Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Permaculture de Perrine et Charles Hervé-Gruyer n’est pas un ouvrage descriptif et pratique pour comprendre et appliquer les principes de la permaculture. Ce livre, c’est bien plus que ça….
Permaculture, c’est l’histoire d’un éducateur épris de la mer et d’une juriste internationale passionnée de basket qui, après avoir parcouru le monde, s’installent ensemble dans le village du Bec Hellouin, en Normandie. C’est le cheminement d’un couple animé par le désir de vivre proche de la nature et de pouvoir nourrir leurs enfants de produits sains, cultivés avec amour et de leurs propres mains, qui deviennent paysans. C’est le parcours d’une famille, confiante en la vie et en la nature qui à force de recherches, de patience, de persévérance et d’échanges a créé La Ferme du Bec Hellouin, une ferme biologique permaculturelle dont les rendements et la beauté émerveillent le monde de l’agriculture écologique, bien au delà de nos frontières. C’est aussi et surtout une source de savoirs, d’idées et d’espoir pour “Guérir la Terre et Nourrir les hommes”.
Je vous ai déjà parlé de Charles, de notre rencontre et de son roman La femme feuille, reflet de ses connaissances sur certains peuples aborigènes d’Amazonie et de son profond respect pour leur relation avec la nature. C’est donc non sans surprise de voir que le premier chapitre de Permaculture s’intitule “La pirogue de Pupoli”. Charles commence par y relater le souvenir d’une pêche en pirogue à la frontière de la Guyane Française et du Surinam durant laquelle il a pris conscience de l’importance d’identifier les “contre-courants” que l’on croise sur sa route pour “se positionner à sa juste place et tracer sa route selon son coeur et ses rêves”. On comprend alors d’où Charles a puisé la motivation, la force et l’espoir qu’il lui fallait tout au long de son aventure avec Perrine pour mener à bien leur projet.
S’en suivent 21 autres chapitres où souvenirs et réflexions se mêlent avec subtilité et poésie aux embuches, aux frustrations, aux découvertes inspirantes, aux lueurs d’espoir et aux idées concrètes qui ont permis à La Ferme du Bec Hellouin de devenir sans le vouloir une référence en matière d’agriculture écologique, économique et permaculturelle. Petit à petit on comprend l’intérêt de prendre la nature pour modèle, selon les principes de la permaculture. Non seulement c’est la méthode agricole la plus performante qui soit, mais c’en est aussi une qui permettrait de nourrir l’humanité tout en restaurant et préservant notre environnement.

Perrine et Charles nous expliquent, de manière aussi informative qu’intéressante, comment, en s’inspirant du travail d’agriculteurs du monde entier et de méthodes des siècles passés, en misant sur un design favorisant la beauté et les échanges entre différents écosystèmes, et en travaillant à la main, ils ont réussi à faire d’une terre hostile une source de produits savoureux et abondants qui déborde de vie et de couleurs. Ils nous démontrent que quel que soit l’espace, l’essentiel est d’être au service de la nature, de faire une place à diverses espèces végétales et animales et de leur faire confiance… Le résultat est probant !
Les chapitres suivants sont consacrés à une réflexion plus large sur l’importance des micro-fermes et de la micro-agriculture pour subvenir aux besoins des humains de manière saine et durable. Les auteurs nous mettent face à une réalité que l’on ne peut plus ignorer : la fin du pétrole est proche et faire venir les matériaux, les produits et les aliments dont on a besoin d’autres contrées ne sera bientôt plus envisageable. Ce n’est donc pas seulement notre façon de produire notre nourriture qu’il faut revoir, mais aussi notre façon de consommer, de nous déplacer, de nous loger et de vivre les uns avec les autres.
Pour terminer, Charles et Perrine livrent leurs conseils à celles et ceux qui voudraient se lancer dans un projet de ferme permaculturelle. Forts de leur expérience, ils abordent les questions pratiques, économiques et familiales et il en ressort clairement que même si la Ferme du Bec Hellouin est aujourd’hui la preuve que ce genre de projet est économiquement viable, devenir permaculteur/permacultrice n’est pas seulement un métier, c’est un choix de vie.
Permaculture est le livre le plus beau et le plus inspirant que j’ai lu. Je ne suis pas du genre à utiliser des superlatifs à tout-va alors croyez-moi, je pèse mes mots quand je dis ça… Ce livre est beau et inspirant, parce qu’il est plein de bon sens pour la terre et les humains. Il est beau et inspirant parce qu’il est porteur d’espoir et vecteur de solutions concrètes et réalistes. Il est beau et inspirant, parce qu’il nous projette dans un monde et un avenir vers lesquels on a envie d’avancer. Enfin, il est beau et inspirant parce qu’il est écrit avec le coeur et avec poésie, avec générosité et avec humilité, par une femme et un homme qui ont appris à observer et à écouter la nature…
En refermant ce livre, j’ai ressenti une bouffée d’espoir incommensurable et il est devenu ma bouée de sauvetage pour les jours où je me laisse emporter par une vague de désespoir face à l’état du monde… Mais surtout, il m’a donné envie de me retrousser les manches, de me lancer dans des projets que je n’aurais jamais considéré avant et il m’a donné un nouveau souffle de confiance en l’avenir : car des solutions simples et accessibles existent pour guérir la terre et nourrir les hommes et elles ont déjà fait leurs preuves tout autour du monde !
Que vous vous intéressiez à l’agriculture ou à la permaculture ou pas, je recommande vivement ce livre à quiconque se demande à quoi pourrait ressembler demain. D’ailleurs, La Ferme du Bec Hellouin fait partie des projets présentés dans le film-documentaire Demain qui sortira officiellement en salle le mercredi 2 décembre.
Je vous présenterai très certainement La Ferme du Bec Hellouin plus en détails après les fêtes. En attendant, vous pouvez découvrir leur site et les suivre sur Facebook.
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Cet article a été publié dans le cadre de l’éco-défi « Découvrir des lectures engagées et inspirantes. » Hier, Catherine du blog La Marmotte Chuchote nous a présenté Sacré Croissance de Marie-Monique Robin et demain Emilie du blog Nous sommes tous des graines nous parlera de deux romans qui l’ont inspirée.
Si ce livre vous intéresse, pourquoi ne pas suggérer à votre bibliothèque de quartier de l’ajouter à sa collection ? Si vous souhaitez l’acheter, je vous invite à le réserver auprès de la librairie la plus proche de chez vous et si vous n’avez vraiment d’autre choix que de passer par internet, vous pouvez le commander via le site de la librairie française Decitre (lien affilié*).
Est-ce que vous vous intéressez à la permaculture ou à l’agriculture de manière générale ? Quel est le livre le plus beau et le plus inspirant que vous avez lu ?
Tu en parles avec cœur et passion, c’est un plaisir de lire ton introduction à l’ouvrage.
Les livres-bouées, c’est essentiel pour garder le cap !
Merci Emilie 🙂 Quels sont tes livres-bouées à toi ?
Je t’en présenterai deux demain 🙂 sinon, j’ai une trilogie bouée qui me guide à chaque fois pour (re)trouver des ressources au fond de moi dans les grands coups durs, « A la croisée des mondes », de Philip Pullman. Ce sont des livres-jeunesee, une épopée de fantastique. Un petit refuge que je connais par coeur et qui me rassure.
oui, 100 fois oui. L’agriculture biologique est l’avenir de notre agriculture. Les cultures sur de grande surface sont une hérésie et tuent notre terre à petit feu. Ce couple prouve que l’agriculture biologique peut nourrir l’homme et la terre. Je les ai vu dans le film « Demain » et ils montrent que sur une surface de 1000 m2 seulement un maraicher peut cultiver suffisamment pour pouvoir vivre lui-même … 1000 m2, c’est un mouchoir de poche !
Le livre qui m’a inspiré jusque là et toujours près de moi : Le Potager Anti crise, de Rodolphe Grosléziat, aux éditions Ulmer.
J’ai vraiment hâte de voir Demain 🙂 ! Je ne connais pas Le Potager Anti-crise, je vais y jeter un oeil !
As tu visité la Ferme?
j’en rêve mais c’est très peu ouvert finalement.
Je trouve le livre intéressant mais difficile à mettre en pratique pour le commun des mortels qui vit en ville.
J’ai visité la ferme cet été. En effet, étant donné leurs diverses activités (ferme, formations…) et leurs innombrables sollicitations c’est compliqué de gérer plus de visites que ça.
merci pour ce bel article. effectivement nous avons un jardin que nous n’avons jamais vraiment « exploité » en tant que tel
Entre les différentes naissances, l’arrivée d’un gros chien (qui nous a saccagé à plusieurs reprises les plantations 🙁 ), et souvent le manque de motivation, tout ça entre 2003 et 2015 ben on s’en occupe pas vraiment
c’est un tord car avec la permaculture je suis sûre que je pourrais faire des merveilles et alimenter ma famille (et sûrement en donner aux amis aussi 😉 ). pour cet hiver j’ai mis en terre quelques graines pour faire des essais (tout en variétés d’hiver et bio : radis, fèves, salades…). Pour le moment seul les fèves ont bien pris ainsi qu’un assortiment de radis (maintenant nous attendons la récolte ^_^)
Pour l’année prochaine cela me paraît compromis également car nous allons peut-être déménagé (on devrait le savoir avant le printemps donc si c’est non, je reprendrais mes cultures 🙂 )
merci pour les conseils de ce livre, dès que l’on pourra on le prendra, nous essayons d’échelonner nos dépenses par ordre de priorités, enfin comme tout le monde je penses lol
merci et belle fin de semaine
Je trouve qu’il n’est pas évident de se mettre au jardinage quand on ne sait pas par où commencer et puis ensuite d’autres facteurs rentrent en jeu comme tu l’as décrit ! J’ai vécu dans 3 maisons avec jardin mais j’avoue qu’il ne m’était jamais venu à l’idée d’y avoir un potager ! Ayant grandi dans un appart, ce n’était pas dans mes repères… Aujourd’hui que je me retrouve à nouveau en appart, je me dis quel dommage ! Du coup, je me rattrape comme je peux sur ma terrasse ! Mais je sais que dès que j’aurai accès à un petit bout de terre, je ferais de mon mieux pour l’exploiter, même si je sais que c’est temporaire car le plaisir de voir pousser mes légumes sur ma terrasse me rappelle combien c’est gratifiant de pouvoir se nourrir de ce qui pousse sous nos yeux ! Si jamais tu as accès à une bibliothèque, ça vaut peut-être le coup de devoir si tu peux emprunter ce livre là-bas 🙂
Merci pour ce bel article.
🙂
J’ai visité la ferme cet été. C’est un bel endroit, très inspirant. Un endroit qui redonne foi en l’humain.
J’y ai passé quelques heures à peine cet été… mais qu’est-ce que ça m’a fait du bien 🙂 !
Pour moi aussi, il est le livre le plus inspirant et motivant que j’ai lu sur le sujet jusqu’à présent. C’est une mine d’informations. Après sa lecture, j’ai bien entendu voulu visiter la ferme. J’y suis allée une journée. Ce lieu a un côté magique. On a l’impression d’être transporté dans une autre dimension 🙂 Et quel plaisir, également, d’écouter Charles conter l’histoire de la ferme. Ce qui fait qu’à la fin de la journée, on n’a pas envie de partir !
Passionnée par le sujet, j’ai, depuis, visité plusieurs micro-fermes permaculturelles (pas toutes ;-)). La Ferme du Bec Hellouin est, pour moi, la plus aboutie en matière de culture, d’aménagement, de design…
Merci pour ton avis sur ce livre et ta visite à la ferme… un lieu magique en effet, où l’on se sent si bien au milieu de ce petit bout de nature riche en vie, haut en couleurs et en saveurs !