Pour cette 5e sélection de livres favoris, je vous présente deux romans, deux essais et une bande-dessinée sur des sujets de société variés : la polygamie, les déchirements familiaux, le racisme, la misandrie et les violences policières. Des lectures qui m’ont chacune beaucoup remuée à leur manière et que je vous recommande vivement si les sujets évoqués vous intéressent.
Les impatientes
de Djaïli Amadou Amal
Résumé de l’éditeur : « Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie ». Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Malheur à celle qui osera contredire la volonté d’Allah ! Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, la société camerounaise condamne ces femmes au silence. Mais c’est aussi là que les destins s’entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l’arrivée d’une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s’affranchir de sa condition. Jusqu’où iront-elles pour se libérer ? »
Réflexions et impressions personnelles : À travers ce roman inspiré de faits réels, on découvre le destin de trois jeunes femmes dont les vies s’entremêlent. Il y a d’abord Ramla, l’une des rares filles de sa génération qui tient à passer le bac et à poursuivre ses études. Alors qu’elle s’apprête à épouser le meilleur ami de son frère, dont elle est amoureuse, son père décide de rompre ses fiançailles afin qu’elle épouse un cinquantenaire richissime et haut placé. Il y a aussi Hindou, la sœur de Ramla, mariée de force à son cousin alcoolique peu de temps après avoir été reconnu coupable d’avoir violé une domestique. Enfin, il y a Safira, la première épouse du mari de Ramla qui, après 20 ans de mariage monogame, est horrifiée à l’idée de partager son mari avec une autre femme. À travers chacune de leur voix, on découvre leurs souffrances en tant que femmes dans une société patriarcale où le mariage est présenté comme la seule finalité de leur vie, où elles doivent se soumettre à l’autorité de leur mari (quand ce n’est plus celle de leur père ou de leurs oncles), rivaliser avec leurs co-épouses sans laisser transparaître leur jalousie et surtout faire preuve de « patience » en toutes circonstances, même quand elles sont battues, violées, dénigrées. Sachant que l’autrice, ayant elle-même subi un mariage forcé, s’inspire ici de faits réels, ce récit est particulièrement bouleversant et la violence physique et psychologique qui caractérise la vie des trois protagonistes rend sa lecture assez pénible. J’ai toutefois apprécié le caractère intime de l’histoire et le style de l’autrice qui, en nous livrant les pensées de ces trois femmes et en faisant appel à la répétition, aide à comprendre le degré d’emprise de leur famille sur leurs vies, l’aggravation de leurs souffrances voire de leurs comportements nuisibles, leur renoncement à une vie différente ou, au contraire, leur combat permanent pour lutter contre cette injonction – mortelle – à la patience.

Où vivaient les gens heureux
De Joyce Maynard
Résumé de l’éditeur : « Lorsque Eleanor, jeune artiste à succès, achète une maison dans la campagne du New Hampshire, elle cherche à oublier un passé difficile. Sa rencontre avec le séduisant Cam lui ouvre un nouvel univers, animé par la venue de trois enfants : la secrète Alison, l’optimiste Ursula et le doux Toby. Comblée, Eleanor vit l’accomplissement d’un rêve. Très tôt laissée à elle-même par des parents indifférents, elle semble prête à tous les sacrifices pour ses enfants. Et si entre Cam et Eleanor la passion n’est plus aussi vibrante, cette vie familiale au cœur de la nature, tissée de fantaisie et d’imagination, lui offre des joies inespérées. Jusqu’au jour où survient un terrible accident… Dans ce roman bouleversant qui emporte le lecteur des années 1970 à nos jours, Joyce Maynard relie les évolutions de ses personnages à celles de la société américaine. »
Réflexions et impressions personnelles : Oh que ce livre m’a émue ! J’ai été profondément touchée par l’histoire d’Eleanor et des difficultés qu’elle traverse en tant qu’enfant, jeune fille, femme, épouse et mère de famille tout au long de sa vie. Plus qu’un personnage attachant, il s’agit d’un personnage dont l’histoire au caractère universel a beaucoup raisonné en moi – j’y ai retrouvé des situations, des sentiments, des comportements propres à la société patriarcale et capitaliste dans laquelle nous vivons mais aussi toute la complexité, l’intensité et la diversité des relations sociales qui peuvent nous nourrir autant que nous détruire. J’ai par ailleurs beaucoup aimé la forme du récit qui ne suit pas un ordre chronologique sans pour autant perdre les lecteurices. Cela donne beaucoup de dynamisme à l’histoire et permet de mettre en exergue certains événements clés du passé et ainsi de mieux comprendre l’évolution des personnages mais aussi de parsemer le récit d’une belle dose de nostalgie. Pour ne rien gâcher, c’est une fin comme je les aime dans le sens où peu de choses sont laissées en suspens et où l’histoire se termine sur une note relativement positive.

Kiffe ta race
De Rokhaya Diallo et Grace Ly
Résumé de l’éditeur : « Si les personnes visées en premier lieu par le racisme sont les plus qualifiées et légitimes pour en décrire les effets et déterminer les moyens d’action permettant la lutte anti-raciste, nous n’en sommes pas moins toustes concernées à différents niveaux. Car le racisme est une question de société qui appelle une réponse et un engagement collectifs. S’il affecte des individus, ce n’est pas pour autant un problème individuel, ni celui de ses seules cibles, mais bien le reflet d’un système sociétal global. Quelles formes prend le racisme dans nos vies quotidiennes ? Comment déconstruire le racisme ? Quels outils déployer face aux manifestations diverses du racisme ? Comment construire un destin politique commun ? Ce sont autant d’axes que Rokhaya Diallo et Grace Ly développent dans cet ouvrage, mêlant la théorie à leurs observations personnelles et intimes, dans le prolongement du podcast qu’elles ont créé ensemble en 2018 chez Binge Audio. Leur antiracisme n’est pas moral mais politique : il est avant tout, nourri par la volonté d’œuvrer en faveur de la justice sociale. »
Réflexions et impressions personnelles : J’ai la chance de vivre et travailler dans un contexte où je me sens assez préservée du racisme. Le racisme fait d’ailleurs partie des problématiques sociales au cœur de mes cours d’anthropologie et mes élèves sont bien plus informé·es sur les questions de race que la plupart des personnes racisées de manière favorable que je côtoie à l’extérieur du travail. Je me prends parfois de belles claques quand je parle de racisme avec des personnes non sensibilisées à cette problématique et je finis souvent par me taire et ravaler mes larmes tant la violence de leurs propos m’abasourdit et me heurte. Combien de personnes affirment ne pas être racistes alors qu’elles sont incapables d’écouter la parole des personnes concernées, de remettre en question leurs croyances, de reconnaître leurs biais et de se positionner en tant qu’allié·es ? Fidèle auditrice du podcast Kiffe ta race, j’étais curieuse de découvrir l’essai éponyme de Rokhaya Diallo et Grace Ly et là où le podcast manque parfois de profondeur et de précision, le livre est extrêmement détaillé et instructif. Il s’agit à mon sens d’un excellent livre d’introduction au racisme tant il est bien structuré et son contenu accessible. Les autrices y abordent aussi bien des questions de base comme « C’est quoi la race ? » que des sujets plus complexes comme l’intersectionnalité et l’appropriation culturelle. T
Les termes les moins courants ou le plus souvent incompris sont expliqués avec soin et chaque problématique est illustrée à l’aide d’une diversité d’exemples du passé ou plus contemporains. Tout au long de l’ouvrage, les autrices soulèvent des questions qui poussent à l’introspection et proposent des solutions pour faire face à certaines situations du quotidien, en tant que personnes racisées de manière défavorable ou bien en tant qu’allié·es. Il s’agit donc à la fois d’un essai informatif et d’un manuel d’action que j’ai trouvé très enrichissant personnellement. Les autrices m’ont notamment permis de remettre en question l’usage du mot racisé·e (auquel je préfère désormais ajouter « favorablement » ou « défavorablement »), de comprendre d’où vient la joie profonde que je ressens en regardant la série Ms Marvel (la première série occidentale où je peux m’identifier à des personnages !) et de m’armer d’arguments nouveaux et plus solides pour continuer ma lutte contre le racisme.

Moi les hommes, je les déteste
De Pauline Harmange
Résumé de l’éditeur : « Et si les femmes avaient de bonnes raisons de détester les hommes ? Et si la colère à l’égard des hommes était en réalité un chemin joyeux et émancipateur dès lors qu’on la laisse s’exprimer ? Dans ce court essai, Pauline Harmange défend la misandrie comme une manière de faire place à la sororité et à des relations bienveillantes et exigeantes. Un livre féministe et iconoclaste à mettre entre toutes (oui, toutes !) les mains. »
Impressions et réflexions personnelles : Dans ce petit livre dont le titre en a choqué plus d’un·e, qui a été l’objet de critiques virulentes et même menacé de censure (au lieu de quoi il a été traduit dans près de 20 langues), se trouve un récit intime et politique qui a beaucoup raisonné en moi et qui m’a aussi permis des prises de conscience importantes dans mon cheminement féministe. Il m’a fait réaliser que nombre des traits de caractère que je me reproche parfois, me donnant le sentiment d’être faible et effacée dans certaines situations, sont le fruit de mon conditionnement social et non des particularités innées. Il m’a permis de mieux comprendre et assumer ma misandrie. Il m’a aussi donné envie de mettre plus de sororité dans ma vie. L’une de mes élèves, qui l’a également lu, me disait combien les propos de Pauline avait fait écho en elle et combien ils l’avaient rassurée aussi en ce sens qu’on peut être féministe sans être parfaitement déconstruit·e et libéré·e de certaines injonctions du patriarcat. C’est un petit livre sans prétention, d’à peine 80 pages, mais qui en dit beaucoup sur le poids du patriarcat et la nécessité de lutter, ensemble, contre cette idéologie qui nous étouffe, nous dénigre, nous exploite, nous tue.

« Ne parlez pas de violences policières »
Résumé de l’éditeur : « En collaboration avec Mediapart, La Revue Dessinée publie une Edition spéciale intitulée « Ne parlez pas de violences policières ». Cette revue de 160 pages décrypte les rouages d’une violence d’État, des manifestations des Gilets jaunes à la mort de Cédric Chouviat. Au sommaire Les enquêtes édifiantes de Pascale Pascariello et Camille Polloni racontées en bande dessinée. Sous les traits des dessinateurs Thierry Chavant et Aurore Petit, les journalistes de Mediapart passent au crible le fonctionnement de la police des polices et l’histoire d’une arme controversée, le LBD. Un reportage inédit de l’autrice Marion Montaigne au Salon mondial de l’armement. Plongée dans cet univers riche en testostérone, la dessinatrice passe aux rayons X des innovations dignes de la science-fiction qui composeront peut-être le futur arsenal des forces de l’ordre. Un documentaire sur les origines et l’essor de Black Lives Matter, de la mort de Trayvon Martin à celle de George Floyd. » Ce n’est pas un moment, c’est un mouvement « , préviennent les militants. Parfois présenté comme un acte II du mouvement pour les droits civiques, leur combat est devenu mondial. Des témoignages de l’intérieur. Officier de police judiciaire ou CRS, gradé ou simple flic, six membres des forces de l’ordre tombent le casque pour parler de leur institution. Leur parole est rare. Plus encore lorsqu’elle est critique. « Mourir dans les rues de Paris ou en banlieue n’a pas la même valeur », dans un entretien au long cours Assa Traoré raconte son combat. »
Réflexions et impressions personnelles : C’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai pris conscience de l’ampleur des violences policières, en particulier à l’égard de personnes minorisées et des activistes. Bien qu’il convienne de garder un œil critique sur les récits qu’on voit passer sur les réseaux sociaux, on ne peut dénier la violence des images que certain·es ont pu capturer lors d’interpellations, d’événements ou de manifestations. Par ailleurs, les personnes qui osent porter plainte ou bien raconter leur histoire (lorsqu’elles survivent aux violences qu’elles ont subi) savent qu’elles s’exposent à davantage de danger, de répression, d’intimidation – ce n’est donc clairement pas dans leur intérêt de dire du mal de la police ou tout du moins de certain·es policier·ères… On a trop longtemps associé les violences policières aux États-Unis alors qu’en bas, à quelques rues ou kilomètres de chez nous, des citoyen·nes dont le comportement ne présente aucun signe de menace sont discriminé·es, intimidé·es, bousculé·es, frappé·es, etc., par celleux qui sont supposé·es nous protéger.
Bien évidemment « not all flics ». Bien évidemment, certaines personnes intègrent la police avec la volonté sincère de protéger la population et tentent, tant bien que mal, d’appliquer leurs louables valeurs au travail. Mais quel est le poids de ces individus face à une institution profondément raciste, sexiste et violente ? Cette revue composée d’enquêtes, d’interviews et de récits extrêmement variés, m’a personnellement permis de mieux comprendre les rouages de la Police en France, ses dysfonctionnements, les moyens mis à sa disposition pour violenter les citoyen·nes, la disproportionnalité de ces moyens face aux dangers supposés ou inexistants, la banalisation de leur usage ou encore l’impunité et donc le pouvoir des policier·ères. À l’image des articles de Médiapart et des BD de la Revue Dessinée, cette édition spéciale est extrêmement riche et pointue et permet, à travers des exemples spécifiques et des récits détaillés, de mieux comprendre comment la police française en est arrivée là, la place du fascisme en France et l’importance de lutter contre cette institution qui protège principalement ses intérêts.

J’adore lire ? Je suis une grande lectrice ? Je ne rogne sur mes heures de sommeil qur pour lire un livre jusqu’au bout de la nuit ? Je vais mal, vite un livre ? Je ne sais pas comment l’exprimer mais les livres sont des amis dans ma vie. J’aime donc spécialement tes sélections.
Cet été j’ai également lu les Impatientes. J’ai souffert à cette lecture, oppressée par cette emprise totale des hommes sur les femmes J’ai ragé, pour qui se prennent- ils ??! Comment font ses femmes pour vivre ? Je me suis dit que leur santé mentale devait être bien abîmée. En parallèle j’ai lu le livre de Maylis Adhémar, Bénie soit Sixtine, que je recommande. Je trouve que ses 2 lectures se faisaient écho.
Je recommande également la BD Algues vertes, l’histoire interdite qui est édifiante et montre un travail journalistique de grande qualité.
J’espère comme toujours pouvoir lire un maximum des livres de ta sélection. Merci pour ton travail.
Merci pour tes recommandations !
J’ai également beaucoup aimé la BD Algues Vertes (j’en avais parlé d’ailleurs dans le 1er article de cette série, l’été dernier)
Bonjour Natasha,
Merci pour cet article qui fait plaisir à lire. J’aime beaucoup ce type de sujets sur ton blog et avoir ton avis sur des œuvres diverses.
Personnellement j’ai lu Les Impatientes et des mois après j’en garde encore des souvenirs (chose rare chez moi) tant il m’a marqué et ému. Je pourrais dire que je pense que c’est un coup de cœur tant l’histoire est forte. Ce roman mérite amplement le prix des lycéens qu’il a reçu.
J’ai aussi lu « Moi, les hommes je les déteste » et alors ça fait du bien. Je l’ai gardé pour le relire et pour avoir de quoi justifier ma misandrie quand on me dit que j’en fais trop…
Je n’ai pas lu les autres mais je note sur ma liste celui de Kiffe ta race, adorant aussi le podcast et celui sur la police, que je pense même offrir à quelqu’un de mon entourage…
Merci encore et à très vite.
Bonjour Fanny,
Merci pour ton avis sur les ouvrages que tu as lus.
J’espère que ton cadeau sera apprécié 🙂
Merci pour cette sélection ! J’aime beaucoup que tu associe la présentation officielle des livres à ton ressenti.
Dans ta liste, j’ai lu l’ouvrage de Pauline Harmange, avec le même ressenti que pour toi.
Et je compte lire Kiffe ta race, donc je suis contente que tu aies un avis positif à son sujet.
Bonne journée !
Avec plaisir Sandrine, je suis ravie de savoir que ce format te plaît. Moi-même je prends beaucoup de plaisir à écrire ces réflexions personnelles (je préfère ça plutôt que d’écrire des avis/critiques puisque de toute façon je parle uniquement de livres qui m’ont beaucoup plus) ; ça me permet de me poser pour réfléchir à ce qui m’a marqué et à ce qui me reste parfois plusieurs mois après mes lectures.
« Kiffe ta race » est un ouvrage à mettre entre toutes les mains ; je viens d’ailleurs de profiter de notre atelier sur l’anti-racisme au travail ce matin pour recommander à la bibliothécaire du lycée de l’ajouter à notre collection (depuis 2 ans, juste avant l’été, elle et quelques collègues font une sélection de livres sur ce vaste thème et invite chaque employé à lire au moins un ouvrage de la liste pour en discuter ensemble à la rentrée, nous avons donc une bibliothèque de mieux en mieux fournie sur ces thèmes, avec une diversité d’auteur·rices et de langues (cet été la liste regroupait des auteur·rices queer et racisé·es)).
Belle journée à toi également !
Bonjour ! Voici un article qui me donne envie de lire les ouvrages de Pauline Harmange, Rokhaya Diallo et Grace Ly dans ma pile à lire depuis longtemps. Tu as piqué ma curiosité à propos de « Où vivaient les gens heureux » car ce n’est pas le type de roman vers lequel je me serais tournée à la lecture du résumé et pourtant c’est très susceptible de me plaire. J’ai bien envie de découvrir également « Ne parlez pas de violences policières ». Sur tes recommandations, j’avais lu « Aux portes du palais » et je trouve que le format BD est super intéressant aussi dans le domaine de la non-fiction. Bonne journée !
Bonjour Manon,
Je suis contente de savoir que ces recommandations t’inspirent et qu’Aux portes du palais t’a également intéressé !
Où vivaient les gens heureux est un roman très différent de ceux vers lesquels j’ai tendance à me tourner et je ne regrette pas de m’y être plongée ; plusieurs mois après l’avoir lu, certaines images de cette lecture et certaines émotions qu’elle a provoqué m’habitent encore et continuent de nourrir mes réflexions sur la parentalité, la vie de couple, le travail, etc…
Belle journée à toi également !
Bonjour Natasha,
Je viens de finir la lecture de « Où vivaient les gens heureux » de Joyce Maynard, remarqué dans ton article « Mes petits pas et bonheurs verts du printemps #44 ». D’habitude, même si j’aime la littérature anglophone, je préfère réserver mon temps de lecture (qui n’est pas infini !) à des auteurs de nationalités ayant moins de visibilité. Mais celui-là m’a fait de l’oeil. Quelle lecture ! Elle a fait écho en moi de plein de façons, et j’en partage ta critique ! Merci pour la découverte !
Et aussi, pour prolonger le plaisir, ce livre m’a aussi fait pensé à un autre roman, « The Enchanted Life of Adam Hope » de Rhonda Riley (non traduit en français, il me semble).
Bonjour Jérochat,
Ravie que ce roman de Joyce Maynard t’ait autant plu !
Comme toi je suis attentive à la diversité des auteur·ices que je lis mais pas forcément leur nationalité à vrai dire car beaucoup d’auteur·rices sont invisibilisé·es non pas en raison de leur nationalité mais aussi de leur origine ethnique, religion, genre, etc., et ce qu’importe leur nationalité. Dans tous les cas, après avoir lu essentiellement des œuvres d’hommes cis, blancs et hétéro durant ma scolarité en France, je suis heureuse de lire plus d’auteur·ices de tous horizons – c’est vraiment en dehors du cadre scolaire français que j’ai découvert la richesse du monde littéraire finalement.
Merci pour ta recommandation de roman – c’est noté (je préfère lire en français dans mon temps libre car je ne lis qu’en anglais pour le travail mais il m’arrive de faire des exceptions quand ça en vaut vraiment la peine 🙂 !).
Bonjour, il y a plusieurs livres qui m’intéressent ! Je vais tacher de les trouver à la bibliothèque. Merci !
Avec plaisir Béné, j’espère que tu les trouveras dans ta bibliothèque ou bien qu’elle pourra les commander 🙂
Bonjour Natasha !
Bon et bien voilà, encore 3 livres dans ma PAL, sachant que le 4ème (Ne parlez pas de violences policières !) y était déjà et que j’ai lu le 5ème (Moi les hommes je les déteste) 🙂
Je suis contente que tu ais parlé de Kiffe ta race en disant que le bouquin était plus approfondi que le podcast car je n’avais pas accroché au podast pour la raison que tu évoques justement. J’espère accrocher au livre car c’est vraiment un sujet qui m’intéresse.
Pour les 2 autres, j’aime beaucoup les récits où les personnages se croisent et aussi ceux où l’on suit le personnage sur une très longue durée, donc ils ont l’air écrits pour moi !
Par contre, depuis que tu as repris tes chroniques littéraires, ma PAL s’allonge… 😉
Bonjour Delphine,
Je suis contente de savoir que tu trouves de l’inspiration dans cette série d’articles ! Ça me motive à continuer de présenter mes coups de cœurs alors merci pour ce retour enthousiaste 🙂
Je confirme que j’ai beaucoup aimé le livre de Kiffe Ta Race, et si j’ai tendance à délaisser le podcast, je garde le livre sous la main pour en relire certains passages de temps à autre.
J’adooooore littéralement cet article. Déjà, tu te doutes que je vais sauter sur Kiffe ta race dès que possible (en plus, c’est une expression que j’utilise souvent, je l’aime bien 😀). Les autres me tentent bien aussi. Quant aux Impatientes, je l’ai lu (en pensant à toi, d’ailleurs ! Rapport à ce dont on avait parlé de cultures et de femmes…) et je l’ai trouvé extraordinaire. « Pénible », je vois ce que tu veux dire, mais je dirais plus « éprouvant ». Perso, je suis plutôt pacifique, mais là, ça donne des envies de meurtre… On est loin d’être au bout de cette société patriarcale hallucinante ! Et comme souvent, approuvée et véhiculée par les femmes, c’est ce qui me rend le plus dingue… Heureusement qu’il y a des femmes comme l’autrice, fortes pour se rebeller et qui utilisent leur talent d’écriture pour nous exposer la situation. Pour moi, ce sont elles les vraies héroïnes de notre société.
J’espère que tu as encore plein de chouettes livres sous le coude !
Ton enthousiasme fait plaisir Carole !
Éprouvant, c’est tout à fait ça concernant Les impatientes… à chaque page, je me disais « mais c’est pas possible »… Et pourtant, il s’agit-là de la réalité, du vécu de 3 femmes et je suis vraiment reconnaissante envers l’autrice qui a pris la peine de partager ce récit intime et bouleversant. C’est le genre de roman qui est dur à lire mais qui est essentiel pour se sensibiliser aux dégâts du patriarcat à travers le monde et au travers du regard de personnes directement concernées (on en avait déjà parlé mais je n’en peux plus de ces auteur·rices blanch·es et occidental·es qui dépeignent l’Inde à travers des fictions bourrées de stéréotypes !).
Je lis des livres très denses et/ou intenses ces derniers mois, si bien que j’en lis assez peu finalement car après avoir lu quelques pages je me sens vidée (ou plutôt pleine d’émotions intenses !), mais oui, j’aurai plein d’autres chouettes livres à présenter dans les mois à venir (dont certains qui attendent depuis l’an dernier d’ailleurs !) 🙂
Chère Natasha,
C’est avec plaisir que je lis cette nouvelle sélection de livre.
J’ai récemment lu « Les impatientes » et j’ai aussi trouvé sa lecture difficile, tant l’autrice nous immerge dans les pensées des protagonistes (dont le quotidien est douloureux)…mais c’est une lecture qui m’a apporté des connaissances sur ce type d’organisation sociale, qui perdure aujourd’hui dans certains pays.
Je note sur ma liste de livres « Kiffe ta race », et « Moi les hommes, je les déteste ». Ce dernier me laisse sceptique, je n’apprécie pas d’opposer les sexes, et surtout je ne supporte pas les hommes misogynes (donc en réciprocité la misandrie m’est désagréable)…mais je suis curieuse et ce serait dommage de passer à côté de réflexions intéressantes !
Bon dimanche,
Léonie
Bonjour Léonie,
Je comprends ce sentiment désagréable face à la misandrie ; Pauline explique d’ailleurs très bien qu’elle n’est pas l’équivalent de la mysoginie mais qu’elle existe en réponse à cette idéologie. On ne détesterait pas les fruits du patriarcat si la société n’en était pas imprégnée en premier lieu…
Personnellement, j’ai trouvé cela libérateur d’admettre que le malaise que je ressens face aux hommes, en tant que femme dans une société patriarcale, est légitime. Ça m’a aidée à comprendre que ce sentiment d’insécurité, de gêne, de peur, ou autre ne venait pas d’une faiblesse personnelle mais d’une réponse inévitable face à un système où les hommes sont conditionnés pour se sentir, d’une manière ou d’une autre, consciemment ou pas, supérieurs aux femmes.
Du coup je serais curieuse de connaître ton ressenti après ta lecture si jamais tu le lis 🙂
Belle journée à toi !
Bonjour Natasha,
J’en ai lu aucun mais je note les 3 ers. Le sujet de la polygamie m’intéresse grandement. J’ai lâché le podcast « Kiffe ta race » au bout de quelques épisodes donc je vais suivre ta recommandation en version livre.
Bon dimanche!
Bonjour Christel,
Je réalise en te lisant que j’écoute de moins en moins KTR également. Les sujets abordés m’intéressent, mais la superficialité et le côté un peu décousu de la plupart des épisodes me laisse généralement sur ma faim.
Belle journée à toi.
Bonjour Natasha,
J’ai lu Moi les hommes je les déteste à sa sortie et c’est définitivement un livre que je relirai dans quelques années. J’aime beaucoup le style d’écriture de Pauline Harmange (je suis une fidèle de sa newletters !) et j’avais aussi bien aimé ses deux autres livres : Avortée et Aux Endroits Brisés, dont tu avais déjà parlé il me semble.
J’écoute très peu de podcasts et je suis toujours ravie de voir que certains d’entre eux sont transformés en livre. Dès qu’il sortira en poche, je suis certaine que Kiffe ta race rejoindra ma bibliothèque !
C’est toujours un plaisir de te lire et de découvrir tes derniers favoris lecture 🙂
Belle journée à toi,
Gaëlle
Bonjour Gaëlle,
Comme toi j’ai lu tous les livres de Pauline Harmange et j’apprécie énormément sa plume (j’ai également participé à deux de ses ateliers d’écriture et j’ai beaucoup aimé son approche).
Belle semaine à toi.
J’ai oublié de te parler d’une BD complètement bouleversante sur les réfugiés. L’Odyssée d’Hakim de Fabien Toulmé, attention, quand on commence, on peut plus s’arrêter… D’ailleurs, toutes ses BD sont top, il est super ! (J’ai un doute, ne l’avais-je pas déjà évoqué ? C’est mon idole…)
Merci pour cette recommandation Carole !
Merci Natasha pour ces avis détaillés ! Ça donne bien envie de lire ceux que je n’ai pas encore lus (c’est à dire tous sauf les impatientes, que j’ai beaucoup aimé et dont la narration était fort différente de ce à quoi j’étais habituée).
Avec plaisir Juliette !
Effectivement la narration du roman Les impatientes sort de l’ordinaire et j’ai bien aimé cette multiplicité de voix ; j’ai généralement du mal à accrocher aux récits à la 1re personne mais dans ce roman je trouve que chaque voix est unique et sonne « juste », authentique.
Merci pour cette sélection ! J’ai commencé le livre de Kiffe ta race mais je ne l’ai pas terminé, et maintenant il doit attendre sagement mon retour d’Angleterre à la fin de l’année.
Avec plaisir Irène !
J’espère que ton séjour en Angleterre se passe bien 🙂
Merci pour ta sélection et ces superbes résumés et critiques. à part « moi les hommes je les déteste » que j’ai lu et aimé, je n’ai pas lu les autres titres présentés. Je les ajoute à ma wishlist, ils m’inspire tous!
Avec plaisir Olivianne, je te souhaite de bonnes lectures alors 🙂
Et t’ai-je parlé de Betty de Tiffany McDaniel ? (Je crois, mais dans le doute…) Encore une fois, j’ai beaucoup pensé à toi en le lisant, de par son histoire et parce que je suis sûre qu’il te plaira. Attention, quelques passages « éprouvants » sont à prévoir.
Je suis en plein dedans Carole… et je peine à le lire. La violence envers les adultes, c’est une chose… mais envers les enfants, c’en est une autre. Même s’il y a des passages empreints de joie et de légèreté, la violence prend le dessus, ce qui rend cette lecture très douloureuse pour moi.
Je trouve que c’est un roman merveilleux en bien des points mais j’ai aussi hâte de le terminer, avec l’espoir de trouver un peu plus de lumière et de sérénité vers la fin.
Je suis bien désolée que lire puisse être pour toi une expérience douloureuse. Étonnamment, le souvenir que j’en garde n’est pas si sombre, peut-être grâce à la force que l’héroïne dégage et qui permet de rester optimiste quoiqu’il arrive (même si je suis bien d’accord qu’il arrive des trucs atroces). J’ai dévoré ce bouquin grâce à l’écriture d’une fluidité extrême, du coup, je suis certainement passée plus vite que toi sur les passages difficiles, même s’ils ne m’ont pas laissée indifférente, loin de là !
Chaque récit nous touche de manière différente, selon notre vécu et notre état d’esprit au moment de la lecture aussi je suppose… Ceci étant dit, j’ai rarement trouvé un roman aussi éprouvant à lire – pourtant, tu le sais, je lis beaucoup de livres sur des sujets peu réjouissants, des sujets qui m’émeuvent profondément, mais je ne saurais pas dire précisément pourquoi, celui-ci est difficile à lire pour moi. Malgré tout, j’irai jusqu’au bout car la vie de Betty m’intéresse et comme toi, j’apprécie l’écriture et toute la beauté qui en émane.
Par contre, après ça, je vais avoir besoin de lire une bonne dose de beau et de joyeux – des recommandations ?
Ha, ha, ha ! (Pour la dose de beau et de joyeux). Bizarrement, c’est plus compliqué pour moi de te prescrire quelque chose dans ce registre, car vu que tu n’aimes pas les histoires d’amour, ça limite énormément. Peut-être une idée… J’ai emprunté Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa. Je ne l’ai pas encore lu mais j’avais vu le film qui était très chouette. Et toujours côté Japon, il y a une BD que j’affectionne de Florent Chavouet, Manabé Shima, tu es littéralement transportée sur une petite île de la mer intérieure du Japon, les dessins sont superbes de précision, il y a un plan de l’île dans lequel j’adore me perdre, bref un voyage immersif par petites touches (un carnet de voyage, quoi).
Merci pour tes recommandations Carole, c’est noté (pour les livres ET le film du coup !).
Une autre lectrice (Louise) m’avait fait une belle liste de recommandations de lectures « légères » sous un autre article et en relisant son commentaire l’autre jour, j’ai réalisé qu’elle recommandait elle aussi quelques œuvres d’auteur·rices japonais·es/dont l’intrigue se situe au Japon !
Merci pour ces recommandations de lectures.
J’ai très envie de lire « Les Impatientes ». J’ai vécu au Cameroun pendant 6 mois il y a une dizaine d’années – pas tout à fait aussi au Nord que là d’où vient l’autrice, mais je dois dire que j’avais été très marquée (pour ne pas dire choquée) par la condition des femmes là où je vivais (mariages arrangés de très jeunes filles, qui ont leurs premiers enfants alors qu’elles sont elles-mêmes encore des enfants…). C’est encourageant de voir que certaines femmes comme Djaïli Amadou Amal arrivent enfin à faire entendre leur voix ! Et comme tu le dis, c’est important de lire les personnes concernées. Ce livre est le prochain sur ma liste.
J’ai aussi lu « Moi les hommes, je les déteste ». J’avais été un peu refroidie par le titre (comme beaucoup, et à tord), et puis finalement, ce fut une très agréable lecture, qui permet de mettre des mots sur nos vécus. J’aime beaucoup l’écriture de Pauline Harmange, et d’ailleurs j’ai lu son 2e essai, « Avortée », dès sa parution.
Avec plaisir Marie.
Merci pour ton partage d’expérience lors de ton séjour au Cameroun. Amal partage son expérience en tant que peule et musulmane et j’ai aimé le fait qu’elle relate son expérience sans chercher à faire de généralisation, sans donner l’impression qu’elle est le reflet de normes et croyances à travers le Cameroun – c’est un récit tout en subtilité et je crois que seule une personne qui a traversé cela ou bien qui a baigné dans ces traditions culturelles peut en témoigner ainsi, sans risquer de tomber dans les stéréotypes et préjugés.
Comme toi, j’aime beaucoup l’écriture de Pauline Harmange et j’ai jusqu’à présent lu tous ses écrits avec intérêt.
Merci pour ces idées de lecture !
Avec plaisir Jeanne !
Bonjour Natasha, je prends enfin le temps pour te remercier pour cette nouvelle sélection lecture ! J’apprécie toujours autant tes articles. Tiens, j’ai lu aussi « les Impatientes » cet été. J’essaye d’habitude d’éviter ce genre de lecture « difficile » mais ma maman me l’a conseillé. Il est très bien écrit.
Bonne continuation à toi et belle journée Natasha
Avec plaisir Myriam ! Je vois qu’on est nombreux·ses à s’être plongé·es dans Les impatientes cet été. Avec ce roman, je croyais avoir eu ma plus grosse dose de lecture en mode « estomac noué, gorgé serrée et yeux larmoyants » mais je viens de terminer Betty et pfiou, c’était encore plus éprouvant pour moi. Je me réjouis de lire quelque chose de plus léger dans les prochains jours !
Je n’ai jamais réfléchi à mes choix de lecture de façon plus poussée, c’est un peu instinctif (j’ai par exemple remarqué que je choisi aussi plutôt des autrices, maintenant). Je n’avais donc pas envisagé que la nationalité n’était pas le seul ni le plus pertinent des critères. Je note, merci !
Je comprends ton envie de lire en français ! Pour ne pas épuiser ton quota de lecture en anglais pour rien (si jamais tu le lisais), je précise que le livre de Rhonda Riley est classé SF car il y a un « détail » surnaturel (mais moi qui suis bien incapable de lire de la SF, j’ai beaucoup aimé), donc cela semble éloigné de « Où vivaient les gens heureux ». J’ai fait un parallèle avec le livre de Joyce Maynard car dans les deux cas, il s’agit de l’histoire d’une femme et de la famille qu’elle se construit. Je trouve que l’ambiance est similaire.
Je ne sais pas si c’est une lecture légère, j’espère que tu trouveras ton bonheur dans les suggestions des autres commentaires !
Merci pour ces précisions Jérochat 🙂