Fondatrice de The Vegan Foodie Project, la première école culinaire végane de Strasbourg, Muriel est une cheffe et pédagogue passionnée et passionnante ! J’en ai fait l’expérience en mars dernier, au cours d’un atelier consacré à la création de recettes mexicaines pour un brunch aussi coloré que gourmand. Durant ces 3 heures et demie, Muriel ne s’est pas contentée de nous montrer ni de nous expliquer les étapes de la réalisation de tortillas, de frijoles, d’enchiladas ou encore de molletes… Pour elle qui a vécu 10 ans au Mexique avec son mari Alfi, né là-bas, le partage de ses connaissances culinaires va de pair avec la description des us et coutumes qui accompagnent chaque plat, chaque ingrédient, chaque technique. Assister à l’un de ses ateliers culinaires, c’est non seulement s’ouvrir à d’autres saveurs et savoirs culinaires, mais c’est aussi s’ouvrir à une partie de la culture dans laquelle ceux-ci sont ancrés. Pour moi qui suis passionnée de cuisine et très sensible, en tant qu’anthropologue, à l’importance d’ancrer chaque pratique culturelle dans son contexte, non seulement pour la comprendre et l’apprécier pleinement, mais aussi pour éviter toute forme d’appropriation culturelle, je suis très touchée par la démarche de Muriel.
Je suis également très admirative de l’engagement de Muriel pour rendre la cuisine végétale accessible au plus grand nombre. Au-delà de son école culinaire dont les cours se destinent aux particuliers comme aux entreprises, Muriel propose des cours au sein du Service Santé de l’Université de Strasbourg et Indoor Santé. Aux étudiant·es, elle transmet surtout des idées pour se préparer des plats faciles, nutritifs et peu onéreux et des astuces de batch cooking. Au sein de l’association INDOOR SANTÉ, elle collabore avec une diététicienne afin d’accompagner les participant·es, souvent concerné·es par des maladies ou en quête de mieux-être, à apprendre à cuisiner des repas gourmands, nutritifs et équilibrés.
Muriel est également bénévole au sein de l’association strasbourgeoise Les Marmites du Turfu qui œuvre à la promotion de l’alimentation végétale et à la valorisation des acteurices du végétal en Alsace. C’est d’ailleurs par ce biais que j’ai rencontré Muriel puisqu’elle a généreusement mis son local à ma disposition pour l’atelier de cuisine indienne et végétale que j’ai animé bénévolement pour Les Marmites du Turfu, en février dernier.
De cette rencontre avec Muriel est née l’envie de travailler ensemble et je suis heureuse de vous annoncer en avant-première que dans quelques mois, je proposerai mes propres ateliers de cuisine indienne et végétale, chez The Vegan Foodie Project, à Strasbourg ! Pour recevoir les dates d’inscription en avant-première, pensez à vous inscrire à ma newsletter sur Substack. En attendant, je vous propose de découvrir quelques détails sur le parcours de Muriel, ses valeurs et son travail à travers l’interview qu’elle a bien voulu m’accorder.
Comment t’es-tu intéressée au végétalisme et comment s’est passé cette transition ?
Ça a été très progressif. J’ai été végétarienne pendant 30 ans avant de sauter le pas du véganisme. Je suis devenue végétarienne par amour pour les animaux, mais les médecin·es étant très mal informé·es et plein·es de préjugés sur ce régime alimentaire, je me suis sentie obligée de manger un peu de chaire animale par moments.
Malgré mon intérêt pour les animaux, j’ai mis très longtemps à découvrir toute la souffrance qu’il y a derrière le lait animal et les œufs… C’est grâce à ma fille aînée qui a commencé à creuser le sujet à l’âge de 15 ans que j’ai ouvert les yeux. Elle est alors devenue végane et j’ai suivi le pas, quelques temps après.
À cette époque, mon mari (également végétarien) et moi tenions une boulangerie-pâtisserie végétarienne à Playa del Carmen, au Mexique. Nous y utilisions donc des œufs et des produits laitiers et je ne voyais pas bien comment végétaliser notre offre… Jusqu’au jour où une cliente m’a demandé une galette des rois végétale. De prime abord, je me suis dit que ce serait impossible, mais j’ai pensé à ma fille et à mon souhait de ne pas la priver de certaines traditions… Alors j‘ai fait différents tests, jusqu’à obtenir le résultat souhaité. J’ai pris beaucoup de plaisir tout au long de ce processus créatif et cette première galette des rois 100 % végétale a eu beaucoup de succès. Végétaliser notre offre fut un sacré challenge, mais étant passionnée de cuisine, je me suis vraiment prise au jeu et ce fut le point de début d’un nouveau chapitre pour notre commerce !
Travailler dans le monde de la food a-t-il toujours été une évidence pour toi ? Quelles ont été les étapes les plus marquantes de ton parcours professionnel et comment en es-tu arrivée à ouvrir ton école de cuisine végétale ?
Plus jeune, j’avais très envie de devenir pâtissière mais j’ai fini par suivre des études de musicologie et je me suis spécialisée dans l’enseignement des méthodes actives – j’adorais donner des cours. Ma carrière a pris un nouveau tournant lors d’un séjour estival au Mexique où je m’étais rendue pour apprendre l’espagnol. J’y ai rencontré Alfi, mon futur mari, qui dirigeait une école hôtelière à Playa del Carmen. J’ai alors décidé de me joindre à lui dans cette aventure en suivant dans un premier temps la formation de cuisine et pâtisserie au sein de l’école hôtelière et dans un deuxième temps des formations professionnelles en pâtisserie et en boulangerie à Paris. J’ai pu me former chez Lenôtre, travailler avec le chef pâtissier du Ritz et écrire, avec lui, ne série d’ouvrages destinés aux professionnel·les du secteur. Je suis revenue au Mexique avec l’envie de transmettre à mon tour tout ce savoir qui me passionne.
En 2014, Alfi et moi avons décidé d’ouvrir notre boulangerie-pâtisserie végétarienne à Playa del Carmen. Nous y proposions également des cours de boulangerie et de pâtisserie chaque semaine, ouverts à tout public. Ça a si bien marché que nous avons ouvert une deuxième branche, mais avec l’arrivée du COVID, nous avons connu quelques difficultés. C’est à cette période que nous avons décidé de rentrer en France. Heureusement, des ami·es du coin ont pu reprendre la suite et tout notre personnel a gardé son emploi.
Arrivé·es en France, j’ai souhaité me concentrer sur la transmission autour de la cuisine végétale. Nous avons donc décidé de continuer de faire équipe, avec Alfi, pour ouvrir la première école de cuisine végane à Strasbourg.
Quelles sont les valeurs qui t’animent, qu’espères-tu apporter et transmettre à travers The Vegan Foodie Project ?
La transmission a été le fil rouge de toute ma carrière jusqu’à présent – que ce soit via la musique, à l’école hôtelière, à la boulangerie-pâtisserie ou ici, à The Vegan Foodie Project, j’ai toujours pris énormément de plaisir à partager mes connaissances culinaires et à échanger autour de la cuisine avec d’autres passionné·es. C’est aussi grâce aux liens de confiance tissés avec notre équipe au Mexique que j’ai pu me perfectionner en cuisine mexicaine. J’avais plaisir à participer à la préparation des repas du personnel et c’est surtout Marie, la cuisinière, qui m’a beaucoup transmis. Ces moments de partage et d’échange m’ont fait prendre conscience du pouvoir de la cuisine – c’est une activité créative qui facilite les échanges, la collaboration comme l’entraide et qui favorise, de manière générale, une ambiance très conviviale. C’est ce plaisir de créer quelque chose ensemble et cette ouverture vers l’autre que j’essaie d’instaurer dans mes ateliers.
Plus concrètement, avec The Vegan Foodie Project, j’ai également à cœur de proposer des outils afin que chaque participant·e puisse préparer des plats maisons nourrissants et savoureux pour elle/lui et sa famille. De plus, j’essaie de revaloriser le moment du repas, en le servant avec soin, dans de beaux récipients, et en invitant chacune à savourer pleinement le moment de la dégustation et le fruit de son travail. Enfin, je souhaite bien évidemment montrer combien la cuisine végétale peut être gourmande et variée.
Je pensais que notre clientèle serait plutôt végé mais finalement, la plupart des participant·es ne le sont pas. Il s’agit plutôt de personnes curieuses, de passionné·es de cuisine et/ou de personnes qui souhaitent manger moins de produits d’origine animale (POA)… J’ai même reçu un couple non-végé souhaitant apprendre à cuisiner pour leur fils végane. De manière générale, j’aime à penser que les recettes, ingrédients et techniques que ma clientèle découvre dans mes ateliers lui permet de réduire sa consommation de chair animale, de produits laitiers et d’œufs. Chaque repas sans POA fait une différence !
Il est très important pour moi que toustes les participant·es soient à l’aise, indépendamment de leurs convictions et régime alimentaire. Mon mari n’étant lui-même pas végane, je comprends qu’on ne puisse toustes cheminer au même rythme ni dans la même direction. Mon rôle est simplement de montrer qu’il est possible de se régaler de plats végétaliens et de donner l’envie et les connaissances, à celleux qui y sont ouvert·es, de végétaliser leur assiette.
Peux-tu nous en dire plus sur tes ateliers « Team Building » ?
Les privatisations pour Team Building sont prisées par tout genre d’entreprises. Pour ce type d’ateliers, nous formons des brigades et chacune d’elles est chargée de préparer une partie du repas. Dans ces moments, tout le monde partage des responsabilités similaires ; ainsi, il n’y a plus de hiérarchie, ce qui facilite les échanges entre collègues. Par ailleurs, la cuisine est une porte d’entrée vers une diversité de sujets plus ou moins personnels : ça nous renvoie à nos propres habitudes, à nos traditions familiales, à notre héritage culinaire et culturel, etc., et ça permet de créer du lien autour de sujets qu’on n’aurait pas l’occasion d’aborder dans le cadre professionnel. De manière générale, je constate que même si certaines personnes sont peu à l’aise au début, elle se décoincent assez vite en cuisinant et c’est réjouissant !

Pour aller plus loin :
- Le site internet The Vegan Foodie Project
- Le compte Instagram The Vegan Foodie Project





Quel beau projet et quelle belle personne ! Je pense que je vais m’organiser un voyage à Strasbourg pour un atelier de cuisine végétale avec vous deux 🙂
Merci pour ton retour, Mathilde ! Ça me ferait plaisir de te rencontrer à cette occasion 🙂
Bonjour Natasha, Quel beau projet ! Je dirais que ce qui ressort à la lecture de cet article, c’est que vous partagez les mêmes valeurs et envie de partager une cuisine végétale et consciente 🌱 C’est super que ça se concrétise par des ateliers ! Une bonne idée de cadeau à s’offrir ou se faire offrir 🎁 J’apprécie d’avoir un aperçu du parcours de Muriel, de son cheminement, pour mieux comprendre ce qu’elle propose.
Merci pour ton retour chaleureux, Audrey !