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Burn out en cuisine – comment réduire la charge mentale ?

J’ai toujours aimé cuisiner. Il faut dire que j’ai grandi dans une famille où la cuisine prend une très grande place, aussi bien dans notre quotidien que dans notre vie professionnelle. L’une de mes cousines est propriétaire et cheffe d’un restaurant indien et mon oncle a tenu différents foodtrucks dans lesquels il vendait des spécialités indiennes et des pizzas. Il n’est pas rare que, chez nous, nous préparions des repas pour plusieurs dizaines de personnes, parfois même bien au-delà de 100, à l’occasion de fêtes religieuses, d’anniversaires ou de mariages. Ainsi, dans ma famille, toutes les occasions sont bonnes pour nous mettre aux fourneaux et mettre les petits plats dans les grands.  Ne faisant jamais les choses à moitié, les goûters ont généralement des allures d’apéro-dînatoire (vive les goûters sucrés-salés !) et les apéros des airs de dîner… Sans être dans l’excès pour autant, notre cuisine élaborée et généreuse est une manière d’exprimer notre affection et notre joie de recevoir.

Sans surprise, la cuisine est un lieu où je me sens à l’aise, où ma créativité s’exprime sans limite et où je prends énormément de plaisir à élaborer des menus, imaginer des plats originaux, tester différentes recettes, découvrir de nouveaux aliments, transformer et assembler des ingrédients choisis avec soin, faire découvrir mes créations à mes proches et améliorer ce qui peut l’être au fil de mes réalisations. À l’image de la cuisine qui m’a nourrie tout au long de mon enfance, mes repas sont variés et faits maison, à partir d’une diversité d’ingrédients bruts. Ayant grandi dans une famille où l’on ne servait ni plats surgelés (à part des glaces et du poisson pané !), ni boîtes de conserves, ni repas à emporter (à part les pizzas de mon oncle !), ma maman passait des heures en cuisine chaque week-end et remplissait le réfrigérateur de plats pour notre semaine. Par ailleurs, tout au long de ma scolarité, je rentrais déjeuner chez moi ou chez mon oncle où m’attendaient toujours de bons petits plats maison. J’ai donc grandi en me régalant de plats plus délicieux les uns que les autres mais aussi avec des repères culinaires qui, je le réalise aujourd’hui, me mettent une pression considérable au quotidien…

Burn out en cuisine : mon déclic

Avant la naissance de notre enfant en 2019, je passais quotidiennement, au bas mot, une heure en cuisine, et facilement deux fois plus le week-end. La cuisine étant une activité me permettant de me détendre tout en développant mes compétences culinaires, j’occupais l’essentiel de mon temps libre devant les fourneaux… jusqu’à l’arrivée de notre enfant. Même si j’avais anticipé certains changements durant ma grossesse, je n’avais pas imaginé combien il me serait difficile de lâcher prise sur certaines habitudes, de passer moins de temps en cuisine et de renoncer à me nourrir de plats aussi variés et élaborés qu’auparavant. Tant bien que mal, j’ai pendant longtemps essayé de conserver ma routine culinaire pré-parentalité, jusqu’à ce que je réalise être en plein burn out en cuisine… Même si certaines périodes de creux m’avaient permis de prendre conscience de ma difficulté à tenir le rythme, ce n’est qu’en lisant le livre J’arrête le burn out en cuisine – 21 jours pour killer cette charge mentale et bien au-delà de Marie Duboin et Herveline Giraudeau, que j’ai réalisé être au bout du rouleau.

Alerte au mental breakdown

Dans cet ouvrage divisé en 21 chapitres, les autrices décryptent les divers mécanismes sociaux, culturels et psychologiques qui font de la préparation quotidienne des repas une charge de travail considérable pour beaucoup de femmes. Dans la première partie, elles passent en revue les injonctions sociales pesant sur les femmes en cuisine et mettent ainsi en lumière les différentes charges qui les accablent – de la charge mentale à la charge féministe en passant par la charge émotionnelle et la charge morale. Dans la partie suivante, Marie et Herveline analysent le rôle généralement limité des hommes en cuisine et proposent des pistes concrètes pour une distribution équitable des tâches. Enfin, dans la dernière partie, elles présentent une boîte à outils riche en conseils pratiques afin d’alléger sa charge mentale en cuisine.

Après une introduction qui donne le ton – Herveline et Marie savent parler de sujets épineux sans langue de bois et avec humour –, les autrices invitent leurs lecteur·ices à faire un quiz pour évaluer leur niveau de burn out en cuisine. Même si je me doutais que ma gestion de la charge culinaire était loin d’être exemplaire, je ne pensais pas pour autant atteindre le palier le moins réjouissant : « Alerte au mental breakdown ». En effet, avec mon sens de l’organisation, mon inspiration débordante, mes compétences culinaires, mon amour de la cuisine, j’étais persuadée de partir avec des bons points d’avance, et pourtant… En répondant à ce quiz, j’ai réalisé que nombre de tâches invisibles mais indispensables au bon déroulement des repas représentaient une charge bien plus importante que je ne voulais l’admettre.

(Bien) Manger : ça ne s’improvise pas !

Quand on parle des tâches en cuisine, on pense principalement aux courses (au marché, au magasin bio, en grande surface, au magasin de vrac), à la préparation des repas (lavage et/ou trempage de certains ingrédients, découpe, cuisson), à la vaisselle, au dressage/débarrassage de la table et au nettoyage des surfaces. Or, au-delà de ces tâches d’ordre pratique, il y en a bien d’autres, plus ou moins concrètes mais pas moins importantes et prenantes pour autant, représentant chacune une charge mentale, voire émotionnelle ou morale, considérable. Ainsi, pour moi, être en charge de la cuisine implique également de/d’:

Comme le démontre cette liste non-exhaustive, ma faculté à préparer des repas convenant à tous les membres de ma famille repose sur un nombre considérable de tâches que je ne pourrais accomplir sans un minimum de connaissances, d’organisation, d’anticipation, de disponibilité mentale, de détermination et, bien évidemment, de temps et d’énergie. Et comme la question « Qu’est-ce qu’on va manger ? » revient 3 ou 4 fois par jour suivant les habitudes et appétits de chacun·e (petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner), je vous laisse imaginer la charge mentale, morale et émotionnelle que cela peut représenter lorsqu’on s’occupe des repas au quotidien.

Aimer cuisiner : un piège !

Très longtemps, je me suis fourvoyée en me disant que j’aimais cuisiner (On dit bien que « quand on aime, on ne compte pas », n’est-ce pas ?) afin de justifier la prise en charge quasi-totale de cette tâche et de m’y investir autant. Pourtant, je précise ici que je vis avec quelqu’un qui sait cuisiner, qui y prend un minimum de plaisir et propose régulièrement participer à l’élaboration des menus, aux courses, à la préparation des repas, à la vaisselle, etc… Mais depuis que nous avons une enfant, nous avons davantage de mal à nous poser pour établir des menus, décider qui prépare quoi et partager du temps en cuisine ensemble. Ainsi, quand je m’occupe de la cuisine, mon mari s’occupe de notre enfant ou bien s’affaire au ménage, au bricolage, aux courses, etc. En bref, l’arrivée d’un·e enfant bouscule forcément nos habitudes et trouver un nouvel équilibre peut prendre des mois, voire des années.

Mes propres freins et barrières

Si la lecture du livre de Marie Duboin et d’Herveline Giraudeau m’a aidée à identifier quelques points améliorables dans notre organisation familiale en cuisine, elle m’a surtout permis de mettre le doigt sur les divers freins et barrières amputables à mes repères familiaux et à mes exigences personnelles qui alourdissent ma charge mentale, émotionnelle et morale en cuisine… et dont je suis seule à pouvoir me libérer, notamment :

Ce que je ne peux pas changer

En dépit du nombre d’aspects sur lesquels je peux évoluer afin de ne plus m’épuiser en cuisine, je reconnais que je dois également composer avec certains freins actuellement immuables, en particulier :

Ce qui m’aide déjà

Malgré tous ces freins et barrières qui ont pu participer à mon burn out en cuisine, je dois bien reconnaître que, comme énoncé en début d’article, j’ai des bases solides qui me facilitent grandement la tâche, à savoir :

Alléger ma charge en cuisine : changements et objectifs

Après avoir discerné les injonctions, préjugés, besoins, limites et priorités qui allègent ou alourdissent ma charge en cuisine, la lecture du livre de Marie et Herveline m’a encouragé à identifier les leviers à activer pour passer du seuil « Alerte au mental breakdown » à celui de « zéro burn out en cuisine », notamment :

Si vous rencontrez des difficultés en cuisine, que le burn out vous guette ou bien que vous en ayez déjà fait les frais, je vous recommande vivement la lecture du livre J’arrête le burn out en cuisine. Même quand on sait ce qui ne va pas et qu’on a une petite idée de ce qu’il faudrait changer pour réduire sa charge mentale, morale, émotionnelle, féministe, etc., avoir sous la main un ouvrage qui met des mots sur certains maux nous aide à prendre du recul sur notre situation et pose un regard critique non pas sur nos habitudes et comportements mais sur les institutions socio-culturelles qui nous mènent au burn out. Cette lecture peut nous donner l’impulsion d’amorcer certains changements au sein de notre foyer.

Pour aller plus loin :

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Le burn out en cuisine… vous êtes en plein dedans, il vous guette ou bien y avez-vous échappé ? Qu’avez-vous mis en place/changé afin d’alléger les différentes charges liées à la cuisine dans votre foyer ? Qu’aimeriez-vous encore changer ?
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