous propose différentes méthodes pour démarrer sa transition vers le véganisme en douceur, elle nous présente les essentiels d’une cuisine végétalienne, nous donne des informations plus précises sur certains ingrédients méconnus en cuisine “traditionnelle” et nous explique comment remplacer certains ingrédients phares de la cuisine omnivore, comme le lait, le beurre, la crème ou encore les oeufs. Elle dresse également la liste des additifs alimentaires d’origine animale qui ont tendance à se glisser un peu partout dans les aliments transformés. Elle nous invite donc à enfiler notre tablier et à privilégier le fait-maison tout en nous montrant qu’avec un minimum d’organisation, il est tout à fait possible de manger végétalien et sain sans se ruiner ! Cette partie est riche en astuces pratiques et même moi qui cuisine végétalien depuis quelques années, j’en ai découvert de nouvelles. Pour terminer, Ophélie explique pourquoi certain.e.s véganes redeviennent omnivores et comment on peut se donner les moyens de le rester.
La troisième partie est consacrée au thème de la santé, une question qui préoccupe beaucoup d’omnivores persuadé.e.s que végétalisme rime avec carence. Ophélie rappelle que plusieurs organismes de santé à travers le monde affirment qu’une alimentation végétarienne ou végétalienne équilibrée ne pose aucun problème pour la santé, quel que soit notre âge. Bien au contraire, comme l’explique Ophélie, à l’appui d’études diverses, l’élimination de la chair animale et/ou des produits d’animaux réduit le risque de développer de nombreuses maladies telles que le diabète, le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Pour aider les apprenti.e.s végé à équilibrer leur alimentation, Ophélie fait le tour des nutriments essentiels pour une santé optimale, présente les groupes d’aliments végétaliens de base et explique comment les intégrer à notre alimentation pour profiter pleinement de leurs bienfaits. Grâce à toutes ces informations et à ses conseils précieux, Ophélie montre qu’en fin de compte, avoir une alimentation végétalienne équilibrée n’est pas forcément plus compliqué qu’avoir une alimentation omnivore équilibrée.
La quatrième partie est consacrée au véganisme au-delà de l’alimentation. Ophélie commence par le thème de l’habillement et explique en quoi le cuir, la laine et la soie ne sont pas éthiques et pourquoi ces fibres textiles sont moins écologiques que les alternatives végétales et même que certaines fibres synthétiques. Grâce aux différentes fibres textiles éthiques présentées, ainsi qu’à une liste de marques proposant des chaussures et de la maroquinerie végane, on réalise que les alternatives sans laine ni cuir sont de plus en plus nombreuses. Ophélie fait ensuite le point sur l’exploitation des animaux dans l’industrie cosmétique et nous parle aussi bien des problèmes liés aux tests sur les animaux que des différents sous-produits d’animaux qui ont envahi nombre de savons, crèmes, parfums ou shampoings qui se retrouvent dans notre salle de bains. Un tableau répertoriant une quinzaine de labels (cruelty free, véganes, bio…) et une liste d’une quarantaine de marques proposant des cosmétiques véganes aideront les débutant.e.s à se constituer une trousse de toilette sans cruauté. Enfin, Ophélie nous présente ses produits véganes de base pour faire le ménage au naturel.
La dernière partie est certainement celle qui intéressera le plus celles et ceux qui sont déjà convaincu.e.s par le bien-fondé du véganisme mais qui se sentent freiné.e.s par les différentes barrières à surmonter pour vivre végane en société. Le premier chapitre, dans lequel Ophélie présente les clefs d’une communication végane réussie, m’a particulièrement plu. En nous aidant à comprendre certains mécanismes psychologiques, à l’aide d’exemples concrets et d’astuces pratiques, Ophélie nous fournit les bases pour parler de véganisme avec bienveillance et entrer dans des discussions constructives. Les quatre derniers chapitres sont consacrés au véganisme dans des contextes précis : le travail, les invitations, fêtes et restaurants, les voyages et vacances puis la famille. Pour chaque domaine, elle partage des astuces et des conseils pratiques afin de vivre au mieux selon ses convictions parmi des personnes qui ne les partagent ou ne les comprennent pas forcément, sans que cela ne soit contraignant, pour elles.eux comme pour nous.
En somme, Planète Végane est un ouvrage très complet pour toute personne qui s’intéresse de près ou de loin au véganisme, qui a un véritable désir de comprendre ce mode de vie et cette vision du monde, qui souhaite appliquer les principes du véganisme au quotidien mais ne sait pas comment s’y prendre ni comment surmonter ses appréhensions et/ou qui souhaite mieux comprendre et soutenir les véganes qu’elle côtoie. Personnellement, j’ai offert ce livre à ma maman qui n’est pas végane mais qui montre de plus en plus de respect et de curiosité pour mes choix. Je crois qu’il répondra bien mieux que moi aux questions qu’elle se pose.
Ophélie a réussi avec brio à présenter ce vaste et complexe sujet de manière instructive, pédagogique et éclairante, faisant de ce livre une véritable “bible” du véganisme. Elle a également su mêler avec justesse théorie, récits personnels et astuces pratiques, ce qui rend cette lecture agréable, malgré sa densité d’informations. Grâce à Planète Végane, je suis convaincue que de nombreux.ses omnivores s’ouvriront au véganisme et que de nombreux.ses véganes trouveront de nouvelles clefs pour continuer de s’épanouir dans une société où iels sont encore minoritaires. Alors merci Ophélie pour les innombrables heures, jours, semaines et mois que tu as consacrés à la rédaction de ce livre : ça en valait vraiment la peine 😉 !
J’avais la même réaction que celle que tu as eue au départ il y a encore quelque mois: impression que c’est une mode, peur des carences…
Et c’est ton blog et celui d’Ophelie qui ont commencé à me faire réfléchir!
Je suis flexitarienne tendance végétarienne, et je pense que je vais lire ce livre pour m’aider à argumenter mes choix, aussi bien pour moi que par rapport à ma famille.
Merci à vous deux pour vos articles si bien étayés: c’est rassurant de pouvoir se fier à vos informations sans avoir besoin de faire toutes les recherches moi même.
Je t’en prie Eve, je suis heureuse de pouvoir consacrer mon temps libre à faire ce genre de recherches et ça me fait d’autant plus plaisir quand je sais que c’est réellement utile à certaines personnes 🙂
Petit traité de véganisme est également un livre très utile pour apprendre à mieux argumenter ses choix.
J’étais déjà convaincue avant de l’avoir lu, mais là, je suis conquise !
J’attends mon anniversaire en Juillet avec impatience puisque je l’ai « commandé » à mes enfants !
Heureusement juillet arrive à grands pas 😉 !
Ça a l’air intéressant tout ça… Je vais le faire acheter à ma bibli, comme ça, il pourra profiter à d’autres. Merci de donner envie comme ça.
C’est le livre de référence sur le véganisme que toute bibliothèque devrait avoir 🙂
Merci pour ton article, j’aime déjà beaucoup Antigone XXI ; je crois que je vais me laisser tenter par son livre grâce à toi.
J’espère que cette lecture te plaira 🙂
Flexitarienne? Drôle de concept, qui veut dire en fait que l’on mange de la viande, certe moins souvent, mais qu’on en mange….
Personnellement, même si je trouve que ce concept ne veut pas dire grand chose (parce qu’il veut dire différentes choses pour différentes personnes et que son emploi prête donc à confusion), je tiens à ce que les personnes qui mangent de la viande (et peu importe la quantité) se sentent libres d’exprimer leurs difficultés et réticences sur mon blog 🙂
Oui, ça veut dire qu’on essaie de changer ses habitudes petit à petit, en mangeant moins de viande.
Et c’est bien l’essentiel 😉 Bravo pour cette prise de conscience et cette démarche qui n’est pas toujours évidente.
Comme toi je n’aime pas les étiquettes. J’ai une alimentation principalement végétalienne mais ne suis pas vegan pour autant. Je suis également le blog d’Ophélie mais son livre m’intrigue car je me pose évidemment plein de questions. J’ai l’impression qu’une « planète vegan » serait une planète « sans » animaux et qu’en est-il des animaux domestiques ? Perso, j’ai quand même 7 chiens de traîneau et une amie qui fait des études d’ostéo m’a parlait d’une de ces collègues vegan qui a également un nordique. En discutant, elle me disait qu’elle réagissait de telle ou telle manière avec son chien pour ne pas le « froisser ». Vu le contexte, j’ai trouvé ça assez surprenant… Bref, des questions plein la tête qui ne résument pas en un « oui » ou « non » bien évidemment. Son livre me donnera sûrement plusieurs pistes. Merci pour cet article 🙂
Ce sont des questions très pertinentes et je pense que tu trouveras quelques pistes autour de ces questions dans le livre d’Ophélie 🙂
Merci Natasha.
Ce que j’aime ici, c’est que c’est un blog « non violent » (comme la communication du même nom):
tu dis ce qui importe pour toi, sans juger les autres. Et je pense que c’est la meilleure façon d’induire une prise de conscience.
Je n’ai pas besoin de m’auto censurer ou de me justifier pour bénéficier de ta bienveillance, et c’est très agréable. Cela me pousse à aller de l’avant dans ma démarche.
C’est d’abord une amie qui m’a fait découvrir, puis j’ai prolongé mes recherches en tombant sur le blog d’Ophélie puis sur le tien! Je parle très bientôt du livre sur mon blog 😉
Super !