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Mon accouchement – de l’AAD à la Césarienne

[Avertissement : dans cet article, je vais parler de Césarienne, d’interventions médicales (mais non violentes) et du traumatisme lié à la naissance de mon bébé. Si ces sujets sont susceptibles d’éveiller des souvenirs douloureux, n’hésitez pas à arrêter votre lecture ici.]


Voilà un peu plus de 2 ans que notre enfant a vu le jour, dans une clinique de la ville de Freiburg, en Allemagne. Je me souviens encore précisément des jours et des heures qui ont précédé sa naissance, de chacune des sensations qui m’ont traversée le corps et de toutes les émotions que j’ai ressenties durant les 47h00 qui ont succédé à la première contraction

J’ai vécu cette naissance comme un traumatisme et si je tiens à en parler aujourd’hui, ce n’est pas pour recevoir des messages de sympathie mais plutôt pour éveiller les consciences sur l’importance d’écouter et d’accompagner les personnes pour qui l’accouchement est un souvenir extrêmement douloureux – et ce quelles que soient les circonstances de leur accouchement.

Dans les semaines et les mois qui ont suivi la naissance de mon bébé, alors que je tentais vainement d’extérioriser le traumatisme que fut mon accouchement, d’innombrables personnes m’ont répété cette phrase qui m’est vite devenue insupportable et qui mettait abruptement fin à la discussion : « L’essentiel, c’est que vous alliez bien toutes les deux ». Puisque mon bébé et moi étions en bonne santé physique, je n’avais apparemment aucune raison de revenir sur les difficultés de mon accouchement ni d’en souffrir. Par ailleurs, certaines personnes ressentaient le besoin de me rappeler que mon bébé et moi étions vivantes et que c’était là le plus important. Cette réaction fut la première d’une longue liste d’injonctions m’ayant fait prendre conscience du tabou qui règne autour des souffrances des mères – comme si ressentir des émotions négatives à propos de sa grossesse, de son accouchement ou de son rôle de parent revenait à renier les bonheurs de la parentalité et à priver son enfant d’amour. Heureusement, j’ai aussi été entourée de personnes qui ont entendu ma peine, à commencer par mon conjoint, et qui ont été véritablement à l’écoute. Puis, 16 mois après la naissance de notre bébé, j’ai suivi une thérapie afin d’apprendre à vivre avec ce traumatisme dont j’ai mis du temps à en comprendre les causes. Pourquoi, avais-je été traumatisée alors que tout s’était bien terminé pour moi comme pour mon bébé, alors que j’avais été entourée de personnes bienveillantes tout au long de mon accouchement, alors que mon expérience à la maternité fut extrêmement positive, avant, pendant et après, alors que physiquement, je me suis remise relativement rapidement de cette épreuve ?

Afin de mieux comprendre tout ce qui a pu se jouer pour moi lors de cette naissance, je vous raconterai d’abord pourquoi j’avais choisi d’accoucher à domicile, comment j’ai vécu le dépassement de mon terme (j’ai accouché à – officiellement – J+14) et les 47 heures qui ont suivi ma première contraction. J’expliquerai ensuite comment j’ai réalisé que j’étais traumatisé par mon accouchement, les raisons pour lesquelles c’était et ça restera toujours un souvenir douloureux pour moi et enfin comment la thérapie m’a aidée à mieux vivre avec.

Mon projet d’accouchement à domicile (AAD)

Si le fait d’avoir accouché à la maternité plutôt qu’à domicile n’explique pas les raisons de mon traumatisme, savoir comment j’avais envisagé mon accouchement peut permettre de comprendre les racines de certains de mes ressentis durant mon post-partum.

Avant-même d’avoir un projet de grossesse et donc de tomber enceinte, je m’étais toujours imaginée, si l’opportunité se présentait, accoucher à la maison, entourée de mon conjoint et d’une sage-femme. Cette envie découlait des nombreux récits et témoignages d’AAD que j’avais pu lire et écouter par le passé, de ma compréhension des besoins de l’enfant à la naissance ainsi que de mes besoins personnels. Ayant toujours conçu l’accouchement comme une expérience profondément intime, en plus d’être timide et intravertie, j’aimais l’idée de pouvoir vivre ce moment entourée de personnes proches, qui me connaissaient bien, avec qui j’étais très à l’aise et sur qui je pourrai compter tout au long de mon accouchement. Il me semblait par ailleurs important de me sentir totalement libre à chaque étape du travail : libre de mes mouvements, libre de sortir, libre de changer de pièce et de position, libre de boire et de manger, libre de prendre un bain, libre de demander ce dont j’avais envie et besoin, etc. Même si je n’avais jamais accouché, je savais que ce serait une expérience extrêmement intense qui me demanderait de puiser des forces en moi et autour de moi et il me semblait important que toutes les conditions soient réunies pour cela. De plus, inspirée par ma lecture du livre Pour une naissance sans violence de Frédéric Leboyer (que je vous ai présenté ici), je voulais que mon bébé puisse voir le jour dans des conditions qui lui soient aussi agréables que possibles, dans un cocon de douceur, embaumé d’odeurs et de voix (et de bactéries !) familières, dans la pénombre et le calme. Enfin, il était important pour moi que nous puissions commencer cette nouvelle vie à 3 ensemble, nuit et jour, dans un contexte aussi familier que confortable. Parce qu’accoucher à mon domicile réunissait toutes ces conditions-là, c’était pour moi le lieu idéal où accoucher.

Certain·es se demanderont peut-être si j’avais envisagé que les choses se passent mal, pour moi, comme pour le bébé. Évidemment, j’étais tout à fait consciente des complications pouvant émerger pendant l’accouchement ; nous avions évoqué de nombreux scénarios possibles avec ma sage-femme et je savais que dans tous les cas, mon bébé comme moi pourrions obtenir l’assistance médicale dont nous pourrions avoir besoin suffisamment rapidement. Entourée de 2 sage-femme expérimentées le jour J et située à quelques minutes de plusieurs hôpitaux, je me sentais en sécurité. Je dois également dire que j’étais extrêmement confiante ; j’avais confiance en ma capacité à mettre un bébé au monde, confiance en ma sage-femme, confiance en mon conjoint et l’accouchement était une expérience que je me réjouissais vraiment de vivre.

On demande souvent aux personnes souhaitant accoucher à domicile pourquoi elles ne veulent pas accoucher à la maternité et même si je comprends qu’on puisse se poser cette question dans un contexte socioculturel où l’accouchement en maternité est une norme et où l’AAD souffre de nombreux préjudices, je ne pense pas que soit là la question. Le choix d’un AAD n’est pas forcément un choix contre l’accouchement à la maternité. Dans mon cas, il s’agissait d’un choix éclairé pour et non contre. Un choix pour répondre à mes besoins et priorités personnels et que seul l’AAD pouvait m’offrir dans le contexte où je vis. De la même manière, lorsqu’on choisit une destination de vacances parmi tant d’autres, ce n’est pas parce qu’on a quelque chose contre le reste du monde mais simplement que la destination choisie correspond à nos affinités personnelles et besoins du moment.

J’étais d’ailleurs tout à fait préparée à aller à la maternité, d’un point de vue pratique et émotionnel ; ma valise était prête, les lieux et le personnel m’avaient inspiré confiance et toutes mes amies y ayant accouché étaient entièrement satisfaites de la manière dont elles avaient été accompagnées avant, pendant et après l’accouchement. Je n’avais donc aucune appréhension à me rendre à la maternité choisie mais il n’en reste pas moins que l’AAD me correspondait davantage. J’étais par ailleurs tellement confiante dans le bon déroulé de mon accouchement qu’à chaque fois que je me projetais dans ce moment tant attendu, je m’imaginais chez moi, dans le confort de mon cocon.

Trouver une sage-femme disponible pour m’accompagner dans ce projet d’AAD fut toutefois très compliqué car elles sont peu nombreuses et très sollicitées à Freiburg… Alors après plusieurs semaines de recherches pour trouver une sage-femme qui soit non seulement disponible durant ma grossesse et autour de la date de mon terme mais également bilingue (allemand-anglais ou allemand-français) et après avoir essuyé de nombreux refus, je me suis sentie extrêmement chanceuse d’avoir reçu une réponse positive de Claudia. Je me sentais extrêmement privilégiée et je savais que c’était peut-être la seule fois de ma vie où je pourrai envisager un AAD.

Dépassement du terme

Avant de me plonger dans le récit de mon accouchement, il me semble également important de préciser dans quel état d’esprit j’étais les jours précédents mon accouchement. En Allemagne, le corps médical considère que la grossesse est à terme au bout 40 semaines (contre 41 semaines en France) et ma gynéco s’étant trompée dans son estimation du terme, la date officielle correspondait en réalité à 39 semaines d’aménorrhée (ayant des problèmes d’infertilité, j’avais pour habitude de tout noter et je connais donc la date de conception). Malheureusement, quand je me suis rendu compte de cette erreur, il était trop tard pour modifier quoi que ce soit dans mon carnet de grossesse et comme j’ignorais que j’allais dépasser le terme et que cette semaine de décalage avec la réalité allait avoir des répercussions importantes sur mon suivi en fin de terme, je n’y ai pas prêté attention… jusqu’à ce que j’arrive au terme officiel de ma grossesse.

À partir de ce moment-là, je me suis immédiatement sentie sous pression puisqu’en plus des rendez-vous avec ma sage-femme, je devais me rendre à la maternité régulièrement. Là, on m’a très vite parlé de déclenchement et la pression se faisait grandissante à chaque nouvelle consultation – pourtant, chaque examen confirmait que mon bébé se portait bien et qu’il restait bien assez de liquide amniotique pour poursuivre la grossesse. Quant à moi, j’étais en pleine forme. Ma sage-femme, elle, savait que la date du terme était erronée et elle était donc prête à attendre jusqu’à J+14 (suivant la date officielle du terme, soit 41 semaines d’aménorrhée en réalité) – au-delà elle aurait également envisagé un déclenchement.

De mon côté, j’étais très confiante ; sachant qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter d’un point de vue médical et n’ayant aucune envie d’être déclenchée sans motif valable, j’ai tenu tête au corps médical et espéré très fort que le travail débuterait dans les 14 jours suivant la date officielle du terme et quand mon bébé serait prêt… et finalement, à J+12, j’ai ressenti la première contraction !

47 heures de travail et une Césarienne plus tard

Il est minuit quinze, dans la nuit du samedi au dimanche, lorsque je ressens, avec joie et soulagement, la toute première contraction. Je sais alors que chaque contraction qui suivra me rapprochera de ma rencontre avec notre bébé. Je me sens confiante et prête à accueillir chaque nouvelle vague, que j’accompagne avec mon souffle, guidée par tout ce que j’ai appris durant mes séances d’hypnonaissance.

00h15 – 1h05 – 1h20 – 2h05 – 2h20 – 2h35 – 2h47 – 3h19 – 3h55 – 4h55

Je note l’heure de chaque nouvelle contraction sur l’application bloc-notes de mon téléphone.

Ma culotte est humide ; cela ne ressemble pas à la perte des eaux telle que je l’avais imaginée, mais je ressens tout de même le besoin de changer de culotte 2-3 fois dans la nuit.

À 7h30, j’appelle Claudia pour lui dire que le travail a commencé. Mes contractions sont alors en pause, rien ne presse. Elle vient me voir dans la matinée. Nous sommes si heureuses que le travail ait débuté, que ce moment que nous préparons ensemble depuis des mois soit enfin là. Après s’être assurée que tout allait bien pour moi comme pour le bébé, elle repart et prévoit de revenir dans l’après-midi.

8h15 – 9h45 – 10h40 – 11h44

Les contractions sont de retour, à des intervalles moins fréquents.

À l’heure du déjeuner, je grignote un peu.

Claudia revient dans l’après-midi et confirme que tout va bien. Elle fait une prise de sang et les résultats, reçus quelques heures plus tard, confirment qu’il n’y a pas d’infection. Elle nous dit de la rappeler dès lors qu’on ressentira le besoin de sa présence.

C’est une journée très ensoleillée aux airs printaniers. J. et moi décidons d’aller marcher le long de la rivière ; il fait si chaud que je finis la balade en débardeur.

Les contractions sont de retours, à des intervalles très espacés.

14h20 – 15h20 – 16h20.

Puis, elles se rapprochent de nouveau.

16h45 – 17h15 – 17h30 – 17h49 – 18h14 – 18h39 – 18h48 – 19h03 – 19h25 – 19h35 – 19h43 – 19h54 – 20h14 – 20h42 – 20h52 – 21h03 – 21h22

L’après-midi se transforme en soirée, au fil des contractions. Je n’ai aucune envie de manger et je n’ai plus la force de noter les heures. Mon mari prend le relai.

21h27 – 21h47 – 22h09 – 22h34 – 22h39 – 23h00.

Il prend aussi ma température régulièrement, comme demandé par ma sage-femme.

Mes forces commencent à faiblir. Cela fait près de 24h que je n’ai quasiment pas dormi et que je n’ai presque rien mangé. Je demande à J. d’appeler notre sage-femme ; même si je n’ai pas l’impression que le travail s’accélère, j’ai besoin d’être rassurée – je sais qu’un accouchement peut être très long mais l’évolution du travail me laisse perplexe.

Le temps d’arriver, elle nous invite à sortir marcher un peu. Il fait nuit noire. J’enfile mon manteau par-dessus mon pyjama, ainsi que mes bottes de pluie (parce que c’est ce qu’il y a de plus simple à mettre !) et nous sortons faire un tour dans le quartier, nous interrompant régulièrement, le temps des contractions. Je hurle dans les rues quasiment désertes du centre-ville, appuyée contre J.

Claudia s’assure de nouveau que tout va bien. Elle me rassure et repart en m’invitant à la rappeler au plus tard à 7h00 le lendemain matin, pour faire le point.

À ce stade de la nuit, je n’ai plus le courage de noter toutes ces heures aléatoires des contractions. Je décide de dormir sur le canapé-lit et J. aussi – c’est beaucoup plus simple pour moi de me lever depuis cette hauteur-là, plutôt que depuis notre lit très près du sol. Je parviens à m’endormir mais je ne dors quasiment pas ; les contractions m’obligent à me lever très fréquemment, plusieurs fois par heure. Je continue d’accueillir et de laisser chaque contraction me traverser avec sérénité.

Soulagée de voir le jour se lever, j’appelle Claudia vers 7h00 et elle nous rejoint une heure plus tard en ce lundi matin ensoleillé. J’avale 3 cuillères de compote de pommes et 3 amandes en l’attendant.

Cela fait maintenant 32 heures que j’ai des contractions irrégulières mais fréquentes et 2 nuits que je n’ai quasiment pas dormi. Nous sommes également officiellement à J+14 du terme. Mon col est à peine dilaté – 2 cm. La poche des eaux ne s’est toujours pas rompue.

Nous décidons qu’il est temps de la rompre, en espérant que cela favorisera l’accélération du travail.

Je m’allonge sur le canapé recouvert d’un drap, d’alaises et de serviettes épaisses et Claudia rompt délicatement ma poche. Je suis abasourdie par la quantité de liquide amniotique qui s’écoule soudainement ainsi que par la rapidité avec laquelle les contractions s’accélèrent, comme si quelqu’un venait d’appuyer sur le bouton fast forward. Mon col est désormais dilaté à 4 cm.

Au bout d’un moment, je décide d’aller me rincer sous la douche, aidée de J. qui remarque que le liquide qui s’écoule est teinté. Je sais ce que cela veut dire : mon bébé a lâché son méconium, signe potentiel de détresse fœtale. Le monitoring nous confirme cependant que tout va bien. En revanche, je sais que si mon bébé avale ce liquide souillé au moment de son expulsion, il/elle risque de développer une infection respiratoire par la suite. Cela fait partie des nombreux scénarios évoqués par Claudia lors de la préparation à l’accouchement. À ce stade, je sais qu’un accouchement à domicile est encore envisageable puisque le bébé va bien et que Claudia est tout à fait équipée pour aspirer ses voies aériennes supérieures à sa naissance, afin d’éviter le syndrome d’inhalation. Or, je m’étais toujours dit qu’à partir du moment où il se présenterait le moindre risque pour moi comme pour mon bébé, je ferai le choix d’être transférée à la maternité. Même si je suis tiraillée, parce qu’à ce moment-là tout va bien pour nous et que j’ai tout à fait confiance en Claudia (et en la seconde sage-femme qui la rejoindrait à l’approche de l’accouchement), je fais le choix de me rendre à la maternité.

Je pleure. Je pleure parce que je dois faire le deuil d’un accouchement à domicile, dans des conditions qui auraient été idéales pour moi, pour mon bébé, pour notre famille.

Claudia appelle la maternité. On nous confirme qu’il y a de la place, que nous pouvons venir.

Ma valise est prête depuis plusieurs semaines. Je n’ai plus qu’à enfiler mon manteau et mes bottes de pluie et Claudia nous conduit, dans son cabriolet. J. cale ce qu’il peut derrière mon dos afin de m’offrir un maximum de confort alors que je peine à trouver une position indolore sur la banquette étroite à l’arrière. Je hurle tout le long du trajet. Je hurle en sortant de la voiture.

Accompagnée de J., pendant que Claudia va garer sa voiture, je retrouve le chemin familier de l’aile réservé aux salles d’accouchement où je me suis rendue à plusieurs reprises pour des contrôles ces deux dernières semaines.

Je me change et je m’installe dans une pièce spacieuse et lumineuse, sur un lit très large à la forme étrange. Les contractions continuent de me plier en deux et je continue de les accompagner avec mon souffle. Il doit être midi ou 13h.

Je suis entourée de J., de Claudia et d’autres membres du personnel de la maternité ; je me sens très bien entourée et en confiance. Mon col est dilaté à 6 cm.

Mais je me sens faiblir. Je suis fréquemment prise de tremblements ; mon corps entier se secoue, comme traversé par une longue décharge électrique. J’ai aussi très envie de vomir. Je vomis.

Claudia me masse le bas du dos. Ça me fait du bien.

On me propose de prendre un bain. Claudia me demande alors si je souhaite qu’elle reste ou bien si je me sens suffisamment bien entourée et en confiance ; je lui dis qu’elle peut partir, que ça ira, même si j’ai un gros pincement au cœur de savoir que celle qui m’a accompagnée tout au long de ma grossesse, celle à qui j’avais confié la mission de m’accompagner pour accueillir mon bébé, ne sera pas là à sa naissance.

Il doit être environ 15h00 quand je me glisse dans l’eau chaude du bain. Mon bébé reste surveillé de près. Je suis bien. Les contractions me semblent légèrement moins intenses dans l’eau. Au bout d’une heure, une sage-femme m’explique que l’activité du bébé faiblit, que le bain est peut-être trop relaxant.

Je sors du bain. Mon col est alors dilaté à… 4 cm, soit 2 cm de moins qu’avant le bain ! Je ne comprends pas. Personne ne comprend. Je croyais que cela arrivait uniquement dans des situations de stress extrême, lorsque la personne accouchant se sentait en danger, mal entourée… ce qui n’était absolument pas mon cas.

Cela fait maintenant 40 heures que j’ai des contractions, que je n’ai presque pas dormi, presque pas mangé et vomi le peu que j’avais réussi à avaler ce matin-là… et malgré une certaine évolution du côté des contractions, mon col se referme plus qu’il ne se dilate et mon bébé n’est pas davantage engagé.

On m’explique alors qu’une injection d’ocytocine est tout indiquée à ce stade, dans l’espoir que cette hormone de synthèse agisse sur l’efficacité des contractions. Dans les minutes qui suivent l’injection les contractions s’intensifient et s’accélèrent… C’est insupportable.

Si jusqu’à ce moment-là j’avais réussi à accompagner chaque nouvelle vague sereinement, ces nouvelles contractions semblent venir d’ailleurs, elles me frappent sans prévenir. La douleur est indescriptible, incomparable. En quelques minutes à peine, je passe du calme à l’effroi. Mon corps est hors de contrôle, il ne m’appartient plus. Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Je dis à J. que je n’en peux plus, qu’il faut que ça s’arrête… Il continue de me répéter des phrases bienveillantes et encourageantes, celles qui m’avaient apaisées plus tôt mais qui ne font plus aucun sens pour moi. Les entendre m’est insupportable. Je ne me sens pas entendue. Il faut que ça cesse. Je crois que ce n’est qu’à partir du moment où je lâche des injures que J. saisit mon message.

Il discute avec une sage-femme, on me propose alors une péridurale. L’idée de ne plus rien sentir très bientôt me soulage. L’anesthésiste arrive assez vite, mais pas assez vite pour moi. Chaque nouvelle contraction me donne l’impression de mourir et non plus de me rapprocher de ma rencontre avec mon bébé.

Mon bébé… cela fait des heures que je n’y pense même plus. Je me sens vidée, déconnectée de tout, d’elle/lui, de moi, de tout ce qui m’entoure. J’en aurai presque oublié pourquoi je suis là, ce que je fais là.

La péridurale fait rapidement effet. Je suis abasourdie, j’ai l’impression de me réveiller d’un cauchemar.

Alors que tout semble s’apaiser, on m’ausculte de nouveau et l’on constate que l’ocytocine n’a eu aucun autre effet que de me torturer… Mon col n’est pas davantage dilaté, mon bébé pas plus engagé. Toute cette souffrance pour rien.

Il est déjà 21h00. Cela fait 45 heures que j’ai ressenti la première contraction.

La gynécologue s’installe à mes côtés. Avec douceur elle m’explique qu’il est temps d’envisager une Césarienne, mais qu’on peut encore attendre une heure. Une heure pendant laquelle on me préconise de faire des mouvements susceptibles d’aider le bébé à s’engager davantage.

Je m’installe à 4 pattes sur le lit, je m’accroche à une barre transversale et je suis les instructions d’une sage-femme. Sous l’effet de la péridurale, l’une de mes jambes est complètement engourdie, mais pas l’autre. La sage-femme aide ce corps duquel je me sens toujours déconnectée à se positionner correctement. J’effectue chaque exercice avec application. Je suis reconnaissante de cette dernière chance qu’on me laisse pour essayer d’accoucher par voie basse. La gynécologue a dû insister auprès de sa cheffe.

Au bout d’une heure, rien n’a changé.

La gynécologue s’assoit de nouveau à mes côtés et avec toute la douceur du monde, elle me demande comment je me sens. Elle me dit que c’est ok d’être soulagée à l’idée d’avoir une Césarienne. Elle me dit aussi « Je sais que ce n’est pas ce que vous vouliez mais sachez que vous et votre bébé avez fait tout ce qui était en votre pouvoir pour une naissance par voie basse ». Quelques larmes m’échappent. Je ne sais pas si je suis triste ou touchée par ses mots et sa compassion. Je suis aussi déconnectée de mon corps que de mes ressentis.

Elle fait tout pour me rassurer : « C’est une opération que nous avons réalisé de multiples fois, tout ira bien ». Mais je n’ai pas besoin d’être rassurée. Je ne suis pas inquiète. Je me sens bien entourée. Je me laisse porter puisque tout semble m’échapper.

Elle s’excuse du fait que la Césarienne n’offre pas des conditions d’accueil optimales pour le bébé, qu’il y aura beaucoup de lumière notamment. Mais elle m’explique qu’on les tamisera dès que possible, qu’on minimisera les bruits aussi. Elle pense à des choses qui sont si loin de me préoccuper à présent.

Puis, tout va très vite et je me retrouve transférée sur un autre lit pendant que J. enfile une tenue de protection pour pouvoir m’accompagner au bloc opératoire. Alors qu’on pousse mon lit vers le bloc, j’observe avec curiosité les couloirs qu’on traverse. Après toutes ces heures passées en salle d’accouchement, à moitié dans le brouillard, j’en avais presque oublié où j’étais.

Arrivée au bloc opératoire, je suis surprise du nombre de personnes qui nous entourent. Je les compte. Je crois qu’elles sont 8. Huit femmes. L’une d’elle me pose des questions sur mon travail. Une autre me demande de lui dire à partir d’où je ne ressens plus rien, afin de s’assurer que l’anesthésie fonctionne. J. est installé derrière ma tête.

Il est temps de sortir notre bébé de mon utérus. Que c’est étrange de ne rien sentir et puis, soudain, d’entendre ses pleurs. On invite J. à venir prendre notre enfant dans ses bras, puis il me l’apporte en me disant son sexe et la pose sur ma poitrine. Elle pleure. Elle pleure si fort. Je me demande si elle est soulagée, elle aussi, d’être sortie de là, 47 heures après la première contraction.

Ses pleurs ne cessent pas. On se prépare à nous transférer sur un autre lit. On me dit de ne me préoccuper de rien, de bien tenir mon bébé tout simplement. Je réalise alors que mes jambes sont complètement paralysées. Je me sens particulièrement vulnérable.

Notre bébé pleure tout le long du trajet jusqu’à la salle d’accouchement où l’on nous ramène le temps de s’assurer que tout va bien. Alors que nous traversons l’aile des salles d’accouchements, j’entends des cris, d’abord d’une femme, puis quelques secondes après, ceux d’un·e nouveau·elle né·e. Mon cœur se noue instantanément et je me dis « elle, elle a réussi ».

L’une des sage-femme réalise que j’ai du méconium sur la poitrine et un bras. Elle me nettoie. Les pleurs de mon bébé cessent enfin. Elle cherche le sein. Elle tète à peine.

Il doit être environ 1 ou 2 heures du matin. On nous conduit dans une chambre. J. ne peut pas rester. Il me promet qu’il reviendra au plus tôt.

Je me retrouve seule avec mon bébé, dans une chambre avec une inconnue et son nouveau-né, dans la nuit noire. La sage-femme est adorable, elle me dit de l’appeler si besoin, pour changer la couche surtout, pour les tétées aussi.

Alors qu’elle s’apprête à partir, je lui demande « et mon bébé, elle dort où ? ». « Sur vous, me répond-elle ». Assez surprise, je lui demande si elle ne risque pas de tomber. Elle me rassure, pointe du doigt les barreaux et le coussin d’allaitement qui l’entoure. Elle quitte la chambre.

Je repense aux dernières heures. Je sais qu’il faut que je dorme. Mais tant de questions se bousculent dans ma tête. Je finis malgré tout par trouver le sommeil, mon bébé nue sur ma poitrine.

Le jour où j’ai réalisé que j’étais traumatisée par mon accouchement

Dès le lendemain de mon accouchement, je pleurais à chaque fois que j’y pensais, sans savoir vraiment pourquoi. Plusieurs personnes blâmaient mes hormones mais je savais qu’elles n’y étaient pour rien. Le simple fait de penser à mon accouchement me nouait le cœur et me faisait fondre en larmes. Je n’avais pas subi de violences obstétricales, j’avais été entourée du début à la fin de mon mari et de personnes très sensibles, attentionnées et bienveillantes qui n’avaient rien fait contre mon gré ni sans m’en informer. Je n’avais par ailleurs jamais été fermée à l’idée d’accoucher à la maternité, ni même d’avoir une péridurale. Mais quelque chose n’allait pas.

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, j’ai ressenti le besoin de raconter mon accouchement en détail à toutes les personnes à l’écoute et bienveillantes de mon entourage. Je me disais qu’à force d’en parler, ça irait mieux, que mes plaies intérieures finiraient par cicatriser, mais à chaque fois ma gorge se nouait et mes larmes coulaient de plus bel. Elles coulaient aussi à chaque fois qu’on m’annonçait une naissance (qu’elles qu’en soient les circonstances) ou que je tombais sur un article/une vidéo au sujet d’un accouchement. Tout ce qui pouvait me renvoyer à mon accouchement me plongeait dans une peine immense.   

Fin mars, quelques semaines après mon accouchement, je suis tombée malade et j’avais de la fièvre. Soudainement, une nuit, alors que j’étais dans mon lit, mon corps entier s’est mis à trembler et j’ai éclaté en sanglot. J’ai eu, l’espace de quelques secondes, l’impression de revivre les phases de tremblement de mon accouchement. Ce jour-là, j’ai réalisé que j’étais traumatisée par mon accouchement, sans encore savoir précisément pourquoi.

Au fil du temps et à force d’en parler, j’ai fini par identifier les multiples causes de ce traumatisme :

Je pense qu’émotionnellement et physiquement, je me sentais encore bien jusqu’à la sortie du bain, soit environ 40 heures après la première contraction. Néanmoins, la réalisation que mon col s’était resserré m’a complètement abattue. Après toutes ces heures d’efforts, de persévérance et de pensées positives je ne comprenais pas pourquoi j’avançais à reculons et je me suis alors sentie aussi vulnérable qu’impuissante.

L’injection d’ocytocine qui s’en est suivi fut un choc indescriptible pour mon corps comme pour mon mental. À partir de ce moment-là, incapable de tolérer la douleur, je me suis inconsciemment totalement déconnectée de mon corps et de mon bébé… Même avec les effets de la péridurale, je n’ai pas réussi à me recentrer sur cette rencontre tant attendue. À ce stade-là, j’avais l’impression d’être hors de mon corps, je ne pensais plus à mon bébé, je ne pensais plus à rien. J’étais dans un tel état qu’on aurait pu faire ce que l’on voulait de moi, tel un pantin consentant. Alors quand J. a posé notre bébé sur moi, je n’étais pas vraiment là. Un jour, on m’a demandé ce que j’avais ressenti lorsque j’ai croisé le regard de mon bébé pour la première fois. De ce moment, je garde de vagues souvenirs dénués d’émotions.

Par la suite, j’ai également compris que ce jour-là, j’avais complètement perdu confiance en ma capacité d’accoucher et en mon corps de manière plus générale. Ce corps que je pensais connaître m’apparaissait comme un inconnu. J’étais vraiment passée d’un extrême à l’autre – alors que tout au long de ma grossesse je m’étais imaginée accoucher dans le confort de mon foyer, j’étais à présent effrayée à l’éventualité de donner la vie de nouveau un jour et je ne comprenais pas comment j’avais pu en arriver là. Je me sentais étrangère dans mon propre corps, je ne me reconnaissais pas.

Enfin, même si j’avais envisagé différents scénarios d’accouchements au cours de ma grossesse, je n’avais à aucun moment imaginé devoir accoucher par Césarienne. Cela ne m’avait même pas traversé l’esprit. Après une grossesse des plus sereines, je m’étais projetée dans un accouchement par voie basse pas forcément simple et rapide, mais un accouchement par voie basse quoi qu’il arrive… Alors quand je me suis retrouvée au bloc opératoire, je ne savais pas bien ce qui m’attendait et quand j’en suis sortie non plus. Mentalement, je n’étais absolument pas préparée à accueillir mon bébé en mode post-opératoire, à moitié immobilisée, avec une sonde urinaire, une cicatrice de 12 cm au bas du ventre et tout ce que cela implique par la suite.

On ne sait jamais à quoi s’attendre lorsqu’on va accoucher, et je savais que mon accouchement se déroulerait sans doute très différemment des divers scénarios dans lesquels je m’étais projetée tout au long de ma grossesse. Je m’étais imaginée dans divers pièces de la maison, je m’étais imaginée souffrir, je m’étais imaginée transférée à l’hôpital, je m’étais imaginée sous péridural… Mais je n’avais pas imaginé passer 2 nuits et presque 2 journées entières à avoir des contractions d’une puissance phénoménale et pourtant inefficace, les effets de l’ocytocine, le brouillard mental et la césarienne.

J’ai mis du temps à parler de traumatisme « publiquement » parce qu’il y a toujours quelqu’un·e pour vous rappeler que ça aurait pu être pire et pour vous donner le sentiment que tu exagères… Nous vivons dans un monde où la souffrance est partout, sous diverses formes et où l’on a bien souvent du mal à reconnaître le poids des souffrances invisibles, celles qui n’ont pas laissé de traces de sang, d’odeur de mort ou d’affreuses cicatrices sur leur passage.

Les traumatismes liés à un accouchement ne sont pas toujours le fruit de violences obstétricales, ni d’erreurs médicales, ni de naissances tragiques. Je n’ai pas subi tout ça et pourtant, le moindre mot, la moindre image et le moindre ressenti qui pouvaient me rappeler mon accouchement m’ont pendant longtemps plongée instantanément dans un état d’angoisse et de tristesse profond et incontrôlable. Je me revoyais aussi régulièrement allongée sur le lit de la salle d’accouchement, sous ocytocine, en souffrance, plus vulnérable et impuissante que jamais et ce souvenir intrusif m’était insupportable.

Ma thérapie

Lorsque ma sage-femme a réalisé combien j’étais perturbée par les souvenirs de mon accouchement, elle m’a proposé un dernier rendez-vous, environ 6 semaines après la naissance de mon bébé, afin de retracer ensemble le déroulé de ces 47 heures et de voir ce qu’il en ressortait. Cela m’a permis de mieux comprendre ce qui s’était passé au fil des heures et de me rappeler que chacun·e avait fait de son mieux pour accompagner mon bébé tout au long du travail. À l’issue de cette consultation, elle m’a recommandé de prendre rendez-vous pour un accompagnement thérapeutique avec une spécialiste des accouchements traumatisants, mais à ce moment-là, ma santé mentale était loin d’être ma priorité – entre mon nourrisson et mon manuscrit à terminer, j’arrivais à peine à trouver le temps et l’énergie de me doucher.

J’ai donc laissé traîner les choses… mais j’ai tout de même pris soin d’éviter tous les contenus susceptibles de me heurter sur Internet (ce qui fut très difficile au départ car à force de regarder des vidéos d’accouchements durant ma grossesse, YouTube et Instagram ne cessaient de m’en proposer de nouvelles chaque jour) et j’ai appris à ravaler mes larmes lorsqu’elles surgissaient à des moments incongrus (quand on m’annonçait une naissance par exemple). Et puis j’ai continué d’en parler, d’extérioriser mes ressentis, auprès de personnes de confiance, dès que j’en ressentais le besoin et que j’en avais la possibilité.

Finalement, 16 mois après mon accouchement, entre deux confinements, j’ai pu m’organiser pour consulter une art-thérapeute, spécialisée en éco-thérapie. Nos 4 consultations (d’environ 2-3 heures chacune) m’ont été extrêmement bénéfiques. Elles m’ont permis de revenir sur des petits détails, de mieux comprendre certaines de mes réactions et ressentis et, surtout, de retrouver une certaine confiance en mon corps. J’ignore si je porterai de nouveau la vie un jour. Mais aujourd’hui, j’ai retrouvé confiance en ma capacité de mettre un bébé au monde, je ne me sens plus envahie par la peur à l’idée d’accoucher de nouveau et même si je crois que je ne retrouverai jamais la sérénité de ma première grossesse, c’est déjà beaucoup pour moi.

LA HIÉRARCHISATION DES ACCOUCHEMENTS

J’aimerais profiter de cet article pour revenir sur une notion qui m’a toujours mise mal à l’aise, celle « d’accouchement naturel », faisant généralement référence à un accouchement sans intervention médicale et surtout, sans péridurale. Personnellement, je trouve que cette notion d’accouchement naturel créé une hiérarchie, avec les accouchements sans péridurale en tête et tout le reste en dessous et la Césarienne au plus bas. De par cette hiérarchisation, on ne fait pas que catégoriser les types d’accouchements mais on catégorise aussi et surtout les personnes qui accouchent, avec d’un côté celles qui sont suffisamment fortes, suffisamment connectées à leur corps, etc., pour mettre leur bébé au monde sans aide médicale et, à l’autre extrême, celles qui n’en sont pas capables. Dans une société et à une époque où les accouchements tendent à être surmédicalisés et le plus souvent de manière injustifiée, redonner confiance aux personnes enceintes en leur capacité d’accoucher par voix basse et sans intervention médicale est incontestablement essentiel, surtout lorsqu’on connaît les risques liés à certaines interventions et les bienfaits d’un accouchement dit physiologique. Je pense néanmoins important de ne pas dévaloriser, inconsciemment ou pas, celles qui ne font pas ou n’ont pas ce choix-là. Accoucher est une épreuve pour toustes et chacun·e devrait se sentir libre de faire ses propres choix (éclairés) – avec ou sans péridurale, à domicile, en maison de naissance ou à la maternité, etc. – sans se soucier du poids des injonctions et des étiquettes. Suivant notre histoire, notre santé, notre environnement, nos sensibilités et priorités personnels, nos choix seront forcément différents. L’essentiel est d’être en phase avec ces choix-là et d’avoir véritablement le choix. Et quand on sait combien le post-partum peut être difficile, combien il est source de souffrances pour nombre de mères, il serait bon de ne pas leur rajouter une couche supplémentaire de culpabilité en rappelant à certaines qu’elles ont choisi ou subi la voie artificielle. Chacun·e fait bien comme iel peut. Je pense par ailleurs que l’usage du mot « naturel » fait peu de sens dans une société ou rien ne l’est vraiment de toute façon… Si mettre un·e enfant au monde par voie basse est tout ce qu’il y a de plus naturel, tout ce qui entoure un accouchement est culturel. La manière dont une mère est accompagnée tout au long du travail, le lieu dans lequel elle se trouve et son agencement, le matériel utilisé, etc., rien de cela ne peut être considéré comme « naturel » en soi. Si je souhaitais aborder cette notion dans cet article, c’est parce que même si elle me posait problème avant mon accouchement, elle m’a davantage dérangée par la suite, me rappelant sans cesse que moi, je n’ai pas réussi à enfanter selon les règles de la nature et cela n’a fait que renforcer mon sentiment d’être défaillante. Parlons de nos accouchements. De nos accouchements heureux, de nos accouchements « avec » ou « sans », de nos accouchements orgasmiques, de nos accouchements violents, de nos accouchements traumatisants. Parlons de nos accouchements non pas pour nous situer dans une hiérarchie, mais pour libérer la parole, célébrer le plus beau et accompagner nos peines.

Quels souvenirs gardez-vous de votre/vos accouchements ?
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