J’ai toujours aimé cuisiner. Il faut dire que j’ai grandi dans une famille où la cuisine prend une très grande place, aussi bien dans notre quotidien que dans notre vie professionnelle. L’une de mes cousines est propriétaire et cheffe d’un restaurant indien et mon oncle a tenu différents foodtrucks dans lesquels il vendait des spécialités indiennes et des pizzas. Il n’est pas rare que, chez nous, nous préparions des repas pour plusieurs dizaines de personnes, parfois même bien au-delà de 100, à l’occasion de fêtes religieuses, d’anniversaires ou de mariages. Ainsi, dans ma famille, toutes les occasions sont bonnes pour nous mettre aux fourneaux et mettre les petits plats dans les grands. Ne faisant jamais les choses à moitié, les goûters ont généralement des allures d’apéro-dînatoire (vive les goûters sucrés-salés !) et les apéros des airs de dîner… Sans être dans l’excès pour autant, notre cuisine élaborée et généreuse est une manière d’exprimer notre affection et notre joie de recevoir.
Sans surprise, la cuisine est un lieu où je me sens à l’aise, où ma créativité s’exprime sans limite et où je prends énormément de plaisir à élaborer des menus, imaginer des plats originaux, tester différentes recettes, découvrir de nouveaux aliments, transformer et assembler des ingrédients choisis avec soin, faire découvrir mes créations à mes proches et améliorer ce qui peut l’être au fil de mes réalisations. À l’image de la cuisine qui m’a nourrie tout au long de mon enfance, mes repas sont variés et faits maison, à partir d’une diversité d’ingrédients bruts. Ayant grandi dans une famille où l’on ne servait ni plats surgelés (à part des glaces et du poisson pané !), ni boîtes de conserves, ni repas à emporter (à part les pizzas de mon oncle !), ma maman passait des heures en cuisine chaque week-end et remplissait le réfrigérateur de plats pour notre semaine. Par ailleurs, tout au long de ma scolarité, je rentrais déjeuner chez moi ou chez mon oncle où m’attendaient toujours de bons petits plats maison. J’ai donc grandi en me régalant de plats plus délicieux les uns que les autres mais aussi avec des repères culinaires qui, je le réalise aujourd’hui, me mettent une pression considérable au quotidien…
Burn out en cuisine : mon déclic
Avant la naissance de notre enfant en 2019, je passais quotidiennement, au bas mot, une heure en cuisine, et facilement deux fois plus le week-end. La cuisine étant une activité me permettant de me détendre tout en développant mes compétences culinaires, j’occupais l’essentiel de mon temps libre devant les fourneaux… jusqu’à l’arrivée de notre enfant. Même si j’avais anticipé certains changements durant ma grossesse, je n’avais pas imaginé combien il me serait difficile de lâcher prise sur certaines habitudes, de passer moins de temps en cuisine et de renoncer à me nourrir de plats aussi variés et élaborés qu’auparavant. Tant bien que mal, j’ai pendant longtemps essayé de conserver ma routine culinaire pré-parentalité, jusqu’à ce que je réalise être en plein burn out en cuisine… Même si certaines périodes de creux m’avaient permis de prendre conscience de ma difficulté à tenir le rythme, ce n’est qu’en lisant le livre J’arrête le burn out en cuisine – 21 jours pour killer cette charge mentale et bien au-delà de Marie Duboin et Herveline Giraudeau, que j’ai réalisé être au bout du rouleau.
Alerte au mental breakdown
Dans cet ouvrage divisé en 21 chapitres, les autrices décryptent les divers mécanismes sociaux, culturels et psychologiques qui font de la préparation quotidienne des repas une charge de travail considérable pour beaucoup de femmes. Dans la première partie, elles passent en revue les injonctions sociales pesant sur les femmes en cuisine et mettent ainsi en lumière les différentes charges qui les accablent – de la charge mentale à la charge féministe en passant par la charge émotionnelle et la charge morale. Dans la partie suivante, Marie et Herveline analysent le rôle généralement limité des hommes en cuisine et proposent des pistes concrètes pour une distribution équitable des tâches. Enfin, dans la dernière partie, elles présentent une boîte à outils riche en conseils pratiques afin d’alléger sa charge mentale en cuisine.
Après une introduction qui donne le ton – Herveline et Marie savent parler de sujets épineux sans langue de bois et avec humour –, les autrices invitent leurs lecteur·ices à faire un quiz pour évaluer leur niveau de burn out en cuisine. Même si je me doutais que ma gestion de la charge culinaire était loin d’être exemplaire, je ne pensais pas pour autant atteindre le palier le moins réjouissant : « Alerte au mental breakdown ». En effet, avec mon sens de l’organisation, mon inspiration débordante, mes compétences culinaires, mon amour de la cuisine, j’étais persuadée de partir avec des bons points d’avance, et pourtant… En répondant à ce quiz, j’ai réalisé que nombre de tâches invisibles mais indispensables au bon déroulement des repas représentaient une charge bien plus importante que je ne voulais l’admettre.
(Bien) Manger : ça ne s’improvise pas !
Quand on parle des tâches en cuisine, on pense principalement aux courses (au marché, au magasin bio, en grande surface, au magasin de vrac), à la préparation des repas (lavage et/ou trempage de certains ingrédients, découpe, cuisson), à la vaisselle, au dressage/débarrassage de la table et au nettoyage des surfaces. Or, au-delà de ces tâches d’ordre pratique, il y en a bien d’autres, plus ou moins concrètes mais pas moins importantes et prenantes pour autant, représentant chacune une charge mentale, voire émotionnelle ou morale, considérable. Ainsi, pour moi, être en charge de la cuisine implique également de/d’:
- Veiller à proposer des repas végétaliens équilibrés répondant aux besoins nutritionnels de chaque membre de notre famille composée de deux adultes et d’une enfant de 3 ans et demi.
- Prendre en compte les goûts, allergies et intolérances de chacun·e dans l’élaboration des repas, étant donné que notre fille et moi évitons un certain nombre d’aliments.
- Élaborer des menus chaque semaine.
- Anticiper les menus en fonction de nos emplois du temps respectifs, de ma disponibilité à cuisiner en rentrant du travail et de la météo (par exemple, j’évite d’allumer le four au-delà de certaines températures)
- Composer des plats à base de fruits et légumes locaux et de saison et d’un maximum d’ingrédients locaux
- Varier les légumes, légumineuses et céréales au fil des repas
- Préparer une assiette différente pour notre enfant qui refuse la plupart des plats que nous mangeons ; cette alternative doit, par ailleurs, être suffisamment nourrissante dans la limite des ingrédients qu’elle accepte de manger.
- Cuisiner des plats qui se réchauffent bien puisqu’on emporte une lunchbox au travail et que je n’aime pas manger froid.
- Dresser différentes listes de courses suivant les lieux d’approvisionnement, en fonction du stock, du menu et des besoins/envies des membres de notre famille.
- Intégrer des sessions de batch cooking à mon emploi du temps en anticipant des plats à préparer qui tiennent compte de la durée de conservation des aliments
- En voyage, réfléchir à des idées de plats/d’en-cas faciles à emporter et pouvant être préparés la veille de notre départ ou être assemblés rapidement le jour même sans qu’il n’y ait de restes périssables
- En vacances dans un logement avec cuisine, élaborer une liste de repas simples à préparer avec des ingrédients/ustensiles de base et préparer un stock d’ingrédients à emporter avec nous.
Comme le démontre cette liste non-exhaustive, ma faculté à préparer des repas convenant à tous les membres de ma famille repose sur un nombre considérable de tâches que je ne pourrais accomplir sans un minimum de connaissances, d’organisation, d’anticipation, de disponibilité mentale, de détermination et, bien évidemment, de temps et d’énergie. Et comme la question « Qu’est-ce qu’on va manger ? » revient 3 ou 4 fois par jour suivant les habitudes et appétits de chacun·e (petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner), je vous laisse imaginer la charge mentale, morale et émotionnelle que cela peut représenter lorsqu’on s’occupe des repas au quotidien.
Aimer cuisiner : un piège !
Très longtemps, je me suis fourvoyée en me disant que j’aimais cuisiner (On dit bien que « quand on aime, on ne compte pas », n’est-ce pas ?) afin de justifier la prise en charge quasi-totale de cette tâche et de m’y investir autant. Pourtant, je précise ici que je vis avec quelqu’un qui sait cuisiner, qui y prend un minimum de plaisir et propose régulièrement participer à l’élaboration des menus, aux courses, à la préparation des repas, à la vaisselle, etc… Mais depuis que nous avons une enfant, nous avons davantage de mal à nous poser pour établir des menus, décider qui prépare quoi et partager du temps en cuisine ensemble. Ainsi, quand je m’occupe de la cuisine, mon mari s’occupe de notre enfant ou bien s’affaire au ménage, au bricolage, aux courses, etc. En bref, l’arrivée d’un·e enfant bouscule forcément nos habitudes et trouver un nouvel équilibre peut prendre des mois, voire des années.
Mes propres freins et barrières
Si la lecture du livre de Marie Duboin et d’Herveline Giraudeau m’a aidée à identifier quelques points améliorables dans notre organisation familiale en cuisine, elle m’a surtout permis de mettre le doigt sur les divers freins et barrières amputables à mes repères familiaux et à mes exigences personnelles qui alourdissent ma charge mentale, émotionnelle et morale en cuisine… et dont je suis seule à pouvoir me libérer, notamment :
- Mon exigence en matière de nourriture : Ayant été habituée à manger des plats élaborés au quotidien, j’ai beaucoup de mal à me contenter de plats sobres et simples, non pas en termes de goût car j’apprécie aussi bien de simples légumes vapeur que du bon riz Basmati nature (bien assaisonnés quand même !), mais plutôt pour ce qu’ils représentent à mes yeux : mon incapacité à préparer au quotidien des repas aussi élaborés — voire savoureux — que ceux de ma maman (ou des autres cuisinières de ma famille) que je n’ai jamais vu flancher en cuisine (alors qu’elles avaient, elles aussi, un emploi et un·e ou plusieurs enfants). Aujourd’hui, je travaille donc à la déconstruction de cette image idéalisée que j’ai d’elles – j’ai forcément dû manger un plat de pâtes au fromage râpé un jour ! – et à l’acceptation que notre situation et nos limites étaient certainement bien différentes. Mon mari m’y aide beaucoup avec des idées de repas simplifiés.
- Un sens des responsabilités très ancré et une culpabilité qui me ronge : Quand je ne suis pas en mesure de préparer un repas, je me fonds en excuse auprès de mon conjoint qui me répète que je n’ai nul besoin de m’excuser. Certes, il reconnaît que je gère l’essentiel des repas mais il ne me considère pas comme unique responsable de notre alimentation. Ainsi, si je n’ai ni l’énergie ni l’envie de cuisiner, il propose de prendre le relais en improvisant un plat ou d’aller chercher un plat à emporter. Je culpabilise alors de lui ajouter une charge à l’improviste, si bien que souvent, je finis par lui dire : « Ne t’en fais pas, je vais me motiver pour préparer quelque chose… ». Dernièrement, avant de partir seule quelques jours dans ma famille, je me suis assurée de remplir réfrigérateur et congélateur de plats que mon mari pourrait réchauffer pour lui et notre fille durant mon absence. Après m’avoir remercié pour cette attention, il m’a dit que ça lui donnait l’impression qu’il n‘aurait pas été en mesure de gérer les repas… Ce n’était bien entendu pas la raison pour laquelle j’avais préparé tout cela puisque j’avais simplement à cœur de lui faciliter sa semaine avec elle. Par ailleurs, il faut souligner que j’ai grandi dans un foyer où, en cas d’absence, ma maman remplissait le réfrigérateur/congélateur pour mon père et, aujourd’hui encore, quand je m’absente, certain·es membres de ma famille me demandent si j’ai préparé de quoi manger à mon mari ! Que de repères et d’injonctions qui renforcent l’idée selon laquelle les femmes sont responsables de nourrir leur conjoint. J’ai beau être féministe, j’ai parfois le sentiment désagréable de faillir à mes « devoirs » et certaines injonctions continuent de me coller à la peau et de m’influencer, consciemment ou pas. Je veille donc à m’en défaire, tant bien que mal.
- Le piège de la facilité : Ayant tellement cuisiné pour notre foyer au fil des dernières années, je suis forcément plus organisée et à même de gérer cet aspect de notre quotidien avec efficacité. Cela ne signifie pas que mon mari en serait incapable mais de toute évidence, si les rôles devaient être inversés aujourd’hui, je suis bien consciente que cela lui demanderait beaucoup plus de temps et d’énergie qu’il ne m’en faut personnellement… Du temps et de l’énergie qu’il me semble plus logique qu’il préserve pour des tâches que je ne me sens pas capable de prendre en charge. Néanmoins, en raisonnant ainsi, je réalise que je ne nous laisse pas la possibilité d’évoluer dans notre organisation domestique et ainsi de nous alléger l’un·e comme l’autre de certains poids. Je n’ai pas du tout l’intention de lâcher la cuisine ni de prendre en charge le bricolage ou les factures, mais peut-être pourrions-nous améliorer certaines de nos connaissances et compétences pour partager plus facilement certaines responsabilités.
- Le manque de recettes rapides et savoureuses à mon répertoire : Ayant pris l’habitude de préparer des plats élaborés et, pour cela, de passer en moyenne une heure par jour en cuisine, aujourd’hui je manque d’idées de recettes « express » savoureuses et nourrissantes. Je m’efforce donc depuis quelques mois de noter mes idées de plats réalisables en 20 à 40 minutes et je dois dire que c’est un défi auquel je prends beaucoup de plaisir. Cela booste ma créativité, me permet de faire de nouvelles découvertes culinaires et je me régale à tous les niveaux !
- Mes préjugés sur certaines préparations du commerce : Qu’il s’agisse de préparations en conserves, sous-vide, réfrigérées ou congelées, je regarde souvent avec méfiance, voire avec dégoût, ces aliments prêts à manger qu’il suffit de réchauffer (ou pas) pour constituer ou compléter un repas. Pourtant, je sais bien qu’il existe des marques proposant des préparation tout à fait savoureuses, composées d’ingrédients bruts, sans colorant ni conservateurs nuisibles à la santé. En intégrer certaines à ma cuisine me permettrait de gagner du temps et de l’énergie au quotidien. C’est déjà le cas avec les wraps et le houmous que je ne fais plus systématiquement moi-même ainsi que les sandwichs qu’il m’arrive d’acheter pour nos pique-niques lors de trajets en train par exemple. Pourtant, il y a des types de préparations que je n’achèterai sûrement jamais mais en mettant mes préjugés de côté, je dois bien reconnaître que je parviens à faire de nouvelles découvertes qui, en plus de nous faciliter la vie, peuvent également ravir nos papilles. Même si je n’ai jamais tout fait maison et n’ai jamais eu cet objectif, je réalise que je me limitais beaucoup dans mes achats alimentaires, sans que cela ne soit pleinement justifié : certaines préparations du commerce sont aussi saines que savoureuses et leur consommation raisonnée ne risque certainement pas de faire exploser notre budget ni de faire déborder nos poubelles.
Ce que je ne peux pas changer
En dépit du nombre d’aspects sur lesquels je peux évoluer afin de ne plus m’épuiser en cuisine, je reconnais que je dois également composer avec certains freins actuellement immuables, en particulier :
- Mes intolérances et allergies alimentaires : Celleux d’entre vous qui sont atteint·es de différentes intolérances et allergies alimentaires savent combien cela peut être contraignant au quotidien. En effet, moins notre alimentation est flexible, plus nous devons privilégier le fait maison ou nous priver de certains plats. Personnellement, mon intolérance au blé est la plus contraignante car elle limite le nombre de produits tout prêts que je peux consommer. Par ailleurs, le fait que je digère très mal les légumineuses en conserve m’oblige à les faire tremper et cuire moi-même.
- Mes douleurs chroniques : Mon syndrome de l’intestin irritable se traduit par des douleurs chroniques et leur impact sur mon appétit et ma possibilité de manger ou non certains aliments est aussi variable qu’imprévisible au quotidien. C’est sans nul doute la raison principale pour laquelle je ne peux laisser les rênes de la cuisine à mon mari. En effet, je dois fréquemment ajuster le menu suivant l’état de mes intestins et alors que lui s’adapte volontiers à ce que je peux/souhaite manger, le contraire ne serait malheureusement pas possible.
- L’alimentation de notre enfant : J’aimerais tant qu’elle mange comme nous, qu’elle puisse manger des plats composés de différents ingrédients (et non juste des ingrédients soigneusement séparés les uns des autres) et que les pâtes et le riz à la levure maltée ne soient pas les seuls aliments qu’elle accepte de manger volontiers. Mais force est de constater que notre enfant a des sensibilités alimentaires très particulières (et ce depuis le début de la diversification) nécessitant un accompagnement patient et bienveillant et beaucoup d’adaptation et de compromis de notre part. (Je précise que je ne souhaite pas recevoir de conseils, ayant déjà sollicité ceux de professionnel·les). Par ailleurs, il faut savoir qu’elle a généralement faim pour son dîner dès 17h30-18h00, ce qui demande beaucoup d’anticipation afin que son repas soit prêt à temps et que nous puissions partager un moment avec elle à table.
- Le manque d’options véganes à emporter à notre goût : Parfois, on aimerait bien prendre un plat à emporter et mettre les pieds sous la table. Nous avons la chance de vivre en ville et d’avoir une multitude de restaurants à notre portée, dont plusieurs avec des options véganes. Malheureusement, rares sont celles qui font frétiller nos papilles et ne nous donnent pas le sentiment de gaspiller notre argent.
Ce qui m’aide déjà
Malgré tous ces freins et barrières qui ont pu participer à mon burn out en cuisine, je dois bien reconnaître que, comme énoncé en début d’article, j’ai des bases solides qui me facilitent grandement la tâche, à savoir :
- Mon intérêt pour la cuisine, c’est-à-dire une base non-négligeable pour me motiver à préparer les repas au quotidien !
- Mon inspiration débordante. En dehors des périodes où je peine à savoir que manger à cause de mes soucis digestifs, je ne manque généralement pas d’idées et le fait de noter mes menus chaque semaine depuis des années me permet d’avoir une belle base de recettes dans laquelle piocher si besoin est.
- Mes connaissances et compétences culinaires grâce auxquelles je suis à l’aise en cuisine et la préparation des repas ne me cause pas de stress particulier.
- Mon sens de l’organisation qui me permet d’être efficace, aussi bien pour l’élaboration des menus que pour les courses ou la préparation des repas.
- Mon sens de l’anticipation qui m’évite d’improviser des repas sous pression, la faim au ventre, à la dernière minute !
- Mes sessions de batch cooking. Comme ma maman, j’ai pris cette habitude suite à la naissance de notre enfant et grâce aux 2-3 heures que je passe en cuisine le week-end, je gagne du temps sur la préparation des dîners en semaine.
- Mon habitude de cuisiner en double ou triple quantité me permet d’avoir suffisamment de restes chaque soir pour le déjeuner du lendemain mais aussi pour en congeler. Par exemple, je cuisine et congèle systématiquement les légumineuses en grosse quantité ainsi que les plats mijotés de type dals, currys, etc.
- Le choix de goûters très simples, comme des tartines (sucrées ou salées), des fruits frais ou secs, du yaourt, etc., soit des aliments nécessitant peu , voire aucune préparation. J’adorerais avoir des cookies, des muffins ou des viennoiseries maison pour chaque goûter mais ce n’est clairement pas ma priorité en cuisine et je réserve ces préparations aux week-ends/occasions spéciales. D’ordinaire, nous nous contentons d’en-cas plus sobres.
- Mon lâcher-prise du zéro-déchet. Lorsque j’ai découvert Béa Johnson en 2013, j’ai commencé à culpabiliser pour le moindre déchet produit, en particulier s’il n’était ni compostable ni recyclable. Heureusement, mes recherches sur l’impact des déchets à l’échelle individuelle m’ont assez rapidement permis de relativiser (À ce sujet, je vous invite à consulter le chapitre « Réduire ses déchets » dans mon livre 21 éco-défis pour prendre soin de soi et de la planète) et, par exemple, d’acheter du tofu emballé sous plastique sans avoir l’impression de ruiner la planète davantage que Béa Johnson. Bien que mon blog soit régulièrement présenté comme un blog « zéro déchet », réduire le contenu de mes poubelles à néant n’a finalement jamais fait partie de mes priorités. Certes, j’ai partagé ici et là plein d’astuces pour faire ses courses en vrac, adopter les cosmétiques solides et réduire sa consommation de biens de manière générale, mais jamais n’ai-je pesé mes poubelles ni observé l’évolution de leur contenu au fil des mois… et clairement, m’être libérée de cette injonction suffisamment tôt allège considérablement ma charge mentale au moment de l’élaboration des menus et des courses.
Alléger ma charge en cuisine : changements et objectifs
Après avoir discerné les injonctions, préjugés, besoins, limites et priorités qui allègent ou alourdissent ma charge en cuisine, la lecture du livre de Marie et Herveline m’a encouragé à identifier les leviers à activer pour passer du seuil « Alerte au mental breakdown » à celui de « zéro burn out en cuisine », notamment :
- Me délester des injonctions socio-culturelles et familiales énoncées plus haut
- Avoir une liste de courses à portée de toustes : Si, jusqu’à présent, je faisais ma petite liste dans mon coin, nous avons désormais un bloc-notes dans la cuisine sur lequel nous notons, chacun·e, les produits terminés/en fin de stock à remplacer. Même notre petit bout de 3 ans a pris l’habitude de nous signaler/rappeler les produits à ajouter à notre liste !
- Une meilleure répartition des courses : Même si mon mari insiste pour s’occuper des courses au magasin bio, le plus souvent je finissais par y passer après le marché ou à d’autres moments de la semaine, simplement parce que c’était sur mon chemin. Dans l’idéal, j’aimerais beaucoup avoir accès à un site de courses en ligne comme La Fourche mais je ne connais malheureusement pas d’équivalent en Allemagne (Si vous en connaissez un, ça m’intéresse !). Dans tous les cas, sauf exception, désormais c’est mon conjoint qui se charge des courses au magasin bio.
- Étoffer ma liste de plats végétaliens, locaux et de saison « express » : Elle s’emplit au fil des semaines mais je pense qu’il nous faudra encore plusieurs mois avant d’avoir une base suffisamment variée pour chaque saison.
- Faire deux moyennes sessions de batch cooking par semaine : Actuellement, je fais généralement une assez longue session le dimanche matin, le seul moment du week-end propice à une balade en famille. Afin de libérer ce créneau horaire, j’aimerais faire deux sessions hebdomadaires de batch cooking un peu plus courtes : par exemple une de bonne heure le dimanche matin, de 7h à 9h, pendant que chacun·e prend tranquillement son petit-déjeuner, et une autre, un soir de semaine, de 19h30 à 21h, une fois notre enfant couchée.
- Simplifier le menu du dîner afin de ne pas passer plus de 30 minutes en cuisine chaque soir ni des heures à faire du batch cooking. Actuellement, je prévois des plats assez copieux et élaborés aussi bien pour le déjeuner que le dîner alors qu’on pourrait tout à fait se contenter de repas plus simples et légers le soir (par exemple, velouté ou salade de crudités + tartines de pain au houmous). Ainsi, les plats copieux pourraient être réservés aux déjeuners et les plus sobres ou faciles à assembler chez soi à nos dîners (tout en conservant mon habitude de cuisiner des portions doubles afin qu’un plat = deux repas, soit deux déjeuners ou deux dîner chacun·e)
- Anticiper les tâches que mon mari peut facilement prendre en charge : je le fais déjà systématiquement pour le lavage (par exemple, laver la salade) et la découpe de certains légumes (typiquement, il m’est difficile de couper la butternut !) ou quand un repas nécessite la préparation de plusieurs garnitures (typiquement les pizzas, les wraps, etc.). Bien que mon conjoint s’occupe déjà de la préparation d’une partie des légumes, j’ai mis ce point dans la section « changements et objectifs » car clairement je ne le sollicite pas aussi souvent qu’il m’offre son aide en cuisine.
Si vous rencontrez des difficultés en cuisine, que le burn out vous guette ou bien que vous en ayez déjà fait les frais, je vous recommande vivement la lecture du livre J’arrête le burn out en cuisine. Même quand on sait ce qui ne va pas et qu’on a une petite idée de ce qu’il faudrait changer pour réduire sa charge mentale, morale, émotionnelle, féministe, etc., avoir sous la main un ouvrage qui met des mots sur certains maux nous aide à prendre du recul sur notre situation et pose un regard critique non pas sur nos habitudes et comportements mais sur les institutions socio-culturelles qui nous mènent au burn out. Cette lecture peut nous donner l’impulsion d’amorcer certains changements au sein de notre foyer.
Pour aller plus loin :
- Livre J’arrête le burn out en cuisine – 21 jours pour killer cette charge mentale et bien au-delà, de Marie Duboin et Herveline Giraudeau
- Webzine Le coup de fouet n°12 – Charge mentale en cuisine co-écrit par Mélanie Mardelay, Marie Duboin et Marie- Gabrielle Domizi
- Podcast « On s’appelle et on déjeune » : Rôles, représentation et stéréotypes des femmes en cuisine
- Vidéo YouTube sur la chaîne de Mélanie (Le cul de poule) : Charge mentale et préparation des repas
- Article Mes astuces pour gagner du temps en cuisine
- Livre de recettes Cuisine vegan express de Mélanie Mardelay (photos de Vanessa Fouquet)
- La salade à tout, le blog de Marie et son compte Instagram