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Cheminer vers le minimalisme en 4 étapes

Comme l’ont démontré les premiers témoignages de la série d’articles “cheminements minimalistes” (ici et ), il existe différentes conceptions et applications du minimalisme. Toutes se rejoignent toutefois sur un point : le minimalisme permet de réfléchir à notre rapport aux objets et de nous entourer principalement de choses qui ont un sens pour nous. Ainsi, tout cheminement minimaliste nous donne l’opportunité de poser un regard attentif (voir neuf) sur nos possessions, de réfléchir au rôle que chacune d’elles joue dans notre vie et de délimiter la place et le temps que l’on souhaite leur accorder.

Il existe aujourd’hui pléthore de guides et de méthodes ayant pour but d’aider les apprenti·e·s minimalistes à faire le tri dans leurs affaires, à épurer leur intérieur et à organiser leurs possessions de manière optimale. Marie Kondo, Dominique Loreau ou encore Béa Johnson sont des noms qui reviennent souvent lorsqu’on se penche sur le sujet. Personnellement, je connais uniquement l’approche de Béa Johnson qui, bien qu’intéressante dans le fond, ne me correspond pas entièrement dans la forme. Je fuis également toute méthode qui se base sur des chiffres pré-déterminés – tel le projet 333 qui suggère de se constituer une garde-robe de 33 pièces pour 3 mois. Comme je l’expliquais dans l’article “Si je ne devais garder que 100 et quelques objets personnels”, je préfère réfléchir aux qualités et à l’usage des objets que je possède plutôt que de me baser sur un nombre prédéterminé qui ne me correspondra pas forcément. Certain·e·s blogueur·se·s affichent fièrement le nombre très limité d’objets qu’iels possèdent dans leur garde-robe, leur salle de bains, leur cuisine… Parfois, ces listes très éloignées de notre réalité peuvent nous impressionner et nous démotiver dans notre quête du minimalisme car on se sent incapable de vivre avec si peu de choses. Pourtant, le minimalisme n’est pas une compétition : il ne s’agit pas de posséder le moins possible mais plutôt de trouver le minimum nous correspondant.

Je n’ai bien évidemment rien contre ce genre de méthode, ni celle de Béa Johnson d’ailleurs ; force est de constater qu’elles ont inspiré et aidé de nombreuses personnes à trouver leur équilibre minimaliste. Il faut toutefois reconnaître que selon notre situation géographique, notre mode de vie, notre vie familiale, nos occupations, nos compétences, nos aspirations, notre santé ainsi que notre histoire personnelle, nos besoins matériels peuvent être très variables. Il convient donc à chacun·e de trouver le minimum qui lui est nécessaire pour mener une vie confortable au quotidien. Ce minimum évoluera certainement au fil des mois et des années et ce dans les deux sens : il nous faudra parfois plus de choses, parfois moins. L’essentiel est d’être à l’écoute de ses besoins afin d’être bien chez soi, dans son corps et dans sa tête. Bien que je ne sois pas partisane d’une méthode en particulier, j’ai personnellement identifié quatre principes de base sur lesquels semblent reposer divers cheminements minimalistes durables : identifier ses besoins, trier, ranger et refuser le superflu.

 

“Qu’est-ce qu’il me faut au quotidien pour vivre confortablement et m’épanouir ?” : voilà la première question que je me suis posée lorsque j’ai débuté mon cheminement vers le minimalisme et je me la pose à nouveau au fur et à mesure que mes besoins évoluent. La réponse à cette question me permet d’évaluer l’utilité de mes possessions afin d’identifier celles qui me semblent nécessaires pour répondre à mes besoins. Au départ, cela m’a permis de réaliser que plusieurs des objets que je possédais étaient superflus, voire même qu’ils m’empêchaient de combler mes véritables besoins. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au minimalisme, j’ai décidé d’établir ma liste de besoins de base et j’en ai identifié six :

Cette liste n’est certainement pas parfaite mais elle m’a beaucoup aidée à faire le point sur mes besoins personnels et à identifier ce dont j’avais besoin – tant sur le plan matériel qu’immatériel – pour prendre soin de moi au quotidien, sur le court comme sur le long terme. Identifier ses besoins ainsi que les objets, activités ou personnes qui nous permettent de les satisfaire n’est toutefois pas chose simple au départ. Pour cela, il faut se connaître intimement, être à l’écoute de son corps et de son cœur et savoir prendre du recul. Il faut également pouvoir différencier ce qui répond à un besoin personnel de ce qui répond à une pression socioculturelle. La plupart d’entre nous vivons dans une société où nous sommes poussé·e·s à la consommation au quotidien. Les publicités via les panneaux d’affichage, internet, la télévision, la radio, les magazines et les journaux nous font croire que notre confort, notre bonheur et notre réussite dépendent d’une foule d’objets et de services. Les offres spéciales, les ventes privées et les soldes nous persuadent que nous faisons des économies, alors qu’en réalité ils nous incitent à acheter des produits que nous n’aurions pas acquis en temps normal. Je pense que la plupart d’entre nous nous sommes déjà laissé·e·s tenter par un achat suite à une publicité ou à une offre spéciale et que l’acquisition de ce produit n’a en rien révolutionné notre vie. Ces achats superflus auront toutefois réduit le solde de notre compte en banque, encombré notre intérieur et ils nous auront fait perdre un temps précieux.

Pour réfléchir à nos besoins, il convient donc de commencer par prendre conscience que nous sommes sans cesse manipulé·e·s par des expert·e·s en marketing qui n’ont qu’un objectif en tête : créer des envies en nous, potentiel·le·s consommateur·rice·s, et nous faire croire qu’il s’agit de besoins, tout ça en vue d’obtenir notre argent ! Une fois que nous avons réalisé combien nous sommes influencé·e·s par la société de consommation dans laquelle nous vivons, nous pouvons alors commencer à nous en détacher et à différencier nos désirs d’achats en réponse à un besoin personnel de ceux uniquement engendrés par notre environnement socioculturel.

Après avoir identifié mes besoins personnels dans chaque domaine, je me suis sentie prête à faire le tri dans mes affaires. Cette étape peut toutefois s’avérer longue et fastidieuse selon le type et la quantité d’objets accumulés qui nous suivent pour certains depuis notre plus jeune âge. Même si nombre d’entre eux ne nous servent pas, nous les avons conservés pour diverses raisons : leur valeur monétaire, leur valeur sentimentale, la peur du manque, un éventuel besoin futur… Ainsi, lorsqu’on se retrouve par exemple devant sa pile de livres, de vêtements ou de vaisselle à trier, il peut être difficile de décider que garder sans hésiter. C’est pourquoi je préfère faire le tri de manière méthodique, en plusieurs fois et sans me presser afin de me laisser le temps de la réflexion et un minimum de flexibilité. J’ai personnellement pris l’habitude de faire 5 piles lors de mes sessions de tri :

D’après mon expérience, le premier tri est généralement le plus long. Il peut durer des mois, voire des années et même si cela peut paraître décourageant au départ, on peut s’organiser pour se simplifier la tâche et surtout faire en sorte d’y prendre plaisir. Même si l’on considère bien souvent les tâches domestiques tel le rangement comme des activités désagréables, je pense qu’il est possible de trouver une réelle satisfaction à faire le tri dans nos affaires, à se remémorer l’histoire de différents objets, à retrouver des souvenirs enfouis, à s’alléger de certains poids et à voir notre intérieur s’épurer au fil du temps. Bien évidemment, il faut pour cela un minimum de disponibilité et d’organisation et dans quelques semaines je vous proposerai un petit guide pour faire le tri chez vous, pas à pas.

Une fois ce premier tri effectué, difficile de s’endormir sur ses lauriers si l’on souhaite maintenir un intérieur minimaliste sur le long terme. Nous continuons généralement d’acquérir des objets à l’utilité temporaire, surtout lorsqu’on a des enfants dont la garde-robe, les livres et les  jeux se renouvellent régulièrement. De même, nos propres besoins peuvent évoluer si l’on change de lieu de vie ou de loisirs par exemple. Il arrive également que l’on continue d’accumuler des objets superflus, soit à cause d’achats peu réfléchis, soit à cause de cadeaux que l’on n’a pu refuser. Personnellement, je continue donc de faire le tri régulièrement dans mes affaires, généralement à chaque changement de saison. Éviter d’attendre des années entre chaque tri permet de se faciliter la tâche, de ne pas se laisser à nouveau envahir par nos affaires et ainsi de maintenir notre « idéal minimaliste » sans peine. 

Une fois le tri effectué, vient le moment de réorganiser les affaires que l’on souhaite garder afin de faciliter notre vie quotidienne et donc d’en profiter pleinement. Pour cela, il faut selon moi que ces objets soient visibles, accessibles et protégés.

Il fut un temps où j’achetais de nouveaux vêtements chaque été et chaque hiver. Ma garde-robe débordait, si bien que je ne voyais plus vraiment tout ce qu’elle contenait et que quand je la vidais, je retrouvais systématiquement des vêtements que j’avais complètement oubliés – voire même jamais portés ! C’est pourquoi désormais, j’organise mes possessions de manière à ce qu’elles soient toutes visibles. Il se peut que, faute de place dans notre logement, on entrepose certaines de nos affaires au grenier, à la cave ou sur des étagères bien plus hautes que nous. Le fait que ces objets ne soient pas à portée de main ne nous en facilite pas l’usage au quotidien et nous pouvons même en oublier l’existence. Il me semble donc préférable de placer nos affaires là où l’on pourra les atteindre aisément. C’est pourquoi cela peut valoir la peine de revoir son système de rangement, comme nous l’avons fait dans notre cuisine par exemple. Enfin, par souci écologique et économique, il me paraît important de ranger nos affaires de manière à éviter qu’elles ne s’abîment, ne tombent et ne se cassent. Ainsi, on évite de faire des piles de vaisselle qui risquent de dégringoler à chaque fois que l’on ouvre un placard ou de laisser son vélo dans une cave régulièrement inondée où il finira par rouiller. Bien évidemment, moins l’on possède de choses, plus il est simple de les disposer de manière méthodique et pratique.

Prendre le temps de ranger et d’organiser ses affaires de manière réfléchie me paraît donc aussi important que l’étape du tri. Il serait dommage de se débarrasser du superflu sans prendre le temps d’ordonner avec soin ce que nous souhaitons garder et utiliser au quotidien.

Enfin, après s’être délesté·e·s du superflu et avoir trouvé un système de rangement et d’organisation convenable pour nos affaires, le défi principal reste de ne pas se réencombrer ! Ceci n’est pas toujours évident car nous vivons dans une société matérialiste où nous sommes continuellement sollicité·e·s par de nouveaux objets et ce, bien souvent contre notre plein gré. Il nous faut donc être attentif.ve.s et nous armer d’un bouclier “anti-superflu” pour éviter de nous retrouver avec des choses dont nous n’avons aucun besoin.

Dans certaines situations de la vie courante, cela est très simple. Par exemple, nous pouvons dire “non merci” aux personnes qui nous tendent un prospectus dans la rue, à la vendeuse qui nous offre un échantillon, au maraîcher qui nous propose un sac en plastique. Nous pouvons également laisser sur place les stylos et les calepins mis à notre disposition lors de conférences, la boîte de dragées du mariage de nos ami·e·s que nous ne mangerons jamais ainsi que le livre offert par notre libraire mais qui ne nous intéresse pas vraiment. Dans d’autres circonstances, refuser le superflu est bien plus délicat. Lorsqu’on nous offre un cadeau qui ne nous plaît pas et/ou ne nous est pas utile, il faut apprendre à expliquer avec bienveillance pourquoi nous préférons ne pas l’accepter. De même, lorsque l’un·e de nos enfants souhaite à tout prix qu’on lui achète la nouvelle paire de baskets à la mode alors qu’iel en déjà une paire à sa taille et en bon état, il faut lui expliquer patiemment pourquoi cela ne nous semble pas raisonnable.

Voici quelques astuces concrètes qui m’ont personnellement aidée à refuser le superflu :

En fin de compte, le minimalisme est un cheminement perpétuel qui implique un  véritable travail d’introspection et une réévaluation régulière de ses besoins afin de s’entourer uniquement de ce qui contribue à notre bien-être au quotidien.

Crédit photos : Unsplash

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Certaines de ces étapes correspondent-elles à votre cheminement minimaliste ?

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