Je savais que me constituer une garde-robe écologique, éthique et minimaliste serait un défi de taille. Je savais que cela me prendrait des années. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est la quantité de paramètres à prendre en compte lors de l’achat d’un article textile pour s’assurer que celui-ci soit aussi éthique et écologique que possible… Plus je m’informais, plus je désespérais en me disant que jamais je n’arriverais à me constituer la garde-robe éco-éthique et minimaliste idéale!
Finalement, inspirée par la méthode Wear No Evil de Greta Eagan, j’ai décidé de mettre au point ma propre formule pour guider mes futurs achats vestimentaires responsables. J’ai d’abord fait une liste des critères qui selon moi contribuent à rendre un article textile plus éthique et/ou écologique. À partir de là, je me suis posée deux questions:
- Comment puis-je faire en sorte que cette longue liste de critères intimidante me motive plus qu’elle ne me désespère?
- Comment cette liste peut-elle m’aider à faire des achats à la fois éthiques, écologiques et minimalistes sans avoir à respecter tous les critères?
Ainsi est née…
GREEM 21, pour Garde-Robe Ecologique Ethique et Minimaliste et 21 pour le nombre de critères qui contribuent à rendre un article textile un peu plus éthique et écologique. (N’hésitez pas à prononcer « Greem » à l’anglaise, comme « Green », ça sonne tellement mieux que « Grèèèm » !).
Ces 21 critères, je les ai réunis dans 5 catégories:
- Facilité d’entretien
- Utilité de la pièce
- Choix des matières
- Impact écologique de la fabrication
- Impact social de l’achat
En voici maintenant les détails…
LES CRITÈRES GREEM 21
Les articles qui constituent une garde-robe éthique, écologique et minimaliste doivent selon moi pouvoir s’entretenir facilement.
- Repassage non-indispensable: personnellement, je me suis toujours débrouillée pour entretenir mes vêtements sans posséder de fer ni de planche à repasser. J’évite donc les matières qui se froissent facilement et je privilégie celles qui se défroissent naturellement une fois lavées. Cela me permet de faire des économies d’électricité, d’argent et de gagner en temps et en espace. Voici quelques astuces pour avoir du linge non froissé sans repasser.
- Lavage en machine ou à la main: privilégier les habits que l’on peut laver soi-même, à la main ou en machine, permet d’éviter d’utiliser les services d’un pressing. Même si nombre d’entre eux se revendiquent comme étant écologiques, ce n’est pas forcément très économique, il faut prendre le temps d’y aller et on récupère généralement nos vêtements dans un grand emballage en plastique.
- Entretien avec des produits naturels: que ce soit pour les vêtements ou les chaussures, que ce soit pour les laver, les détacher, les imperméabiliser ou les cirer, c’est plus écologique de pouvoir le faire avec des produits naturels. En outre, il est plus économique de pouvoir utiliser ce que l’on a sous la main et que l’on utilise déjà pour d’autres articles de sa garde-robe. Pour une garde-robe propre et durable, je vous conseille Ma lingerie écologique: une lessive et un placard écolos, un article ultra pratique et complet de Green me up.
Plus une pièce sera utile, plus elle nous permettra de maintenir une garde-robe minimaliste.
- Polyvalence: une nouvelle pièce doit selon moi pouvoir être assortie à plusieurs autres vêtements que l’on possède déjà. Cela permet de constituer des tenues variées avec un nombre limité de vêtements, suivant le principe de la « Capsule Wardrobe« .
- Modulable: les accessoires et les vêtements qui se transforment pour se porter de différentes manières ou à différentes saisons permettent également de varier ses tenues avec une seule et même pièce.
- Multi-saisons: il suffit parfois d’un détail pour qu’un accessoire, un vêtement ou une paire de chaussures s’adaptent aux 4 saisons: la couleur, la matière, la longueur… Plus une pièce s’adapte aux saisons, moins on a besoin de remplir sa garde-robe!
- Matière biologique: acheter une matière biologique c’est contribuer au développement d’une agriculture sans pesticides, respectueuse de l’environnement et de la santé des producteurs.
- Matière naturelle biodégradable: les matières naturelles biodégradables incluent les fibres végétales telles que le coton, le chanvre, le lin, le bambou, la jute, le rami, l’ortie et les fibres animales comme la laine, l’angora, le cuir, le cashmere, la fourrure et la soie. Une fibre naturelle finira par se décomposer naturellement avec le temps alors qu’une fibre synthétique continuera de polluer dans une décharge…
- Matière naturelle d’origine végétale: Comme on en a discuté dans l’article “Pour être éthique et écologique, une garde-robe doit-elle être végane?”, la production de fibres textiles d’origine animale engendre, dans la plupart des cas, des problèmes éthiques et écologiques considérables. Non seulement l’élevage d’animaux est l’une des industries les plus polluantes au monde, mais elle est en plus responsable des souffrances les plus atroces dont sont victimes les animaux. Choisir des matières naturelles véganes permet donc d’éviter de porter les traces invisibles de sang d’animaux à même la peau…
- Matière naturelle locale: porter des vêtements en fibres naturelles cultivées localement permet de réduire son empreinte écologique… À condition que ces fibres soient ensuite tissées dans la même région bien sûr! À chacun-e de définir ce qu’il/elle considère comme étant “local”.
- Fibres recyclées/upcycled: recycler ou transformer des textiles usagés, en fibres naturelles ou non, afin de leur donner une seconde vie, est plus écologique que de puiser dans les ressources naturelles de la planète pour fabriquer de nouvelles fibres.
- Teintures naturelles: éviter les vêtements dont les teintures proviennent de colorants de synthèse chimiques qui contiennent des métaux lourds, des azoïques, du formaléhyde ou du chlore, dont les risques sont expliqués dans cet article. Il convient de privilégier les teintures écologiques certifiées Oeko-Tex.
- Absence de produits toxiques: en plus des colorants chimiques, le chrome, les ethoxylates de nonylphénol, les phthalates (DEHP, BBP) et les amines sont les principales substances toxiques utilisées dans l’industrie textile et que l’on retrouve sur nos vêtements et/ou chaussures. Pour en savoir plus, je vous conseille de lire Les dessous toxiques de la mode, un rapport très informatif de Greenpeace.
- Réduction des déchets: la réduction des déchets peut se faire en amont, en fonction des efforts des entreprises qui fabriquent les matières premières et les vêtements, ainsi qu’en aval, lorsque nous, consommateurs, faisons des choix nous permettant d’éviter les emballages.
- Réduction de la consommation d’eau/ d’énergie: certaines entreprises, que ce soit au moment de la production de la matière première, du tissage ou de la confection, font divers efforts pour réduire leur consommation d’eau et/ou d’énergie. C’est le cas pour Amaboomi, par exemple, qui fait des économies d’eau à l’étape de la teinture.
- Traçabilité sur un périmètre limité: de plus en plus de marques de textiles responsables se veulent transparentes et expliquent précisément d’où viennent leurs matières premières et où ont été confectionnés leurs vêtements. C’est souvent la garantie de produits fabriqués dans des conditions éthiques. Cela dit, il n’est pas toujours évident pour une marque de créer un vêtement 100% local de A à Z. Les marques comme 1083 ou JUSTE, la révolution textile sont de bons exemples d’entreprises qui ont malgré tout faits de grands efforts en ce sens et ainsi réduit leur empreinte écologique.
- Contribution au marché de seconde-main: acheter des articles d’occasion dans une friperie ou auprès d’un particulier, c’est soutenir un mode de consommation qui permet de donner une seconde vie à des articles en bon état et de limiter le gaspillage de nouvelles ressources naturelles.
- Contribution à l’économie locale: acheter auprès de marques qui s’efforcent de produire localement, comme expliqué par Myriam Underwood, fondatrice de JUSTE, la révolution textile, c’est non seulement contribuer à la survie d’entreprises locales mais aussi à celle de savoirs-faire locaux et ancestraux.
- Contribution à une cause sociale: plusieurs entreprises reversent une partie de leurs bénéfices à une cause sociale et/ou environnementale, soit en tant que membre du mouvement 1% for the planet, soit en s’associant à des projets en particulier, comme Amaboomi le fait avec les Expéditions 7ème continent.
- Soutien d’un mode de fabrication éthique et équitable: il s’agit là des marques qui s’assurent que les personnes fabriquant leurs matières premières et leurs vêtements travaillent dans des conditions respectables et gagnent un salaire juste.
- Soutien d’une marque éco-responsable: de plus en plus de grandes enseignes ajoutent des collections de vêtements “bio”, “écolo” ou “recyclées” à chaque saison. Ces efforts sont louables mais il me semble important de ne pas mélanger ce genre d’initiatives avec celles de marques fondées sur des valeurs éthiques et écologiques. Ces dernières s’efforcent depuis leur création de proposer des articles porteurs de vraies valeurs et en soutenant ces marques, on contribue au développement d’une entreprise responsable en tous points.
LA MÉTHODE GREEM 21
Me voilà donc avec mes 21 critères en main… et après ?
Comme j’en ai déjà parlé dans mes articles au sujet du minimalisme, chaque nouvel achat doit en priorité répondre à un besoin. J’ai donc décidé de placer de critère-là, qui est en fait la base de mon guide, au centre d’une étoile.
Si j’ai choisi une étoile, ce n’est pas juste parce que c’est une très jolie forme… C’est aussi parce qu’elle a 5 branches, soit le nombre correspondant aux catégories de ma liste de critères :
À partir de là, mon étoile devient ma référence de base et mon objectif est de remplir au moins 1 critère dans chaque catégorie, pour chaque nouvel achat qui répondra avant tout à un besoin.
Choisir au moins un critère par catégorie me permet de faire en sorte que chaque achat ait au moins un petit quelque chose d’éthique, un petit quelque chose d’écologique et un petit quelque chose de minimaliste… Cela me permet d’avoir un impact positif dans tous les domaines sans que cela ne me paraisse irréalisable…
Cette méthode n’est certainement pas sans failles mais c’est celle qui me convient le mieux pour guider mes achats vestimentaires à l’heure actuelle. Bien évidemment, il existe 1001 manières d’exploiter cette petite étoile! Tout comme j’ai adapté la méthode Wear No Evil à ma sauce, j’espère que vous trouverez de l’inspiration dans la méthode GREEM 21 et qu’elle vous aidera d’une manière ou d’une autre à guider vos prochains achats vestimentaires.
Voici le format pocket à télécharger et à imprimer en recto-verso: cela vous fera 3 mini-guides GREEM 21 à distribuer autour de vous 😉