Le 12 mars dernier, mon livre 21 éco-défis pour prendre soin de soi et de la planète est sorti en librairie et comme vous avez été nombreux·ses à me poser des questions sur les coulisses de ce projet, j’ai décidé d’y répondre à travers une mini-série d’articles. Dans le premier volet de cette série, je vous dévoile tout sur la naissance de ce projet qui a mis très longtemps à voir le jour…
La possibilité d’écrire un « guide écolo » s’est présentée à moi pour la toute première fois fin 2014, lorsqu’un éditeur m’a contactée pour me proposer de publier un livre basé sur mes éco-défis. Après avoir longuement échangé par téléphone et avoir évoqué la structure et le contenu du projet, je lui ai envoyé une proposition écrite et détaillée début 2015. L’éditeur m’a alors répondu qu’il prévoyait d’en discuter avec son équipe la semaine suivante mais, à mon plus grand étonnement, il ne m’a plus jamais donné de nouvelles malgré mes relances ! Je ne vous cache pas que j’étais déçue – la jeune blogueuse naïve que j’étais et qui ne connaissait alors rien au monde de l’édition s’était certainement emballée un peu trop rapidement. À ma décharge, l’éditeur s’était montré très honnête et intéressé, et ma proposition n’était qu’une confirmation écrite et détaillée du projet que nous avions imaginé au bout du fil. Finalement, j’ai vite tourné la page et je me suis inspirée des réflexions autour de ce projet pour développer les éco-défis présentés sur le blog. Je n’ai toutefois pas laissé tomber l’envie d’écrire, un jour, un guide écolo : ce premier contact avec un éditeur m’ayant fait prendre conscience de cette possibilité, l’idée a continué de faire son chemin et de mûrir dans un coin de ma tête au fil des mois et des années.
L’année suivante, une autre maison d’édition m’a proposé d’écrire un livre, sur le zéro déchet. Considérant alors qu’il y avait déjà bien assez d’ouvrages sur le sujet et de surcroît pas du tout motivée à l’idée de publier un guide axé uniquement sur cette thématique, j’ai décliné cette proposition. L’éditrice m’a alors suggéré d’aborder le thème des cosmétiques naturels et bien que cela ne me passionne pas davantage, j’ai fini par accepter… avant qu’elle ne me dise qu’en fin de compte, la maison d’édition ne souhaitait plus publier de livre sur ce sujet déjà très présent en librairie. C’est finalement avec un certain soulagement que j’ai pris la nouvelle car je dois bien reconnaître que même si je me sentais capable d’explorer le sujet avec sérieux, je n’avais ni l’expérience ni les connaissances ni la passion pour le faire avec plaisir et intuition. Malgré tout, j’étais une nouvelle fois déçue de voir la possibilité de décrocher un contrat d’édition me passer sous le nez.
Début 2017, une 3e maison d’édition m’a contactée et, compte tenu de mes précédentes expériences, je lui ai répondu sans trop y croire. Néanmoins, après avoir échangé avec l’éditrice par téléphone, j’ai senti que c’était plutôt bien parti. Comme elle me laissait carte blanche, je lui ai présenté le projet de guide écolo que j’avais laissé mûrir ces dernières années et quelques jours plus tard je signais – enfin ! – mon premier contrat d’édition. Je me suis alors lancée avec beaucoup d’enthousiasme et d’excitation dans la rédaction de mon manuscrit, tellement heureuse d’avoir l’opportunité de concrétiser un projet que j’avais en tête depuis longtemps ! Malheureusement, au cours de l’été 2017, après plusieurs semaines de stress et d’échanges infructueux avec la maison d’édition, j’ai dû mettre fin à notre contrat. Pour faire court, le directeur éditorial ne m’ayant jamais versé l’avance sur mes droits d’autrice et m’ayant menti à de multiples reprises à ce sujet, j’ai préféré couper les ponts avec lui avant qu’il ne soit trop tard. La rupture de ce contrat, alors que j’avais déjà investi beaucoup de temps et d’énergie dans ce projet auquel je croyais vraiment, m’a mis un vrai coup au moral et alors que je voyais d’autres blogueuses écolo publier des bouquins, je ne pouvais m’empêcher de remettre la valeur de mes écrits en question.
Plusieurs personnes de mon entourage m’ont alors encouragée à présenter mon projet à d’autres maisons d’édition mais je manquais de confiance en moi et je n’étais absolument pas disposée à « vendre » mon projet ni à encaisser un énième « rejet ». Il faut dire qu’être contactée par des maisons d’édition est une chose, les démarcher en est une autre ! Plusieurs ami·es qui croyaient encore plus que moi en l’intérêt de mon livre ont toutefois fini par me convaincre de présenter mon projet à leurs contacts dans différentes maisons d’éditions. J’ai donc pris mon courage à deux mains mais les refus ce sont enchaînés, toujours pour la même raison : l’ampleur de mon projet les rebutait toustes. « C’est beaucoup trop long pour un guide pratique », m’a-t-on répété de nombreuses fois. Deux de ces éditeur·rices étaient toutefois intéressé·es par mon projet à condition d’en revoir le contenu et, globalement, de le diviser par deux… ce qui n’était absolument pas envisageable pour moi !
Je ne voulais pas publier un livre à tout prix. Je souhaitais avant tout écrire un guide qui soit réellement utile et pour cela, il se devait d’être différent de ceux existant, aussi bien dans le fond que dans la forme. Non que le mien serait mieux que les autres : je tenais simplement à ce qu’il leur soit complémentaire et non similaire. C’est pourquoi il était hors de question pour moi de remodeler mon projet de base dans le seul but de répondre aux « normes » des guides pratiques. Écrire un livre représente un travail titanesque pour une rémunération absolument ridicule : il fallait donc que mon investissement en vaille la peine. C’est la raison pour laquelle j’ai refusé toutes les propositions d’éditeur·rices souhaitant « alléger » mon projet et j’ai fini par me faire à l’idée qu’il ne serait jamais publié.
Puis au cours de l’été 2018, un ami m’a demandé où j’en étais avec mon projet éditorial et lorsque je lui ai répondu que j’avais tout laissé en plan, il a insisté pour que j’en parle à une maison d’édition dont il avait eu d’excellents échos. Il était persuadé qu’iels seraient vraiment intéressé·es et… il a eu raison ! Pour la première fois, je me suis retrouvée à échanger avec des éditeur·rices à l’écoute, désireux·ses de comprendre les fondements de mon projet et convaincu·es que celui-ci faisait vraiment sens tel quel ! Iels étaient par ailleurs ouvert·es à l’idée de publier leur tout premier ouvrage en langue inclusive, ce qui était important pour moi.
C’est ainsi qu’au début de l’automne 2018 j’ai enfin signé mon contrat d’édition avec les Éditions Ulmer. Je ne vous cache pas qu’après toutes ces mésaventures (et encore, je ne vous ai pas tout raconté !) j’avais encore du mal à croire que ce projet aboutirait mais j’étais tout de même plus confiante cette fois-ci. La seule chose qui me préoccupait réellement était de savoir comment je parviendrai à terminer ce livre avec un nourrisson à mes côtés – j’étais enceinte de 5 mois au moment de la signature du contrat et compte tenu de l’ampleur du projet ainsi que de mes autres obligations professionnelles, je savais que je serai loin d’avoir fini la rédaction de mon manuscrit avant la naissance de notre enfant…
21 éco-défis pour prendre soin de soi et de la planète est donc le fruit d’un travail de rédaction commencé en… 2017 ! Même si j’aurais préféré rencontré moins d’obstacles en chemin, je pense que ces années de réflexion supplémentaires m’ont été très bénéfiques puisqu’elles m’ont permis de parfaire ma compréhension de certains sujets. En tout cas, 3 ans plus tard, à en croire vos premiers retours, il me semble que ça valait la peine de persévérer… alors merci aux proches qui m’ont encouragée en ce sens et aux Éditions Ulmer pour leur confiance !
Pour tout savoir sur les coulisses de l’écriture de mon manuscrit, je vous donne rendez-vous dans le prochain article de cette série !
Bonjour Natasha,
merci d’avoir pris le temps de partager ce parcours avec nous 🙂 C’est intéressant de voir les questionnements qui t’ont traversée. Mon chéri écrit des fictions et rêve qu’au moins l’une d’elles soit publiée, et de mon côté je travaille dans le milieu de la lecture et j’ai une vision sur ce qui marche ou non… Et c’est encore une autre histoire de vendre les livres ensuite. Je lui proposerai peut-être de lire ton article pour l’aider à prendre du recul et lui montrer que ces choses-là prennent du temps et que c’est pas grave 🙂
À bientôt !
Effectivement, l’écriture, l’édition et la vente d’un livre, c’est toute une aventure ! Je souhaite à ton mari de pouvoir réaliser son rêve 🙂
Bravo à toi Natasha, d’avoir tenu bon et de ne pas avoir renoncé à tes valeurs. Je suis entièrement d’accord, il y a beaucoup de livres sur le zéro déchet aujourd’hui, et on est plus dans le côté militant de la choses des années 2014/2017. Mener une vie plus respectueuse de l’environnement est quelque chose de complet, qui ne peut être réglé par 2 ou 3 bocaux et des bees wraps (et je dis ça en étant pourtant convaincue du bien-fondé du zéro déchet, puisque je fais partie d’un groupe local du réseau Zero Waste France). C’est en ça que ton livre est (j’en suis sûre, bien que je n’ai pas encore pu le lire) important. Je me demande bien pourquoi des éditeurs continuent à « surfer sur la tendance » alors que laisser un.e auteur.rice (désolée, je ne maîtrise pas vraiment l’écriture inclusive ^^) exprimer sa créativité peut résulter en un ouvrage intéressant et original (qui donc peut se vendre mieux) !
Merci Lucile. Mon livre reste essentiellement axée sur l’écologie du quotidien mais j’espère avoir su tirer profit de sa longueur « hors-normes » pour amener les lecteur·rices à pousser leur réflexion plus loin…
Il aura fallu beaucoup de persévérance, mais cela en valait la peine, bravo (et merci) ! Je suis aussi admirative que tu n’aies pas transigé sur le fait de vouloir proposer un livre vraiment différent, et j’ai toujours hâte de pouvoir le lire.
Merci beaucoup Gaëlle ! Je dois beaucoup au soutien et à la confiance de quelques proches 🙂
Merci pour cet article ^^
Je trouve ça intéressant de lire le début d’un projet tel qu’un livre, ce n’est pas le genre d’article que j’ai l’habitude de voir. J’ai hâte de lire la suite de cette aventure 🙂
Avec plaisir MH 🙂
Bonjour Natasha,
Oh oui, cela valait la peine de persévérer ! Je l’ai commencé et j’adore !
Mais que d’aventures dis donc !
Bonne journée
Amélie
Merci beaucoup pour ton enthousiasme Amélie, ça me fait vraiment chaud au cœur, surtout que tu me lis depuis si longtemps !
Quelle aventure ! Ce monde a l’air sans pitié… Ton article me donne encore plus hâte de le lire ! Ma pile de livres à acheter augmente et je suis pressée de faire une belle grosse commande en librairie 🙂
Merci Natasha de ce retour instructif !
Connaissant le milieu de l’édition, je pense que tu es quand même mal tombée ! Après, à la décharge des éditeurs, ils ont aussi tellement de livres et d’auteurs à s’occuper que ce n’est pas évident pour eux !
Pas encore été en librairie pour feuilleter ton livre, mais au vu d’une de tes stories sur Instagram (à qui s’adresse le livre), je pense que je l’achèterai surtout pour des amis 🙂 !
J’adore les coulisses, les dessous de l’histoire, les genèses etc… merci de partager cela avec nous.
J’avais écrit lors de la sortie de ton livre, que j’attendrais de le trouver d’occasion pour l’acquérir et bien, je n’aurais pas attendu trop longtemps : une amie me l’a offert hier pour mon anniversaire. Bon, compte-tenu de la situation sanitaire actuelle, elle l’a déposé sur mon bureau puisque nous travaillons « en décalé » depuis le 16 mars et nous ne nous voyons qu’occasionnellement, et j’aurais tant aimé la serrer dans mes bras pour la remercier. Ce sera pour plus tard et ce sera encore plus vrai.
Je vais donc prendre le temps de le parcourir, de le lire et je pense que je vais y retrouver l’esprit du blog… et aussi de le partager avec d’autres, et surtout, surtout, continuer à semer NOS graines afin que l’avenir fleurisse.
Très belle continuation et prenons soin les uns des autres.