Il y a encore 2 ans, Mélanie jetait 10 sacs poubelles par semaine… Après 6 mois passés à vider ses placards et à chercher des alternatives zéro déchet, elle a réussi à réduire ses déchets de manière considérable. À présent, elle remplit à peine 1 sac poubelle par semaine et celui-ci contient la litière de Chess, sa chatte, ainsi que quelques épluchures, noyaux et coquilles de noisettes.
Sur son joli blog, Une vie sans gâchis, Mélanie partage ses astuces et ses réflexions pour un mode de vie plus simple et plus écologique ainsi que ses bonnes adresses à Paris où elle habite. Aujourd’hui, elle répond à mes questions pour nous raconter son cheminement vers le zéro déchet en cuisine.
Qu’est-ce qui t’a motivé à réduire tes déchets dans la cuisine ?
Quand j’ai commencé à me poser des questions sur ma façon de gérer mes déchets, je vivais dans un tout petit studio. J’avais la chance d’avoir une cuisine à part mais ça restait une pièce vraiment très petite. Je n’avais pas de place pour une vraie poubelle. J’avais juste la place pour un sac plastique accroché au mur. Ce sac plastique se remplissait à une allure folle. Je pense que je devais en sortir en moyenne une dizaine par semaine. Pourtant j’ai grandi dans une famille où le tri sélectif est très important. Ça me rend dingue de trouver des déchets non recyclables dans la poubelle à recyclage. Mais en dehors de ça, je produisais beaucoup de déchets qui allaient directement dans les décharges ou à l’incinérateur. Je me suis toujours intéressée aux problèmes environnementaux et un jour je me suis demandé où allaient les déchets qui sortaient de ma cuisine. Alors je me suis documentée et je suis tombée entre autres sur des articles parlant du 7ème continent. J’en avais déjà entendu parler mais je n’avais pas réalisé à quel point ce qu’il se passe dans nos océans est grave. La matière plastique sous tous ses dérivés se décompose en minuscules petits morceaux qui ne disparaissent jamais et se retrouvent dans les estomacs des animaux marins et les tuent à petit feu tant ils sont bourrés de produits toxiques. Nous faisons face à une véritable hécatombe et nous la subissons en mangeant les espèces pêchées. Sans parler des sols et des rivières autour des décharges dans lesquels on ne trouve plus une seule trace de vie. Sachant que la majorité des déchets plastiques que nous produisons viennent de nos cuisines j’ai donc décidé d’agir à mon niveau.
En quoi cela a-t-il changé ta manière de faire les courses et/ou de t’alimenter ?
Ça a absolument tout changé et aujourd’hui je suis fière des efforts que j’ai pu faire et que je continue à faire. J’ai changé de supermarché. Je fréquente un magasin bio qui propose un grand choix de produits en vrac (car c’est le seul rayon auquel je me cantonne). J’ai également revu mes recettes. Fini les plats préparés surgelés et les boîtes de conserves industrielles. Je ne mange plus que des produits de saison et au maximum possible locaux. J’ai dû réapprendre mon goût car la plupart des produits industriels sont bourrés de sucres même dans les plats dits salés. Je commence même à ne plus avoir envie de choses sucrées au petit déjeuner! J’ai également limité considérablement ma consommation de produits laitiers et je ne mange de la viande et du poisson qu’une seule fois par semaine ou moins car les bons produits sont chers, que nous en consommons beaucoup trop et que sa production demande trop de ressources pour pas grand chose au final.
Évites-tu également les emballages recyclables ?
Je les évite au maximum mais c’est parfois malheureusement inévitable. Les seuls produits que je n’ai pas encore réussi à trouver en vrac sont: le vinaigre d’alcool (pour le ménage), le lait et la crème végétal, le vinaigre et l’huile de tournesol. Ah! et le soda en vrac ça n’existe pas non plus mais ça n’est absolument pas bon pour la santé alors je fais tout pour arrêter d’en boire!
Quelles ont été et/ou quelles sont encore tes plus grosses difficultés pour avoir une cuisine zéro déchet ?
Comme je le disais il me reste encore quelques déchets recyclables que j’espère un jour pouvoir passer au vrac. J’espère que le vrac va vite se réglementer et se démocratiser car en France je trouve que nous avons encore beaucoup de progrès à faire. Ma plus grosse difficulté je crois que c’est celle de terminer mon paquet de maïzena et mon sucre à chouquettes achetés avant ce nouveau mode de vie ! C’est les derniers emballages qui me dérangent vraiment dans ma cuisine (l’un a un sachet en plastique et l’autre un paquet rose bonbon qui me fait mal aux yeux quand je le vois)! Pour le reste je trouve ça vraiment agréable de partir à la recherche d’une épice ou autre en vrac alors je ne vois plus vraiment de difficultés, que des solutions !
Y a-t-il d’autres habitudes que tu aimerais changer dans ton quotidien pour réduire ton empreinte écologique ?
J’aimerais être super endurante quand je fais du vélo. Je fais mes courses et travaille très près de chez moi mais quand je dois me rendre à l’autre bout de Paris j’utilise des tickets de métro et ça m’énerve (le pass navigo n’étant pas rentable pour moi)… J’ai d’ailleurs bien envie de lancer une pétition pour avoir un système comme le « pay as you go » londonien sur oyster card! J’aimerais aussi un appartement éco friendly avec panneaux solaires, parfaite isolation thermique, système de nettoyage des eaux usées mais il va falloir que je bosse encore un peu pour pouvoir m’offrir ça… Et je compte me lancer dans un jardin partagé bientôt!
Enfin, quelles sont tes adresses préférées pour faire tes courses zéro déchet à Paris ?
Pour les aliments de tous les jours je vous conseille de faire un tour au marché de votre quartier sinon n’importe quel magasin Biocoop car c’est eux qui proposent le plus de produits en vrac, Pour l’huile d’olive et les olives je vais chez Première Pression Provence rue Levy dans le 17ème arrondissement, on y est très bien accueillis et la démarche sans emballages est parfaitement comprise et enfin pour du bon vin et quelques liqueurs, En Vrac propose du blanc, rosé, rouge pour pas trop cher et ils ont un système de consigne des bouteilles. Et encore plein d’autres adresses sur mon blog !
Crédit photos : Mélanie du blog Une vie sans gâchis
Retrouvez Mélanie sur son blog et sur Facebook.
Pour d’autres bonnes adresses zéro déchet à Paris je vous conseille cet article du blog Paris To Go (en anglais).
Bravo Mélanie, c’est vraiment impressionnant !
La rareté des magasins proposant des produits en vrac est effectivement un frein à la diminution des déchets. Dans ma ville, qui n’est quand même pas petite, il n’y a que les magasins bio en périphérie qui en proposent un peu pour les légumineuses, céréales et oélagineux… et ils sont à 8-10 km du centre ville ! Et cela demande de s’approvisionner autrement, de changer ses contenants etc. Je vais faire mes courses un samedi sur deux à vélo ou en bus s’il fait vraiment trop mauvais. Du coup, je me suis déjà dit qu’il me serait impossible par exemple de transporter certaines denrées dans des pots en verre car c’est d’une part trop lourd et d’autre part trop volumineux par rapport aux sacs en tissus qui s’adaptent mieux à l’espace restreint d’une besace remplie!
Du côté de mon village natal, n’en parlons même pas: même dans la plus grosse ville à côté, il n’y a pas de magasins bio…
Ce serait quand même génial de réinstaurer le commerce de l’alimentaire dans les centres villes plutôt que dans les périphéries: plus proches, cela est beaucoup plus facile d’y aller à l’aide d’un transport doux (pieds, vélo) et permet de s’y rendre plusieurs fois dans la semaine au besoin.
Merci pour cette interview pleine d’optimisme ! 🙂
Bonsoir, Emilie! Pour ma part j’ai accepté de garder quelques boîtes en plastique pour ne pas trop m’alourdir au moment des courses! Je transvase aussitôt arrivée à la maison dans mes bocaux en verre! Pour ce qui est des commerces de proximité, plus nous les favorisons plus ils seront nombreux et dans le meilleur des cas nous arriverons à faire tomber les géants de l’alimentation. Si nous le voulons, tout est faisable, ce n’est pas eux qui dictent les lois mais bien nous! Bravo pour vos efforts et bonne continuation!
Merci! C’est un blog que je suis également et sur lequel j’ai déjà trouvé plein de bons conseils. Il y a en effet un très grand nombre d’aliments dont on ne peut échapper à l’emballage. A chaque fois que je cuisine j’en prends conscience. Par exemple le gluten, le levain fermentescible ou encore le fructose et les sucres complets, le lait mais aussi, encore plus embêtant, les huiles végétales et les épices (!), le tofu ou le miso, la sauce soja, les vinaigres, certains produits servant pour l’entretien aussi (bicarbonate et consort viennent au mieux dans des sacs en papier, du carton et au pire dans du plastique). Aussi je me suis décidée à faire une méga liste de tous les produits que j’utilise, leur emballage et les alternatives possible, quand elles existent, pour éviter cet emballage ou supprimer le produit, ou encore le garder en attendant avec plein d’espoir que les consignes sur le verre (par exemple) se généralisent (pour moi c’est vraiment une hérésie absolue de ne pas récupérer bocaux, bouteilles, terrines, le verre c’est de l’or, le métal aussi d’ailleurs). Pour le yaourt par exemple et le fromage, est-ce qu’il ne vaut pas mieux le faire soi-même? Pour le levain et la levure de boulanger, opter pour le pain au levain (qui est assez contraignant et demande une excellente organisation, je le reconnais pour avoir tenté l’aventure), etc. Et je trouve que c’est d’autant plus compliqué finalement quand on varie son alimentation végétale: plus de variation induit plus de produits et plus de risque d’accumuler les emballages, dans l’absence d’un réel service de vrac avec un choix conséquent. Ça nous fait retomber à une époque où l’alimentation était nettement moins diversifiée qu’aujourd’hui (avec aussi les problèmes qu’on lui connait).
Enfin bref, je suis très heureuse de ce défi mais il y a une masse importante de boulot!
Belle journée et à bientôt. 😉
En effet cette démarche va beaucoup varier d’un foyer à un autre mais il est important de se rappeler que le moindre effort aussi petit soit-il tient un rôle important car tous nos efforts assemblés forment le chemin vers une autre façon de consommer! Pour ce qui est du yaourt et du fromage je conseille tout de même de l’acheter chez un professionel, avant je me fournissais au marché couvert des Batignolles dans le 17ème arrondissement de Paris mais c’est surement trouvable un peu partout: oeufs, beurre, fromage et fromage blanc en vrac! Continuez dans vos efforts sans vous soucier du regard des autres ou de ce que les autres ont ou pas accompli, faites le pour vous avant tout!
Hélas tous ces produits en bio (et même en conventionnel) ne sont pas trouvables en vrac ici à moins de faire de nombreux kilomètres d’un producteur à un autre et il y a des systèmes avec lesquels je ne suis pas d’accord (AMAP) et d’autres contraignants niveau horaires (Ruche qui dit Oui), on t’emballe aussi systématiquement même au marché, il faut tout le temps être vigilant. Nous avions une ferme à proximité qui faisait un peu de tout mais hélas pas bio du tout… Des projets sont en cours autour de chez moi mais il faut leur laisser le temps de se mettre en place et à nous aussi de trouver des producteurs disponibles pour de la vente directe et en vrac. Un vrai travail de recherche et d’organisation! 😉 Sinon c’est vrai que je transforme le plus de choses possible moi-même, ça ne me dérangerait pas de le faire pour le yaourt, le fromage ou le beurre… 😉 Mais il y aura toujours un emballage tant qu’on ne peut pas avoir accès à la ressource (lait frais) directement, c’est clair et c’est valable pour plein d’autres choses. Enfin, maintenant j’y suis, on fera tout au fur et à mesure, ça prendra le temps nécessaire. 😉 Merci pour tout tes conseils, ta cuisine est top!
Coucou, je ne connais pas grand chose au système des AMAP car je ne vis pas en France, mais je serais curieuse de savoir ce avec quoi tu n’es pas d’accord dans ce système car j’en avais entendu que du bien jusque-là ?
Merci à toutes les deux pour ce superbe article, une vraie richesse d’info pour bien démarrer et améliorer nos bons gestes, nos bonnes habitudes et une jolie découverte avec vos blogs à toutes les deux 🙂
Merci pour ce message de soutien, plus on est de fous plus on fait avancer les choses que l’on pensait impossibles!
J’adoooore ce nouveau défi !! J’adore cuisiner et je pense que je suis venue à l’écologie en premier par ça, lorsque je me suis inscrite à une AMAP. Je n’ai pas encore réduit mes emballages jetables, mais je privilégie quand même le papier et réutilise les sacs au maximum !! Aussi c’est pas facile quand on vit avec quelqu’un pour qui ce n’est pas fondamental… :/
En tout cas merci pour cette découverte de blog, je vis à Paris et je vais me lancer dans une recherche de vrac, moi aussi ! J’ai de la chance d’avoir une grande Biocoop avec beaucoup de vrac à côté de chez moi !
Merci Natasha 🙂
Bonsoir Clémentine! Merci pour ton soutien et n’hésites pas à visiter la rubrique adresses de mon blog, j’y ai ajouté pas mal de boutiques qui proposent certains produits en vrac partout dans Paris et bien évidemment elle ne demande qu’à être complétée! 😉
il parait le le vélo électrique c’est pas mal du tout, ca augmente le champ d’action considérablement ( surtout dans une ville avec des cotes )
Oui j’y pense beaucoup en effet!
Oh là là mais il est SUPER le blog de Mélanie! J’ai adoré le découvrir, merci Natasha!
Petit PS : je suis en train de réfléchir à une conception de nouvelle cuisine, et en pleine interrogation quant au rangement… Parce qu’avec tous mes petits bocaux remplis de vrac (sérieusement, je les compte par dizaines!), des étagères qui les laissent visibles sont bien pratiques! Et à les voir ainsi, sur tes photos, je suis d’autant plus convaincue que c’est efficace et joli à la fois. Merci de tous ces partages! 🙂
Si ça peut vous aider dans votre choix d’aménagement, favorisez des étagères ou placards pas trop profonds pour ne pas avoir à déplacer tous vos bocaux pour en atteindre d’autres! Deux rangées c’est le meilleur! 😉
J’ai découvert le blog de Mélanie il y a deux jours par facebook, j’aime beaucoup, je le trouve très inspirant !
Pour ceux qui ne connaitrait pas, une alternative aux sodas : le Kombucha ! C’est rafraichissant, légèrement pétillant et bon pour la santé ! De plus cette boisson a l’avantage de pouvoir être préparé à la maison et en plus être « reproductible », donc pas de gâchis !
Il est aussi possible de se faire plaisir de temps en temps avec des Kombucha tout prêt comme la marque Karma Kombucha ( http://www.karmakombucha.com/fr/ ) que j’adore, celui à la Grenade est très bon, je conseille vivement !
J’adore les kombucha de karma kombucha mais je ne savais pas qu’on pouvait les faire nous même merci pour le partage!
C’est une super découverte que je fais là! Un nouveau blog à dévorer, chouette 🙂
Et ta cuisine est superbe, cela me donne envie de réorganiser la mienne 🙂
Merci pour le partage! j’aimerais aussi ajouter les personnes handicapées, par exemple celles qui vivent en fauteuil roulant, n’ont plus toujours accès aux différents éléments de leur cuisine. Alors, puisqu’ils ne peuvent plus atteindre les placards et les tiroirs, ce sont les tiroirs et les placards qui viennent à eux. Pour en savoir plus sur l’aménagement d’une cuisine d’une personne qui a des besoins spécifiques.