« Quel métier voudrais-tu faire quand tu seras grand·e ? »… C’est une question que j’ai souvent entendue être posée aux enfants. Très tôt, on nous laisse entendre que le travail (et pas n’importe lequel), c’est un peu la base de la vie, de la réussite voire même de notre identité d’adulte. Alors on va à l’école, on essaie de faire de “bonnes études” puis de décrocher un “bon travail” avec un “bon salaire” et le reste de notre vie a tendance à s’organiser autour de notre activité professionnelle… Le travail (rémunéré) prend une telle place dans notre société que l’une des premières questions que les adultes qui se rencontrent pour la première fois ont tendance à se poser est : “Dans quoi travaillez-vous ?”. Quant aux activités non-rémunérées qui nous passionnent, elles ne suscitent généralement que peu d’intérêt dans ce genre de situation. Comme si notre activité professionnelle était la chose la plus intéressante à connaître à notre sujet (alors qu’en réalité, je connais beaucoup de personnes qui ne sont absolument pas passionnées par leur emploi) et comme si l’argent déterminait la valeur et l’intérêt de nos occupations.
Voilà maintenant une dizaine d’année que j’ai rejoint le monde du travail, en tant que professeure de français puis d’anthropologie. Comme beaucoup de personnes, au départ, je me suis plongée corps et âme dans mon activité professionnelle sans me poser trop de questions – il faut dire que l’on vit dans une société où il est normal de beaucoup travailler, souhaitable d’essayer de gravir les échelons et préférable de gagner autant d’argent que possible. Et puis, j’ai fini par remettre en question nombre d’injonctions sociales et par réaliser que même si j’aimais mon travail, je voulais vivre d’autres choses à côté, que je n’étais absolument pas désireuse de connaître l’ascension hiérarchique et que je n’avais pas forcément besoin de gagner autant ou plus d’argent. Ce que je voulais surtout, c’était vivre et m’épanouir pleinement, avoir un rythme de vie agréable au quotidien et ne plus être sans cesse dans l’attente des week-ends et des vacances pour “respirer” – ce que mon travail de professeure à plein temps, tellement accaparant et éreintant, ne me permettait pas.
Dans le cadre de l’éco-défi “Gérer son temps de manière durable”, il me semblait pertinent de parler de la place que le travail prend dans nos vies. Bien qu’il ne soit pas un mal en soi, je regrette personnellement qu’on donne autant d’importance au statut professionnel dans notre société et que cela nous pousse inconsciemment à faire des choix qui ne nous correspondent pas, au détriment de notre bien-être. Pour réfléchir au sujet, je vous propose de découvrir mon témoignage ainsi que celui d’Annick (lectrice du blog) et Jean-Marie (son mari). Il y a quelques mois ou quelques années, nous avons fait le choix de travailler moins et accepté de gagner moins pour vivre mieux au quotidien…
LE TÉMOIGNAGE DE JEAN-MARIE
En 1992, j’ai commencé à travailler avec mes parents horticulteurs, en me disant que ce serait provisoire, mais je me suis investi de plus en plus dans l’entreprise… J’étais célibataire et cela ne me pesait pas encore. Après quelques années, je passais 12 heures par jour au travail, 7 jours sur 7, avec très peu de vacances… J’ai ensuite repris la gestion de l’entreprise (gestion des 10 salariés, commandes, organisation du travail, relations avec les fournisseurs…) et ceci pendant 20 ans.
Il y a 4 ans, six mois après la vente de mon entreprise, j’ai eu l’opportunité de remplacer un prof d’horticulture qui partait en retraite. J’assure maintenant 18 heures de cours par semaine, plus le temps de préparation des cours. Je suis contractuel mais cela ne me gêne pas.
Après plus de 20 ans passés à ne penser qu’à l’entreprise et aux autres, j’ai eu envie de changer de vie professionnelle pour un emploi qui me permettrait de me dégager du temps libre. Ayant rencontré Annick quelques années plus tôt, j’ai eu envie de penser un peu plus à moi et de profiter enfin de ma nouvelle famille. Je rêvais également de cesser d’avoir l’esprit accaparé en permanence par mes problèmes ! Ne trouvant pas de solution pour réduire ma charge de travail, j’ai vendu la société.
Depuis ce changement, même si je travaille beaucoup mes cours à la maison, je me suis retrouvé avec beaucoup plus de temps libre, avec des week-ends et des vacances… Mais cela m’a surtout permis de me consacrer à plein temps à ma famille : vacances, week-ends en amoureux ou à 4, les devoirs le soir, faire la cuisine ou le repassage, partager des petits moments avec Annick…
Je ne me suis pas posé la question de l’argent au moment où j’ai réfléchi à ce changement. Cela n’a jamais été pour moi une priorité d’accumuler ni l’argent ni les choses ! Même lorsque j’en avais les moyens, je n’achetais que les choses dont j’avais besoin, sans chercher à acheter le plus cher ou le plus clinquant…
À celles et ceux qui souhaiteraient changer de situation professionnelle pour gagner en mieux être mais qui hésitent, je recommanderais de ne pas penser à ce changement en regardant sa situation matérielle actuelle comme un but à conserver. Un changement de vie personnelle requiert certains renoncements mais qui sont largement compensés par le gain de mieux-être, de bonheur, de santé physique ou morale. Ce mieux-être entraînera de lui-même une baisse de nos besoins…

LE TÉMOIGNAGE D’ANNICK
J’ai travaillé 25 ans dans différents établissements scolaires en tant que gestionnaire : j’avais surtout des responsabilités financières, mais aussi au niveau de la sécurité et des contrats, de la logistique et au niveau du personnel technique et de service. Je ne comptais pas mes heures, et même quand je n’étais plus à mon travail, les problématiques me poursuivaient. J’étais toujours stressée, pour respecter les délais, les engagements, les travaux, combler les absences, régler les conflits…
Depuis septembre, j’ai changé de fonction et de poste : je travaille maintenant uniquement dans le domaine financier. Je n’ai plus aucune responsabilité de gestion ; je ne suis plus chef de service gérant une équipe mais fais moi-même partie d’une équipe chapeautée par un chef. Je ne travaille pas beaucoup moins qu’avant (en temps), mais beaucoup mieux (sans pression permanente) et avec des collègues très agréables.
Ma charge mentale était devenue trop lourde. Je pensais sans cesse à mon travail, à ce que j’avais oublié de faire, à ce que je pourrai encore faire… Grâce au yoga et aux personnes que j’y ai rencontrées, à mes lectures, à des blogs très inspirants tels qu’Échos verts (eh oui !), à mon cheminement intellectuel, à mon mari et mes enfants et peut-être aussi à la sagesse de mon âge 😉, j’ai peu à peu compris que le changement ne pouvait venir que de moi-même. J’ai recentré ma vie sur mes valeurs, revu mes priorités (le bien-être au quotidien et non plus que pendant les week-ends et les vacances ).
Je suis désormais beaucoup plus en adéquation avec mes moi-même, en privilégiant l’être à l’avoir. Beaucoup plus détendue le soir, les devoirs et les relations se passent beaucoup mieux avec mon fils adolescent et mes soucis professionnels ne franchissent plus la porte de la maison. Nous avons désormais une vraie vie de famille ! J’ai même trouvé l’envie et un peu de temps pour commencer une formation (en e-learning ) en naturopathie pour mon plaisir personnel.
Je ne peux pas dire que le fait de gagner moins d’argent au moment où l’aînée commence ses études supérieures est facile à vivre au quotidien. De plus, gagner moins d’argent est à contre-courant de cette société carriériste où trop souvent, on confond réussir sa vie et réussir dans la vie… Nous, nous avons fait des choix au quotidien, en prenant une part toujours plus importante au fait-maison dans tous les domaines, mais sans aucune frustration car cette nouvelle façon de vivre (depuis environ 3 ans) se rapproche davantage de notre éthique de vie (minimalisme, zéro déchet, limitation de notre impact écologique…). Nos attentes s’adaptent spontanément à nos choix de vie !
À celles et ceux qui souhaiteraient changer de situation professionnelle pour gagner en mieux être mais qui hésitent, je recommanderais de ne pas forcément réfléchir à ce qu’on va perdre, mais plutôt à ce qu’on va gagner ! La vie est bien trop courte pour hésiter à se faire du bien, surtout qu’on se rend vite compte qu’une grande partie de nos soit-disant besoins sont superflus ! Nous ne regrettons pas du tout nos choix : ils nous ont rendu plus acteurs de nos vies, plus impliqués, plus reconnaissants des petits bonheurs…

MON TÉMOIGNAGE
Avant, j’étais professeure à plein temps. J’ai commencé par enseigner dans un collège-lycée en Angleterre. J’avais une dizaine de classes, 5 niveaux différents et plus de 250 élèves. En dehors des heures de cours et de réunions, je disposais de peu de temps pour préparer mes leçons, regarder les cahiers des élèves, corriger leurs travaux, etc. Il m’arrivait de me lever à 5h du matin et de veiller jusqu’à tard le soir pour finir de préparer mes cours du jour ou du lendemain. Il ne se passait pas de week-end ni de vacances sans que je n’allume mon ordinateur pour travailler, même l’été. Malgré ça, mes cours étaient rarement aussi intéressants, interactifs et enthousiasmants que je l’aurais voulu. Ce n’était pourtant pas les idées ni les compétences qui me manquaient, mais le temps. Ma cheffe de département m’avait suggéré, pour m’aider à tenir le coup, de me fixer l’objectif suivant pour chaque classe : sur un cycle de trois cours, préparer un excellent cours, un bon cours et un assez bon cours. C’était selon elle la seule manière de trouver un équilibre et un rythme plus ou moins soutenables. Travailler dans un système ne me permettant pas de donner le meilleur de moi-même aux élèves à chaque cours m’était vraiment difficile à vivre. Par ailleurs, le comportement des élèves, elles et eux-mêmes victimes d’un système ne répondant pas à leurs besoins, était éreintant – j’allais au travail la boule au ventre et il m’est arrivé plus d’une fois de fondre en larmes après un cours. Ma santé en a pris un sacré coup – j’ai eu des angines, des infections urinaires et des extinctions de voix à répétition et les symptômes de ma colopathie fonctionnelle se sont exacerbés. Le stress m’avait rendue malade et mes absences répétées m’avaient value d’être convoquée par le médecin du travail. J’ai alors réalisé que mes conditions de travail avaient dégradé ma santé et que je ne pouvais plus continuer ainsi.
Au bout de 3 ans, j’ai fini par quitter ce poste pour enseigner dans un lycée international, au Canada, où j’avais 5 classes, 5 cours différents et entre 6 et 12 élèves par cours. Entre les cours il y avait aussi les activités extra-scolaires, les conférences, les réunions, etc. Et comme je vivais sur mon lieu de travail – le lycée étant un internat – je trouvais cela difficile de faire autre chose. Je pouvais être sollicitée par mes élèves pour différentes raisons, à toute heure de la journée. Cela ne me dérangeait pas pour autant car après ce que j’avais connu en Angleterre, tout me semblait plus simple, plus agréable : les élèves étaient adorables, je prenais enfin plaisir à enseigner et à pouvoir mieux répondre à leurs besoins individuels. Néanmoins, je travaillais tout autant qu’en Angleterre – si ce n’est plus – et j’ai dû finir par admettre que la nature de mon poste et du contexte ainsi que mes propres exigences ne me permettraient jamais de faire du bon travail en 40 heures par semaine. J’avais beau aimer ce que je faisais et apprécier le contexte dans lequel j’enseignais, je savais que sur le long terme, ce rythme ne serait ni sain ni soutenable.
Depuis bientôt 3 ans, je suis prof à temps partiel. Ce temps partiel n’était pas vraiment un choix au départ. Au bout de 3 ans, mon mari et moi avons quitté le Canada pour l’Allemagne où il avait décroché un nouveau poste. L’année suivant notre arrivée, j’ai obtenu un contrat à 40 % dans un lycée du même organisme que celui où j’enseignais au Canada. Les conditions de travail y étaient donc très similaires. Mais être prof à temps partiel m’a permis de découvrir les joies de pouvoir enseigner et préparer mes cours sans être constamment sous pression car j’avais désormais assez de temps à accorder à mes diverses tâches. J’ai également découvert, pour la première fois depuis que j’avais mis les pieds dans le monde de l’enseignement, ce que pouvaient être de vrais week-ends et de vraies vacances. L’année suivante, on m’a proposé un temps plein… Cela aurait été plus sécurisant pour nous financièrement. Mais cela aurait également signifié la reprise d’une vie dominée par un travail certes satisfaisant mais écrasant et le ralentissement du blog, une activité qui m’apportait énormément et faisait vraiment sens pour moi. J’ai donc décidé, avec le soutien de mon mari, de rester à temps partiel au lycée – tout en y augmentant mes heures et en passant à 60 % – et de faire en sorte de combler les 40 % restant grâce au blog (sans toutefois essayer de gagner forcément autant que si j’enseignais, mais simplement assez). Je suis alors devenue auto-entrepreneuse à temps partiel et j’ai commencé à mettre certaines choses en place il y a un an, afin de faire de mon blog une source de revenus complémentaires (je vous explique mon choix et mon fonctionnement dans l’article Mon blog, mon travail).
Même si mon 60 % au lycée peut parfois ressembler à un 80 %, je me sens beaucoup mieux dans mon rôle de professeure car j’ai plus de temps et d’énergie pour préparer mes cours, corriger les travaux des élèves et échanger avec eux. J’ai enfin le sentiment de pouvoir bien faire mon travail de prof la plupart du temps et j’arrive plus facilement à m’en détacher le soir, le week-end et pendant les vacances. À côté de ça, j’apprécie d’avoir une activité d’auto-entrepreneuse qui me permet d’être flexible au quotidien et ne m’oblige pas à reléguer au second plan des choses qui sont vitales à mes yeux – dormir, bouger, prendre l’air, faire les courses, cuisiner, manger, passer du temps avec mes proches, prendre des rendez-vous médicaux, etc. Pour le blog, j’ai appris à me fixer des objectifs réalistes chaque semaine afin de ne pas me laisser engloutir par cette activité-là non plus.
Ce changement professionnel m’a permis de découvrir les joies du slow working : avoir du temps pour réfléchir, améliorer ce qui peut l’être et apprécier ce que j’ai accompli, être pleinement présente dans ce que je fais, etc. Cela m’a également permis de retrouver le plaisir de consacrer du temps à différentes activités telles la cuisine et la lecture, sans me sentir préoccupée par “tout le travail qu’il me reste à faire” puisque j’ai désormais assez de temps pour ça aussi. Enfin, cela a eu un impact énorme sur mon bien-être moral et physique de manière générale puisque mon quotidien n’est plus centré autour d’une seule et même activité. Car outre le fait qu’un travail en lui-même puisse être difficile, c’est aussi et surtout le fait qu’il prenne le dessus sur le reste qui est délétère à mes yeux. Même lorsqu’on fait un travail qui nous satisfait pleinement, il me semble essentiel, pour notre équilibre physique et émotionnel, d’avoir du temps et de l’énergie pour d’autres choses, d’autres gens et ne rien faire tout simplement.
Concrètement, je gagne presque deux fois moins d’argent que lorsque j’enseignais à plein temps. Lorsque j’ai fait ce choix, mon mari et moi étions déjà dans une démarche de simplicité volontaire et avions changé notre manière de vivre et de consommer. Nous avons quitté le Canada pour nous rapprocher de nos familles et ainsi ne plus avoir besoin de prendre l’avion pour leur rendre visite, nous avons emménagé dans un logement collaboratif au loyer bien plus bas que la moyenne, nous n’avons pas de voiture, nous nous déplaçons à vélo ou à pied au quotidien, nous privilégions la récupération, le fait-maison et le fait-main lorsque cela est possible et bien évidemment, nous n’achetons presque plus rien qui ne réponde à un vrai besoin. Nos dépenses étant déjà aussi raisonnables que possible, nous pouvons nous permettre de vivre avec un salaire et demi garanti et un demi-salaire plus aléatoire. Car ne nous voilons pas la face : essayer de gagner ne serait-ce qu’un SMIC avec un blog axé sur l’éthique et l’écologie est encore très compliqué. Je ne sais donc pas encore si cela sera viable sur le long terme. Si ce n’est pas le cas, peut-être devrai-je arrêter le blog et choisir une activité d’auto-entrepreneuse un peu plus rémunératrice. Dans tous les cas, il est peu probable que je redevienne professeure à plein temps (à moins que ce soit dans « l’école » « idéale » que j’aimerais créer un jour… !) mais je reste sereine et confiante pour la suite. Si tout va bien ici et maintenant, je sais que le reste suivra.

Merci Natasha pour ce passionnant article!!
J’ai moi aussi décidé de changer de vie pour faire un métier qui me passionne : la savonnerie 🙂 Bon on ne peut pas dire que je travaille moins, bien au contraire, mais je suis tellement plus heureuse et épanouie, même si aujourd’hui j’ai beaucoup moins que 5 semaines de vacances auxquelles ont droit les salariés (et je n’ai pas non plus ce qu’on peut considérer comme un « bon » salaire), je suis bien plus heureuse au quotidien.
Après un peu plus de 3 ans d’activité, ça commence tout juste à « tourner » et je commence à penser à moi : faire de la musique, randonner,.. des activités que je ne faisais plus depuis le démarrage de ma nouvelle activité. Je suis loin encore de travailler à temps partiel mais je me suis donné pour objectif d’avoir de vrais week end, en tout cas j’essaie de mettre en place petit à petit des actions qui vont dans ce sens.
Merci encore pour tes articles très inspirants! 🙂
C’est vraiment intéressant de lire tous ces témoignages. Tu me fais réaliser aussi à quel point mon travail-passion m’épuise, et que moi aussi j’en viens à mal travailler. Comme je ne travaille pas pour une entreprise mais pour une association, et que la quantité de travail est aléatoire, ça donne une espère ce « culpabilisation » avec les questions suivantes : et si je n’arrivais plus à vivre de mon travail ? Si je n’effectue pas cette mission, qui le fera ? Est-ce que cela va pénaliser mes collègues et mon association ? Est-ce juste de compter sur pôle emploi pour certains mois ? Mais je réalise en te lisant qu’effectivement, on est socialement poussé à travailler au maximum, à s’épuiser, et tout le monde trouve ça normal, surtout dans le contexte actuel.
Tellement intéressant de lire ces parcours !
Cela fait un a bientôt que j’ai quitté mon poste de directrice marketing & comm pour revenir à mes premières amours : le graphisme, la DA, l’édition et créer ma marque de papeterie. De plutôt bon salaire, je suis donc passée à « pas de salaire du tout » en vivant un peu au jour le jour, en fonction des contrats en cours. Je ne dirai pas que c’est facile. Je suis entourée de personnes qui gagnent (très) bien leur vie, et ne pas être sur le même « beat » est parfois difficile. Je n’ai jamais été hyper dépensière, mais cette tranquillité d’esprit de pouvoir acheter, si j’en avais envie, un peu n’Importe quoi, me faisait du bien (ou disons, cette possibilité de pouvoir aller au resto sans me poser de question me faisait du bien, finalement c’est surtout dans les sorties que je ressens ce « gagner moins »).
Pour autant, je n’étais plus épanouie du tout à mon boulot, beaucoup de pression, peu de moyens pour réaliser les projets, plus du tout sur la même longueur d’ondes que mes boss qui plaçaient le « rendement » bien au dessus de l’humain, bref, j’ai fini par avoir cette boule au ventre, par pleurer le matin avant d’aller bosser, aller me cacher aux toilettes pour pleurer de rage et de fatigue la journée : c’était devenu insupportable et moi qui ai toujours adoré mon boulot, je me sentais anéantie de découvrir que petit à petit, j’étais obligée de me déconnecter « de moi même » la journée, pour ne pas être trop touchée par ce travail qui ne me correspondait plus.
Donc effectivement : aujourd’hui, je ne gagne pas du tout ma vie, c’est compliqué, tous les jours, de joindre les deux bouts mais : je m’amuse et j’aime à nouveau mon travail. J’ai du temps pour aller nager quand je veux aller nager, pour lire quand je veux lire, ne rien faire si je veux ne rien faire, j’ai des clients formidables avec qui j’adore échanger, qui partagent mes valeurs, qui comprennent mon métier, mes choix, et qui acceptent que le « vite, vite, vite » ne fonctionne pas avec moi. J’ai du temps pour apprendre des nouvelles choses. Même si j’ai encore quelques trucs à modifier pour réussir à trouver le juste équilibre entre mes projets de coeur et mes projets « qui payent le loyer », je ne regrette pas d’avoir quitté mon boulot et de me rappeler, tous les matins, que je me lève pour faire des trucs qui me font vibrer.
Merci encore pour toutes ces reflexions que tu proposes – et je pense que si, un blog axé sur l’éthique et l’écologie peut tout à fait devenir quelque chose de viable – même si, tout de même, je te souhaite de pouvoir un jour créer cette école dont tu parles ! 🙂
C’est là qu’on peut être un peu en colère envers cette vision très libérale centrée sur le travail et qui moque depuis des décennies les propositions de baisse générale du temps de travail, des 32 heures par semaines etc… Pourtant ce ne serait pas si mal une société où on travaillerait quelques heures par jours, un peu plus seulement si on le souhaite, ce qui dégagerait autant de temps pour que d’autres personnes travaillent elles aussi. Merci pour vos témoignages !
Merci pour ce super article ! Et la photo de fin d’article est magnifique !
Je me suis rendue compte dès la fin de mes études que je ne voulais pas suivre le chemin tracé pour moi, mais trouver une voie personnelle. Ça ne me ressemblait pas beaucoup: j’avais tendance à suivre le mouvement. Mais là, j’ai vu des rails, et je n’avais pas envie de monter dans ce train. Ça a été ma première prise de conscience.
J’ai donc toujours travaillé à temps partiel (j’ai la chance, et je le mesure, d’avoir un revenu assez confortable pour que ce soit possible sur le long terme).
Régulièrement (et en ce début d’année, une fois encore), quand je trouve que la pression remonte (ce qu’elle ne manque pas de faire), je réfléchis à ce que je peux changer pour que mon travail continue à m’épanouir et que je continue à le faire bien. (Comme je te comprends sur le coup des 3 cours: excellent, bon et assez bon. J’aurais trouvé ça tout sauf satisfaisant!)
Mes enfants sont de plus en plus conscients de ma qualité de vie (et de la leur, par ricochet), et alors que commence la période de leurs propres choix, je pense qu’ils vont en tenir compte, et je suis heureuse d’y avoir contribué.
Cela me parle !!! J’aime mon métier au départ et le fait avec passion.
Mais les enfants, la vie ont fait que j’ai pu moins m’y consacrer et j’ai même du faire une pause.
J’ai repris à mi-temps par choix et nécessité, et sans le vouloir réalisé bien plus tôt que prévu une envie de longue date. Mais j’ai perdu la passion et l’envie (mauvaises conditions de travail), mais il faut manger.
Et juste avant ma reprise à 50%, par la force des choses j’ai pu testé pendant un an mon mi-salaire, ce fut bien plus simple que prévu !! Ce qui a aidé à cette décision de reprise sous cette forme là. Et il n’est pas question pour moi de reprendre à plein temps, même si avec plus d’argent on pourrait faire « plus de choses », non, on y perdrait trop autrement !!
Ce que je dis beaucoup autour de moi quand on parle de cette situation, souvent avec le sous-entendu « oui, mais ton mari bosse à plein temps lui… ».
Oui, mais il ne gagne pas la lune non plus, hein, ce sont des questions de choix !!
On choisit notre vie quand même !!
Grâce au mi-temps je laisse tout au travail, et quand je rentre chez moi je n’y pense plus.
Alors cela me dérange quand on me demande mon métier, que je le donne mais que je ne me retrouve plus dans cette réponse.
Et l’autre jour mon fils me demande si ce matin-là je vais travailler. j’allais répondre non,… et puis en regardant mon mari j’ai dit « oui, à la maison, pour moi, pour nous 🙂 » et j’ai été heureuse de cette réponse qui correspond bien à ce que je fais quand je ne bosse pas.
Merci pour cet article !
Bonjour Natasha !
Comme ton article me parle et résonne en moi !! Je suis actuellement en cours de changement professionnel. A la base, j’ai une formation d’ingénieur en traitement de l’image et du signal. Après une première année de thèse désastreuse puis quelques années comme assistance de TP en classes préparatoires et école d’ingénieur (là, j’avoue que je me suis bien amusée) et enfin deux ans à un poste d’ingénieur, j’ai finalement admis que je n’aimais pas ce métier. Le théorie me plaisait mais rester assise toute la journée devant un ordinateur, dans des salles éclairées par des néons, dans un espace de travail partagé avec 15 autres personnes, trop ou pas assez chauffés, avec un air vicié, très peu pour moi. Lorsque mon CDD s’est arrêté, j’ai fait le choix de changer de vie (aidé aussi par le fait que l’endroit où nous vivons actuellement, décidé par le travail de mon mari, n’offre aucun poste dans mon domaine).
J’ai fait un bilan de ce que j’aime et mes deux passions dans la vie sont tout ce qui touche à la naturopathie et les enfants avec les pédagogies alternatives. Du coup, en ce moment, je fait les deux puisque je garde 3 adorables bout d’chous pendant la semaine et le we, je suis des cours de naturopathie.
Autour de moi, les réactions ont été variées, mon mari et la plupart des personnes de ma famille m’ont toujours soutenue dans mes choix tandis que ma mère et quelques autres personnes n’ont pas compris comment je pouvais abandonner l’assurance d’un bon salaire d’ingénieur et des années d’études pour devenir nounou (puis naturopathe).
Aujourd’hui, je sais que j’ai fait le bon choix. Certes, je gagne beaucoup moins d’argent et il faut parfois faire certains choix/sacrifices qu’avant mais cela nous dérange pas. De plus, la vie nous apporte toujours ce dont nous avons besoin, au moment où nous en avons besoin. Aujourd’hui, je suis heureuse de me lever le matin en me disant que je vais faire quelque chose que j’aime. Les sourires de mes bouts d’chous sont les plus belles récompenses qui soit et j’aime l’idée de les aider dès maintenant à grandir sur leur chemin de vie, le leur, pas celui qu’on aura décidé pour eux, leur donner confiance en eux. J’ai des projets pleins la tête autour de mes passions pour l’avenir. J’espère pouvoir vivre de ces projets mais la passion est première avant l’argent.
Gagner moins permet aussi de relativiser l’importance du matériel, de l’Avoir par rapport à l’Être. Cela m’a permis de revenir à l’essentiel et je suis pleine de gratitude pour cela !
Merci pour cet article qui donne, comme d’habitude, du grain à moudre
Il y a 2 ans, j’ai quitté un poste de dirigeant dans le monde marchand pour rejoindre le monde associatif. J’ai divisé mon salaire par 2 et augmenté ma charge de travail et surtout la pression quotidienne.
Je vis à la fois mieux en participant à une institution dont je partage les valeurs mais à la fois je vis moins bien car mon quotidien est abominaffreux! Je suis donc au milieu du gué.
Je réfléchis pour mon prochain poste à repartir vers un poste en entreprise et à temps partiel, mais ça ce sera après la pause de 8 mois que nous ferons en famille pour faire le Tour d’Europe
Et j’ajoute que mon mari a fait le choix de réduire son temps de travail pour avoir plus de temps avec nos fils 😉
Bonjour Natasha,
Merci pour ton article qui tombe pile au bon moment! J’ai fait un petit pas dans ce sens récemment: nouveau boulot, plus près,moins d’horaires mais aussi plus de stabilité et de constance dans la charge de travail (et donc moins de passion… à priori!). Et là, les 3 mois de préavis arrivent à leur terme et toutes les questions remontent: est-ce que je ne vais pas m’ennuyer? Et mes collègues que je quitte? Et ce que je ne suis pas en train de faire une grosse bêtise?
Dernière semaine avant le début de nouvelles aventures, pas facile l’inconnu quand même!
Belle semaine à toi et merci!
Merci pour cet article. Je partage totalement ce point de vue. Actuellement en Master 1, j’ai l’impression d’être poussé à faire de la finance sous prétexte d’un bon dossier car « c’est ce qui gagne le mieux » et quand on est un bon élève autant prétendre à ça … Cette vision m’énerve vraiment, j’ai juste envie de vivre une vie heureuse dans un travail qui m’épanouit, et ça les professeurs n’ont pas encore tous compris …
Belle soirée
Merci beaucoup pour cet article et la justesse de ta réflexion.
Ingénieur de formation, ayant travaillé comme consultante, j’ai choisi il y a 10 ans de me reconvertir pour devenir maitresse d’école. J’ai fait ce choix pour donner du sens à ce que je faisais de ma vie mais aussi parce que cela permettait d’avoir un rythme de vie plus compatible avec une famille et deux enfants. La simplification de notre vie liée à la baisse de salaire ne nous a pas posé réellement de problème.
Dix ans plus tard, je ne regrette rien, ce que je fais m’enrichit pleinement et je suis là pour mes enfants mais, comme tu le dis si bien, il n’y a pas de limite dans le travail de préparation, de correction, de suivi des élèves (même si je n’en ai que 24) et je me retrouve à travailler jusqu’à 70h par semaine.
Un nouvel équilibre est encore à trouver car je sens que mon corps commence à ne plus encaisser ce rythme là, à bien y réfléchir, le mental non plus.
Merci donc pour ton défi et l’immense bienveillance qui s’y rattache qui me permettent d’avancer dans cette réflexion.
Bonne semaine et merci
tout cela est passionnant
Est ce qu’Annick aurait la gentillesse de partager l’adresse de e-learning de naturopathie?
1000 mercis
Comme souvent, cet article résonne pas mal en moi. D’une part sur le fait que dans notre société aujourd’hui, l’individu se définit principalement par le travail rémunéré qu’il fait. Comme si rien d’autre ne comptait… Après un contrat à plein temps en Allemagne, je suis revenue en France et j’ai cherché pendant un petit moment du travail. J’avais la chance de ne pas avoir trop de contraintes financières et je voulais trouver quelque chose qui me corresponde vraiment, alors j’ai pris mon temps. Et j’ai ressenti de plein fouet cette difficultée à définir « ce que je faisais dans la vie » lorsque j’étais aménée à rencontrer de nouvelles personnes. A tel point que j’avais l’impression de ne « rien faire ». Alors même que si je regarde le bilan de cette année passée « à ne pas travailler », j’ai écrit deux livres, fait des missions ponctuelles auprès de mon ancien employeur, suivi une demi-douzaine de formations qui me tenaient à coeur, me suis investie dans des associations,… Mais comme je n’avais pas de travail véritablement rémunéré, pour la société, je ne faisais rien! Aujourd’hui, j’ai commencé un emploi salarié à 80%. Je l’avais accepté au départ plutôt par défaut, avec dans l’idée de demander à passer à plein temps assez rapidement. Mais plus le temps passe, plus je suis heureuse de travailler ainsi, d’avoir du temps pour moi, pour voyager, pour faire des activités qui me tiennent à coeur ou même simplement me reposer, aller moins vite. Mon seul regret est que, comme je suis seule sur mon poste, je me sens parfois un peu débordée et j’ai l’impression de ne pas avoir le temps de faire au travail tout ce que je devrai faire. Cependant, j’ai la chance d’avoir des collègues attentifs à ce que je ne fasse pas d’heures supplémentaires et je m’interdit de travailler hors de mes horaires de travail (enfin j’essaie). C’est un équilibre à trouver je crois, mais l’année que j’ai passée à « chercher du travail » m’a appris à prendre soin de moi, à écouter mes envies et si j’aime mon travail, il n’est clairement pas tout dans ma vie. Je refuse de me laisser définir par mon traval et qu’il envahisse ma vie entière. Je me rend bien compte que je suis assez privilégiée, car j’ai la chance de vivre dans une région peu chère et d’avoir peu de frais, alors mon salaire est plus que suffisant. Ceci dit, je crois aussi que c’est aussi, comme tu le fais remarquer, parce que mon mode de vie est simple : pas de voiture (mais un abonnement de train), peu d’achats hors alimentaire, priorité au fait maison dans tous les domaines,… Au contraire, je me sens assez privilégiée ! Pour moi finalement le plus dur a été de me détacher de cette pression du « toujours plus » (plus de travail, plus de responsabilités, plus d’argent), surtout que j’ai fait ce qu’on pourrai appeler de belles études et de me détacher du chemin tout tracé qui s’offrait à moi.
Merci à toi pour cet article inspirant et belle semaine.
Bonsoir Natasha ! Que ton témoignage est authentique, tant dans ses moments de souffrance, que dans ceux qui t’ont permis de relâcher la pression au quotidien… En lisant les autres témoignages également, on se rend compte qu’envers et contre tout ( et tous ! ), nous sommes de plus en plus à essayer de trouver le juste milieu ! Pour ne pas passer à côté de sa vie, il faut se faire confiance et essayer. Rien n’est jamais irréversible ! Un proverbe arabe dit, très justement : » Quand on veut faire quelque chose, on trouve un moyen. Quand on ne veut rien faire, on trouve une excuse ! »… J’espère sincèrement que ton blog vivra encore et encore, et je suis très heureuse de pouvoir enfin commencer à te soutenir sur Tippee !
Coucou Natasha,
Je me retrouve énormément dans ce que tu décris. J’ai réalisé il y a qqs années déjà que ce dont j’avais envie, c’était avoir plus de temps pour mon épanouissement personnel (ce qui peut vite être taxée de « flemmardise » dans notre société). Mon idéal serait de travailler 3 jours, et d’avoir 2 jours à consacrer à des projets personnels. Cependant, j’ai conscience que cela va bien pour le moment, et que si un jour je décide d’avoir des enfants, le coût financier que cette décision engendrera ne sera pas nécessairement compatible avec du temps partiel.
Par ailleurs, pour la petite anecdote et rebondir sur ce que tu dis au début de ton article, j’avais fait la connaissance de quelqu’un il y a qqs années, et je crois que ce n’est qu’après plusieurs semaines à nous côtoyer que nous nous sommes demandés ce que nous faisions dans la vie. Je me rappelle qu’au moment où la question fut posée, nous avons tous deux ri, car nous étions conscients que ce soit très inhabituel de ne pas se l’être posée plus tôt. Ca m’avait vraiment marqué !
Aurélia
Article qui tombe au bon moment en ce qui me concerne. Merci pour ces retours d’expériences. Je suis aide-soignante et je travaille dans un service où la charge de travail est des plus conséquentes tant sur le plan psychologique que physique (il faut sans cesse négocier avec les patients pour la prise en charge et il y a beaucoup de manutention). J’adore mon travail car je me sens utile et offre des avantages et une sécurité devenus rares, mais j’ai du mal à admettre qu’il soit aussi aliénant plutôt que libérateur. Puisque j’ai d’une certaine manière la chance de travailler en horaires décalés, j’aimerais pouvoir en profiter pour mener à bien des activités épanouissantes, mais je suis bien trop fatiguée quand j’ai fini mon service. Je me vois contrainte de renoncer à beaucoup de choses parce que je suis épuisée et ça me met en rogne. J’ai envisagé changer de métier mais l’âge avançant, c’est beaucoup plus difficile, surtout sans le bac ! Alors, une idée m’a traversée l’esprit : passer à 75%. Pour que ma hiérarchie accepte, il faudrait qu’au minimum deux autres aide-soignantes fassent le même choix que moi au même moment. Ce n’est pas encore pour tout de suite. Mais je ne désespère pas. Je sais que si je ne trouve pas une alternative, j’y laisserai une partie de ma santé.
Comme tu le dis dans ton article : le fait que le travail prenne le dessus sur tout le reste est délétère. Pour moi c’est le cœur du problème. Même si j’aime beaucoup ce que je fais, je m’intéresse à bien d’autres choses qui m’épanouissent autant sinon plus que mon métier. La personnalité des gens ne se résument pas à leur profession. D’ailleurs, à ce sujet, l’expression « gagner sa vie » m’interpelle beaucoup…
De très beaux témoignages, merci Natasha pour ce partage! Ce n’est pas encore évidemment d’avoir ce raisonnement actuellement tant la pression sociale est forte. D’ailleurs lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la 1ère fois, la question du métier exercé arrive très vite dans la conversation. Cependant, avec la population qui ne cesse de croître et les machines qui remplacent l’homme dans bien des métiers la question du travail va devoir se poser différemment car dans les 15 à 20 ans et peut être même avant il n’y a aura plus pour tout le monde. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains pays teste l’allocation universelle. La question de l’argent freine énormément les initiatives. Je rêve d’un monde où je n’aurais plus à me soucier de si mon activité est viable ou pas du point de vue financier mais plutôt de ce qu’elle va apporter à moi à la société.
PS : c’est un beau projet que tu as de créer cette école alternative.
Un grand merci pour ce témoignage qui me conforte dans cette position de formatrice vacataire qui me fait souvent complexer à tort
Un grand merci Natasha pour ce partage ♡
Cet article me fait particulièrement écho et tes mots me font du bien. J’expérimente la slow life depuis quelques années et j’essaie d’accepter peu à peu – d’assumer vis à vis des autres et de la société surtout – mon choix de slow working. Je suis Ingénieure (en agriculture et agro-alimentaire), diplômée depuis près de 10 ans maintenant. J’ai eu quelques postes de cadre mais à chaque fois cela s’est mal passé, ayant du mal à gérer la pression et mon stress et ne me retrouvant pas dans ce « toujours plus et toujours plus vite ».
C’est mon installation à la campagne qui m’a enfin permis d’être moi-même, de me reconnecter à la Terre et au rythme de la nature, à mon propre rythme, de ralentir… Aujourd’hui je travaille en freelance dans le web mais je ne cherche pas à développer mon activité plus qu’il n’en faut, je préfère avoir du temps pour cultiver mon jardin potager et les petits bonheurs du quotidien plutôt que de l’argent. Dans ma tête c’est très clair et plus je me dirige vers la simplicité, le minimalisme, plus je suis heureuse. Mais j’ai encore du mal à expliquer tout cela à mes proches, à tous ceux qui posent toujours cette fameuse première question « et toi tu fais quoi dans la vie ? » J’aimerais pouvoir répondre simplement : je vis.
Encore merci pour tous tes articles inspirants, c’est merveilleux ce que tu sèmes Natasha ♥
Quelle magnifique idée la création de ton école idéale, je ne peux que te souhaiter que ce projet prenne vie un jour, quand ce sera le moment…
Annabelle
Mademoiselle Coccinelle
Merci beaucoup Natasha pour ce partage. En plein dans le mille avec mes réflexions actuelles autour du comment prendre soin de moi au quotidien, trouver mon équilibre vie pro-perso, me reconvertir ou pas et en quoi…
Je fais actuellement l’apprentissage de la lenteur et de l’écoute de moi-même. Pas si facile qui y paraît mais j’essaie 🙂
Douce fin de journée.
Bonjour Natasha.
Ravie d’avoir pris le temps de lire cet article. Je me sens tellement concernée par ce que tu dis. Personnellement, je ressens que c’est un peu plus dur pour mes proches que pour moi, car meme s’ils me soutiennent c’est mon choix et ils ont bien parfois du mal à l’expliquer aux autres. Je penses notamment à mes parents, comme tous les parents ils parlent de leur enfants avec leurs collègues, amis, etc… Ceux-ci ne comprennent pas et jugent beaucoup, ce qui blessent mes parents qui n’ont pas forcément la répartie de répondre à des réflexions telles que « tu verras quand elle aura des enfants, elle devra travailler plus ! C’est sur… », « Et si ils veulent acheter une maison ? », « Mais tu crois vraiment qu’elle va faire ça toute sa vie? », « Elle a bien de la chance de pouvoir faire ça, moi je ne pourrais pas » ou encore « et ça ne te gêne pas toi ? ». Sans compter le fait que j’ai vécu pendant 2 ans dans un camion sur les routes en passant de petits boulots en petits boulots 🙂
En tous les cas, merci pour cet article « décomplexant » (et pour tous les autres aussi!). Merci de mettre le doigts dans la fourmilière pour faire réfléchir 🙂
Belle journée à vous
PS : Le nouveau design est vraiment chouette !
« Car ne nous voilons pas la face : essayer de gagner ne serait-ce qu’un SMIC avec un blog axé sur l’éthique et l’écologie est encore très compliqué. Je ne sais donc pas encore si cela sera viable sur le long terme. »
Je suis justement plus sérieusement dans cette démarche, puisque c’est une des rares choses qui semble bien marcher pour moi ces dernières années. Non seulement notre niche est un obstacle considérable en soi, au Québec, c’est encore marginal de gagner sa vie avec un blogue, point. J’essaie de penser à toutes les options possibles qui ne vont pas à l’encontre de mes valeurs, mais ça devient vite étourdissant! J’ai pensé faire comme toi et ouvrir un compte sur Tipeee ou Patreon, mais comme la majorité de mes lectrices et lecteurs sont maintenant au Québec, utiliser une plateforme en Euro ou en dollars américains n’est vraiment pas l’idéal dans mon cas (et à ma connaissance, il n’y a pas d’équivalent canadien/québécois pour ce type de financement).
Bref, c’est un beau et grand défi que j’espère te voir relever! 🙂
Je pense souvent à ce sujet du travail et du statut social qu’il implique. Notamment parce que je travaille avec des personnes qui ne peuvent pas travailler à cause d’une maladie psychiatrique importante. Ils souffrent et en plus Ils ont toutes les peines du monde de répondre à la question « tu fais quoi dans la vie », ils n’ont pas d’occupation ou une occupation non valorisée et ça les cassé encore un peu plus, certains s’inventent un métier. Il suffit de lire les témoignages et commentaires, la grande majorité, même si on a décidé de travailler moins, mentionne dans quelle branche ils officient. Moi la première en disant avec qui je travaille. Mais je sus surprise de voir que cette question touche autant des gens qui ont un travail, et qui décident juste de diminuer un peu le temps passé. Comme si le statut social ne s’acquierait que lorsque le travail prend la première place dans notre vie.
De mon côté, je n’ai jamais souhaité travailler à plein temps (45h hebdo dans mon domaine en suisse), j’ai un 70%. Et j’aime la flexibilité que cela m’apporte, j’ai le temps de ne rien faire à la maison, de pratiquer mes loisirs, mais aussi de dépanner mon équipe quand un collègue est malade. J’ai de la chance de travailler dans un domaine où le temps partiel est la norme, alors même si mon pourcentage est plus bas que la moyenne et correspond souvent a des maman au foyer à temps partiel (ce que je ne suis pas), j’ai rarement senti de désapprobation.
Bonjour Natasha. J’aime beaucoup ton blog que je lis d’habitude en sous-marin. Ce sujet m’interpelle en particulier car c’est une démarche que j’ai moi aussi et qu’il m’a été difficile de faire comprendre à mon entourage. J’étais ingénieure en région parisienne avec le salaire qui va avec. J’ai d’abord choisi de quitter mon poste pour aller m’installer à la campagne. Ce changement a divisé par deux mon salaire, mais j’avais besoin de quitter la folie parisienne. Ensuite je suis passée à temps partiel (80%) et c’est un rythme qui me convient beaucoup mieux. Je n’accumule plus autant de fatigue et je peux me consacrer à des projets personnels. Maintenant je fais mes calculs pour voir si un 60% pourrait passer au niveau financier. Cela implique de réfléchir à ma consommation et à mes priorités mais je pense que ça vaut la peine, surtout que mon emploi actuel ne me passionne pas vraiment. Merci d’avoir partagé ces témoignages et de parler de ces sujets. Ça participe à les faire connaître et mieux les comprendre.
Bonjour, je viens tout juste de découvrir ton blog et, étrangement, cet article fait résonner quelque chose en moi. Ca fait un moment que j’ai envie de faire quelque chose de réellement bénéfique pour l’environnement (de l’animation nature) ; cependant, je suis retenue par un travail qui ne me demande pas beaucoup d’efforts (secrètaire du Crous) mais qui m’épuise tout de même mentalement : mon contrat se termine bientôt et j’ai peur de la question qui va se poser : « et l’argent ? », tandis que quelque part, au fond de moi, je me réjouis de quitter un travail qui m’ennuie et m’épuise.
J’ai commencé à suivre une formation en ligne d’animatrice Nature, je suis minimaliste, et pourtant, il y a toujours des gens pour qui le travail et le succès financier qui va de pair sont bien au-dessus du simple bien-être que peut procurer un travail qui nous plaît pour de vrai… Cette pression est assez tenace et, au final, ça crée une sorte d’angoisse existentielle : pour étayer ces propos, je ne ferai que citer ma mère, qui me dit sans cesse qu’être animatrice nature, ça ne permet pas de gagner sa vie. Sûr… Mais il y a tellement de contraintes extérieures qu’au final c’est plutôt difficile d’y voir clair…
En tout cas, ton idée de prendre un temps partiel est très inspirante (tout comme celui d’autres personnes qui ont décidé d’abandonner un quotidien lassant pour s’intéresser à leur véritable passion) et j’espère que moi aussi, un jour, je pourrai dire : « j’aime ce que je fais. J’ai du temps pour moi, j’ai du temps pour les autres. »
(et sur ce, je pars à la découverte des autres articles que tu as rédigés 🙂 )
« Car ne nous voilons pas la face : essayer de gagner ne serait-ce qu’un SMIC avec un blog axé sur l’éthique et l’écologie est encore très compliqué. » : j’avoue que par déformation professionnelle, j’ai essayé d’évaluer le salaire que tu envisageais en remettant en base temps plein et en brut le salaire hebdomadaire que tu annonçais. 🙂
Cela dit, j’apprécie beaucoup ce genre d’articles parce qu’il me met en face de mes interrogations et doutes. Encore donc pas mal de cheminement. On peut rire mais une de mes préoccupations, c’est le financement de nos retraites avec l’impact de l’évolution démographique. Je sais, c’est complètement irrationnel !
En plein dans le mille, merci Natasha! Je viens de lire aussi tous les commentaires, et ça me fait tellement plaisir de voir qu’il y a autant de gens qui se posent ces questions, ou qui ont déjà entamé ou avancé dans leurs changements de vie… Ça m’interpelle aussi de voir que plusieurs témoignages parlent du monde associatif, j’en viens aussi et j’y ai passé dix années passionnantes avec une charge de travail énorme, des responsabilités parfois vertigineuses, une progression hiérarchique très rapide aussi, et puis la culpabilité quand on n’y arrive pas alors que les objectifs sont pourtant à priori positifs et motivants… Et puis j’ai réalisé que je n’avais (souvent) pas aimé avoir un poste de direction, et les obligations non-dites qui allaient avec, que je n’arrivais pas à être moi-même en « gérant » des équipes, que même le monde associatif était parfois plein de comportements ahurissantes, bref j’ai arrêté le travail à plein temps il y a un peu plus de quatre ans pour me mettre à mon compte, à mon rythme (infiniment plus lent qu’avant), qui m’a laissé le temps de découvrir plein d’autres choses intéressantes. Et comme il est facile de vivre avec moins d’argent une fois qu’on sort de ce rythme de fous qui ne nous laisse même pas le temps d’y réfléchir! Une petite pensée aussi lorsqu’on se retrouve en face de LA question posée à peu près à chaque fois qu’on rencontre une nouvelle personne: on ne nous demande pas dans quoi on travaille, mais ce qu’on fait dans la vie. J’arrive maintenant à y répondre un peu plus honnêtement: « je fais de mon mieux ».
Bonjour,
Merci pour cet article, plein de bonnes choses qui me sont actuellement utiles, étant également dans cette démarche bien qu’un peu paumé 😅 Auriez-vous des liens vers d’autres articles traitant le sujet ou vers des livres ? Merci encore.
Je n’ai pas d’autres ressources à vous recommander sur le sujet, désolée !
Bonjour Francis, cet article pourrait peut-être vous intéresser 🙂
bonjour Natasha !
tu es plagiée et paq qu’un peu .. affolant !
il a juste fait un copié/collé ! hallucinant :'( :'(
https://transformezvotrevie.wordpress.com/2018/09/02/travailler-moins-gagner-moins-et-vivre-mieux/comment-page-1/#comment-5
Ça me met hors de moi… et c’est de plus en plus courant malheureusement…
Moi, je lis le meilleur de 2018 en 2019 ! J’avais raté cet article, alors qu’il me parle tout à fait. J’ai toujours eu la chance de passer outre des temps pleins qui m’empêchent de vivre comme je l’entends et d’avoir des périodes d’activité débordante très cadrées dans le temps. Du coup, je profite pleinement de mon travail et de ses fruits : lorsque je travaille non stop, j’aime ce côté frénétique et exclusif dans lequel on s’immerge totalement. Mais dès que c’est fini, j’aime à dépenser les sous gagnés en voyage ou en détente.
Bien sûr, il faut apprécier les montagnes russes du travail, n’avoir aucune assurance sur l’avenir et apprendre à vivre dans cet équilibre précaire. Mais (en ce qui me concerne), j’adore cette vie et pour moi, avoir assez d’argent me suffit, je m’en fiche du trop et d’en amasser à outrance. Du moment que je peux me permettre les extras qui valent la peine (notamment les voyages, j’adore m’évader de chez moi), je n’ai pas besoin de plus. (Et d’épargner un minimum, je ne suis pas totalement inconsciente non plus…).
J’ai plaqué mon CDI et 10 ans de salariat pour vivre plus slow et me retrouver, malheureusement je n’ai pas autant d’abonnés que toi donc je vais devoir mettre les bouchées doubles pendant quelques mois ahah
Je n’ai pas encore 30 ans, même pas 10ans de salariat, et pourtant cet article me parle.
Je suis rentrée dans le monde du travail par le secteur agricole, une filière ou il ne vaut mieux pas compter ses heures ni ses efforts lorsqu’on est une jeune fille qui ne vient pas du milieu. C’est ce que j’ai fait et ça a marché, 8ans plus tard je suis directrice d’un magasin bio, salariée.
Mon nombre d’heures par semaine n’est pas affolant, au réel, environ 43heures.
Comme je ne voulais pas d’un micro appartement pour une vie de famille, que je voulais que mon fils puisse aller chercher les œufs des poules et cueillir les tomates, j’ai décidé de m’éloigner de la ville ou je travaille. Je rajoute donc à ses 43heures environ 10h30 de trajet.
Autant vous dire, que ce n’est pas souvent avec moi qu’il va cueillir les tomates….
J’aime vraiment beaucoup mon travail, mais je n’ai même pas 30 ans et je me sent usée, je rêve déjà régulièrement à la retraite…
Le chemin est encore long car la valeur travail est très ancrée chez moi, ma première pensée envers quelqu’un sui ne travaille pas par choix est toujours du type » quel feignant ou quel profiteur », bien sur après réflexion je révise mon jugement, mais c’est ancrée en moi c’est une pensée réflexe. Pourtant chaque jour qui passe me pose question, alors merci pour cet article qui va certainement me faire avancer un peu plus dans mon cheminement !
Bonjour Natasha, j’avais déjà lu cet article lors de sa parution, et j’ai pris énormément de plaisir à le relire, à la faveur de ta sélection spéciale « 9 ans de blog ».
Après deux ans d’arrêt de travail en raison d’un burn-out sévère, deux ans pour me reposer physiquement, me retaper psychiquement, prendre le temps de mieux me connaître, de me fixer des limites, de fixer des limites aux autres, de savourer enfin (pendant mes derniers mois d’arrêt maladie) ce temps « pour moi », j’ai repris le chemin de mon travail. Actuellement, je suis en temps partiel thérapeutique, car je suis encore convalescente, et ce que je ne souhaite surtout pas, c’est de refaire un burn-out.
A l’issue de ce temps partiel thérapeutique, je compte rester à temps partiel, gagner moins, mais vivre mieux, clairement.
Avoir une petite activité complémentaire dans un tout autre domaine professionnel – dans le maraîchage biologique, métier que je découvre avec passion depuis quelques mois.
Merci encore pour cet article, et, grâce à la forme du blog, de nous offrir la possibilité d’y picorer à notre guise, hors de la temporalité si rapide des flux de réseaux sociaux.
Longue vie à Echos Verts ! 🙂
Bonjour Maartje,
Quel plaisir de te lire et de savoir que tu es de nouveau suffisamment bien pour reprendre le travail à temps partiel (non que le fait de travailler soit synonyme de bien/mieux-être mais le fait de pouvoir y retourner témoigne sans nul doute que tu vas de mieux en mieux et j’espère que ta situation continueras d’évoluer en ce sens.
Il me semble que c’est sur Tipeee que tu m’avais confié faire un burn out et ça m’avait serré le cœur.
Je te souhaite de continuer d’avancer un rythme qui te permette de rester sereine et de puiser beaucoup de joie dans tes nouveaux projets.
Merci pour tes doux mots 🙂
Oui, c’était sur Tipeee que j’avais un peu parlé de ma situation…
Bonne reprise à toi, je te la souhaite la plus douce possible !
Quant à moi, je vois qu’il y a un nouvel article sur ton blog, alors je fonce le lire !