Il ne fait plus aucun doute : le « zéro déchet » gagne du terrain en France. Le premier Festival Zéro Déchet qui s’est tenu il y a quelques jours à Paris en fut la preuve, d’après les articles que j’ai lus à son sujet (ici et là). Si ce mouvement gagne en popularité, c’est grâce à l’ambition, à la motivation et à la créativité de centaines de personnes qui- souvent inspirées par Béa Johnson- décident de changer de cap professionnel afin de contribuer à la quantité de déchets qui finissent dans les décharges, à l’incinérateur ou au centre de tri. Parmi ces personnes, il y a Sabrina, une jeune éco-entrepreneuse qui a lancé KUFU en début d’année.
KUFU est une jolie boutique en ligne qui propose des alternatives réutilisables et lavables aux produits jetables qui ont envahi notre quotidien : sacs à baguette, sacs de courses, sacs à vrac, cotons, mouchoirs… L’originalité de ces produits tient au fait qu’ils sont réalisés à partir de chutes de tissus récupérés par Sabrina auprès de couturières et créatrices de sa région. Ainsi, elle allie zéro déchet, récup et upcycling, pour une démarche cohérente jusqu’au bout.
Je vous propose aujourd’hui de découvrir le parcours de cette éco-entrepreneuse pleine de créativité et de belles idées !
Comment t’est venue l’idée de créer KUFU ?
Je buvais un café avec ma copine Tiphaine (Blog Tiff in Lyon) et elle a commencé à me parler du concept de zéro déchet. Je l’écoutais avec attention et trouvais très intéressant ce qu’elle m’expliquait. Mais j’avais du mal à concevoir que mes pauvres petits gestes du quotidien puissent avoir un impact réel sur l’environnement !
.Coïncidence ou non, j’avais prévu d’aller voir le film Demain après notre entrevue. Un film qui reprenait les propos de mon amie, en les illustrant d’exemples concrets. Tout le discours que j’avais tenu était en train d’être contredit par des arguments fondés. J’ai alors réalisé que c’est justement dans les petites choses du quotidien que de grandes choses se réalisent !
Puis j’ai commencé à m’intéresser davantage à ce sujet. J’ai notamment lu le livre de Béa Johnson et regardé Ma vie Zéro déchet, un documentaire de Donatier Lemaître. J’ai ensuite dévoré L’art de l’essentiel de Dominique Loreau, qui m’a particulièrement touchée. C’est simple, suite à cette lecture j’ai désencombré mon appartement et vendu en une semaine 70 % de mes affaires. Et je vous assure, ça fait un bien fou au moral de se débarrasser de ses objets superflus pour voir plus clairement l’essentiel !
Suite à cela j’ai eu envie de faire plus : je souhaitais faire partie du changement…et de là est née KUFU. Je suis tombée sur le terme « KUFU » lors de ma lecture de L’art de l’essentiel. C’est un concept japonais qui signifie « faire avec les moyens du bord ». Ce mot m’a fait réfléchir jusqu’à imaginer mon projet portant ce nom.
Sur quelles valeurs est fondée ton entreprise ?
KUFU se base sur 4 piliers qui sont pour moi les fondations du mieux-être tant convoité– mais attention, KUFU est un ami bienveillant, et surtout pas un donneur de leçons moralisateur !
- Il y a tout d’abord la diminution des déchets que l’on appelle chez KUFU : DECHET DETOX ! Elle se matérialise par l’utilisation de sacs réutilisables, d’achats en vrac ou encore de produits durables pour palier au tout jetable.
- Et pour cela il est important de privilégier plus de produits FAITS MAISON, afin de diminuer les emballages, mais surtout pour connaître leur composition, simplifier au maximum leurs ingrédients et faire des économies par la même occasion. Et si vos mains étaient la nouvelle machine du futur…?
- Ensuite, le DÉSENCOMBREMENT ET LA SIMPLIFICATION de son espace libèrent l’esprit ! Cela amène aussi à réfléchir et à se confronter à son style de consommation, pour se poser les bonnes questions pour la suite : De quoi ai-je réellement besoin ? La réponse est souvent : « LESS IS MORE »…
- Enfin, le dernier pilier est L’ORGANISATION ET L’ANTICIPATION ! C’est la clé du succès pour éviter les achats superflus, tels les sacs non recyclables car on a oublié les nôtres, etc. Finalement, on gagnerait presque du temps à se poser pour faire sa TO DO LIST, et surtout on gagne certainement en sérénité.
Quel cheminement as-tu suivi pour devenir éco-entrepreneuse ?
Je suis graphiste depuis bientôt 10 ans (j’ai commencé tôt !). Mais depuis quelques temps, je ne me sentais plus vraiment en accord avec l’environnement et le contexte de mon métier. Il m’était tout de même difficile jusqu’à maintenant d’identifier de manière précise ce qui me déplaisait. Désormais, j’ai compris que les valeurs associées à cette profession ne me convenaient plus : je travaillais pour de grandes agences de communication, qui étaient elles-mêmes au service de grandes marques. Moi, au bout de cette chaîne, je devais « influencer le futur client à acheter »… Et pour se faire, j’avais très souvent recours à des emballages et suremballages en matières non recyclables ! Vous imaginez !
Du coup, suite à cette réflexion sur ce qui me semblerait être de bonnes bases pour vivre-mieux, il fallait réfléchir à un projet viable. Je suis passionnée de couture depuis que j’ai 12 ans (16 ans maintenant, je vous laisse faire le calcul…). Je me suis toujours dit qu’un jour j’en ferai mon métier. Ce jour est enfin arrivé, et j’en suis ravie !
Afin de lier les piliers du KUFU à mes compétences, j’ai choisi de réaliser des sacs réutilisables et durables ainsi que des produits pour remplacer ceux jetables. Et pourquoi ne pas être cohérent jusqu’au bout en réalisant ces produits grâce à des chutes textiles des créateurs locaux ? Je côtoie souvent les créateurs de ma ville, Lyon, ce qui m’a fait remarquer le surplus de tissu jeté, notamment lors des découpes de vêtements. Du coup, j’ai demandé aux créatrices que je connais si je pouvais les récupérer. En deux heures, j’avais récupéré deux gros sacs Ikea, remplis de chutes de tissus qui étaient à l’origine destinés à la poubelle !
Finalement grâce à KUFU, je suis plus en accord avec mes valeurs, je vis de ma passion pour la couture, je sauve de la déchetterie un paquet de tissus et je vends des produits pour diminuer les déchets ! La vie est belle !
Quelles créations proposes-tu et comment sont-elles confectionnées ?
KUFU propose des solutions alternatives pour ne plus jeter à tout-va : sacs à vrac pour accompagner nos courses et produits réutilisables pour palier au jetable (cotons bio, mouchoirs).
La démarche KUFU mobilise des jeunes créateurs locaux, des fournisseurs de tissus biologiques et des couturières amatrices qui n’hésitent pas à nous faire don de leurs sacs des chutes de tissus. Cela donne des produits qui sont souvent des pièces uniques et permet de faire rimer bon goût avec engagement !
Les produits sont réalisés dans l’atelier KUFU sur Lyon, en interne. Je réalise aussi des sérigraphies artisanales (elles sont très résistantes à l’eau et sans danger au contact des aliments). Je propose également de personnaliser les sacs d’emballages. J’ai par exemple travaillé avec l’épicerie vrac « Ô Bocal » pour qui j’ai réalisé des sacs à deux compartiments, avec « Soin de soin », une marque de cosmétiques naturels qui avait besoin de cotons et de pochons.
Tu as autour de toi une équipe 100% féminine… Peux-tu nous raconter un peu comment tu as constitué ton équipe de “petits fées” ?
Trois super copines m’ont épaulé pour le lancement de KUFU !
Tout le monde sait que l’union fait la force, et je souhaitais m’entourer de personnes que j’apprécie pour leurs compétences mais surtout humainement. Je dois avouer que j’ai de la chance : j’ai des amies très douées dans leur domaine respectif !
Tout d’abord Marie m’a soutenue lors du lancement et a écrit tous les textes du site web. Puis Camille a développé et codé le site web sur la base de mes idées graphiques. Un grand bravo car elle a pu réaliser toutes mes demandes. C’est rare de trouver un webmaster qui peut concrétiser toutes nos fantaisies ! Ensuite il y a Vanessa, l’illustratrice de KUFU. Amie de longue date avec qui j’avais déjà développé un projet autour de la couture et de l’illustration (Les illustrateurs). Elle réalise l’univers illustré de la marque avec notamment la réalisation de la « génération KUFU ». Et enfin, il y a moi…Sabrina qui fait plus ou moins tout le reste.
Quels ont été tes plus gros challenges dans la création de ton entreprise ?
Arriver à répondre à la demande soudaine lors du lancement ! Je crois que je ne m’attendais pas à ce que cela aille aussi vite. Du coup, j’ai très peu dormi pendant les deux premiers mois, mais ça valait vraiment le coup !
Mais je pense que le plus gros challenge de toute entreprise qui se lance est de trouver un rythme entre vie pro et vie perso. C’est un challenge du quotidien : ne pas se laisser envahir par l’aventure et pouvoir continuer à s’épanouir dans sa vie personnelle. J’aimerais atteindre cet équilibre.
Quels ont été tes plus belles surprises et tes plus grands moments depuis le lancement de KUFU ?
Ma plus belle surprise est l’engouement que le projet a suscité dès son lancement. J’étais aux anges de voir que le projet plaisait à tous ces gens. C’est galvanisant !
Le plus beau moment… je pense que c’est la rencontre à Bordeaux avec l’équipe de ‘Cosmétique Soin de soi’. Ce sont des femmes en or, qui se battent pour leurs convictions avec gentillesse et générosité. Je suis fière et heureuse de travailler avec elles sur des emballages durables !
Retrouvez KUFU sur leur site et Facebook.
Très inspirant, ce genre d’initiative. Bravo d’avoir osé se lancer !
Merci beaucoup 🙂
Très belle initiative ! Les sacs proposés sont jolis et colorés. . .couturière-amatrice, ça me donne des idées pour réutiliser mes chutes de tissus. Merci et belle continuation, Sylvie.
Super initiative mais voilà quelque chose qui me parle car je le fais comme par exemple utiliser une vieille serviette pour faire mes lingettes démaquillantes …etc! Quand on ne coud pas j’avoue que cette entreprise est parfaite. Belle journée
Voilà une belle initiative.
Ce qui me bloque le plus avec les sacs à vrac c’est le problème de la tare. Je n’ai pas de magasin à vrac par chez moi. Dans mon magasin bio, la pesée se fait directement sur une balance. Donc si ajouter 15g à un ou deux kilos de tomates ne me dérange pas (et encore je les achètent au marché donc je pourrais m’arranger avec la commerçante), c’est déjà plus problématique avec les noisettes vu le tarif !
J’espère que je pourrais répondre à cette problématique dans ma prochaine ville.
En attendant j’utilise les sacs en papier, jusqu’à ce qu’il finissent leur vieux jours en tant que sac poubelle pour déchets de cuisine…
Voici la suggestion d’un vendeur du magasin bio où j’ai demandé à utiliser mes propres contenants: utiliser un sachet en papier du magasin d’une fois sur l’autre, en transvasant juste après la pesée dans mon sac en tissu (j’ai utilisé des tissus de récupération, un peu « lourd »).
J’ai en plus l’habitude d’acheter de toutes petites quantités pour éviter des « craquages » (je pourrais pas exemple manger 100g de noix de cajou d’affilé après une séance de sport… pas très bon ni pour la ligne, ni pour le porte monnaie). J’aime aussi pouvoir prendre un nouveau biscuit pour le goûter et non plusieurs…
Le concept est génial. J’ai fabriqué plusieurs sacs en coton bio pour mettre les céréales , légumineuses en vrac dans mes magasins bio ! Pour les olives, les griottes…/… je prévois toujours des contenants en verre dans mon grand sac tissé main !!
J’aime bien le concept, et je l’applique déjà pour certaines choses, style les cotons démaquillants ou encore les sacs au marché, mais il reste le problème de la tare pour le vrac … Là j’ai pas encore trouvé …
très inspirant! merci pour ce récit, surtout que c’est exactement dans mes projets… je suis dans un domaine très polluant (la mécanique de l’aviation) et je rêve de tout arrêter pour fonder mon entreprise de textiles et lingerie bio et éthiques… mais pas facile de trouver le courage! ton exemple donne envie de tenter l’aventure, alors merci pour l’inspiration et pour la planète, et bonne chance pour la suite!