Voilà près de 4 mois que Cuisine indienne vegan, le tout premier livre de cuisine indienne végétale et francophone, que j’ai co-écrit avec ma maman, a été publié ! Sur Instagram et au fil de nos rencontres vous m’avez posé plein de questions sur les coulisses de la réalisation du livre et les recettes. Voici donc mes réponses détaillées à vos interrogations et si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à les laisser en commentaire.
Comment vous est venue l’idée de faire ce livre ensemble avec ta maman ?
La cuisine est mon lien le plus prégnant avec ma culture indienne – les repas partagés avec ma famille m’ont permis non seulement de m’imprégner des saveurs de notre culture mais également de nombreux rituels et traditions. C’est un lien particulièrement précieux pour moi car il me nourrit au sens propre comme au sens figuré. Cependant, ayant quitté le domicile familiale à l’adolescence, je n’ai pas eu le temps d’apprendre à cuisiner grand-chose aux côtés de ma maman et du reste de ma famille. Pendant des années, ça m’a terriblement manqué de ne pas pouvoir manger « comme à la maison » dans mon propre foyer et la naissance de notre enfant, à qui je tenais à transmettre ma culture indienne, n’a fait qu’accroître ce manque.
J’ai donc décidé de passer plus de temps avec mes proches en cuisine lors de nos retrouvailles, chez elleux ou chez moi. Je notais tout soigneusement dans un carnet et, petit à petit, j’ai pu retrouver dans ma cuisine les odeurs et les saveurs de nos recettes de famille, pour mon plus grand bonheur ! Au départ, je n’avais pas forcément l’idée d’écrire un livre – il s’agissait d’un projet très personnel, motivé par l’envie de maîtriser pleinement nos recettes familiales et je ne me sentais absolument pas légitime pour en faire un ouvrage… jusqu’à ce que Marie Laforêt, directrice de collection chez Solar me propose qu’on en discute !
L’idée de transformer ce recueil de recettes familiales en un livre m’a évidemment ravie. C’était pour moi une opportunité inespérée de voir notre savoir reconnu et valorisé et d’en faire un bel objet qui puisse se partager et se transmettre.

Crédit photo: Muelle Hélias
Quel rôle a joué Marie Laforêt dans la création de votre ouvrage ?
En tant que directrice de collection, Marie Laforêt est chargée de proposer des projets à Solar et d’accompagner les auteurices dans la partie création : peaufinage du synopsis, finalisation du sommaire, choix du style pour les photos, etc. Nous avons surtout échangé au tout début du projet et une fois qu’il a été approuvé par Solar, notre éditrice a pris la relève. Marie est également restée disponible tout au long de la rédaction du manuscrit pour répondre à mes diverses questions et relire certaines parties.
Quelles conditions vous ont été imposées par la maison d’édition ?
Solar, notre maison d’édition ne nous a rien imposé de particulier, à part une date de remise pour le manuscrit. De mon côté, j’avais pas mal d’exigences, qui ont toutes été respectées. J’ai évidemment choisi le contenu du livre, aussi bien pour la première partie que pour les recettes, j’ai demandé à faire figurer le nom des recettes en gujarati dans le livre et à ce que l’origine régionale des recettes soit mentionné dans le titre ou le sous-titre. J’ai également choisi l’ambiance et le style des photos.
L’équipe de Solar s’est ensuite chargée du design de la couverture, de la maquette, etc. – je ne dirais pas que ça m’a été imposé car c’est leur travail, pas le mien. En revanche, on nous a montré l’avancée du livre à chaque étape et demandé notre avis – et tout nous convenait parfaitement !
J’ai vraiment pu écrire le livre que je rêvais d’écrire et Solar s’est chargé d’en faire un bel objet !
Comment vous êtes-vous organisées pour le shooting ?
Toutes les photos ont été réalisées par Manon Gouhier, photographe culinaire basée à Lyon qui m’avait été recommandée par Marie Laforêt, suivant le style et l’ambiance que je souhaitais retrouver dans les photos du livre.
Une fois notre manuscrit terminé, notre éditrice l’a transmis à Manon qui s’est chargée de cuisiner et shooter toutes nos recettes puis de post-traiter les photos. Les photos nous étaient envoyées en live via un groupe de messagerie instantanée, pour validation. Cela m’a permis de m’assurer que le résultat correspondait bien à la recette proposée et à la manière de présenter et servir chaque met. Par exemple, sur l’une des premières photos, Manon avait ajouté de la mousse de lait sur le chai, alors que contrairement au « chai latte » servi dans les cafés dans nos contrées, le chai traditionnel indien ne contient pas du tout de mousse !
Ma maman et moi avons également rejoint Manon dans son studio à Lyon pendant 2-3 jours pour participer au shooting et ainsi ajouter une présence humaine à une vingtaine de photos. Nous avons adoré travailler toutes les trois sur une partie du shooting, ce fut une expérience vraiment chouette et surtout le début d’une nouvelle amitié (si vous cherchez une photographe culinaire engagée à Lyon, n’hésitez vraiment pas à faire appel à Manon !).

Crédit photo Manon Gouhier (gauche) / Natasha Tourabi (droite)
Comment vous êtes-vous réparti le travail avec ta maman ?
Ma maman m’a transmis ses connaissances techniques et culinaires et montré, pas à pas, comment réaliser ses recettes. Pour ma part, je lui ai fait découvrir différentes alternatives végétales au beurre, à la crème, au lait, aux œufs et à la chair animale. Ensemble, nous avons réalisé plusieurs tests, avec différents produits, jusqu’à obtenir le goût et la texture souhaités. Nous avons travaillé la majorité des recettes ensemble, à part, entre autres, les pains plats et les samossas pour lesquels j’ai dû me débrouiller toute seule, avec ses conseils et ceux de ma tante et mes cousines à distance – ce fut un sacré défi !
Une fois toutes les recettes testées et approuvées, je me suis chargée de la rédaction complète du manuscrit et des différentes étapes de relectures. Ma maman s’est chargée d’écrire tous les noms des recettes en Gujarati et a également relu certaines parties.
Habitant l’une et l’autre dans des pays différents, comment vous êtes-vous organisées, concrètement ?
Pendant les vacances scolaires, ma maman est venue passer plusieurs semaines chez moi, à Freiburg, en Allemagne, entre juin 2022 et octobre 2023. À chacun de ses séjours nous avons réalisé et refait ensemble plusieurs recettes. Entre temps, nous avons beaucoup échangé par message pour fignoler certains détails dans la liste des ingrédients, les instructions, les conseils, etc.
C’était comment de travailler avec ta maman ?
C’était très fluide ; nous avons été très complémentaires sur ce projet. Nous avons chacune pris en charge les tâches avec lesquelles nous étions le plus à l’aise et confiantes en cuisine. Nous nous sommes rassurées l’une et l’autre lors des moments de doute et soutenues lors des moments de fatigue !
Ta fille s’est-elle jointe à ce projet intergénérationnel ?
Elle s’est jointe à moi dans la réalisation des recettes de pains plats – elle adore mettre les mains à la pâte et manger des naans, des chapatis, etc., alors elle s’en est donnée à cœur joie pour cette partie ! C’est d’ailleurs son amour pour ce type de pains qui m’a motivée à apprendre à les réaliser moi-même.
Comment as-tu sélectionné les recettes ? La cuisine indienne est si riche !
En effet, comme expliqué dans la première partie de notre ouvrage, il n’y a pas une mais des cuisines indiennes, très différentes d’une région à l’autre. Comme précisé dans le sous-titre, nous sommes une famille originaire du Gujarat : proposer des recettes de cette région plutôt qu’une autre ou que de tout mélanger allait donc de soi. Quant au choix des recettes à proprement parler, j’ai simplement établi une liste de celles que nous préparons le plus souvent pour le quotidien et les occasions spéciales, l’idée étant d’avoir un recueil de recettes authentiques, reflétant véritablement les saveurs de notre cuisine.
Est-ce que toutes les recettes sont traditionnellement végétales en Inde ?
Absolument pas ! Bien que les cuisines indiennes fassent la part belle aux plats végétariens voire végétaliens, on y trouve également beaucoup de produits d’origine animale. Dans notre livre, la plupart de nos recettes à base de légumes, légumes secs ou de riz sont traditionnellement végétales quand elles sont préparées sans ghee, le beurre clarifié souvent utilisé à la place de l’huile dans les cuisines indiennes. Nos condiments sont tous traditionnellement végétaliens, tout comme plusieurs des pains plats et des recettes de la partie « friture ». Pour le reste, nous avons dû faire des adaptations, notamment toute la partie dessert, toute la partie boisson et plusieurs recettes traditionnellement à base d’œufs, de viande hachée ou de poulet de la partie légumineuses.

Crédit photo: Manon Gouhier
Est-ce que vous faites un point sur l’appropriation culturelle de la cuisine indienne dans la première partie ?
J’aurais bien aimé développer ce sujet dans notre livre, mais je manquais cruellement de place (j’ai déjà largement dépassé le nombre de caractères/pages prévus au départ…). Vous pouvez toutefois retrouver un article assez détaillé au sujet de l’appropriation culturelle en cuisine dans le 1er numéro de mon webzine Cardamome et Curcuma ainsi que sur mon blog et j’espère aborder plus en détail l’appropriation des cuisines indiennes ici ou dans ma newsletter.
Lire l’article Création culinaire, influence et appropriation culturelle : un vrai problème.
Est-ce que les recettes contiennent beaucoup d’ingrédients ?
À partir du moment où l’on cuisine avec des épices, la liste d’ingrédients s’allonge forcément, mais cela ne veut pas dire que nos recettes sont toutes très longues à réaliser. Par ailleurs, il faut savoir que la base de nombreux plats indiens se compose d’huile, d’oignon, d’ail, de gingembre et de tomates. S’ajoutent ensuite à cette base les légumes, le riz ou les légumineuses… Il ne s’agit donc absolument pas de recettes minimalistes en termes d’ingrédients (8 à 10 par recette) mais notons toutefois que ce sont souvent les mêmes épices et ingrédients qui reviennent (avec des combinaisons différentes) donc une fois que vous aurez votre stock de base, vous pourrez réaliser toutes les recettes du livre. De plus, hormis les épices et de certaines légumineuses, les autres ingrédients que nous utilisons sont communs à d’autres cuisines ou très courants dans l’alimentation végétarienne ou végétalienne.
Peut-on trouver les ingrédients des recettes facilement ?
La plupart des ingrédients se trouvent en supermarché, magasin bio ou au marché. Les autres, comme la farine ata (utilisée pour les pains plats comme les chapatis), certaines légumineuses (haricots mungo) ou épices (feuilles de fenugrec séchées, caradome noire, etc.) s’achètent dans les épiceries indiennes/sud-asiatiques physiques ou en ligne. L’ingrédient le moins évident à trouver, à moins d’habiter une grande ville, ce sont les feuilles de curry fraîches – si vous n’en trouvez pas, pas de panique, votre plat sera délicieux malgré tout.

Crédit photo: Manon Gouhier
As-tu des bonnes adresses/marques à conseiller pour se procurer certaines épices et autres ingrédients spécifiques aux cuisines indiennes ?
À Freiburg, je vous conseille Indilanka (livraison de feuilles de curry fraîches tous les mardis !)
En ligne, en France :
- Épices Shira — épices bio et équitables
- La Plantation — leur curcuma en poudre est incroyable !
- Pankaj Boutique (en ligne et sur place à Toulouse) — divers produits de marques indiennes que nous utilisons couramment dans ma famille (épices, légumineuses, etc.)
Les recettes sont faisables sans gluten ?
Je n’y connais rien à la cuisine sans gluten et n’ai donc testé aucune alternative sans. Notez que sur 75 recettes, seules 12 en contiennent.
Quelle est ta recette préférée dans ce livre ? Et ta maman ?
C’est beaucoup trop dur de ne choisir qu’une seule recette… Qu’il s’agisse de recettes pour le quotidien ou les occasions spéciales, sucrées ou salées, je les trouve toutes absolument délicieuses. Il y en a que je fais plus souvent que d’autres, c’est sûr, mais pas forcément parce que je les aime plus, simplement parce qu’elles sont plus rapides à faire, comme le shaak de petits pois au lait de coco ou le dahl de lentilles masoor.
Je n’ai pas demandé à ma maman mais sachant que c’est un bec sucré je pense qu’elle répondrait tous les desserts, en particulier les carottes fondantes à la vanille et l’écrasée d’ananas à la crème et à la cardamome qu’elle fait régulièrement.
Où vaut-il mieux acheter le livre ?
Pour chaque livre vendu, ma maman et moi touchons à peine 1 euro chacune ! Pour nous permette de toucher un peu plus d’argent, vous pouvez me l’acheter directement (remise en mains propres à Freiburg) ou bien passer par mon lien affilié My 365, ce qui me permet de toucher une commission supplémentaire.
Et sinon, le mieux est de l’acheter auprès d’une librairie indépendante afin de soutenir le précieux travail des libraires. N’hésitez pas non plus à suggérer à votre médiathèque de l’ajouter à leur rayon cuisine afin de le faire découvrir à un plus grand nombre de personnes !
Où vaut-il mieux laisser notre avis sur votre livre ?
Déjà, un grand merci aux personnes qui ont déjà pris la peine de laisser leur avis en ligne : ceci est vraiment important pour la visibilité et les ventes de notre livre. Même si vous l’avez acheté en librairie, vous pouvez laisser votre avis en ligne sur des sites comme Amazon, Fnac, Decitre et Babelio. Nous vous en seront extrêmement reconnaissantes !

Crédit photo: Manon Gouhier





Eh bien, on peut dire que je prends mon temps, j’ai finalement fait une seule recette (dahl de lentilles brunes) un peu adaptée parce que j’avais pas toutes les épices, mais c’était un régal. J’ai tous les ingrédients pour les sablés à la cardamome, mais je n’ai pas encore eu le temps de les réaliser.
D’ailleurs, je tiens à dire aux personnes qui te lisent et qui vivent en France, pour la margarine riche, achetez Flora, un remplaçant du beurre bluffant ! Découvert en Angleterre (et testé par mes neveux) et arrivé peu après en France. On le trouve (pour l’instant) que chez Carrefour et Leclerc. Et je n’ai aucune action, mais vu comme c’est compliqué de trouver de la margarine riche en France, ça, c’est top ! https://www.flora.com/fr-ch/floraplant/flora
Coucou Carole,
C’est la recette de dahl que je fais le plus souvent pour ma part 🙂
Super pour la reco de margarine, nul doute que l’info sera utile à bon nombre de personnes !
Je confirme on a fait les sablés à la cardamome avec le beurre végétal Flora et c’était une tuerie!
Oh, comme ton livre rayonne et donne envie ! Je vais l’offrir à une amie très chère qui partage des racines indiennes. Voici le bon lien pour l’acheter sur my365.
Cela me fait tellement plaisir que tu souhaites l’offrir à une amie !
Merci pour l’info pour le lien, j’ai mis le bon lien affilié dans l’article.
Félicitations pour ce magnifique livre Natasha ! Il me tarde d’en tester les recettes !
Merci beaucoup, Mathilde !
Merci pour ce bel article qui présente une partie du travail derrière un beau livre.
Merci pour les publications sur le blog. Lire ton blog est reposant et instructif.
Merci pour tes mots de soutien, Gretel 🙂
J’ai acheté le livre et je l’ai offert à une de mes amies, qui avait adoré le shaak d’épinards et pommes de terre que je lui avais cuisiné. (je sais qu’elle l’a déjà fait elle même)
J’ai réalisé aussi le shaak de petits pois au lait de coco , celui au chou fleur, la crème d’épinards au tofu et le flan à la rose et à la cardamome.
Cette semaine, je prévois un shaak de chou (rouge), et j’ai hâte qu’arrive la saison des aubergines parce que deux recettes incluant cet ingrédient me font de l’oeil!
C’est trop chouette d’avoir ce livre de référence; merci Yasmine et Natasha
Merci, Eve ! Ton retour nous fait chaud au cœur !
Je l’ai offert à une amie qui a adoré, elle a déjà testé quelques recettes. Ce livre est un bijou, la couverture est incroyable. Je réfléchis à le présenter lors de ma participation au prochain Bookclub Litté Racisée car les participants sont très sensibles aux beaux livres et même si c’est plus approfondi dans le webzine, l’appropriation culturelle est évoquée 🙂
Merci beaucoup Sophie, ton retour me fait vraiment chaud au cœur ! Et je suis heureuse que tu souhaites en parler dans ton bookclub 🙂
J’ai enfin réalisé les sablés à la cardamome et c’était vraiment une tuerie ! Merci pour cette belle recette savoureuse sans un gramme de cholestérol… (J’ai quasiment tout descendu à moi toute seule…).
J’ai aussi fait le shaak d’épinards aux pommes de terre, une réussite. Pacsman adore la cuisine indienne végane (moi aussi), c’est une révélation. Je savais qu’entrer dans la cuisine végane par cette porte me plairait. Peut-être vais-je me lancer prochainement dans le tofu ? C’est pas gagné, mais pourquoi pas ?
À ce rythme, tu sembles bien partie pour te laisser tenter par le tofu un jour 😉 ! En attendant, je suis vraiment RAVIE de savoir combien les sablés à la cardamome et le shaak d’épinards t’ont plu – ce sont des recettes que je fais régulièrement, c’est un peu ma « comfort food » à moi !
Coucou Natasha, j’adore toujours ton livre ! Mon mari est fan aussi. J’ai une amie qui l’a acheté et deux à qui je pense l’offrir 🙂
Belle journée à toi
Merci beaucoup, ça me fait tellement plaisir de savoir que notre livre plaît à tant de monde et que tu comptes l’offrir autour de toi 😊
Hello Natasha, très beau livre je confirme, pour l’instant je n’ai testé aucune recette, j’en suis à chercher les ingrédients, d’ailleurs merci pour le lien de Pankaj parce que j’étais un peu perdue… Pour celles qui chercheraient comme moi, ce site vend les haricots mungo dépelliculés sous l’appellation Lentilles indiennes Moong Dal.
Est-ce que c’est très important la version entière ou dépelliculée pour les recettes Natasha, ou l’une pourrait remplacer l’autre ? J’aurais peut-être d’autres questions au fur et à mesure de mon avancée…
PS : merci à Carole pour la référence Flora.
Bonjour Natacha,
Heureuse que l’esthétique du livre te plaise, c’est un bon début 🙂 !
Les légumineuses entières non dépelliculées nécessitent un temps de trempage et de cuisson plus long que les légumineuses entières dépelliculées (et il existe également des version cassées et dépelliculées, suivant les légumineuses, qui sont elles encore plus rapides à cuire).
N’hésite pas si tu as d’autres questions !