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Collaborations, partenariats, tests produits, etc. – mes frustrations et mes exigences

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Voilà plus d’un an déjà que je souhaite publier un article détaillant mon fonctionnement pour les partenariats, collaborations et tests de produits qu’on me propose, non seulement par souci de transparence avec vous mais aussi pour démentir l’idée selon laquelle les blogueur·ses seraient prêt·es à vendre leur âme au diable pour recevoir des produits gratuits, être invité·es à des événements VIP ou encore rédiger des articles sponsorisés. Aujourd’hui, si l’envie d’écrire cet article me démange davantage c’est aussi et surtout parce que depuis quelques mois, les propositions de partenariats générant de la frustration en moi sont de plus en plus nombreuses. C’est donc également aux marques, entreprises, associations, etc. qui font appel aux blogueur·ses pour promouvoir leurs produits, services et actions que j’aimerais m’adresser par le biais de cet article.

Mon travail de blogueuse et mes sources de revenus

Comme vous le savez sûrement, après m’être investie dans ce blog de manière bénévole pendant plusieurs années (et avoir réduit mes heures de travail salarié pour ce faire), j’ai décidé de faire de mon blog une source de revenus afin que cela reste une activité viable sur le long terme. En effet, comme la plupart des gens, j’ai besoin d’argent pour subvenir à plusieurs de mes besoins et même si j’étais prête à réduire considérablement mon salaire (je gagnerais 2 à 3 fois plus d’argent si j’étais restée prof à plein temps), je n’étais pas prête à renoncer à certains projets et à un certain confort. Il me semble donc tout à fait légitime que les 40 % du temps de travail que j’ai choisis de consacrer à mon blog et dont vous êtes des dizaines de milliers à profiter chaque mois soient rémunérés. Je ne suis néanmoins pas prête à n’importe quoi pour ce faire !

Comme je l’ai déjà expliqué en détail dans cet article, le blog me rapporte de l’argent via différentes sources – vos dons sur Tipeee, les liens affiliés et les articles sponsorisés – et comme tou·tes autoentrepreneur·ses dans les règles, je paie des cotisations et des impôts chaque trimestre/année sur chaque euro que je gagne. En tant que blogueuse engagée, soucieuse de promouvoir des initiatives et des produits éthiques et écologiques, mes sources de revenus restent néanmoins très restreintes et ce pour deux raisons principales. La première, c’est que les entreprises avec lesquelles je serais heureuse de collaborer ont généralement un budget communication et marketing très limité lorsqu’elles démarrent et ne peuvent donc se permettre de proposer une compensation équitable aux blogueur·ses qui les aident à gagner en visibilité. La seconde c’est que, quel que soit leur budget communication et marketing, certaines entreprises se sont tellement habituées à pouvoir compter sur des blogueur·ses prêt·es à tout pour recevoir une simple paire de chaussettes, qu’elles ne voient pas l’intérêt de leur proposer une compensation juste et équitable pour le temps passé à rédiger un article, prendre des photos et les partager sur leurs réseaux sociaux.

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Blogueur·ses et entreprises – une relation déséquilibrée

Bien évidemment, chaque blogueur·se est libre de la manière dont iel gère ses partenariats mais celleux qui acceptent de promouvoir certaines entreprises sous n’importe quelles conditions laissent croire à ces dernières que nous sommes à leur entière disposition, qu’un simple envoi de produit peut justifier n’importe quelles attentes et exigences de leur part et que nous devrions même les remercier pour leur générosité et leur confiance ! Ce genre de raisonnement et de fonctionnement encourage les entreprises – engagées ou pas – à dépendre de plus en plus des blogueur·ses pour gagner en visibilité sans dépenser un sous et sans reconnaissance aucune pour le travail fourni par ces dernier·ères.

Paradoxalement, si les entreprises font appel à nous, c’est bien parce qu’elles se sont rendu compte que nous jouons un rôle (de plus en plus ?) important dans la diffusion d’idées et la promotion de certains produits grâce à nos articles, nos vidéos et nos photos. C’est d’ailleurs pourquoi, on ne parle plus de “blogueur·se” mais d’”influenceur·se” dans les agences et les médias. Grâce à nous, elles n’ont plus besoin de dépenser des centaines voire des milliers d’euros pour faire leur publicité sur Internet ou dans les magazines : il leur suffit d’envoyer quelques produits aux blogueur·ses les plus populaires pour se faire connaître auprès de dizaines de milliers de personnes… C’est plus simple et surtout tellement plus rentable pour ces entreprises ! Quant à la blogueuse qui a passé des heures sur son article, ses photos et ses réseaux sociaux pour mettre en avant sa nouvelle paire de chaussettes, il faut espérer qu’elle a d’autres sources de revenus car ni la Biocoop ni les impôts n’acceptent les paiements en chaussettes, aussi belles, éthiques et écolo soient-elles !

Les propositions qui me mettent hors de moi

Mais ce n’est pas tant l’absence de rémunération qui est problématique pour moi que les attentes et les exigences des entreprises lorsqu’elles me contactent pour la mise en place d’un éventuel partenariat. Voici quelques exemples typiques de demandes que je reçois :

Ce genre de proposition me dérange pour de multiples raisons. Dans le cas de l’envoi de produits, elles nous forcent à nous engager à parler de quelque chose qu’on n’a pas encore reçu ni testé, ce qui pose un vrai problème éthique selon moi. Pour ce qui est du troisième exemple, les marques nous font croire qu’en écrivant un article à leur sujet, elles nous aideront à gagner en visibilité (ce qui est rarement vrai) et nous rendront donc un véritable service (à moins qu’un partenariat me permette de doubler mon nombre d’abonné·es, ça ne changera vraiment pas grand-chose pour l’évolution de mon blog !). Quant au dernier exemple, je trouve cela incroyable qu’on attende d’une personne qu’elle prenne sur son temps pour préparer des ateliers et se rendre à l’évènement en question et qu’elle doive en plus demander un minimum de compensation car cela est, d’après mon expérience, rarement proposé spontanément par les organisateur·rices. Pour vous donner un exemple plus concret, il m’est arrivé d’être “invitée” à participer à un évènement (en France) pour lequel on m’avait demandé de préparer un atelier. J’ai demandé si les frais de déplacement, de logement et de nourriture seraient pris en charge. On m’a expliqué que ce serait difficile car il s’agissait d’une association avec peu de fonds mais on est revenu vers moi en me disant qu’on me rembourserait les frais de train, qu’on me payerait le déjeuner le jour J et qu’on demanderait à une bénévole de l’association de me loger… mais qu’en contrepartie, ce serait bien que je propose non pas 1 mais 2 ateliers afin d’amortir leur prise en charge de mes frais de déplacement ! J’étais sidérée qu’iels ne prennent pas en compte l’investissement que me demanderait ma participation à cet évènement, soit 1 journée de travail pour préparer les ateliers, 1 journée pour participer à l’évènement, 2 journées pour les déplacements ainsi que la prise en charge de la plupart de mes repas et, en bonus, le fait de devoir loger sur le canapé d’une inconnue… et cerise sur le gâteau, j’ai su par la suite que les ateliers étaient payants pour les participant·es, ce qu’on s’était bien gardé de me dire !

Ces marques et ces personnes engagées qui abusent

Ce comportement me dérange d’autant plus lorsqu’il s’agit de marques/d’associations engagées et la plupart de celles qui me contactent le sont. Pour vous donner un exemple plus précis, il y a quelques mois, une marque française m’a proposé de m’envoyer un body de bébé (vendu à environ 10 euros sur leur site) en coton bio et fabriqué de manière éthique ainsi qu’un code de réduction de 10 % pour mes lecteur·rices. Il s’agit d’une marque responsable que je suivais depuis plusieurs années et dont j’avais entendu beaucoup de bien donc j’étais contente à l’idée de pouvoir tester leurs produits. Je n’avais toutefois pas besoin de bodys – nos ami·es nous en ont prêtés bien assez ! – donc je lui ai demandé si je pouvais recevoir un ensemble qui nous serait vraiment utile à la place mais dont la valeur dépassait celle du body (d’environ 25 euros). La marque m’a expliqué que c’était une petite entreprise avec peu de moyens et qu’elle ne pouvait donc se permettre de m’envoyer cet ensemble… Dans ce cas, pourquoi proposer une réduction à mes lecteur·rices ? Si l’entreprise n’a vraiment pas les moyens d’offrir un produit d’une valeur de 35 euros pour se faire connaître auprès de milliers de personnes, comment peut-elle se permettre de vendre ses produits à prix réduits ?

Pour vous donner un autre exemple, il y a quelques années, j’ai reçu un mail d’une marque française de serviettes hygiéniques lavables que j’avais mentionnée dans mon article à ce sujet. La marque me reprochait (littéralement) de ne pas l’avoir assez mise en avant par rapport aux autres marques référencées dans mon article et me demandait d’ajouter tout un paragraphe à son sujet – alors que que je n’avais aucun engagement vis à vis d’elle, que je n’avais jamais testé ses produits et que j’avais consacré une simple phrase à chaque marque ! Je n’ai bien évidemment rien changé mais cela ne m’a pas empêché de leur dire le fond de ma pensée…

Dans un tout autre genre, un auteur m’avait proposé de recevoir son livre paru l’an dernier et m’a envoyé 3 mails par la suite pour me demander quand paraîtrait mon article à son sujet, alors qu’en réponse à son premier mail, je lui avais clairement dit que 1) je ne parlerai de son livre que s’il m’avait plu, 2) je ne savais pas quand est-ce que je le lirai et 3) je lui enverrai un message pour l’informer de la parution de l’article s’il y en aurait un. J’étais tellement agacée à la réception de son 3e mail que j’ai bien failli contacter sa maison d’édition et leur renvoyer le livre ! C’est fort dommage car c’est un guide absolument génial auquel j’aurais volontiers consacré un article mais son insistance m’a complètement démotivée.

S’il y a encore 1 ou 2 ans, je me contentais d’ignorer toutes ces demandes agaçantes et démesurées, aujourd’hui, je prends le temps de répondre et d’expliquer que l’approche de ces entreprises n’est pas en adéquation avec mon éthique de travail. Parfois, je reçois des réponses compréhensives et à moitié désolées mais la plupart du temps, je n’entends plus parler de ces marques. Dans tous les cas, il me paraît important de leur faire comprendre que nous ne sommes pas à leur service et que les valeurs d’éthique et d’authenticité que nous promouvons sur notre blog guident réellement nos choix au quotidien, partenariats inclus !

Photo by Lauren Mancke on Unsplash

Les partenariats et moi

En fin de compte, les propositions de partenariats qui m’intéressent vraiment sont assez rares. Il faut dire que j’ai de nombreuses exigences et que peu d’entreprises engagées sont prêtes ou à même d’y répondre. Voici donc les critères que je prends en compte avant d’accepter de collaborer avec une marque ainsi que les conditions sous lesquelles j’accepte de présenter un produit/un service sur le blog et/ou les réseaux sociaux.

Avant toute chose, lorsqu’une entreprise me contacte, je m’assure que les produits qu’elle me propose de découvrir remplissent les critères suivants : fabrication éthique, matériaux/ingrédients écologiques et véganes. Par ailleurs, je vérifie la charte des valeurs et les engagements globaux de l’entreprise car ce n’est pas parce qu’elle vend un ou deux produits répondant aux critères cités qu’elle est vraiment engagée et responsable pour autant. En outre, parce que pour moi les échanges humains chaleureux, respectueux et personnalisés sont la base d’une collaboration réussie, je ne réponds jamais aux mails qui ne me sont pas adressés personnellement (ou pire encore, qui commencent par “Bonjour Échos verts !”) et dont la banalité du contenu démontre une méconnaissance totale de mon blog et de mes valeurs. Enfin, même si ce n’est pas toujours le cas, je privilégie autant que possible les collaborations pensées sur le long terme car je trouve cela tellement plus enrichissant de développer des relations professionnelles et de confiance au fil des mois et des années avec les fondateur·rices et/ou employé·es d’entreprises que j’apprécie.

Les aliments, les cosmétiques et les livres sont les types de produits qu’on me propose le plus régulièrement de m’envoyer. Lorsqu’on me demande de m’engager à les présenter sur mon blog ou mes réseaux sociaux pour les recevoir, je refuse systématiquement, en expliquant que premièrement, je ne peux m’engager à parler d’un produit que je n’ai pas encore pu découvrir, que deuxièmement je ne parle que de produits qui me plaisent et que troisièmement, mon blog n’est pas une vitrine publicitaire au service des marques et qu’à moins d’avoir signé un contrat avec elles, le test d’un produit ne m’oblige pas à en parler ni à respecter quelque délai que ce soit pour ce faire. Généralement, les marques comprennent mon positionnement et reviennent vers moi en me disant qu’elles seraient tout de même heureuses de m’envoyer leur produit et que je reste libre d’en parler par la suite ou pas… Dans tous les cas, les produits que j’accepte de recevoir sont ceux qui me seront utiles ou que je pourrai offrir à mes proches et qui ont de fortes chances de me plaire et, dans 99 % des cas, je finis par en parler au détour d’un article ou d’un post sur Instagram lorsque j’en ai l’envie et l’opportunité.

Il arrive toutefois que j’accepte de mentionner un produit/une marque dans un post/un article avant même d’avoir reçu quoi que ce soit. C’est le cas lorsqu’il s’agit de marques que j’apprécie, que connais bien et dont j’utilise déjà les produits depuis un moment. Par exemple, en décembre dernier, j’avais organisé un concours sur Instagram pour remporter une théière isotherme de la marque Qwetch. J’ai reçu la théière quelques jours seulement avant la publication du post mais comme cela faisait des années que j’utilisais l’une de leurs gourdes isothermes, j’étais partante pour mettre cette marque en avant sur Instagram via un autre produit. Dans un tout autre genre, j’ai signé un contrat avec la marque CRISTEL et je me suis engagée à publier 3 articles sur le blog pour mettre en avant leur entreprise et leurs produits avant même de recevoir mes contreparties car j’utilisais déjà leur matériel de cuisson depuis plusieurs mois avant cette proposition de partenariat. Dans tous les cas, je me sens toujours libre de dire ce qui pourrait me déplaire dans un produit/une marque que je me suis engagée à présenter.

Il n’y a eu à ce jour qu’un seul article sponsorisé sur le blog et ce n’est pourtant pas faute d’avoir reçu d’autres propositions. Pour savoir si la rédaction d’un article sponsorisé pour une entreprise X ou Y a vraiment sa place sur le blog, je me pose tout simplement la question suivante : aurais-je volontairement et volontiers parlé de cette marque via le blog et/ou les réseaux sociaux, même sans être payée pour le faire ? La réponse étant le plus souvent négative, j’ai jusque-là refusé la plupart des propositions d’articles sponsorisés. Dans tous les cas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne publierais pas d’articles sponsorisés sur lesquels les entreprises auraient un droit de regard – ce n’est qu’à sa publication que la co-fondatrice de NATIFS (les premiers pour qui j’ai accepté la publication d’un article sponsorisé) a découvert le contenu de mon article. Si une entreprise ne me fait pas suffisamment confiance pour la rédaction d’un article sponsorisé, je ne vois pas l’intérêt de travailler avec elle !

Pour conclure…

Bien évidemment, chaque blogueur·se fonctionne différemment et les frustrations et les exigences dont je vous fais part me sont propres (mais je sais pour en avoir discuté avec nombre de blogueuses que nous sommes plusieurs à les partager). J’aimerais toutefois que les collaborations entre marques et blogueur·ses engagées évoluent dans le bon sens, que les premières cessent de tirer profit des second·es et que les second·es cessent de se mettre au service des premier·ères juste pour recevoir un produit ou bien avoir quelques vues et/ou abonné·es supplémentaires ! En particulier au sein de la blogosphère “engagée”, je trouve cela aberrant que l’on s’évertue à mettre en avant des marques, produits et/ou initiatives éthiques et écolo dans le cadre d’échanges qui manquent clairement d’équilibre. La création de contenus écrits et visuels de qualité demande du temps et des compétences et à moins d’avoir signé un contrat et/ou d’être rémunéré·es pour le faire, rien ne nous oblige à nous plier aux exigences des entreprises. Sentons-nous libres de refuser des propositions ou de négocier les conditions afin que chaque parti y trouve son compte et, surtout, faisons en sorte de rester fidèles à nos valeurs tout simplement. N’oublions pas pourquoi et pour qui nous bloguons…

Photo by Ella Jardim on Unsplash
En tant que lecteur·rices de blogs et/ou blogueur·ses engagé·es, que pensez-vous de tout cela ? Quelles sont vos propres frustrations et exigences concernant les partenariats ?
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