L’article du jour est un peu particulier. Je souhaite parler avec vous d’un cas d’appropriation culturelle par une marque de bijoux française qui se décrit comme étant engagée en proposant des collections fabriquées en France, avec des matériaux traçables et en reversant une partie de ses revenus à différentes associations. C’est une marque dont je possède quelques bijoux et que j’ai déjà mentionnée sur le blog et Instagram. En faisant un tour sur son site au début de l’été, je suis tombée sur une de ses nouvelles collections, décrite comme étant « inspirée du monde du yoga, de l’Inde et de ses divinités qui sont essentiels au quotidien d’X » et réalisée en collaboration avec une influenceuse blanche.
Particulièrement sensible à l’exploitation du yoga et, en particulier, de certains éléments des cultures de l’Inde dans les sociétés occidentales, j’ai ressenti énormément de colère à la découverte de cette collection. Afin de rester objective, j’ai partagé une capture d’écran du site de la marque, avec la description ci-dessus ainsi qu’un aperçu des bijoux, et demandé à mes abonné·es ce que leur inspirait cette collection (la question était donc tout à fait neutre) : à l’exception d’une personne qui a répondu « Jolie », toutes les réponses se rejoignaient pour dire qu’il s’agissait là d’appropriation culturelle et d’une approche purement marketing (pas d’appréciation culturelle, donc). Je précise que la grande majorité de mes abonné·es n’ont aucun lien avec la culture indienne et sont blanc·hes – détail qui a son importance à une époque où l’on accuse les minorités et personnes racisées de manière défavorables de voir le mal partout !
Ces réponses ayant conforté la légitimité de ma colère, j’ai décidé d’envoyer le mail suivant à la marque pour lui dire ce que je pensais de cette collaboration :
Bonjour,
Cliente d’XX depuis quelques années, je consulte régulièrement votre site pour découvrir vos nouveautés.
L’une de vos dernières collections, issue d’une collaboration avec X, « inspirée du monde du yoga, de l’Inde et de ses divinités qui sont essentiels au quotidien d’X », pour reprendre les mots de votre site, est la raison qui me pousse à vous écrire aujourd’hui.
En tant que française d’origine indienne née à Grenoble, je suis témoin depuis mon plus jeune âge de la manière dont les personnes racisées de manière défavorable sont discriminées au quotidien en France, pendant que certains éléments de nos cultures sont exploités par des personnes blanches n’ayant aucun lien intime et direct avec elles.
Cette exploitation, le plus souvent présentée comme étant un moyen de « célébrer » notre culture ne fait, en réalité, qu’invisibiliser les personnes issues de ces cultures et détourner voire marchandiser leurs connaissances et leur savoir-faire pendant que d’autres en tirent des bénéfices (gain de popularité et/ou d’argent). C’est ce qu’on appelle l’appropriation culturelle – un phénomène qui touche en particulier les cultures et groupes ethniques victimes du colonialisme hier et bien souvent de néo-colonisation aujourd’hui.
Je ne sais pas grand-chose d’X, ni de sa pratique du yoga, ni de ses liens avec l’Inde et ses divinités mais comment peut-on se permettre d’exploiter le yoga, l’Inde et ses divinités dans la création d’une collection de bijoux lorsqu’on sait de quoi il en retourne ? Ni le yoga ni l’Inde ni ses divinités ne sont des objets marketing. Il s’agit-là d’une pratique ancestrale et spirituelle, d’un pays aux multiples facettes et cultures et d’objets de cultes.
Bien entendu, s’inspirer des symboles d’autres cultures que la nôtre n’est pas un mal en soi mais il me semble qu’il y a trois impératifs à cela pour éviter les écueils de l’appropriation culturelle au sein d’entreprises occidentales fondées par des personnes racisées de manière favorable :
1) Questionner la raison pour laquelle on souhaite exploiter, à des fins commerciales, les symboles de cultures minoritaires et de peuples racisés défavorablement
2) Si cette motivation s’inscrit au-delà d’une tendance ou d’un intérêt marketing, il convient de travailler main dans la main avec des personnes directement issues de ces cultures (la diaspora indienne compte plusieurs milliers de personnes à travers la France, dont des professeur·es de Yoga qualifié·es et expérimenté·es)
3) S’assurer qu’une partie des bénéfices des ventes des produits/services issus de ce type de collaboration revienne directement aux personnes issues de ces cultures.
Être une entreprise éthique ne devrait pas se limiter à s’assurer des bonnes conditions dans lesquelles sont produites, sourcées et transformées les matières premières. L’éthique implique le respect de tous·tes et une attention particulière au respect et soutien des personnes oppressées par la société capitaliste, patriarcale et néo-coloniale dans laquelle nous vivons.
Je vous remercie par avance de l’attention que vous porterez à mon message et espère qu’il fera l’objet d’une discussion au sein de votre équipe afin d’élargir et d’approfondir votre vision de l’entreprenariat éthique. Je serais en tout cas reconnaissante d’avoir un retour de votre part afin de connaître le positionnement d’X sur ce cas d’appropriation culturelle.
Bien cordialement,
N.T.
Sachez qu’à ce jour, ce mail envoyé le 26-06-22 est demeuré sans réponse. Peut-être aurais-je dû inclure l’influenceuse dans les destinataires du mail et l’envoyer depuis ma boîte mail pro (Échos verts) plutôt que ma boîte perso… Ceci étant dit, une marque véritablement soucieuse de son éthique qui dit vouloir servir ses client·es avec « l’excellence comme ambition » ne devrait pas avoir besoin de se sentir sous pression pour daigner répondre à un tel mail et se remettre en question.
Si je partage cette problématique avec vous aujourd’hui, c’est pour rappeler deux faits :
- Comme évoqué dans mon article « Une marque vraiment responsable, c’est quoi ? », l’éthique d’une marque ne se mesure pas seulement à ses lieux et méthodes d’approvisionnement et de production. Sa communication, son inclusivité et sa réaction face aux remises en question de ses pratiques en disent long sur ses priorités.
- L’appropriation culturelle est, au même titre que d’autres formes d’oppressions et de discriminations, une pratique intimement liée au racisme, au (néo)colonialisme et au capitalisme, face à laquelle nous devons réagir. Interpeller les marques sur les failles de leurs engagements, collectivement dans l’idéal, est donc indispensable pour lutter contre ce type de dérives au sein d’entreprises dites éthiques ou pas.
Je suis bien évidemment déçue que mon mail soit resté sans réponse et même si je porte encore les bijoux de cette marque, de toute évidence, je n’en achèterai plus et ne risque pas d’en faire la promotion. Leurs bijoux apparaissaient parfois sur mes posts Instagram mais je veillerai désormais à les retirer avant de prendre des photos où ils seraient visibles. Je ne partage pas le nom de la marque ni de l’influenceuse concernée car je ne pense pas que cela soit nécessaire pour faire passer mon message ainsi que pour vous donner envie d’agir à votre tour.
L’appropriation culturelle est un sujet qui me préoccupe depuis longtemps. En effet, j’ai découvert ce concept lors de mes premiers cours d’anthropologie en 2000 et je l’explore en profondeur ces dernières années. Jusqu’à présent, à chaque fois que j’ai évoqué des exemples de tels cas, j’ai fait face à l’incompréhension, voire à l’indignation de certains·es à cause de mon positionnement. N’ayant que très peu de patience face à celleux qui sont incapables de remettre leurs privilèges, biais et croyances en question, je ne perds plus mon énergie à dialoguer, à me justifier. En revanche, je reste bien évidemment ouverte aux échanges constructifs, réfléchis et sans fausse bienveillance.
Merci Natasha pour cet article. Voilà plusieurs années que la question de l’appropriation culturelle m’intéresse et je trouve qu’il est indispensable d’écouter ce qu’en disent les concerné•es pour remettre en question nos privilèges et pouvoir les soutenir en tant qu’allié•es. Parfois, j’ai l’impression de me poser 1000 questions avant de faire quelque chose et au final ne pas savoir si je peux ou non. Une chose que tu avais écrite, il y a déjà quelques temps et que tu as redit ici m’aide beaucoup : les bénéfices vont-ils aux personnes concernées ?
Je ne peux m’empêcher de ressentir une immense tristesse à l’idée que ce genre de situations te pousse à te poser la question de la légitimité de ta colère… tes émotions, même la colère – surtout elle dans une telle situation – sont légitimes !
Je fais le vœu que ce soit « bon signe » que les réponses que tu as reçu sur Instagram viennent majoritairement de personnes blanches.
Encore merci pour ton travail.
Mathilde
Merci pour ton message Mathilde.
J’ai beau être sensibilisée à l’appropriation culturelle depuis longtemps, je me pose également des questions dans certaines situations – être issue d’une culture souvent victime d’appropriation culturelle ne m’a certainement pas empêché de faire des faux pas par le passé et peut-être en ferai-je encore. Il faut dire qu’en Occident, on a banalisé tellement d’actes d’appropriation culturelle à travers différentes sphères du quotidien qu’il est difficile de ne pas y prendre part inconsciemment, avant d’entamer le fameux processus de déconstruction.
La question des bénéfices permet effectivement d’y voir assez clair, en particulier quand il s’agit de la vente de produits. Et dans le cas évoqué aujourd’hui, la réponse est, il me semble, assez évidente justement. Il aurait été tout à fait possible de réaliser cette collaboration avec une personne d’origine indienne et de reverser une partie des revenus à une association en lien avec l’Inde. Ceci étant dit, la diversité et l’inclusivité ne sont pas les points forts de la marque… Il suffit de jeter un œil à son Feed IG (qui a commencé à se diversifier un peu au moment où le mouvement BLM a commencé à faire du bruit en France) et aux personnes avec qui la marque collabore. C’est très homogène.
Coucou Natasha !
Nous en avons discuté cet été et je suis très étonnée que la marque n’ait même pas eu la décence de te faire une réponse.
Pour ce qui est de l’appropriation culturelle, c’est une question épineuse dont je découvre des éléments en avançant petit à petit car je ne l’ai jamais subie.
Et ça me semble important de lire l’indignation, même si cette dernière ne devrait pas être l’exclusivité des personnes racisées défavorablement (terme que je ne connaissais pas avant de le lire chez toi !). Bref, je ne suis pas une grande fan de bijoux mais ils ne me compteront pas non plus parmi leur clientèle 😅.
Plein de bises à toi, en espérant que les retours sous cet article soient compréhensifs et bienveillants (de la vraie, pas pour faire beau en faisant du yoga).
Coucou Vanessa !
En effet, j’estime que me répondre aurait été la moindre des choses, quitte à me dire des choses banales… Là ça me donne l’impression que le marque s’est globalement dit « On s’en fout! ». C’est si facile d’ignorer une personne quand celle-ci n’a aucun pouvoir, aucune influence. En attendant la marque jouit d’une popularité folle, c’est enrageant.
Pour le moment les commentaires reçus sont plein de compréhension, c’est rassurant 🙂.
Je t’embrasse !
Comme tu dis, une personne seule a peu d’influence, mais leur écrire en masse pourrait avoir un effet ! Si on peut laisser des commentaires sur le site, pourquoi s’en priver ? Si tu nous disais (en privé) quelle marque est à incendier, moi je me ferais un plaisir de leur pondre un truc et de leur dire qu’ils peuvent toujours courir pour que j’achète chez eux (même si, comme Déliacious, je ne croule pas sous les bijoux :-)). Agissons !
Bien sûr, sens-toi libre de leur envoyer un mail – je pense également que l’effet de masse peut obliger la marque à réagir (mais quel dommage de devoir en arriver là !).
Merci pour cet article que je juge important Natasha. J’avais suivi cette affaire sur IG et je suis contente d’en lire davantage.
Je suis une femme blanche et le sujet de l’appropriation culturelle est une chose dont j’ai pris connaissance depuis peu de temps -et notamment à travers tes retours. J’ai eu tendance à ne pas questionner cela et comme beaucoup à considérer que les marques ou autres ne faisaient là que de s’inspirer. Mais je suis quelqu’un qui accepte de remettre ses croyances en question et d’écouter les concerné.es. Du coup, même si je ne saisis pas tout je l’avoue, j’ai très envie d’apprendre auprès de personnes comme toi.
Aujourd’hui en tout cas, j’ai un regard plus critique qui ne demande que de s’affiner encore. Est-ce que du coup tu aurais des ressources à partager pour creuser tout ça ?
Encore merci Natasha, et quel plaisir de lire des articles plus engagés.
Merci pour ton message Fanny.
C’est difficile de tout saisir quand on n’est pas directement concerné·e, mais aussi quand on l’est. J’ai personnellement mis longtemps à comprendre la racine de certains de mes maux et le prisme de l’appropriation culturelle m’y a beaucoup aidée.
Concernant les ressources, j’ai lu assez peu d’ouvrages/articles sur le sujet en français et je n’ai pas connaissance d’ouvrages grand public suffisamment clairs et accessibles mais le livre L’appropriation culturelle de Rodney William peut être un bon point de départ. Il y a aussi pas mal d’articles/vidéos en ligne sur le sujet, avec différents points de vue : certains sont regroupés dans cet article-ci.
Tu as bien raison de crier au scandale, surtout que tu es bien placée pour le faire. De par tes origines, bien sûr, mais surtout par ton intérêt pour ce sujet et par son approfondissement continuel.
Encore une fois, je te remercie d’évoquer l’appropriation culturelle et de nous ouvrir les yeux, à nous les Blancs coloniaux qui baignons tellement dedans qu’on ne se rend même plus compte des erreurs qu’on commet parfois sans penser à mal.
Comme je t’ai dit, j’ai corrigé un ouvrage sur l’hégémonie et le déclin de l’Occident et de voir à quel prix on a obtenu cette domination, ça fait froid dans le dos. Et tout ça, dans la plus grande décontraction de la part des colonisateurs qui trouvaient ça tellement évident d’imposer leur façon de penser aux « sauvages »… Je pense que le meilleur moyen de nous faire prendre conscience de cette situation, c’est de nous « éduquer » et la manière dont tu nous parles de ces problèmes est indispensable. Surtout, continue ! Comme tu sais, ça me passionne et le chemin est encore long…
À ce propos, j’ai pensé à toi l’autre jour dans la rue en entendant un gamin demander à son parent pourquoi le monsieur était déguisé (un Noir en tenue traditionnelle). Et pourtant, c’est vraiment pas rare dans mon quartier ! Ou alors, il y a beaucoup de soirées déguisées par ici, va savoir…
Bonjour Carole,
Merci pour ton message plein de soutien et d’encouragements !
Ta dernière phrase m’a bien fait rire ! Et tristement, ça me rappelle que moi-même, enfant, pour le carnaval, je portais parfois une tenue indienne en guise de « déguisement » tellement j’avais internalisé le fait que les tenues traditionnelles de l’Inde que portaient ma famille étaient perçues comme telles en France… Du coup, j’ai mis très longtemps à me sentir à l’aise dans ce type de tenue en public hors carnaval…
Merci pour cet article à cœur ouvert très intéressant. Cela me fait entrevoir mes privilège et me poussera à plus me questionner lors de mes futurs achats.
Merci pour ton intérêt pour le sujet Justine !
J’avais suivi ta démarche, et je trouve ça scandaleux que ton e-mail soit resté sans réponse. Es-tu sûre de ne pas souhaiter que nous l’interpellions sur ce sujet ?
Ta colère, quoi qu’il en soit, est tout à fait légitime.
Bonjour Emilie,
Sens-toi libre de contacter la marque pour lui faire part de tes ressentis si tu le souhaites.
Peut-être que recevoir plusieurs mails d’autres personnes les bousculera suffisamment pour remettre leurs pratiques en question…
Bonjour Natasha, je me rappelle bien de ta story et de ton partage. Je trouve vraiment décevant que la marque n’ai pas pris la peine de te répondre, surtout pour une entreprise qui se veut éthique et bienveillante. Apparemment l’éthique ne s’applique pas de la même façon pour les personnes blanches et les personnes racisées. L’influenceuse a t elle été informée de ton ressenti ? Et du fait que son travail est perçu comme insultant pour les populations d’Asie du Sud Est?
Bonjour Charlotte,
En effet, l’éthique a ses limites suivant les contextes et les personnes (ou bien chacun·e en a sa propre définition!)…
Je n’ai pas copié l’influenceuse en question dans mon mail, il me semblait préférable de m’adresser directement à la marque puisqu’elle est en charge des ventes et des collaborations. J’avais aussi envie de voir si la marque était aussi engagée qu’elle prétend l’être : si ça avait été le cas, elle aurait pris la peine de me répondre. Si j’avais copié l’influenceuse, elle l’aurait peut-être fait d’emblée, non pas par respect mais parce qu’à partir du moment où d’autres personnes sont au courant, on ne peut pas aussi facilement ignorer un mail comme le mien. Au moins, ainsi, je sais ce que valent réellement les engagements de la marque…
Salut,
j’avoue que tes stories récentes à propos de cette affaire m’ont pas mal chamboulées (et c’est une bonne chose) car je fais régulièrement des postures de yoga depuis une dizaine d’années et je n’ai jamais fait le rapprochement entre cette pratique et ses racines indiennes tellement, pour moi, le yoga est un truc majoritairement de femme blanche trentenaire de la classe moyenne, comme moi en fait, et comme l’influenceuse à l’origine de cette collection de bijoux. Et pour cause, c’est via les « blogs green healthy » que je l’ai découvert.
Depuis je m’informe sur l’origine et l’histoire du yoga notamment via le compte @pulandevii mais aussi grâce au livre « Yoga une histoire-monde » de Marie Kock et c’est édifiant de constater à quel point les Occidentaux se sont complètement accaparés le yoga au cours du 20ème siècle.
Personnellement je me trouve bête d’être restée aussi longtemps à côté de la plaque et je trouve que c’est plus qu’important de s’interroger sur l’origine de nos goûts, se nos loisirs, qui ne sont pas arrivés ex-nihilo.
Bref, en faisant quelques recherches sur la personne évoquée dans ton article, on se rend compte à quel point le capitalisme tire profit de notre désarroi spirituel en piochant aussi bien dans d’autres cultures que dans la spiritualité New Age : yoga, féminin sacré et développement personnel, un mélange très à la mode qui m’est de plus en plus indigeste.
Bonjour Manon,
Merci beaucoup pour ton commentaire : tu y abordes plusieurs problématiques qui me préoccupent également. Comme tu l’expliques, les croyances New Age y sont pour beaucoup dans la manière dont le yoga est diffusé et pratiqué en Occident aujourd’hui et beaucoup de blogueur·ses « green » participent également à sa « déformation », notamment en partageant des photos et vidéos de leurs poses, dénuées d’explications contextuelles et donnant ainsi l’impression que dans le yoga, tout est dans la performance, le progrès, voire l’esthétique…
Je comprends ce sentiment de « se sentir bête » mais en même temps, on vit dans une société où rien n’a été fait pour développer notre esprit critique (en tout cas certainement pas dans le système éducatif standard). Les RS et médias alternatifs sont particulièrement précieux pour cela et l’essentiel est, à mon sens, d’être ouvert·e à la remise en question de nos croyances et habitudes lorsque l’on est confronté·e à des points de vue qui bousculent les nôtres – il n’est jamais trop tard pour le faire.
Ce livre sur le yoga a l’air très intéressant, je note ! Et oui, les contenus de @pulandevii sur le sujet sont très instructifs !
Salut !
Je me permets de répondre à ce commentaire après ma lecture du livre de Marie Knock. Finalement, j’ai pris conscience que, ce qui me dérange le plus dans le yoga, ce n’est pas tant la notion d’appropriation culturelle que son manque d’inclusivité et sa porosité avec les croyances New Age. Et malheureusement, je trouve l’autrice un peu trop indulgente envers le yoga contemporain en Occident. Elle évoque notamment sa retraite de yoga à Essaouira (rien que le choix du lieu laisse perplexe) dans un centre où les pratiques ésotériques New Age vont bon train. Or, pour elle, le plaisir de pratiquer passe au-dessus de ces problématiques, et cela m’a mis mal à l’aise.
Je ferais le même reproche à cette marque que tu évoques : elle surfe sur l’aspect « green, healthy et spirituel » à la mode du yoga mais les mannequins en photo sont toujours des femmes jeunes, minces et blanches qui ne représentent pas notre diversité.
Pour revenir sur la notion d’appropriation culturelle, les apports de l’Inde et de l’Occident concernant le yoga me paraissent trop imbriqués pour que l’on parle d’appropriation culturelle stricto sensu. J’ai l’impression que l’évolution du yoga est très complexe et comparable à l’évolution d’une langue par exemple. J’ai appris notamment que la pratique de la gymnastique et du bodybuilding venu d’Europe était très en vogue en Inde dans les années 1920 et a très certainement beaucoup influencé le yoga dans ce pays, mais aussi que des yogis indiens ont exporté le yoga aux Etats-Unis pour le rendre plus attrayant aux yeux des Indiens (car, apparemment, même pour un peuple colonisé par une nation occidentale, ce qui vient d’Occident est attrayant…). Bref, pour reprendre la comparaison avec une langue, il me semble qu’il faudrait faire en sorte de partager le yoga et de ne pas le réserver à une élite.
Bonjour Natasha,
Merci pour cet article. Je trouve le mail envoyé à la marque très bien fait, tu y exprimes clairement ta colère tout en étant constructive. Ce n’est pourtant pas un exercice facile.
Je sais vaguement ce qu’est l’appropriation culturelle sans avoir creusé la question pour le moment, donc cet article m’est aussi très instructif. Pour mieux comprendre ce que c’est, et aussi pour pouvoir argumenter si besoin. Depuis que j’ai lu le livre « Mon privilège, ton oppression » de Nathalie Achard, je ne laisse vraiment rien passer auprès de mon entourage (et de moi aussi d’ailleurs 😀 !). Même si je dois être un peu maladroite, car je suis quand même majoritairement du côté des privilégiés.
Tu as vraiment bien fait de leur écrire, et de faire cet article.
Bonjour Jérochat,
Merci pour ton retour sur mon mail, c’est toujours rassurant de savoir que mon message reste clair, malgré l’intensité de mes émotions au moment de sa rédaction ! (Je l’avais d’ailleurs fait relire par trois personnes avant de l’envoyer pour m’en assurer !).
C’est vraiment admirable que tu ne laisses rien passer auprès de ton entourage. Moi ça dépend vraiment des contextes et des personnes ; j’ai trop souffert par moments du manque d’écoute et de la manière dont mes propos étaient déformés donc désormais, dans certaines situations, j’ai décidé de me taire car dialoguer avec des personnes qui me prennent de haut et ne sont pas prêtes à remettre leur point de vue en question est une telle perte d’énergie.
En tout cas je note ta recommandation de lecture, peut-être y trouverai-je des outils pour mieux faire face à ce type de situation et ne pas me sentir complètement démunie.
Bonjour Natasha,
J’avais imaginé que la rédaction du mail avait dû te coûter, mais j’ai préféré ne rien écrire car je ne savais pas dans quelle mesure je projetais mon propre vécu. Tu confirmes mon intuition 🙂
Ta réponse m’a fait réfléchir, car je ne me suis pas sentie à l’aise avec le côté « exemplaire » de mon « je ne laisse rien passer ». Car j’adhère complètement à ta logique (si c’est pour souffrir, ça n’en vaut pas la peine ; il faut d’abord se préserver) Et je pense que je l’applique aussi.
Après réflexion, j’ai compris que « je ne laisse rien passer » quand il s’agit de facilité. Et d’abord de ma part : je veux dire, quand il serait juste plus simple de ne rien dire. J’ai décidé que je ne laisserai pas le confort de ne pas faire de vague l’emporter. Ce qui ne veut pas dire partir en guerre même dans les causes perdues et à n’importe quel prix, comme tu l’expliques. Dans ce cas, je fais comme je peux, sûrement comme toi.
Je ne laisse rien passer pour l’entourage vraiment proche (pour les inconnus, c’est un autre niveau d’énergie). Et quand je suppose que c’est « réparable » (maladresse, conformisme, ignorance etc.). J’argumente aussi avec l’énergie du moment, dont si j’en n’en ai pas beaucoup, je n’insiste pas non plus (et quand je suis à plat, à mon avis, je ne vois rien du tout de toute façon !) L’idée étant plus de laisser tomber une goutte d’eau (si j’utilise l’image de l’eau capable de creuser la roche à force de répétition) plus que de m’épuiser. De poser mes limites aussi, et de me sentir en cohérence. Aussi, je pense ne pas être souvent directement concernée, donc cela doit être plus facile émotionnellement (mais maladroit).
Quand je suis directement concernée, là, c’est lourd, colère, impuissance et culpabilité. Tout ça en restant calme et cohérente pour ne pas se faire déborder. Donc je tenais à saluer ta démarche, qui a dû te demander beaucoup d’énergie pour un impact dont on est jamais sûr, et qui souvent n’est pas proportionnel à la dépense d’énergie.
Je te remercie, ça m’a permis d’éclaircir ma position, et c’est toujours utile quand on agit !
Merci Natasha de prendre le temps de nous sensibiliser à ce sujet. Le peu que je sais sur l’appropriation culturelle, je l’ai appris grâce à toi.
Ça n’est pas le sujet, mais ça s’en approche: récemment, inspirée par tes actions, j’ai interpellé une marque qui se dit sensible à l’environnement et qui vend des vêtements en polyester. Je leur ai parlé de la pollution des océans, et ils m’ont répondu…complètement à côté! J’ai alors répliqué en parlant de greenwashing et là, plus de réponse.
Ça m’énerve, cet opportuniste et cette malhonnêteté!
Bonjour Eve,
Ah le greenwashing c’est une plaie et comme le démontre notre expérience, un simple mail ne suffit pas à faire réagir les marques dont on pointe les manquements du doigt. Il faudrait pouvoir répertorier ce type de cas et contacter les marques massivement et éventuellement les interpeller sur les RS voire des pétitions… En tout cas, c’est trop facile pour ces marques d’ignorer nos mails et il faut que ça change !
Merci pour cet article Natasha ! Pour ma part c’est grâce à toi (et sans doute au mouvement Black Lives Matter) que j’ai pris conscience de ce qu’était l’appropriation culturelle. J’ai remarqué par exemple que lorsque je cherchais de la décoration d’occasion à Emmaüs ou sur Leboncoin, je trouvais énormément de tableaux représentants l’Afrique ou l’Asie de manière très cliché (personnages stylisés, chapeaux de paille « chinois » et soleil couchant). Au vu de la quantité, on peut se douter que les personnes qui possédaient initialement ces objets ne pouvaient pas toutes connaître les lieux en question et les ont acheté parce que c’était « exotique ». Même si je me fais ce genre de réflexion et que j’écoute les personnes comme toi qui évoquent l’appropriation culturelle, j’aurais besoin d’avoir des exemples plus concrets car étant blanche j’ai évidemment du mal à ressentir pleinement les injustices que cela représente. Ton article est donc un excellent rappel !
Bonjour Lucile,
J’imagine bien le type de tableaux dont tu parles et la première question qui me vient à l’esprit ce n’est pas forcément qui « consomme » ces produits mais qui les fabrique… probablement des grandes chaînes qui les font produire à échelle industrielle et qui participent à donner une image très faussée et stéréotypée de tous ces lieux et peuples exoticisés, objectifiés.
J’espère prendre le temps de décortiquer davantage d’exemples d’appropriation culturelle plus concrets à l’avenir. C’est un exercice très intéressant qui dévoile toute la complexité de ce concept.
Bonjour Natasha,
Un grand merci pour ton article qui, comme toujours, est très clair et instructif. C’est tellement dommage que cette marque n’ait même pas eu le respect de te répondre… Effectivement, cela éclaire d’un bien mauvais jour leur prétention d’être éthique si, au-delà de la faute première d’appropriation culturelle, ils ne sont même pas capables de se remettre en question et d’en discuter… J’ai trouvé ta démarche vraiment admirable mais cela m’attriste que tu aies douté de la légitimité de ta colère (même si évidemment je le comprends aussi, face à toutes les réactions négatives qui veulent nier ce problème): je crois que nos émotions sont forcément légitimes, la seule chose qui compte c’est la façon dont nous les exprimons et il me semble que tu es toujours exemplaire sur ce point.
Pour répondre à ta question, je suis un peu sensibilisée à l’appropriation culturelle essentiellement grâce à toi et je t’en remercie énormément. Certaines choses me gênaient sans que j’arrive à vraiment mettre des mots, à vraiment comprendre pourquoi, et grâce à toi j’ai pu réaliser quel était le problème et essayer de faire attention à ça, même si évidemment le chemin est encore long pour toujours « repérer » les cas d’appropriation culturelle (parfois c’est évident et à d’autres moments c’est beaucoup plus pernicieux je trouve). Donc encore un immense merci, pour ton regard qui me paraît toujours juste et équilibré et pour tout ce que tu partages de façon si claire, malgré les possibles retours négatifs.
Bonjour Elisa,
Merci pour ton message et le partage de ton propre cheminement face à l’appropriation culturelle.
Comme tu le dis, ce n’est pas toujours évident de l’identifier, il y a tant de paramètres à prendre en compte.
À part quelques remarques agressives sur IG, je dois dire que la plupart des personnes qui réagissent ici le font de manière très posée et permettent des échanges instructifs et constructifs 🙂
Bonjour Natasha,
Nous avions déjà discuté à ce sujet en juin, je te renouvelle tout mon soutien ici. Tu es infiniment légitime dans cette colère et ta demarche, je suis choquée que tu n’aies eu aucun retour, car on peut toustes reconnaître nos erreurs et changer nos façons de penser. Et merci de partager avec nous tes réflexions, recherches et savoirs sur ces sujets, c’est précieux de pouvoir apprendre et progresser grâce à toi ❤️ belle semaine, Aurelia
Merci beaucoup pour ton précieux soutien Aurelia !
Bonjour Natasha,
Merci pour cet article. C’est grâce à toi que je m’intéresse à l’appropriation culturelle. J’en avais déjà entendu parlé sans chercher à creuser le sujet. J’écoutais une émission samedi et ce sujet en faisait parti. Je ne sais pas de quelle marque dont tu parles mais peut-être que si toute ta « communauté » les inondions sur les rs peut-être qu’elle réagira. La moindre des politesses aurait été de te répondre et je comprends tout à fait ta colère. Je suis aussi d’accord avec le yoga et la manière dont il est véhiculé notamment dans la « sphère » écolo, bio, végane…
Bonjour Christel,
Effectivement, nul doute que si des dizaines de personnes faisaient part de remarques similaires à la marque, celle-ci finirait par réagir, surtout si c’était fait publiquement sur les RS… Mais je me demande, à quoi bon en arriver là finalement ? Dans l’espoir qu’elle s’excuse enfin sous la pression ? Si elle avait véritablement ressenti le besoin de remettre ses pratiques en question, je pense qu’elle l’aurait fait dès la réception de mon mail. Attendre d’être sous pression pour le faire perdrait tout son sens finalement. Mais peut-être que cela les obligerait à être plus vigilant·es à l’avenir… Je ne sais pas ce qu’il y a de mieux ?
Bonjour Natasha,
Je suis à la fois complètement atterrée par cette situation et pas surprise de l’hypocrisie, de l’aveuglement et du manque d’empathie de certaines personnes/structures. C’est bien normal d’être très en colère et je t’envoie de chaleureuses pensées de soutien !
Je trouve que le mail que tu as envoyé est exemplaire !
J’ai découvert la notion d’appropriation culturelle grâce à toi (merci beaucoup !) et c’est un sujet sur lequel on a TELLEMENT à progresser ! Comme tu le dis, le minimum de départ est d’écouter sans nier le ressenti des personnes concernées !
J’ai hâte de lire encore tes réflexions sur ce thème. Merci beaucoup de participer à notre éducation à ce sujet !
Bonjour Sandrine,
Merci pour ton commentaire, je suis contente de savoir que mes modestes partages sur le sujet sont utiles à plusieurs d’entre vous !
Bonjour Natasha, merci beaucoup pour ce partage et globalement sur ce sujet de l’appropriation culturelle, que j’ai globalement découvert grâce à toi. C’est vertigineux quand on commence à s’y intéresser et aussi très très complexe je trouve. Et puis ça bouscule quand on est issue d’un milieu privilégié et non discriminé… on a pas fini d’apprendre et de se remettre en question ! C’est parfois dur de le faire sans culpabiliser ou se sentir paralysée devant l’ampleur de la tâche donc merci pour tes partage qui sont très accessibles pour les novices sur le sujet
Bonjour Mathilde,
Je trouve également que c’est un sujet très complexe, que chaque cas potentiel d’appropriation culturelle doit être décrypté un à un pour savoir s’il s’agit véritablement d’AC ou pas, car il y a tant de paramètres à prendre en compte ! En tout cas je suis contente de savoir que mes partages sur le sujet te paraissent accessibles, merci pour ton retour.
Encore un article très intéressant sur un sujet dont on devrait parler bien plus. Tout mon soutien Natasha !
Belle journée à toi
Merci Myriam, belle journée à toi également !
Hello Natasha! Je vais pour une fois être assez « « courte ».
Pour commencer je te remercie pour cet article, bien que j’aie suivi l’affaire à l’époque via tes stories. Comme je pense que tu aborderas encore le sujet, je me demandais si d’aventure tu aurais des ouvrage, podcasts, documentaires etc (y compris en anglais) à nous conseiller ultérieurement pour justement découvrir puis approfondir le sujet de l’appropriation culturelle?
Bien qu’ayant une idée de ce dont il s’agit, j’ai néanmoins de grosses difficultés à l’appréhender dans certains contextes notamment tout ce qui tient des oeuvres artistiques comme la littérature, le cinéma… d’ailleurs j’en discutais avec Tassannee du blog Une française dans la lune qui a eu la bonne idée de mettre en avant sur son blog l’appropriation culturelle dans le cinéma au travers des films américains de la franchise Marvel, entre autres au travers du film Black Panther. Du coup j’ai commencé à creuser le sujet mais l’aspect appréciation/ inspiration me semble parfois très difficile à différencier de l’appropriation culturelle surtout dans une oeuvre de fiction qui cherche à garder des points d’ancrage dans le réel. De la même manière, on ne sait pas toujours comment aborder la tenue ou la coiffure d’une autre culture dans son propre pays mais aussi ailleurs.
Au plaisir de te lire, comme toujours et encore merci de mettre en avant ces problématiques!
Bonjour Estelle,
Je suis en train de faire une liste de ressources utiles sur le sujet, en français et en anglais. Je ne sais pas trop encore où/quand elle sera partagée mais je te tiendrai au courant bien sûr 🙂
Merci pour cet article ! Quel vaste sujet, et qui me semble si complexe !
Je suis assez désolée qu’il faille en arriver là, que cela génère tant d’émotions…
La première fois que j’ai été confrontée au terme appropriation culturelle, je ne l’ai pas trop compris. C’était au sujet d’une femme française blanche, qui s’était peint un bindi sur le front, et je m’étais dit « bah, si elle trouve ça joli, quel mal cela fait-il… » J’ai un peu fait l’autruche…
Merci beaucoup pour la sélection que tu as mise en lien sous un autre commentaire : je m’empresse de jeter un oeil !
Le week-end dernier encore, je portais une robe traditionnelle autrichienne, trouvée en friperie, lors d’un festival de « l’imaginaire » où le cosplay va bon train. Simplement parce que je l’aime beaucoup et que je n’ose pas trop la porter dans ma vie, même festive… Alors avec le recul, ça me questionne…
Déjà, en tant que femme et bi, je me sens pas complètement légitime, j’ai encore l’impression de devoir prouver ma valeur, me battre pour mes droits. Et pourtant, je suis sûre que je ne mesure pas le privilège d’être blanche, valide, riche… (bon, on s’éloigne du sujet initial)
Bref, merci de susciter débats et remises en question ! C’est si intéressant !
Merci de partager tes propres questionnements Marianne.
Je pense que beaucoup de personnes ont du mal à saisir le concept d’appropriation culturelle et les nombreux amalgames qui sont faits par les médias et les individu·es sur les RS participent à cette confusion. D’après ce que je vois, ce n’est pas tant le concept qui est difficile à définir mais c’est plutôt la compréhension des conséquences de l’appropriation culturelle et la remise en question de certaines privilèges qui pose le plus souvent problème.
Bonjour Natasha, pour ma part je ne suis pas certaine d’avoir compris le concept d’appropriation culturelle. Dans la logique mentionnée, cela signifierait qu’on ne peut pas être une femme blanche et par exemple donner des cours de yoga ? Si on est européen on ne peut pas fêter Thanksgiving ou Halloween ? Si on est africain, on ne peut pas faire de la chanson française ? Si on est français, on ne peut pas vendre des sushis, méditer, fabriquer des attrape-rêves, fabriquer des kimonos, chanter du blues (je donne évidemment des exemples gros comme une maison) ? Cela me semble limitant si c’est le cas. Je pense que nous pouvons naître dans une culture et nous sentir appartenir à une autre, nous y intéresser avec honnêteté, suivre des enseignements, ou en partager certains éléments parce qu’ils nous parlent au plus profond de nous. Par ailleurs, en ce qui concerne cette influenceuse, elle est peut-être sincère ? En juger sans connaître son parcours et son histoire, cela me parait être un procès d’intention. Par ailleurs, je ne suis pas sur les réseaux sociaux et je ne comprends pas trop le concept d’influenceur.euse. Le problème dans ce cas de figure n’est-il pas la marchandisation et les logiques commerciales liées à ces réseaux ? Libre à chacun.e de ne pas y être et de ne pas encourager ce genre de pratiques. Pour revenir à l’appropriation culturelle, le monde n’a-t-il pas toujours fonctionné de la sorte ? Des groupes de cultures différentes se rencontrent, échangent, et s’influencent mutuellement. Peu à peu, les éléments d’une culture deviennent partie prenante d’une autre culture. J’ai le sentiment que c’est un peu l’histoire de l’homme. Avec la mondialisation, ce phénomène s’est effectivement accentué, mais c’est aussi ce qui à mon sens fait la beauté du monde et ce qui permet de ne pas rester cloîtré dans son petit univers culturel. Il existe bien entendu des dérives et des méconnaissances (comme depuis toujours), des intentions uniquement marchandes ou parfois malveillantes, mais ça me parait vraiment difficile de juger l’intention d’une personne. Merci pour tes éclaircissements à ce sujet. Bonne journée ! Jane
A
Bonjour Jane,
Je comprends qu’il soit difficile de saisir le sens et les conséquences de l’appropriation culturelle dans son ensemble, surtout que les amalgames ne manquent pas dans les médias et les discours de différents individu·es sur les RS. Je déplore que les concepts d’échanges culturels (qui implique la réciprocité) ou encore d’acculturation soient mélangés à celui d’appropriation culturelle et que certain·es omettent le plus important quand iels évoquent ce concept : l’appropriation culturelle, qui prend ses racines dans les idéologies du racisme et du colonialisme, implique l’usage d’éléments culturels de groupes dominés par un ou plusieurs membres de groupes dominants.
Je trouve personnellement problématique de se focaliser sur l’intention d’une personne sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Si l’on se privait de porter un regard critique sur les personnes qui agissent sans mauvaise intention, alors on fermerait les yeux sur nombre d’actes violents aux conséquences néfastes. Le problème avec l’appropriation culturelle, ce n’est pas l’intention mais les conséquences sur les peuples issus de minorités, de l’exploitation d’éléments propres à leur culture.
Pour mieux saisir le concept, voici quelques ressources en vrac :
– Livre L’appropriation culturelle de Rodney William
– L’épisode 23 « Appropriation Culturelle, l racisme l’air de rien » du podcast Kiffe Ta Race
– « C’est quoi exactement l’appropriation culturelle » – podcast RTS
– Je viens également de tomber sur cet épisode de podcast sur The GoodGoods mais je ne l’ai pas écouté donc je ne sais pas ce qu’il vaut.
J’espère que ces ressources t’aideront à mieux cerner le concept d’appropriation culturel et ses enjeux pour les personnes minorisées.
Bonjour et merci pour ce sujet qui nous permet de prendre du recul sur nos achats, notre éthique au quotidien et les pièges dans lesquels nous pouvons tomber sans même le vouloir ou nous en rendre compte. Je suis intéréssée parle sujet et si tu as un livre ou un/des podcast à conseiller (les plus simples/accessibles possible pour moi qui n’ait pas spécialement de connaissance particulière sur le sujet). Ce sont des questions que je me pose depuis des années et qui m’ont poussé à penser ma pratique en Ayurvéda depuis 3 ans et qui continue à m’intérroger aujourdh’ui. En effet, tu évoques des pistes qui me parlaient déjà et qui me semblent pleines de bons sens quand je les lis sur ton post. Aussi, merci pour cet éclairage important, qui me touche particulièrement à un moment fort de mes réflexions. Au plaisir de les poursuivre nourries de supports sources que tu voudras bien me partager pour le creuser le sujet.
Fanny
Bonjour Santi,
Voici quelques ressources qui j’espère t’aideront à mieux cerner le concept d’appropriation culturelle.
– Livre L’appropriation culturelle de Rodney William
– L’épisode 23 « Appropriation Culturelle, le racisme l’air de rien » du podcast Kiffe Ta Race
– « C’est quoi exactement l’appropriation culturelle » – podcast RTS
– Je viens également de tomber sur cet épisode de podcast sur The GoodGoods mais je ne l’ai pas écouté donc je ne sais pas ce qu’il vaut.