Émilie fait partie de ces belles rencontres « virtuelles » que m’a permis de faire le blog et c’est toujours un plaisir de lire ses commentaires réfléchis et bienveillants, écrits pour le plaisir de laisser quelques mots gentils ou le désir de partager son point de vue et soulever des interrogations qui poussent à la réflexion et m’amènent toujours à considérer un angle que je n’avais pas considéré jusque-là…
Lorsque j’ai présenté le programme des éco-défis de 2015, en plus de me faire part de son enthousiasme pour les thèmes de l’année, Émilie m’a laissé en commentaire pour me proposer de m’aider à préparer l’éco-défi au sujet du bien-être et de la protection des animaux qui se tiendra en mars. C’est donc avec plaisir que nous échangeons depuis plusieurs semaines à ce sujet et en attendant le lancement officiel de ce nouvel éco-défi, je souhaitais vous présenter mon adorable collaboratrice !
Émilie est biologiste spécialisée en écologie et elle fait actuellement sa thèse sur les liens qui existent entre la biodiversité des espèces d’insectes et deux services écosystémiques: la pollinisation et le contrôle des ravageurs en culture. Elle tient également un tout jeune blog plein de promesses: Nous sommes tous des graines, pour passer « des idées aux actes », réfléchir ensemble aux problématiques socio-environnementales et proposer des solutions. Émilie est aussi sensible à la cause animale et je lui ai donc posé quelques questions pour en savoir plus sur ses expériences et ses motivations pour contribuer à l’éco-défi du mois prochain…
Quelles sont les expériences, dans ton enfance ou plus récemment, qui ont éveillé ta conscience sur l’importance de se soucier du bien-être des animaux?
Parmi tant d’autres choses, je dois mon éveil au bien-être animal à mes chats. Depuis que je suis née, on a toujours eu au moins un chat à la maison (5 actuellement). Notamment mon grand chat de presque 18 ans, Figaro.
Comme beaucoup d’enfants, j’étais du genre à ne pas tenir compte de la consigne “ne pas toucher”. J’ai toujours aimé manipuler, sentir la texture d’un objet ne serait-ce que de la pulpe du doigt. Alors imagine une petite fille de 6 ans avec un chaton de 6 semaines, tout mignon, si doux… mais avec un de ces caractères ! On a appris à se découvrir l’un l’autre, on a tissé un lien très fort. Et grâce à lui, j’ai dû apprendre à m’entendre avec une autre espèce qui ne partageait pas mon langage. Il m’a initiée à l’observation. Il m’a ouvert une porte qui dépasse largement l’espèce humaine et m’a montré que nous ne sommes pas les seuls détenteurs de besoins, de sensibilité, de personnalité. Il fallait être attentif et à l’écoute, différemment.
Je me souviens que, vers cet âge-là, j’aimais beaucoup aller au cirque parce que justement il y avait des animaux – et que les animaux, c’est beau et fascinant pour un enfant. Puis, une fois, devant le numéro avec les panthères noires (Figaro est un chat noir que j’ai l’habitude de comparer à une panthère), j’ai été choquée. Ça me choquait qu’on puisse forcer des panthères à ces tours, ces beaux félins qui me faisaient tant penser à mon chat noir que j’avais appris à respecter, à écouter. J’ai transposé mon comportement à ce que je voyais, et je n’ai pas aimé contribuer à quelque chose que je ne cautionnais pas: à mes yeux, un manque de respect de l’animal. En sortant, j’ai déclaré à ma mère que je ne voulais plus aller au cirque. Mon grand chat noir m’a inculqué le respect des autres êtres-vivants au départ d’une grande dose d’interactions, de beaucoup d’observations et de questionnements.
Tes prises de consciences t’ont-elles poussé à questionner et/ou changer certaines de tes habitudes?
Oui, et je suis toujours en train de me questionner beaucoup. Un exemple concret: l’huile de palme. L’horreur des plantations d’huile de palme et le sort des animaux (en plus des dégâts écologiques) ont placé cette huile en haut de la liste noire des ingrédients à bannir.
Actuellement, je suis face à deux grandes questions. Mon végétarisme (à la base pour raison écologique et non éthique) qui exclut la viande mais intègre toujours le lait, à mes yeux plus source de souffrance que la viande. Cependant, ne considérant pas l’option du végétalisme et vivant à deux, je n’ai pas (encore) de solution satisfaisante.
Le second questionnement concerne la collecte de données ( càd capturer des insectes et les tuer) pour ma thèse de doctorat. Il me faut de suffisamment d’insectes pour avoir des statistique fiables et le manque de moyens et de terrain est une limite à un minimum d’éthique.
Qu’est-ce qui t’a motivé à contribuer à cet éco-défi? Qu’espères-tu accomplir pendant ce mois?
Quand tu as parlé des éco-défis de l’année, j’ai simplement voulu t’aider. Appréciant énormément ton travail sur Échos verts, ça m’enchantait de partager des infos avec toi – et les autres- sur le monde animal. Par conséquent, j’ai envie de vous montrer diverses facettes incroyables, fascinantes et méconnues du monde animal.
Pour terminer, pourrais-tu partager avec nous une histoire en lien avec le thème du mois ou bien nous présenter une personne ou une association engagées dans la protection animale qui t’inspirent particulièrement?
Quand on parle de protection animale, je pense immédiatement à Chanee – Aurélien Brulé- qui a mis en place l’association Kalaweit. Lui et toute son équipe oeuvrent pour protéger les gibbons en Indonésie. C’est sa passion des singes qui l’a mené jusque-là alors qu’il n’avait même pas 20 ans. Ce que j’admire, c’est qu’au-delà des animaux, il a travaille énormément sur l’aspect humain: sans les habitants de la région, impossible d’oeuvrer correctement. Il s’est donc intégré du mieux possible, à adopter une part de leur culture, s’est ouvert à leurs besoins (notamment en aidant la mise en place d’une école). Et tout cela porte ses fruits!
Retrouvez Émilie sur son blog Nous sommes tous des graines et sur sa page Facebook.
Je vous invite également à vous inscrire pour relever l’éco-défi du mois de mars avec nous : Apprendre à connaître, respecter et protéger les animaux.
Quel beau témoignage. Je suis ravie d’en avoir découvert plus sur toi Emilie. Je trouve ta relation avec ton chat très touchante. 🙂 Ce défi de Mars nous promet plein de belles choses !
Merci Clémentine. Remercions aussi Natasha qui sait très bien choisir ses questions ! Et qui offre ainsi un bel hommage à mon grand chat que j’ai dû laisser partir ce week-end.
On se retrouve en mars … ou peut-être un peu avant 😉
<3
Merci Résé pour ta présence <3
C’est une bien belle histoire que ton histoire avec Figaro… (D’ailleurs, je viens de finir Le mariage de Figaro, alors ça me faisait drôle de trouver le nom de ton chat ici!) C’est bien vrai qu’un animal qui partage ta vie aussi intimement, ça change ta façon de les considérer… J’ai eu mon premier animal seulement à 18 ans et avant ça, si j’étais déjà végétarienne, c’était plutôt pour des raisons écologiques… Et bien ce serait mentir de dire que c’est toujours la seule raison, parce que franchement, je ne peux plus qu’imaginer les animaux comme des êtres à part entière que l’on ne peut pas utiliser comme bon nous semble…
C’est bien agréable d’en apprendre un peu plus sur Émilie et je trouve que cette collaboration est des plus prometteuse! Vivement mars!
Merci Kolibri ! Oui, quand tu vis avec des animaux, l’éthique joue une part importante même s’il faut dépasser la frontière animal de compagnie/animal de rente. Pour ça, je te conseille – si tu ne l’as pas encore lu- « Faut-il manger les animaux? » de Jonathan Safran Foer.
Oui, je l’ai déjà lu! Et après l’avoir fini, j’avais vraiment envie de le faire lire à tout le monde!
ps: Tout plein de courage et de douceur. La disparition d’un petit animal au pelage noir, ça laisse un bien grand vide, que ce soit chat ou lapin. Je t’envoi plein d’amour.
Emilie c’est Emi Pech?
Ça me plait bien de découvrir les univers des lectrices/blogueuses, merci de partager avec nous.
Vous m’ouvrez à d’autres univers de réflexions!
Oui, bonne déduction ! 😉
C’est très intéressant d’en connaitre un peu plus sur Emi! Ta thèse a l’air tout à fait passionnante, bon courage!
Merci Sarah ! C’est un grand sujet en effet, plein d’idées et de contacts.
Je suis contente de te connaître ainsi un peu mieux Émilie, j’en profite pour te dire que j’aime beaucoup ton blog, et je me réjouis de votre collaboration à toutes les deux pour ce nouveau défi autour d’un sujet qui m’est cher. Je pense à ton grand Figaro et à toi Émilie…
Merci beaucoup Béa: la blogosphère est un monde d’échange incroyable que dynamisent encore plus les défis comme ceux que proposent Natasha et Clémentine.
Un témoignage fort d’engagements. Parmi les insectes pollinisateurs que tu étudies, t’intéresses-tu aux abeilles ? dans ce cas continueras-tu à consommer du miel ?
J’ai eu des ruches et suis très sensible à la défense écologique des abeilles.
Non, comme pollinisateurs je m’intéresse aux syrphes (qui font partie des mouches). Nous les avons choisi pour leur double rôle: les adultes consomment nectar et pollen et jouent donc un grand rôle dans la pollinisation et les larves de certaines espèces sont prédatrices de parasites des cultures (comme les pucerons).
Je continue de consommer du miel que je privilégie local et si possible de personnes dont je connais les technique de collecte (pas toujours évident à trouver).
Oh ! ce doit être passionnant, je n’ai jamais entendu parler de ces insectes qui ont un double rôle !
Pour le miel, je consomme aussi le plus local possible ou du miel de montagne, moins exposé aux polluants (normalement …) quant à l’extraction elle doit être à froid, bien sûr !
Merci pour tes réponses et bonne continuation 🙂
Un grand bol de fraîcheur! Merci!
Merci et belle journée sous les cieux irlandais 😉
Merci pour ce témoignage très touchant vis à vis des animauxc et de cette relation construite avec son chat à long terme. Et puis, c’est toujours intéressant de connaître un peu mieux les écolos-blogueuses car nous sommes pas encore assez nombreuses, mais toutes différentes 🙂 Je vais donc de ce pas aller sur son blog 🙂 Et puis suivre l’éco-défi de près !
Merci Flore pour ton gentil commentaire, ainsi que pour tes jolis idées créatives !
Au plaisir de te lire durant l’éco-défi 😉
Je suis ravie de découvrir une nouvelle blogueuse avec de belles idées en tête! Ton cheminement prouve encore une fois qu’il suffit de s’arrêter quelques minutes et bien regarder autour de soi pour voir qu’il est possible de vivre en cohérence avec ses convictions. Bravo! Hâte de voir la suite de cet éco défi!
Merci Emma ! Etre en parfaite cohérence avec ses convictions, je pense que ce n’est pas toujours possible: il y a des compromis à faire, tout simplement parce qu’on ne vit pas seul. Mais c’est vrai que je suis partisane du « si je le pense, que c’est faisable, alors pourquoi ne pas le faire? ou du moins tenter. »
On a tout à gagner de sortir de certains schémas socialement majoritaires 😉
Un témoignage touchant et intéressant, c’est vrai qu’il y a quelque chose de fascinant dans le rapport qu’on peut avoir avec son chat alors qu’on ne parle pas le même langage, les animaux nous apprennent tant, il suffit de les observer. Quelle chance d’avoir eu Figaro toutes ces années auprès de toi !
Comme toi (je parle à Emilie mais bonjour Natasha !) je pense que l’industrie du lait est encore pire que celle de la viande, c’est la raison pour laquelle je suis devenue vegan. A ce propos j’aimerais savoir (si ce n’est pas trop indiscret) pourquoi tu n’envisages pas le végétalisme ? Je crois qu’on a tous des contradictions, concrètement si on voulait ne faire de mal ni aux humains ni aux animaux ni à la planète….il faudrait être mort plutôt qu’en vie :/
Merci pour ton commentaire. Oui, j’ai eu de la chance. Je pars du principe que chaque rencontre que l’on fait contribue à qui nous sommes: on garde toujours l’autre auprès de soi.
Aucun souci pour le végétalisme (et merci de ton ouverture).
Trois choses me freinent. La 1ère est l’organisation des repas. Typiquement, sur le temps de midi (à moins d’avoir des restes de repas), mon compagnon et moi-même mangeons quelques tranches de pain et un morceau de fromage. Je trouverais difficilement le temps de faire autrement pour équilibrer correctement nos repas. La 2ème chose est que cela me gêne de devoir me supplémenter en B12: je trouve qu’il y a un côté « peu naturel » à cela. Je tend aussi à préférer dynamiser le développement local et trouve que le végétalisme ne m’apporterait pas de plus-value à ce niveau-là. Et la 3ème chose, non des moindres, est que ce serait imposer un choix à mon compagnon (qui est végétarien aussi, bien avant moi). Je suis en charge de la gestions alimentaire: lui qui n’aime déjà pas vraiment manger, lui retirer des aliments qu’il aime pour ma cohérence morale (qu’il comprend et partage), je ne me sens ni en mesure, ni en droit de le faire.
Mes (nos) points de vue évolueront certainement avec le temps, rien n’est jamais figé, mais pour le moment, je ne me sens pas attirer par le végétalisme pur et dur.
Merci pour tes réponses 🙂
Je crois que ça me donne envie d’écrire un billet…C’est vrai que le végétalisme peut faire peur, d’ailleurs en ce qui me concerne je n’ai pas réfléchi longtemps avant de changer radicalement mon mode de vie et j’étais perdue au début, justement quand il s’agissait de « manger sur le pouce ». Aujourd’hui, ça me semble simple (pain, avocats, tomates, salade, quelques noix et hop ! c’est prêt !).
Au sujet de la B12, si je peux me permettre ce n’est pas moins naturel que de supplémenter les animaux que les omnivores mangent 😉
Si tu es la seule à cuisiner, je comprends ton point de vue, chez moi nous cuisinons tous les deux mais végétalien uniquement et mon mec a tendance à manger du fromage avec les repas, comme ça, tout le monde est content ! Mais j’ai la chance de vivre avec quelqu’un qui mange de la viande uniquement (ou quasi) en dehors de la maison…
Moi non plus je ne me sens pas attirée par le végétalisme pur et dur, ça fait peur « pur et dur », l’année dernière j’ai mangé des moules une fois et ce qui m’a ennuyée c’est surtout qu’elles étaient mauvaises !
Disons que manger sur le pouce en certaines saisons c’est plus simple que d’autres ! (pas de tomates pour nous en ce moment 😉 ).
Oui, je comprends tes remarques, merci de les avoir partagées 🙂 je serais ravie de lire ton billet là-dessus! je pense qu’il faut savoir être flexible aussi, ne pas sombrer dans une orthorexie éthique au risque d’altérer ses relations et/ou sa santé.
Merci pour cet échange !
Très touchant témoignage. Je suis en pleine réflexion sur mon rapport à l’alimentation et donc aux animaux, la viande est réduite désormais, le lait à son strict minimum, et les œufs, pareil. Mes dernières découvertes sur des modes de production (même en bio) m’ont vraiment interpellée. Comme je suis celle qui cuisine (un grand mot) à la maison, j’en profite pour influer sur ma famille, mais partager ce que j’ai vu avec mes ados pour le moment me fait reculer car le choc n’est pas toujours la bonne thérapie. Et puis de fil en aiguille mais surtout de blog en blog, j’ai fini par atterrir dans un groupe FB bienveillant (transition vers végétarisme / lisme). Point de culpabilité mais pas plus de naïveté. Et voilà que je lis que le mouvement vegan va plus loin, pas d’animaux domestiques non plus. Je m’interroge, je ne vois pas du tout le rapport jusqu’à ce qu’un post m’éclaire : leur nourriture…Et oui, je nourris mes chiennes avec des croquettes issues de sous produits animaux (certainement vaches et poulets que je ne souhaite plus faire souffrir). Alors évidement tout de go, on peut crier au purisme et oublier la question. Mais moi depuis elle tourne dans ma tête. J’ai toujours eu des animaux, ma relation et celles de mes enfants avec eux a des bénéfices énormes. Cependant, je commence à ouvrir les yeux sur une incohérence qui vit en moi désormais : je nourris mes animaux avec des animaux que je veux protéger par ailleurs. Je ne vais pas arrêter d’acheter des croquettes ni abandonner mes chiennes, loin de là, il va falloir que je trouve mon chemin dans ce nouveau labyrinthe. En premier protéger de plus en plus les destinés à l’assiette, et puis m’informer, rester en éveil. Mon voyage entamé il y a un an par la simple réduction de mes déchets m’emmène bien plus loi que je ne l’aurais imaginé.
Comme je comprends ton interrogation sur la nourriture pour les animaux de compagnie ! je me pose la même question mais n’ai pas encore approfondi la chose. Clairement, se séparer de l’animal n’est pas une solution (je trouverais d’ailleurs cela contradictoire- en plus d’être cruel). De toute façon, soyons francs, il n’y aura jamais « une » solution(je ne suis pas du tout contre la consommation de viande, ni la stigmatisation de ceux qui en mangent, chacun son parcours et ses choix). L’important reste à mes yeux de faire des choix éclairés et de ne pas rejeter la réalité. Mais ça demande du courage.
J’espère que ton parcours se verra éclairé par tes rencontres et les réflexions avec tes proches. Bonne continuation !
L’alternative de me séparer de mes animaux est absolument impensable pour moi, elle était là pour la rhétorique. La solution des végan étant de ne plus domestiquer les espèces me parait elle non pas utopique mais très lointaine : à la faveur d’un changement mondial, une guerre, une famine, un événement extraordinaire, des comportements soient remis en cause mais à court terme, je ne vois pas. (de mon vivant) . Du coup, je reste seule avec mon interrogation (enfin non avec toi 🙂 ). Le choix sera peut-être au décès de mes animaux..
D’un autre côté, le travail animal sera probablement revalorisé avec la crise pétrolière. Cela me paraît être une solution plus écologique, l’éthique servant de parapet aux conditions de vie de l’animal.
Quant au choix de reprendre ou non un animal, bien souvent c’est eux qui viennent s’imposer dans nos vies et le leur refuser m’apparaît encore plus discutable. Nous avons tous plein de questions, et il existe une infinité de réponses !