Depuis quelques jours, vous pouvez retrouver un tout nouveau livre au sujet du véganisme en librairie : il s’agit de Planète Végane d’Ophélie Véron, alias Antigone XXI. À l’heure où j’écris cet article, je n’ai pas encore l’ouvrage entre mes mains, mais connaissant l’autrice, sa plume, ses qualités de chercheuse et son expérience, je sens que ce sera une lecture enrichissante !
En attendant, j’aimerais partager avec vous un tout petit extrait de ce livre et pas n’importe lequel puisque c’est moi qui l’ai écrit ! J’étais vraiment heureuse et touchée qu’Ophélie me propose de contribuer à son chapitre sur l’environnement en partageant ma réponse à la question suivante : « Peut-on être végane et locavore ? ». C’est un thème que j’avais déjà abordé sur le blog l’an dernier tout au long de l’éco-défi « Manger local et végétal » et je sais que c’est une question qui préoccupe nombre d’entre vous. J’espère que ma modeste contribution vous apportera quelques réponses et vous donnera quelques pistes pour allier locavorisme et végétalisme.
“Le problème de l’alimentation végétale, c’est que ce n’est pas local !” : voilà l’une des critiques du végétalisme les plus récurrentes que je lis et que j’entends un peu partout. De manière générale, cette affirmation sous-entend que l’alimentation végétalienne dépendrait de la consommation de produits importés et qu’elle ne serait de ce fait pas écologique. Les personnes qui (se) font cette réflexion considèrent donc que si l’on souhaite vraiment réduire l’empreinte carbone de notre assiette, la meilleure option serait d’avoir une alimentation locale omnivore.
Cette critique me titille pour deux raisons. La première, c’est qu’elle ne tient pas compte du fait que les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de produits carnés locaux restent dans certains cas plus importantes que celle liées à la production et au transport d’aliments d’origine végétale (1). La seconde, c’est que cette critique suppose que les aliments d’origine végétale locaux ne sont pas suffisants pour remplir nos besoins nutritionnels.
Or, à moins d’habiter dans une zone géographique complètement inadaptée à la culture d’une diversité de plantes comestibles, telles que les Territoires du Nord-Ouest canadiens ou le continent Antarctique par exemple, nous avons à notre portée la grande majorité des végétaux pouvant nous fournir les nutriments dont nous avons besoin au quotidien. En effet, toutes les catégories d’aliments d’origine végétale nécessaires à une alimentation saine, variée et équilibrée sont cultivées dans nos contrées : des fruits, des légumes, des céréales et pseudo-céréales complètes, des légumes secs, des graines, des fruits à coque, des oléagineux…
En France, par exemple, on trouve différentes sortes de fruits et de légumes sur les étals des producteurs.rices locaux.ales tout au long de l’année. L’on y cultive aussi plusieurs céréales et pseudo-céréales telles que le blé, le maïs, l’orge et le riz principalement, mais aussi l’avoine, le seigle, l’épeautre, le millet, le quinoa et le sarrasin. Du côté des légumes secs, on trouve des haricots secs (flageolets verts, cocos blancs, haricots tarbais…), des lentilles vertes, des pois ronds et des pois cassés, des pois chiches, des fèves et du soja. Pour ce qui est des fruits à coque et des graines, on peut se régaler d’amandes, de noisettes, de noix, de châtaignes, de graines de tournesol, de courge, de chanvre et de lin, dont plusieurs que l’on retrouve sous forme d’huile. Avec tout ces aliments et bien d’autres encore, nous avons la possibilité de nous délecter d’une belle diversité de délices végétaliens réalisés à partir d’ingrédients locaux qui contiennent – hormis la B12 – tous les nutriments dont nous avons besoin pour une santé optimale : des glucides, des lipides, des protéines, des vitamines et des sels minéraux.
Malgré la richesse du terroir local, il faut toutefois admettre qu’il reste généralement difficile de trouver certains de ces aliments dans les commerces du coin, en particulier les légumes secs qui constituent la source de protéines principale d’une alimentation végétalienne. Comme on le sait désormais, ce n’est pourtant pas faute de pouvoir les cultiver. Malheureusement, à l’heure actuelle, la culture des légumes secs représente seulement 2% des grandes cultures en France et leur consommation moyenne par habitant ne dépasse pas les 2 kilos par an (2). Ce manque d’intérêt pour les légumes secs dans nos assiettes, traditionnellement appelés “la viande du pauvre”, s’est accru peu après la seconde guerre mondiale, lorsqu’on a commencé à les associer à l’alimentation animale. En outre, ils sont bien souvent très peu valorisés et plutôt mal placés dans la pyramide alimentaire classique qui suggère que la viande, le poisson et les oeufs constituent notre seule source de protéines et que les légumes secs sont équivalents aux céréales. Cela n’encourage donc pas l’intégration des légumes secs dans les foyers peu habitués à les cuisiner et préférant les céréales, plus populaires et déjà intégrées à nos moeurs culinaires.
La difficulté de trouver des sources de protéines végétales locales n’est donc pas dû à l’impossibilité de les cultiver, mais il s’agit-là plutôt d’un exemple classique de notre modèle économique où l’offre s’adapte en fonction de la demande. Étant donné l’intérêt grandissant pour l’alimentation végétale, on peut donc imaginer que les cultures de légumes secs dans les régions françaises où ils ont été délaissés pourraient reprendre et se développer dans les années à venir. En attendant, il nous faudra continuer de faire des efforts supplémentaires pour trouver les légumes secs cultivés en France. Pour cela, on peut se rapprocher de producteurs.rices, de revendeurs.euses, de coopératives et de maraîchers.ères privilégiant la vente de produits locaux et leur faire entendre notre désir de pouvoir nous nourrir de légumes secs du coin.
N’oublions pas non plus que l’alimentation “locale” peut tout à fait inclure la consommation de produits venant des pays voisins. Après tout, il ne tient qu’à nous de déterminer les limites de notre périmètre locavore et bien souvent, il est plus écologique de consommer les aliments produits à 100 kilomètres mais de l’autre côté de la frontière que ceux cultivés dans notre pays mais à 500 kilomètres de chez soi. C’est pourquoi, faute de pouvoir trouver des légumes secs cultivés dans ma région, j’ai fait le choix d’acheter ceux cultivés en Italie que je trouve facilement en magasin bio (haricots rouges, haricots borlotti, haricots cannellini…).
Quant aux autres catégories d’aliments essentiels à une alimentation végétalienne, nous pouvons les trouver bien plus facilement parmi les produits locaux. Il suffit de faire un tour au marché, dans les magasins bio, les magasins locavores, les coopératives alimentaires, les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), La Ruche Qui dit Oui ! et même dans les rayons “produits de nos régions” de certains supermarchés pour s’en rendre compte !
On peut donc tout à fait avoir une alimentation locale et végétalienne saine, variée et équilibrée si l’on prend le temps de découvrir les produits de nos contrées et si l’on prend la peine de promouvoir leur développement afin de les rendre plus accessibles. Il s’agit donc avant tout d’une question de motivation et de volonté de notre part mais aussi de celle des producteurs.rices !
Sources
(1) Christopher L. Weber, H. Scott Matthews, “Food-Miles and the Relative Climate Impacts of Food Choices in the United States”, Environ. Sci. Technol., 2008, 42 (10), pp 3508–3513
(2) Marie-Benoit Magrini, “Can we bring the benefits of pulse crops into the light ? Insights from the French agricultural sector.
Bonjour :o) C’est clair que maintenant on trouve sans problème du quinoa cultivé en Touraine (pas bio) les lentilles depuis toujours … Bien sur si on veut des avocats il vaut mieux les prendre en Espagne pour éviter les longs voyages même si ils sont aussi peu étiques que ceux venant de loin) Ne pas oublier le sarrasin (ou kasha) de Bretagne :o) Ca dépend ou on habite et ce qu’on appelle « local » mais ce sera toujours plus écologique que l’impact de l’élevage intensif :o) Bon dimanche à toi et bravo pour la participation au livre !
Pourrais-tu m’en dire un peu plus sur les problèmes éthiques liés à la culture des avocats d’Espagne ? Il m’arrive d’en consommer, même si je n’ai aucune certitude concernant les conditions des cueilleurs.euses et je me doute bien qu’il peut se trouver des migrant.e.s qui travaillent dans des conditions difficiles parmi elles/eux. Si tu as plus d’infos à ce sujet (liens, articles, livres etc.), ça m’intéresse beaucoup STP !
Bonjour Natasha, je ne vais pas avoir beaucoup d’informations à te donner malheureusement ! Comme souvent j’ai vu un reportage sur Arte ou la 5 qui parlait des cultures intensives d’avocats, de déforestation, de problème d’eau, de clans qui se font la guerre (avec des armes !) … de cultures qui prennent le pas sur l’alimentation vivrière des populations (Mexique/Pérou/Chili) …. Mais certains commencent à faire de l’agroforesterie :o)
Pour ce qui est de l’Espagne en particulier c’est toujours le même schéma malheureusement, des mono-cultures à perte de vue, des tonnes de déchets plastique qui ont servi de tunnels de forçage aux plantes (fraises, tomates, poivrons.. ) ou de bidons de pesticides et engrais, de voiles d’hivernages … L’utilisation de l’eau d’un parc naturel juste à coté pour arroser comme ils ont épuisé leurs terres …Maintenant ils migrent leur façon de produire les fruits et légumes vers le Maroc (et leurs intérêts financiers !).
Mais tout va bien pour eux puisqu’avec le boom immobilier en Espagne ils revendent leurs terres pour construire des immeubles ou des hôtels ! Sur une terre morte à cause des engrais et pesticides et dépourvue d’eau potable …
Et bien sur, comme tu le dis les conditions de vie du « personnel » vraiment majoritairement « migrant » embauché pour les récoltes, qui sont très très mal logés, sous payés, avec des horaires pas possibles … Mais c’est presque partout pareil pour ça !
Pour ma part je suis arrivée au végétarisme, puis végétalisme par « l’autre bout » du cheminement ;o) C’est à dire par le coté écolo, au départ les recettes avec de l’avocat ou des oranges… à tout bout de champs m’embêtaient un peu, maintenant je fais comme toi si c’est de la noix du Brésil ou autre je prends celle de Grenoble … ! C’est pour ça que j’aime beaucoup les articles de ton blog et tes recettes de la semaine :o) Merci à toi :o)
Je te remercie pour ces détails qui n’ont rien d’étonnant ni de nouveaux malheureusement et qui reflètent les problèmes liés à la culture de nombreux autres aliments malheureusement ;-( . C’est vraiment déplorable et inquiétant…
Avec plaisir :o) Belle semaine à toi
Petite précision : ceux en provenance d’Israël n’étaient pas pointés du doigt ;o)
Je me suis posé ces questions en regardant les recettes de « salade samouraï »: difficile d’en trouver qui respectent ces critères! Il y a beaucoup d’ingrédients exotiques…
Depuis une discussion avec un cousin locavore, je creuse le sujet: moins de bananes à notre table, et plus de pois chiches et lentilles cultivées dans notre département (pour les pois chiches, j’ai été étonnée: je ne pensais pas que ça poussait par ici)
Au départ, rend les courses encore un peu plus compliquées, mais au bout d’un moment, un automatisme se met en place.
Mon magasin bio met en évidence les produits locaux avec un étiquetage particulier: je ne regarde que les étiquettes locales et je vois si cela suffit à notre consommation. C’est comme un challenge: que cuisiner avec ces ingrédients cette semaine?
Ce qui reste difficile, c’est le thé, le chocolat, les fruits en hiver…
J’ai profité de ton article pour relire celui sur l’alimentation végétale et locale, dans lequel tu proposais l’Ebook des recettes de l’eco defi: peut on encore le télécharger?
Merci!
Personnellement, quand une recette fait appel à des ingrédients exotiques, je les remplace par des alternatives plus locales ou je m’en passe tout simplement- par exemple, hier j’ai fait une salade du blog Minimalist Baker (voir mon menu publié vendredi) et j’ai utilisé des noix de Grenoble à la place des noix de Pécan.
En effet, quand on prend l’habitude, repérer les alternatives locales devient plus simples et en plus cela permet de découvrir de nouveaux ingrédients !
Personnellement, j’ai remplacé le thé par des infusions de plantes locales et moi qui ne pouvais me passer de mon carreau de chocolat quotidien, je tâche désormais de le réserver aux occasions particulières. Cela ne m’empêche pas toutefois d’en consommer comme ça, juste par envie, mais cela reste occasionnel. Le fait que j’achète du chocolat bio et équitable m’aide aussi à en limiter la consommation car c’est trop onéreux pour en faire un aliment du quotidien.
Les 4 Ebooks de recettes printanières, végétales et locales peuvent être téléchargés par ici.
J’ai TELLEMENT hâte de lire et bouquin!!! Et surtout de le prêter à tous mes proches 😉 félicitations pour ta contribution, c’est un point qui me tient à cœur de manger végétal et le plus local possible, car je suis également agacée d’entendre qu’un végétalien ne mange que des produits importés (et alors eux qui me disent qu’on mange du soja qui a deforesté l’Amazonie, comment dire…)
Juste une micro remarque : il existe un autre nutriment qu’on trouve difficilement dans une alimentation locale et végétale, le sélénium. Les noix du Brésil en contiennent beaucoup, mais on en trouve également à moindre dose dans les champignons. Il reste tout de même plus simple de manger deux noix du Brésil par jour pour couvrir ses apports.
J’ai moi aussi l’intention de faire découvrir ce livre à plusieurs de mes proches car je suis certaine qu’il répondra mieux que moi aux questions qu’iels se posent !
Ce qui m’ennuie quand on associe végétalisme et produits exportés, c’est que, d’après mon expérience, les personnes omnivores qui font cet amalgame boivent du café et du thé et mange du chocolat et des bananes… et mangent des animaux nourris de céréales et pseudo-céréales importés !
La consommation de produits importés concerne donc la plupart d’entre nous, que l’on soit omni ou végétalien…
Merci pour ce rappel pertinent concernant le selenium 🙂
c’est pas forcément la faute aux omnivores … beaucoup de recettes vegan de la blogosphère utilisent des ingrédients exotiques (ou qui le semblent dans la tête de beaucoup) donc merci à ton article de clarifier certaines choses.
Quant au site d’Antigone XXI, je ne le lis plus, trop dogmatique pour moi. Marre qu’on oppose les vegan et les autres, comme si les vegan détenaient le savoir absolu … au-delà de vérités scientifiques (écologie, sensibilité des animaux), le véganisme est aussi une affaire de croyance/opinion et je déteste qu’on essaie de me convertir !
Je préfère consommer local, ZD, bio, éthique, économique et (mais ?) omnivore. Tout n’est pas blanc ou noir, je suis sure qu’il y a des vegan pas écolo.
Je n’ai pas souhaité sous-entendre que c’était « la faute aux omnivores »… on se fait tou.te.s une idée sur certaines choses en fonction de ce que l’on croit et/ou connaît. Effectivement, on voit beaucoup (trop) de recettes réalisées à base d’ingrédients exotiques circuler dans la blogsphère végétalienne et cela contribue certainement à renforcer cette croyance que pour manger végétalien, on doit se nourrir de produits importés. Cela me rappelle ma vision de la cuisine végétalienne lorsque je l’ai découverte il y a quelques années de ça : les 1ères recettes sur lesquelles je suis tombée avaient non seulement des ingrédients méconnus et introuvables au supermarché (où je faisais encore mes courses à l’époque)- importés ou pas- mais en plus des listes d’ingrédients à rallonge… du coup, ça m’a donné une image du végétalisme très différente de celle que je m’en fais aujourd’hui.
Je n’aime pas non plus qu’on essaie de me convertir à quoi que ce soit et j’en ai beaucoup souffert par le passé… donc je comprends tout à fait ton ressenti. J’ai toutefois, comme tu t’en doutes, une perception bien différente des propos d’Ophélie. Dans l’un de ces derniers articles, elle évoque d’ailleurs ses maladresses dans sa manière de défendre les animaux.
Je pense qu’à partir du moment où une cause nous touche sur le plan émotionnel, il nous faut un certain temps d’adaptation avant de pouvoir en parler de manière bienveillante, sans laisser les émotions négatives ternir nos propos. Personnellement, il m’a fallu beaucoup de temps avant de pouvoir parler de mes choix sans fondre en larmes, sans ressentir le besoin de défendre mes choix et mes croyances face à celles et ceux qui ne les comprenaient/respectaient pas.
Rien n’est blanc ou noir, je suis bien d’accord. Et le véganisme n’est pas synonyme d’écologie non plus, de la même manière qu’un régime alimentaire végétalien n’est pas synonyme d’une alimentation saine. Il y a différentes manières de vivre son véganisme et différentes manières d’appliquer ses valeurs écologiques aussi. Ce n’est pas une compétition, il n’y a pas de pyramide ni de podium. La seule personne que l’on peut chercher à dépasser à la limite, c’est celle que l’on était hier… 😉
c’est tout à fait ça ! (et mon ressenti vient peut-être aussi d’une forme de culpabilité)
Je connais la cuisine végétalienne essentiellement par ce blog, même si ce n’est pas pour cela que je viens, donc je n’en ai pas une image négative. J’aime bien te lire car j’apprends plein de choses et tu es capable de dire tes contradictions, les domaines où tu n’as pas (encore) trouvé d’alternative. Et il y a beaucoup d’humilité ici.
(J’avais déjà lu l’article sur « ses maladresses » d’Ophélie Véron, j’ai bien aimé).
J’ai hâte de lire son livre, mais j’avoue qu’être végan et locavore est une question que je ne me suis jamais posée…. parce que je le suis et que ça ne me pose aucun problème, lol 😀
C’est super que tu puisses être végane et locavore sans te poser de questions ! T’arrive-t-il de faire des exceptions et si oui pour quel(s) type(s) d’aliment(s) ?
Super cet article ! Je ne savais pas que tu avais participé au livre de Ophélie, que j’adore ! Il faut absolument que j’aille me procurer le livre, d’ailleurs. Il a l’air tellement plein de douceur et de bienveillance !
Il faut dire que je n’en avais parlé à personne jusqu’à la sortie du livre 😉
Personnellement, je vis dans un endroit (l’île de La Réunion) où l’on pourrait certainement cultiver de tout (cela a été fait lors des siècles précédents lorsques les premiers colons sont arrivés sur l’ïle), mais ce n’est pas le cas. Certes, on a vraiment plein de fruits et légumes locaux ; en ce moment, je mange plein d’avocats, de bananes et de noix de coco qui viennent du jardin de mon grand-père, je trouve des ananas Victoria sur le marché à très bon prix presque toute l’année, en saison on a évidemment plein de mangues, de letchis, de fruits de la passion, ou alors des agrumes, et une multitude d’autres fruits moins connus (sapote, sapotille, goyaviers, grenadelles, cerises du Brésil, etc.). Pour les légumes, on trouve à peu près toute l’année ceux qui poussent l’été et l’hiver en Europe. On a plein de plantes à infusion, du thé (même si, en grande amatrice de thé, je dois reconnaître qu’il est assez moyen), un café délicieux (mais rare et très cher, la majeure partie de la production part au Japon), et même de la spiruline.
Cependant, à part une petite production de lentilles (à 14 euros le kilogramme), nous n’avons aucune céréale, pseudo-céréale ou légumineuse cultivée ici. Pour moi cela ne justifie pas la consommation de viande, car les animaux d’élevage sont nourris en grande partie de graines qui ne viennent pas pas d’ici non plus. J’achète donc du riz (bio) qui vient d’Inde, parfois des légumes secs (non bio) en provenance de Madagascar, et d’autres produits bio ou pas qui arrivent de France métropolitaine. C’est loin d’être idéal, mais c’est vraiment compliqué quand on habite sur une petite île montagneuse où l’espace agricole, et l’espace tout court, est très limité : ce n’est facile d’être locavore ni pour les végétaliens, ni pour les omnivores (sauf ceux qui seraient prêts à se nourrir uniquement de fruits, légumes et poissons ?). Sachant que la base du repas traditionnel ici, c’est riz-grains (haricots, lentilles, pois du Cap,etc.)-rougail (accompagnement pimenté ou non, contenant de la viande ou non), je n’ai même pas l’impression que la question inquiète beaucoup de monde ; alors que pour moi, c’est un vrai problème que je n’arrive pas à résoudre (j’ai grandi en mangeant du riz à presque tous les repas, je ne me vois pas le remplacer systématiquement par des pommes de terre, des patates douces ou des fruits à pain !).
Merci d’avoir pris le temps de partager ton expérience à La Réunion.
C’est déjà super que tu aies accès à une variété suffisante de fruits et légumes locaux car c’est bien l’exportation de ces derniers qui pose problème, autant sur le plan social qu’environnemental.
Un couple d’ami.e.s qui vit à La Réunion m’avait justement rapporté des lentilles locales (achetées en vrac :-)) l’été dernier- les lentilles de Cilaos. Est-ce les lentilles dont tu parles ? Ce soit être frustrant en tous cas de ne pas avoir accès à d’autres légumes secs et à aucune céréale locale. Comme je le disais dans l’article, en fonction de notre situation géographique, certain.e.s d’entre nous sont mieux loti.e.s que d’autres… L’essentiel est de profiter au maximum de ce que l’on a à sa portée et de compléter avec des produits exportés pour le reste.
Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis à propos du riz- dans ma famille d’origine indienne, on mangeait du riz basmati une à deux fois par jour… j’ai donc du mal à m’en passer ! Ceci dit, je n’en cuisine désormais plus que 2-3 fois par mois ; j’essaie d’alterner avec du riz arborio ou de Camargue, plus local pour moi. Mais ce n’est pas la même chose que du riz Basmati, c’est certain !
Merci à toi pour tes encouragements !
Je suis, en effet, tout à fait consciente que cet accès aux produits frais locaux est un grand pas en avant par rapport à quand je vivais à Paris (j’y ai passé 9 ans pour mes études ; je faisais partie d’une AMAP : bien pour les légumes, mais pour les fruits c’était assez compliqué). Cela dit, j’achetais des lentilles vertes cultivées en région parisienne (l’épicerie locavore, si je me souviens bien), et, comme toi, du riz de Camargue ou d’Italie, et occasionnellement du basmati pour faire un vrai repas réunionnais 😉 L’impact environnemental était peut-être moindre ? J’ai peur de faire le calcul, car revenir vivre à La Réunion est un choix qui m’apporte une qualité de vie incomparable à la vie parisienne … Je me console en me disant qu’ici, nous pouvons au moins faire un projet de construction de maison « développement durable ».
C’est bien des lentilles de Cilaos dont je parlais ! Et j’ai ainsi maladroitement révélé le prix de ton cadeau :-/ Je précise qu’on trouve aussi des haricots frais à écosser, et du maïs frais aussi (s’il y a une production locale de maïs concassé – style polenta – ou de farine de maïs, je n’ai jamais réussi à mettre la main dessus !).
Cela dit, je ne désespère pas, et je suis sûre que je trouverai matière à m’améliorer dans les mois et les années qui viennent. Je pense que je devrais suivre ton exemple et noter mes « petits pas verts » pour m’encourager et voir les choses du côté positif.
C’est super que tu te sois lancée dans un projet de construction de maison durable !
Pas de souci pour avoir « révélé » le prix du cadeau, ce genre de détail m’importe peu ! Et puis franchement, quelles étaient les chances pour que quelqu’un m’offre un bocal de lentilles de Cilaos alors que je vis en Allemagne 😉 ! (et c’est pas un cadeau habituel non plus, il faut bien l’avouer… mais le genre de cadeau que j’adore évidemment !).
En tous cas, ça me fait plaisir que tu me lis depuis là-bas. Je n’ai jamais été sur cette île mais ma maman a grandi à Madagascar alors ce coin du monde a fait partie de son enfance, c’est un petit bout d’elle et donc une partie de notre histoire familiale :-).
Merci Natasha! Tellement marre de cette discussion! Je vis en Irlande – vegetalienne à domicile et végétarienne à l’extérieur – tu n’imagine pas combien de fois j’ai entendu cette remarque. Pourtant j’ai un jardin – n’achète pas de légumes à part des pommes-de-terre irlandaise et de l’ail – toujours européen, pour les légumineuses et mes fruits je les prends 100% origine Europe et de saison – bien sûr ce n’est pas parfait mais dire que les végétaliens n’achètent que des produits importés… Comment dire!!! Bref… Merci!
Je t’en prie !
C’est vraiment super que tu sois autonome pour les légumes 🙂 !
Merci pour ce bel article, je vais me faire offrir le livre par mes enfants pour mon anniversaire (je suis pénible, je ne veux plus que des livres et ne veux pas qu’ils se ruinent !!!) mais qui n’aura lieu qu’en Juillet, encore deux mois à attendre !
Nous consommons beaucoup de légumes secs, essentiellement des lentilles vertes que nous ADORONS littéralement : chaudes en accompagnement de riz et légumes, froides en salade, et souvent, en « tartinade ». Je m’inspire beaucoup des deux gros livres de Marie Laforêt pour les idées.
J’ai aussi de la purée de sésame et de noix de cajou et de la sauce soja, conditionnées en France mais quant à l’origine des ingrédients ?
Comme je fais pas mal de courses à la Biocoop, tout cela vient de France, surtout du centre. J’habite en Drôme, ce qui me semble raisonnable comme distance.
Je fais au mieux, et « j’avoue » que j’achète pour le dépannage des légumes bio, cultivés en France, et surgelés par Picard… Cela me sauve certains soirs de retour tardif du boulot quand mes deux jeunes crient famine !!! et que je n’ai aucun courage pour cuisiner, alors qu’il le faut bien !
Sinon, je cuisine l’été des légumes de saison, et je les congèle dans des contenants en verre, pour l’hiver.
Merci encore pour ton article.
Nous aussi, nous adorons les lentilles vertes par ici ! Je fais le plein quand je rentre en France car celles que l’on trouve au magasin bio ici viennent… du Canada !
Pour la purée de sésame, de noix de cajou etc. la provenance des ingrédients n’est-elle pas indiquée sur les emballages ?
Effectivement, c’est bien pratique les légumes surgelés. Il m’arrive personnellement d’utiliser des petits pois et des épinards. Ils sont bio et emballés dans du carton mais j’avoue que je n’ai pas fait attention à leur provenance…
Vivement le mois de juillet alors 😉 !
Salut Natasha,
Moi cette année j’ai semé deux sortes de fèves dans mon jardin. Elles ont levé sans arrosage et ont résisté au gèle ( 3 jours quand même…). Aujourd’hui elles sont en fleurs et sont magnifiques. Le local c’est pas si compliqué! Reste maintenant à les cuisiner et conserver… Mais l’année prochaine j’essaie les lentilles ; )!
Si non, bizarrement moi qui travaille en ville et vie à la campagne, je fais la plupart de mes courses en ville faute de produits bio et locaux à la campagne…! mais depuis un an ça change et des magasins/marchés ouvrent. Ça avance, bientôt on entendra plus ces bêtises sur le végétal non locale.
J’ai semé des fèves pour la première fois il y a un an et demi et nous avons eu une superbe récolte au printemps dernier- ce que j’ai apprécié, comme tu le mentionnes, c’est le fait de ne pas avoir besoin de les arroser car la pluie d’automne et d’hiver leur ont largement suffit. Elles avaient aussi résisté au gel. J’ai retenté l’expérience cette année… et à ma grande déception, rien n’a poussé, même pas une graine, même pas une feuille… Mais je ne sais pas pourquoi. Cela ne m’empêchera pas de réessayer à l’automne prochain !
C’est chouette que tu projettes de semer des lentilles !
Merci Natasha pour cet article, et aussi à tous les autres lecteurs pour tous ces échanges en commentaires, parce que c’est vraiment THE sujet qui m’intéresse ! Je ne suis pas vegan mais la majeure partie de mon alimentation est végétalienne, et comme c’est nouveau, je ne fais que chercher des recettes où je trouve sans arrêt des ingrédients exotiques (bananes, mangues, huile de coco…) voire juste des ingrédients que je ne connais pas et que je suis quasi sûre de ne pas trouver en vrac. En lisant ces recettes que pour rester en bonne santé en mangeant vegan il faut absolument utiliser des ingrédients exotiques. Je suis contente de lire que tu remplaces des ingrédients dans tes recettes, moi je le fais aussi mais pas toujours avec succès… je suis preneuse d’infos !
Bon, après mon amoureux est accros aux bananes (5kg par semaine !!) ainsi qu’au beurre de cacahuète, et moi c’est au chocolat… Dur, dur !
Allez, à bientôt dans un monde plus écolo 😉 Merci pour tous tes articles !!
Si cela peut te rassurer, j’ai moi aussi été déçue en remplaçant certains ingrédients parfois… mais avec l’expérience et le temps, on finit par savoir sans difficulté de quel(s) ingrédient(s) ou peut se passer dans une recette ou par quoi on peut le(s) remplacer. J’espère que tu finiras par trouver des alternatives locales qui te conviendront 🙂
Pendant longtemps, la banane a été le seul fruit que je mangeais (mais pas plus d’une part jour toutefois). J’avais d’ailleurs fait un article à ce sujet. Désormais, je n’en achète plus du tout et j’en mange seulement quand je ne suis pas chez moi et ça me dépanne bien. À la maison, je mange plus de légumes tout simplement. Un aliment exporté dont je ne pensais vraiment pas pouvoir me passer, c’est le thé- je l’ai remplacé par les infusions de plantes locales depuis un an et ça me convient bien. Quant au chocolat, j’en mangeais systématiquement un carreau par jour après le déjeuner. Aujourd’hui, j’en mange à peine une fois par semaine, soit en boisson, soit en dessert…
Avec le temps, quand on est prêt et si on le souhaite, on peut finir par réduire sa consommation de produits exportés et même en éliminer certains dont on ne pensait pas pouvoir se passer. Mais on ne peut pas changer tout à la fois. Découvrir la cuisine végétalienne est déjà un sacré défi. Quand tu seras plus à l’aise, tu pourras commencer à réfléchir à la manière de la rendre plus locale… Je te souhaite en tous cas de belles découvertes et beaucoup de gourmandises !
Oui, je suis d’accord avec toi, c’est une question d’habitude ! Par exemple, j’étais accro au lait de vache et ça ne me posais aucun problème, mais depuis un an, je n’en bois plus du tout, c’est incroyable 😮 Bravo pour tous les efforts que tu as fait, je vais suivre ton exemple pour le chocolat ! Merci pour tes encouragements !
J’avoue que cela n’a pas été un effort pour moi car j’ai attendu de mettre en place ces changements au moment où j’en avais vraiment envie, où je savais que je ne me sentirais pas frustrée 🙂 Je pense que c’est en y allant à notre rythme qu’on pourra mettre en place des changements véritablement durables 🙂
Bravo Natasha, pour cette contribution au livre d’Ophélie et merci à elle de te l’avoir proposer. Cet article fait écho pour moi à ce que tu écrivais au moment où tu as dit que tu passais à temps partiel pour consacrer plus de temps au blog et au « verdissement » de la planète. Je trouve que cela participe à donner du sens à ton engagement.
Je vous souhaite à toutes les deux encore de belles aventures en commun.
Merci beaucoup pour ton soutien et tes jolis souhaits 💚
Mon alimentation est de plus en plus locale et végétale. J’ai la chance de trouver des légumineuses cultivées dans ma région et en bio. Pour les légumes aussi, c’est très facile de se fournir localement. Par contre, pour les céréales et les fruits, c’est parfois plus compliqué car je privilégie le bio.
Chacun devrait s’interroger sur la provenance des aliments qu’il consomme et je pense que certains omnivores seraient surpris des kilomètres parcourus par certains produits.
Je me réjouis aussi que beaucoup de producteurs cultivent des produits comme le quinoa, les lentilles corail, des kumquats ou des patates douces, aujourd’hui en France. C’est vraiment une histoire de volonté et de curiosité.
Enfin, je suis ravie de découvrir ta plume dans le livre d’Ophélie Véron. Ton article déconstruit bien cette idée reçue : « Le problème de l’alimentation végétale, c’est que ce n’est pas local ! » que tu cites au début.
Merci Catherine 🙂
Effectivement, lorsqu’on mange de la viande et d’autres produits d’animaux, il faut également prendre en compte la distance parcourue par les aliments qui ont nourri ces animaux… car même s’ils sont élevés dans notre région, leur nourriture n’est pas forcément locale.
Félicitations pour ta participation dans ce livre et merci de nous en livrer un passage 🙂
Après l’avoir feuilleté en librairie, je l’ai acheté, convaincue d’apprendre beaucoup de choses, tant il est bien documenté.
Pour ce qui est de manger locale, actuellement, je penche sur trois points de mon alimentation que j’essaye d’améliorer : Le chocolat (pas facile d’en diminuer ma consommation, en plus en habitant en Suisse…), les noix de cajou (pour combler les petits creux de la journée, et je ne supporte pas les noix de Grenoble) et le thé noir du matin… Je n’ai pas encore trouvé d’infusion locale qui me réveille autant le matin, tout en ayant un goût neutre…
Merci encore pour toutes tes astuces!
Je t’en prie 🙂
Ah, le chocolat ! Je crois que c’est le « point faible » de nombre d’entre nous. Personnellement, j’ai fait le choix d’en réduire sa consommation et de le réserver aux occasions spéciales principalement (avec des exceptions : quand j’en ai envie tout simplement, je ne « prive » pas, mais j’en achète et j’en consomme beaucoup moins qu’avant de manière générale et pas quotidiennement).
C’est un peu pareil pour les noix de cajou- je les utilise pour des recettes de desserts crus ou de tardinades « fromagères » quand je reçois du monde.
Quant au thé, je ne pensais pas y arriver mais j’ai finalement réussi par le remplacer par des infusions, sans voir de différence au niveau de l’effet « réveil ».
J’espère que toi aussi tu finiras par trouver des alternatives plus locales qui te conviendront 🙂
PS- un grand merci pour ton mail qui m’a fait tellement plaisir et auquel je compte bien prendre le temps de répondre.
Merci pour ce sujet. Je suis vegan frugivore en France metropolitaine. Je mange des kilos de bananes, ananas, mangues oranges , mais aussi plein d »autres fruits plus locaux. Je digère difficilement les céréales et les légumineuses.Je me porte mieux comme ca mais j’avoue ca m’embete tout ca. Déja etre vegan c ‘est restritctif , vegan locavore c’a l’est encore plus….
Personnellement je ne me sens pas du tout restreinte dans mes choix puisque je mange tous types d’aliments d’origine végétale 🙂
ravie que tu ne te sente pas frustrée. Je pense que je me sentirais frustrée si je ne pouvais manger les fruits qui me font envie même si ils sont importés. Bravo en tout cas!
Bonjour et merci pour ton article qui répond à ma principale question en matière de véganisme. Je tend à une alimentation plus saine et surtout plus écologique et de ce fait je m’interroge évidemment sur ma consommation de produits d’origine animale. Mon alimentation est composée de produits locaux (régionaux si possible et français dans tous les cas), et principalement végétaux. J’achète cependant du beurre, du lait, de la crème et du fromage aux producteurs qui se trouvent non loin de chez moi. Comment remplacer ces aliments par des produits locaux ? Les alternatives végétales sont pour la plupart importées et certaines d’entre elles contiennent de multiples composants que j’ai parfois du mal à déchiffrer… Peux-tu me donner ton avis sur la question ? Par avance, merci mille fois. Au plaisir de te lire.
Bonjour Lucie,
Compte tenu de l’impact de l’élevage (intensif ou non), l’empreinte des produits d’origine végétale importée n’est pas forcément plus importante, bien au contraire. Et parfois, les producteur·rices ont beau être « locaux », iels nourrissent leurs élevages avec des aliments importés (soja d’Amazonie par exemple).
Voici quelques idées d’alternatives locales aux produits que tu mentionnes :
– Lait végétal à base d’avoine, de soja, de noisettes ou d’amandes cultivés en France.
– Fromages végétaux à base de soja ou d’amandes cultivés en France.
– Pour la crème végétale, Sandrine de Végébon propose plusieurs recettes maison à base d’ingrédients potentiellement locaux et sinon personnellement j’aime bien celle de la marque Provamel fabriquée à base de soja cultivé en France, en Allemagne et en Autriche.
– Enfin, pour le beurre, tout dépend de l’usage que tu veux en faire. Dans certaines recettes il peut être remplacé par de l’huile végétale (tournesol, colza, etc.). Les margarines du commerce contiennent généralement des produits importés.
J’espère que cela t’offre de nouvelles perspectives.