En juin dernier, Emmanuel Daniel a emprunté “la route des utopies concrètes” et démarré son propre tour de France: le Tour de France des alternatives. Jusqu’en décembre, ce journaliste indépendant ira à la rencontre de citoyens qui ont concrétisé des projets allant à l’encontre du mode de vie prédominant à notre époque: celui où consommation, individualisme et obsession de l’argent régissent notre quotidien. Soucieux des conséquences sociales et environnementales de certains comportements, il veut faire connaître ces groupes et individus qui mettent en place des alternatives durables dans une variété de domaines, de l’éducation à la politique, en passant par l’écologie, entre autres.
Des critères précis et réfléchis
Lorsqu’il a commencé à organiser son parcours en début d’année, Emmanuel n’avait que l’embarras du choix concernant les alternatives sur lesquelles enquêter. Il en a épluché plus de 500 pour finalement en choisir une cinquantaine à travers la France. Ses critères? Il cherchait avant tout des initiatives “innovantes, originales et étonnantes” qui aient un ancrage local, qui soient initiées par des citoyens et qui soient transposables. Il a commencé ses reportages à Paris, puis à continué en direction du Nord avant de traverser une partie des régions de l’est de la France pour arriver à Grenoble en août… ça tombait bien, j’y étais aussi! J’en ai donc profité pour en savoir plus sur ses reportages au sujet de projets écologiques en particulier.
Des alternatives écologiques, mais pas seulement…
L’un des sous-thèmes qui revient le plus est celui de l’alimentation et justement, l’une des initiatives qui l’a pour le moment le plus impressionné est celle de L’indépendante, une épicerie auto-gérée à Paris. Au-delà de la vente de produits bio, locaux et équitables, cette coopérative démocratique et autonome permet aux participants d’être à la fois clients et gérants. Emmanuel me parle également de La tente des glaneurs, un programme contre le gaspillage alimentaire dans un marché de Lille. Chaque semaine, à la fin du marché, des bénévoles ramassent et distribuent gratuitement des fruits et légumes parfaitement comestibles mais invendables faute d’être en bon état. En plus de “sauver” des fruits et légumes frais au profit de personnes dans la précarité, la tente des glaneurs est pour beaucoup de bénéficiaires esseulés et isolés un lieu d’échanges et de rencontres. Plus récemment, il a fait connaissance avec des paysans de Haute-Savoie qui, inspirés par le modèle des fermiers de famille québécois, ont opté pour un mode de vente directe, ce qui leur assure d’écouler la totalité de leurs récoltes et d’avoir un salaire chaque mois, indépendamment des intempéries. Ce mode de fonctionnement permet en outre de créer des liens entre producteurs et consommateurs et de sensibiliser ces derniers aux problématiques de l’agriculture.
Vivre en cohérence avec ses principes
Voilà déjà plus de deux mois qu’Emmanuel sillonne la France à la rencontre de ces personnes qui qui ont commun ce même désir “de vivre en cohérence avec leurs principes”. Toutes ces rencontres et ces découvertes ne laissent pas indifférent Emmanuel qui a déjà changé certaines de ses habitudes en cours de voyage. Par exemple, il fait “de plus en plus d’efforts pour manger sainement et pour manger moins de viande”, ce qu’il faisait déjà avant mais de façon “marginale”. C’est sa consommation en général qu’il remet en question et d’ailleurs il me montre fièrement ses sneakers 1083, 100% fabriqués en France, dont je vous parle dans cet article-là. Convaincu “par le caractère émancipateur de faire soi-même”, il a aussi envie de jardiner son propre potager et de se mettre au bricolage une fois chez lui.
De nouveaux projets plein la tête
C’est justement surtout à son retour qu’Emmanuel envisage les choses différemment. Il prévoit de se réinstaller dans les Côtes d’Armor, là où il a grandi, mais aussi là où, contrairement à d’autres régions, peu d’initiatives citoyennes et durables ont été mises en place. On sent qu’il a envie de devenir lui-même un acteur du changement et regrette qu’au lieu de faire bouger les choses, les français frustrés par la situation économique et sociale de leur pays partent à l’étranger. “Moi, mon objectif serait de décliner mon projet web en projet audiovisuel”, me confie-t-il, “pour toucher davantage de personnes”. Alors qu’on a tendance à parler de toutes ces alternatives de manière “anecdotique”, il veut les réunir pour montrer que ce ne sont pas des cas isolés, mais qu’elles reflètent un véritable mouvement citoyen, démocratique et durable à travers la France. En attendant, Emmanuel a déjà semé plusieurs graines de changement et d’espoir: en effet, il a déjà reçu des messages de lecteurs qui, inspirés par ses reportages sur son site, ont décidé d’adapter et d’adopter certaines de ces alternatives . “C’est ma plus belle récompense!”, me dit-il avec un grand sourire!
Pour suivre Emmanuel, rendez-vous sur son site et sur sa page Facebook.
C’est chouette aussi, ça permet de découvrir des associations que l’on ne connait pas. Pour ma part j’ai connu un atelier réparation de vélo et entraide « La maison du velo », dont l’un des membres fait aussi de la livraison en velo de fruits et légumes (toujours mon ex^^). Mais une partie des gens qui intègrent cette association proviennent d’autres associations, ce qui permet d’en découvrir toujours plus.
Il y a tellement d’initiatives de ce genre c’est vrai, et il y en a de plus en plus, ce qui est très bon signe!