Enfin !
Enfin, un ouvrage sur la cause animale qui ne parle pas que de souffrance animale mais aussi de l’intelligence et de la sensibilité des animaux.
Enfin un ouvrage qui ne parle pas que de l’irresponsabilité et de la cruauté de certains êtres humains mais aussi de notre devoir moral et de notre pouvoir réparateur.
Enfin un ouvrage qui ne parle pas que de viande, d’oeufs et de lait, mais de toutes les espèces animales victimes de souffrances causées par l’Homme.
Enfin un ouvrage qui ne se contente pas de nous donner des chiffres et des exemples mais qui nous met face à l’image que ces faits renvoient de l’Homme.
Enfin un ouvrage qui ne fait pas seulement appel à nos émotions, mais aussi et surtout à notre raison.
En s’appuyant sur les travaux, expériences, théories et arguments d’évolutionnistes, d’éthologues, de philosophes et de scientifiques, en nous donnant des exemples banals ou singuliers du passé et de l’actualité, et en nous parlant de raison et de moralité, Matthieu Ricard nous offre avec Plaidoyer pour les animaux, le livre le plus complet, le plus perspicace et le plus prégnant qu’il m’ait été donné de lire sur la cause animale
Voici un aperçu des sujets traités au fil des 12 chapitres de cet admirable ouvrage.
Dans ce premier chapitre, Matthieu Ricard nous emmène à travers le temps et le monde pour mieux comprendre l’évolution de la relation entre les Hommes et les animaux dans différents contextes. J’ai trouvé ces premières pages fort intéressantes puisqu’elles permettent de réaliser que l’exploitation dévastatrice des animaux par l’Homme telle qu’on la connaît n’a pas toujours existé et n’est d’ailleurs pas tolérée dans certains contextes légaux et/ou socio-culturels.
J’ai mis très longtemps à savoir les conditions de souffrances épouvantables dans lesquelles vivent et/ou sont tués la majorité des animaux exploités pour leur chair, leur peau, leurs différents atours et talents. À la découverte de ces horreurs, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’exceptions et de problèmes lointains alors que ce n’est guère le cas… Si de nombreuses personnes ignorent encore ces problématiques aujourd’hui ou dénient leur ampleur et leur gravité, c’est notamment parce que tout est fait pour nous cacher la vérité. Matthieu Ricard explique comment, en fermant la porte des élevages et des abattoirs au public, aux associations de protection animale et aux journalistes, en utilisant un langage plein d’euphémismes pour décrire le traitement des animaux ou encore en nous inondant de publicités mensongères, les industries responsables de ces atrocités continuent de faire croire que les animaux exploités par les êtres humains sont choyés leur vie durant avant de mourir paisiblement au milieu d’un champs de verdure…
On reproche souvent aux personnes qui défendent la cause animale d’être des “hypersensibles” ou bien au contraire, d’être insensibles aux “vrais” problèmes du monde… Pourtant, les motivations qui animent les défenseurs de la cause animale sont multiples : motivations écologiques, humanitaires, éthiques et/ou sanitaires… Car, comme expliqué par Matthieu Ricard, lorsqu’on choisit un régime alimentaire et/ou un mode de vie limitant l’exploitation des animaux, on améliore en même temps le sort de la planète, la vie de millions d’êtres humains et notre propre santé.
Comme dans de nombreux autres ouvrages consacrés spécifiquement à l’impact éthique et écologique de la consommation de viande, Matthieu Ricard nous dévoile dans ce chapitre l’effroyable réalité qui se trouve derrière tous types d’élevages et de pêches, que ce soit dans le monde du bio ou pas. À l’appui de chiffres et de descriptions, il démontre l’impact écologique et les implications éthiques de la consommation d’animaux et de produits d’animaux issus de l’élevage industriel.
- “Nous avons le droit d’exploiter les animaux comme bon nous semble car nous sommes beaucoup plus intelligents qu’eux.”
- “Nous devons de toute façon choisir entre eux et nous.”
- “Il y a tant de problèmes plus graves qui affectent l’humanité.”
- “Les animaux ne souffrent pas, ou du moins pas comme nous.”
- “Le prédaction et la lutte pour la vie font partie des lois de la nature.”
- “Il faut bien vivre.”
- “L’homme a besoin de manger de la viande pour être en bonne santé.”
- “Nous tenons à nos traditions ancestrales.”
Si vous aussi vous fait des choix permettant de ne plus être complices de la souffrance d’animaux, vous avez certainement entendu ces excuses venant de personnes critiquant ou ne comprenant pas vos décisions… Matthieu Ricard les reprend une à une, et nous montre, à l’appui d’arguments aussi simples que sensés, la faiblesse et l’incohérence de ces excuses.
À travers de nombreux exemples étonnants et fascinants, Matthieu Ricard nous montre que les animaux, contrairement à ce que certains peuvent croire, ne sont pas des êtres vivants pour qui chaque geste est instinctif. Bien au contraire, c’est au fil du temps et des expériences, à force d’observation et d’apprentissage, qu’ils acquièrent des réflexes, des compétences et des comportements leur permettant de se nourrir, de communiquer, de jouer, de se déplacer etc. et de s’adapter à différents contextes et situations. En effet, on a observé chez plusieurs espèces le développement de cultures animales.
Beaucoup de défenseurs des droits des animaux comparent le traitement qui est infligé aux animaux exploités et tués par l’Homme à des génocides. Bien que cette analogie puisse choquer certains et qu’il y ait bien évidemment des différences intrinsèques au cas des animaux et à celui des humains, Matthieu Ricard démontre qu’il existe des similarités dans ces deux types de tueries de masse. En effet, autant dans la pratique que sur le plan éthique, les zoocides sont aussi révoltants et ignominieux que les génocides.
En faisant le point sur les différents éléments qui rentrent en jeu lorsque nous faisons face à un choix éthique (émotions parfois viscérales, raisonnements sur les tenants et les aboutissants, normes sociales, religieuses et philosophiques) ainsi que sur les différentes formes d’éthique (déontologique, conséquentialiste, éthique fondée sur la vertu), Matthieu Ricard nous montre la complexité de la moralité chez les êtres humains. Pour lui, qui reprend les mots de Gary Francione, nous souffrons d’une véritable “schizophrénie morale” quant il s’agit de notre relation aux animaux.
Alors que l’on parle de plus en plus des conditions dans lesquelles est élevée et tuée la majorité des animaux qui finissent dans nos assiettes, qu’en est-il de ceux qui naissent, vivent et/ou meurent dans les laboratoires, au nom de la Science et du progrès ? Ce chapitre lève le voile sur les expérimentations les plus aberrantes et superflues pour lesquelles certains chercheurs maltraitent les animaux. Il attire également notre attention sur les risques liés aux tests sur les animaux pour la santé des humains ainsi que sur les alternatives fiables qui existent pour faire avancer les recherches médicales sans nuire à la vie d’autrui.
Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soutient le trafic de la faune sauvage… Et pourtant, les faits décrits et les chiffres donnés par Matthieu Ricard montrent que c’est un trafic d’une ampleur incommensurable. Au nom de différentes médecines traditionnelles, pour l’amour des produits de luxe, par simple superstition ou afin de répondre à la demande du marché des Nouveaux Animaux de Compagnie, des centaines de millions d’animaux sont arrachés à leur milieu naturel, mutilés, exploités ou abattus chaque année dans des conditions de souffrances inimaginables.
À travers ce chapitre qui est le plus long du livre, Matthieu Ricard nous montre jusqu’à quel point les êtres humains sont prêts à faire souffrir les animaux, pour répondre à leurs grands et petits plaisirs. Au fil de ces 46 pages, il nous présente les différents contextes dans lesquels les animaux sont utilisés, maltraités, isolés, enfermés, confinés, dans le seul but de nous divertir et pour nos loisirs– zoos, cirques, parcs d’attractions, corrida, chasse et pêche d’agréement, chasse à courre etc. Il s’attarde longuement sur la corrida en reprenant et questionnant méthodiquement quelques uns des 50 points avancés par le philosophe Francis Wolff pour justifier l’existence de cette attraction.
Pour terminer, Matthieu Ricard se penche sur la question des droits des animaux ainsi que sur la notion de moralité et son application. Comme il l’explique, il ne s’agit pas de donner les mêmes droits aux animaux qu’aux êtres humains. Il s’agit néanmoins de reconnaître que les animaux sont des êtres sensibles, et que, quelle que soit leur espèce, ils ont des besoins essentiels à leur bien-être et ils ne sont pas immunisés contre la souffrance. Il s’agit aussi et surtout de reconnaître qu’en tant qu’êtres humains doués de raison et du pouvoir de protéger ceux qui sont plus vulnérables que nous, il est de notre devoir de faire preuve de moralité et d’user de notre position pour préserver, plutôt que détruire la vie.
Cet ouvrage est vraiment bien documenté et nous permet d’en apprendre plus sur les différents contextes dans lesquels sont exploités les animaux, tout en nous incitant à questionner notre propre manière de raisonner et d’appliquer nos valeurs. Bien que très complet, je regrette que Matthieu Ricard n’expose pas la question des élevages d’animaux domestiques et de l’industrie textile. J’aurais également aimé avoir son point de vue sur les élevages de petite échelle ainsi que sur la consommation de viande dans les contextes où la nourriture locale est privilégiée ou quand c’est la seule source de protéines disponible.
Cela dit, Matthieu Ricard aborde en profondeur grand nombre de sujets délaissés ailleurs et son essai reste à mes yeux le plus complet et le meilleur (que j’ai lu) au sujet de la cause animale, le seul qui mettent intelligemment en avant “l’incohérence qui existe entre nos pensées, nos sentiments profonds et nos comportements” (p.300).
Ce n’est pas seulement un Plaidoyer pour les animaux mais aussi et surtout un Plaidoyer pour un monde plus humain.
C’est un livre à offrir à quiconque dit rêver d’un monde en paix et d’un monde meilleur… ils/elles y trouveront quelques pistes pour savoir par où commencer…
Si vous voulez en savoir plus sur l’auteur, je vous conseille l’article de Pauline du blog Un invincible été.
Tu consacres un article à un livre : on se rejoint alors 🙂
Ce n’est pas mon 1er article au sujet d’un livre 😉
On m’a offert ce livre pour Noël, je le trouve très complet et j’aime le fait qu’il pose de vraies questions sans culpabiliser le lecteur, c’est un ouvrage d’une grande humanité. Tout le monde devrait le lire ! Maintenant quand on me demande pourquoi je suis vegan, je tends le livre. C’est plus simple que de palabrer pendant des heures.
Comme toi je pense que tout le monde devrait lire le livre ! Et je préfère aussi re-diriger les personnes qui me questionnent vers des livres pour les aider à comprendre mes choix…
Très intéressant, cela m’a donné envie de le lire! 🙂 J’aime beaucoup l’image de fin sur le fait qu’il s’agit simplement de « aussi » s’occuper des animaux. Je pense que le problème de fond, c’est la violence. Et quand on combat pour protéger les animaux, on s’attaque au cœur du sujet car on considère que comme « on est supérieurs » on a le droit d’être violent envers ces êtres. Mais tout commence quelque part, et si on est capable de soumettre d’autres êtres vivants à l’esclavage, et bien il en faut peut pour le faire avec les êtres humains que l’on considère inférieurs également, et c’est exactement ce qu’il se passe.
L’excuse qu’il y a d’autres problèmes plus important m’irrite au plus profond de moi même car au contraire, prendre « aussi » en compte les animaux, c’est avoir conscience que le monde ne s’arrête pas à l’espèce humaine. C’est considérer l’interconnexion des différents écosystèmes, espèces, cultures etc. C’est faire preuve de compassion et aller plus loin que le simple plaisir égoïste. C’est faire un grand geste pour apaiser le monde dans lequel on est. Et c’est aussi toucher à d’autres problèmes de société, comme la faim, la misère, l’égalité car encore une fois tous les problèmes sont liés.
Merci d’avoir pris le temps de nous résumer tout ça!
Ce « aussi » fait vraiment toute la différence en effet… C’est bien pour ça que j’ai choisi de mettre cette citation en avant 😉 Je pense que cette lecture te plaira beaucoup !
Matthieu Ricard <3
J’ai commencé par Plaidoyer pour le bonheur, enchaîné avec L’art de la médiation… puis Plaidoyer pour les animaux. Matthieu Ricard a vraiment le don de faire passer des messages forts, importants et réconfortants. Alors oui : ❤ !
c’est qu’il ne passe pas dans ma poche, sinon l’art de la méditation je l’aurais tt le temps sur moi !!! 😀
J’aimerais bien avoir Plaidoyer pour les animaux en format mini-mini-pocket moi, pour le sortir à chaque fois qu’on questionnera mes choix !
Ca fait longtemps que j’ai envie de le lire ce livre. Et puis j’ai peur. Une petite peur d’avoir du mal à le lire rapidement car « trop bien écrit » pour moi. Et surtout une grande peur de découvrir des choses que je n’ai pas vraiment envie de savoir. J’ai déjà fait mon choix, et j’évite le sujet du pourquoi du comment avec mon entourage, en dehors des personnes bienveillantes que je côtoie – et qui donc, si elle ne sont pas d’accord avec moi, ne vont pas me juger ou essayer de me faire changer d’avis à coup d’arguments clichés.
Mais au fond, peut être que sa lecture me rendrait plus forte, plus sure de moi. Tu sais, comme quand on fait quelque chose parce que on sent que c’est la bonne chose à faire et qu’un jour, longtemps après, on découvre au hasard pourquoi c’était si bien.
Merci pour ta critique détaillée et très claire, qui me donne envie de lire ce livre. ll me reste à chercher la motivation. Mais ça, ça ne tient qu’à moi de la trouver 😉
Je comprends et partage certaines de tes peurs. Personnellement, je n’arrive à profiter pleinement des livres de ce genre qu’en les lisant 2 fois : la première, à mon rythme, dans un lieu et cadre confortable et la 2ème avec un carnet et un stylo à la main pour prendre des notes… Car je trouve que sinon je passe à côté des 3 quarts des infos et des idées, tant ces livres sont riches et tant ils soulèvent d’émotions. Pour ce qui est de la peur de ce que tu vas y découvrir, l’avantage de Plaidoyer pour les animaux est la précision de la table des matières : tu verras quand tu le feuilletteras à la bibliothèque/librairie, elle te permet de savoir très précisément quels sujets sont abordés et donc de te faire une idée de la quantité de passages que tu préfères ne pas lire. Bien qu’il y ait de tristes histoires et quelques horribles descriptions dans certains chapitres, ce qui a été le plus pénible pour moi a été de découvrir l’insensibilité, la cruauté et la méchanceté dont pouvaient faire preuve certains êtres humains. J’étais effondrée après la lecture des chapitres au sujet de la faune sauvage et de l’expérimentation animale, j’ai beaucoup pleuré… Même si j’y ai lu des choses que je savais déjà, j’ai découvert des horreurs dont j’étais loin de me douter… Mais lire ce genre de livre est important pour moi car je me sens très vulnérable quand on me questionne sur mes choix et le fait de pouvoir faire référence à ce genre d’ouvrage me permet de mieux élaborer mes arguments ou de simplement pouvoir dire « je vous conseille ce livre si vous voulez comprendre mes choix ». Même si je n’aborde jamais le sujet par moi-même, dès lors qu’on sait que je mange végé, j’ai forcément droit à des questions… Alors j’ai besoin de m’accrocher à ce genre de références pour pouvoir y faire face. Si jamais tu décidais de le lire, je le le prêterai avec plaisir lors de mon prochain passage à Grenoble (et tu pourras le garder plus de 2 semaines cette fois-ci 😉 !). L’autre chose c’est que je n’ai personne qui partage entièrement mes choix et convictions autour de moi alors ça me fait aussi du bien de lire ce genre de livre, pour me rappeler que je ne suis pas seule à vouloir aller jusqu’au bout de mes valeurs 🙂
Je ne suis pas sûre de le lire… Parce que je connais déjà pas mal de choses sur le sujet. Après avoir lu Doit-on manger les animaux ? De Jonathan Safran Foer j’ai appris beaucoup, ça m’a chamboulée mais la réalité quotidienne de la vie en couple m’a vite rattrappée et mes projets (de végétarisme) se sont évanouis… Je suis hyper sensible à certains problèmes, encore dernièrement lors d’une réunion de mon groupe d’association de protection animale, au point d’avoir un impact profond sur mon psychisme. Alors parfois oui, on ferme les yeux, pour se préserver soi-même…
J’avoue que même si je connaissais un nombre de choses au sujet de la cause animale avant de commencer à lire ce genre de livres, et que l’on retrouve pas mal d’infos similaires dans les uns et les autres, j’ai appris beaucoup de choses dans ce livre-là qui se démarque vraiment des autres que j’ai lus, non seulement dans sa manière d’aborder le sujet, mais aussi dans les exemples qu’il donne, et la quantité de thèmes qu’il aborde. Si je ne devais garder qu’un seul livre dans ma bibliothèque, ce serait celui-là car c’est le seul dont je relirai des passages avec plaisir et qui me semble accessible à tous genres de lecteurs/lectrices. En tous cas je comprends parfaitement ce que tu veux dire quand tu parles de la ‘réalité quotidienne’ qui t’a rattrapée et aussi l’impact de ces prises de conscience sur ton psychisme. Je me sens extrêmement épuisée mentalement et moralement ce mois-ci… beaucoup de larmes ont coulé et coulent encore et je pense que ce n’est que le début d’un grand chamboulement car contrairement à toi je sens que si je veux me préserver moi-même j’ai besoin d’aller au bout de mes idées. Mais on a chacun-e différentes manières de se préserver… et l’essentiel est de savoir comment. J’espère que l’association de protection animale dont tu fais partie t’apportes aussi un certain réconfort.
En fait, je veux aller jusqu’au bout de mes idées, du moins le plus possible (je pense avec un certain recul que ce ne sera pas faisable dans mon contexte actuel et ce n’est pas fondamentalement grave, l’essentiel étant de se retrousser les manches et de faire autant et aussi bien qu’on peut) parce que justement c’est moi, ce sont mes valeurs. Cependant, tout comme on doit comprendre que les animaux et nous vivons dans le même monde, on doit aussi faire avec les gens qui nous entourent et ils ne sont pas forcément prêts à nous suivre ou à nous supporter car leurs valeurs prioritaires ne sont pas forcément les mêmes ni leur sensibilité ni leur culture… Malgré tout on peut s’entendre sur d’autres points très importants et au final on se retrouve a faire des concessions sur les autres points sinon on vivrait en guerre permanente. Je ne suis pas sûre que pour trouver un certain équilibre personnel cela veuille dire de ne tenir compte que de soi, que de l’autre ou que des animaux et d’oublier nos semblables (ce que je reproche à beaucoup de personnes du milieu de la protection animale) ou nos proches dans l’équation. Et c’est pour ça qu’elle est si difficile à résoudre pour tous ceux d’entre nous qui veulent justement améliorer les choses d’autant que les gens n’aiment pas être brusqués.
Actuellement, je cherche les alternatives possibles dans les limites qui me sont imposées pour améliorer la vie selon mes valeurs sans toutefois l’imposer complètement aux autres tout comme je refuse qu’on m’impose complètement les siennes. Mais ça ne se fait pas d’un coup d’un seul. Ce qui est négatif, j’essaie de le contrebalancer par quelque chose de positif. Exemple: je suis à la campagne et ça m’oblige à beaucoup commander des tas de choses introuvables par ici (comme des hydrolats bios vendus en bouteille en verre, ou des produits de beauté naturels, etc), en compensation du carbone lié au transport on sort relativement peu de chez nous et on ne prend l’avion que tous les deux ans sur des vols Européens. Le mieux ce serait de ne pas commander, de se passer des choses, ce n’est pas possible. Avec les animaux c’est pareil: je ne suis pas végétarienne mais je fais les menus donc j’inclus autant que possible des plats végé; quand un insecte se retrouve dans la maison je le laisse faire sa vie, s’il n’est pas le bienvenu je le prends et je le mets à l’extérieur; je remplace les pièges à mites par des répulsifs naturels, etc. Et je suis en effet dans une asso de protection de la nature en tant que bénévole. Mais même là dans une telle asso c’est dur de voir des résultats, parfois on n’a aucun impact et je me pose aussi la question, quand je vois les autres membres consommer de la viande (dont d’un animal comme le cheval), de la cohérence, sans faire de jugement. Certes en terme de « danger », le monde sauvage est beaucoup plus fragile et menacé de par la difficulté voire l’impossibilité de le sauvegarder via une gestion de type élevage, mais malgré tout, ça me fait « bizarre » sur le plan éthique qu’on défende le monde sauvage et la biodiversité et que parallèlement on supporte l’industrie de la viande, de la pêche, etc… Et ça me renvoie du coup à mes propres incohérences, ça les mets d’autant plus en avant. Et à la question de la différence.
Enfin je m’interroge sur les notions de détachement et de souffrance. Celle-ci fait partie du monde. N’est-il pas vain de vouloir la supprimer? Est-ce seulement possible? La réduire? Certes, mais selons quelles règles, quels principes, pour qui et jusqu’où s’arrête-t-on? Voilà, de quoi passer une vie à réfléchir tout compte fait sans avoir la certitude d’une réponse… 😉
J’ai une liste de livres très longue sur l’éthique animale, l’éthologie, l’environnement etc parmi une autre liste gigantesque de lectures donc celui-ci, je ne sais pas encore ce qu’il en sera (je ne lis pas assez vite) mais en tout cas grand merci de l’avoir proposé et commenté car même sans l’avoir lu, tu vois, cela fait déjà pousser la réflexion. Merci pour tout Natasha. 🙂
Je partage entièrement ta vision des choses concernant le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’aller jusqu’au bout de ses valeurs mais aussi de trouver un équilibre pour que nos convictions ne deviennent pas des barrières sociales ou des sources de frustrations qui nous pèsent, nous isolent, nous donnent un sentiment de manque et nous rendent (encore plus) malheureuses… Je crois qu’il arrive un moment où face à certains choix il faut se poser la question suivante : qu’est-ce qui me pèse le plus entre faire un choix qui va à l’encontre des « normes » socio-culturelles ou faire un choix qui va à l’encontre de mes valeurs ? Parfois, cela reste malgré tout difficile de trancher car tant de paramètres rentrent en jeu… Mais au bout d’un moment, d’après mon expérience, la balance fini toujours par peser plus d’un côté que de l’autre, ce qui peut aider à prendre certaines décisions. Je ne pense pas qu’on puisse supprimer la souffrance, quelle qu’elle soit. Pour cela il faudrait d’abord que chacun soi en paix avec lui/elle-même et même une vie ne suffit pas pour ça (enfin peut-être que si je suis encore là dans 50 ans, j’aurai un avis différent sur la question !). Je suis contente que ces échanges (nous) permettent d’avancer dans nos réflexions 🙂 Merci à toi, pour ces partages plein de sincérité, de questions intéressantes et pertinentes.
Merci pour cet article. Je n’ai pas lu le livre mais le « l’humanité à de plus graves problèmes » je connais et je n’ai jamais compris l’argument. Ne pas être capable de voir le lien entre les deux me dépasse! Sur le même sujet, je te conseille l’excellent « Bidoche » de Fabrice Nicolino
Merci pour ta recommandation ! Le problème c’est que beaucoup de personnes voient encore le monde divisé en 3 : l’environnement, les êtes humains et les autres animaux… tant qu’elles n’auront pas compris que nous sommes tous liés et que notre bien-être et notre survie dépendent aussi du bien-être des espèces végétales et animales qui nous entourent, elles nous ressortiront ce bien faible argument !
J’aime bien quand tu dis « notre bien-être et notre survie dépendent aussi du bien-être des espèces végétales et animales qui nous entourent »
C’est bien de penser aux végétaux aussi mais il y a encore du chemin à parcourir.
Sans cette biodiversité végétale, on ne survivrait pas… alors espérons que l’on prendra conscience de cela très très vite 😉 !
J’avais déjà vu ce livre dans les rayons des librairies, sans le toucher. Sans doute dur de tendre la main vers quelque chose qui va m’obliger à affronter la réalité, à ouvrir les yeux. Mais enfin, j’essaie d’ouvrir les yeux depuis quelques temps, autant aller jusqu’au bout, personne ne m’oblige à lire le livre d’une traite.
En tout cas ton article m’a vraiment donné envie de le lire, peu importe le temps qu’il me faudra pour.
Et puis : “Les animaux ne souffrent pas, ou du moins pas comme nous.” ; la partie « ou du moins pas comme nous », quelle horreur… Je trouve ça assez effarant de lire ça. Espérons que les choses changent de plus en plus, grâce à des livres de ce genre, à des blogs comme le tien, etc.
Bon courage pour la suite.
Merci… car du courage, je sens que je vais en avoir de plus en plus besoin. Une fois qu’on a ouvert les yeux sur la réalité, qu’on sait, qu’on est conscient, il n’y a pas de retour en arrière possible… et aller de l’avant avec nos convictions ‘hormes normes’ dans le contexte socio-culturel dans lequel on vit est vraiment difficile je trouve. C’est un cheminement long et solitaire… J’espère que cette lecture t’apportera autant qu’elle m’a apporté ! Bon courage à toi aussi !
Ah, je comprends ça, j’ai eu un peu peur ya quelques jours, je lisais le dernier « terra eco », mais j’ai lu que deux articles. J’étais trop énervée, dépitée, etc. Je découvre des tas de choses en ce moment, et c’est assez dur. Comme tu le dis, pas de retour en arrière, ce serait facile, mais je ne peux pas oublier ce que j’ai lu et vu. Je ne veux pas.
Merci en tout cas. 🙂
Je suis arrivé aux toutes dernières pages de ce livre et je félicite l’auteur qu’est Matthieu Ricard ! Ce livre est très enrichissant , il nous apprend beaucoup de choses sur la cause animal, il nous fait prendre conscience du massacre , il nous apprend à être plein de compassion et à être altruiste.
Je le recommande à tous le monde , et je demande à tous aussi de diminuer notre consommation de viande ! Moi je suis entrain de le faire…
On a pas deux cœurs, un pour les humains et un pour les animaux, on a un cœur ou on en a pas !
Merci pour ton avis Vincent 🙂
Ce billet me donne envie de lire le livre ! Merci !
En te lisant, j’ai eu la même impression qu’à la lecture de « Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer. Le livre est centré sur notre rapport à la viande et à la nourriture en général, et parle donc évidemment de l’élevage, de la pêche, de la souffrance animale, etc. L’auteur s’est énormément documenté et, chose appréciable, il ne condamne pas et ne juge pas. Il a été rencontrer de nombreux intervenants du secteur, tant les éleveurs industriels que les fermiers bio, mais aussi sa grand-mère qui a eu faim pendant la guerre et pour qui la viande est précieuse, etc. Au final, un ouvrage d’une grande richesse, qui pose les bonnes questions sans nécessairement apporter de réponse (ou alors seulement des éléments de réponse) et abordant la question sous de nombreux angles différents. Je le conseille vivement !
Je suis justement en train de lire le livre de J. Safran Foer et je l’apprécie beaucoup pour toutes ces raisons 🙂
Je l’ai lu et en fait la question posée est très personnelle d’où le fait que l’auteur ait sa réponse à lui mais pour le lecteur c’est au final à ce dernier de faire la démarche et d’y répondre, et c’est une question pertinente. Il y a des passages forts, celui sur le lisier du cochon, notamment et les morts occasionnés, l’éleveur de dinde bio de qualité supérieure, les problèmes, qu’on connaît aussi, des abattoirs peu nombreux mais très grands et qui sont de véritables usines sur lesquelles les producteurs n’ont aucune prise (par exemple le petit producteur du coin a en principe l’obligation de faire abattre son animal dans l’abattoir le plus proche, causant ainsi du stress à ses bêtes lors du transport et ne décidant aucunement du mode d’étourdissement, s’il existe, et de la façon dont les bêtes sont mises à mort; il est aussi obligatoire en principe d’apposer un numéro et une date sur les oeufs; je peux vous dire que sur les marchés rares sont ceux qui respectent ces consignes, nous empêchant du coup d’avoir une petite idée du type d’élevage…). L’image du génocide est importante ici car l’auteur est d’origine juive, il évoque les similitudes d’ailleurs entre industrie automobile et construction en série avec le système à la chaîne des abattoirs et le transport et la mort des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Raison pour laquelle le terme ne me paraît pas étranger dans le livre de Matthieu Ricard… Faut-il manger les animaux est un super bouquin mais difficile, certaines situations ne sont pas comparables au mode de fonctionnement en France d’ailleurs et il ne facilite pas toujours la démarche finale. A nous de faire notre propre cheminement, mais combien de portes d’abattoirs ou d’élevages pourront nous véritablement ouvrir pour nous rendre compte du problème de nos propres yeux?