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Vivre sans plastique

Qu’ils soient de la catégorie 1, 2, 3, 4, 5, 6 ou 7, Jay et Chantal connaissent bien tous les types de plastique: non qu’ils les collectionnent mais bien au contraire, ils les évitent au maximum et ils s’efforcent plus particulièrement de ne plus consommer d’aliments ni de boissons emballés dans du plastique. Dans une interview aussi informative que sympathique, Jay m’a expliqué le pourquoi du comment.

Prise de conscience des dangers du plastique

Tout a commencé en 2003, lorsque Jay et Chantal souffraient tous les deux de problèmes de santé non expliqués. Au bout de quelques temps, ils finissent par comprendre que leurs maux sont liés à la mauvaise qualité de l’air intérieur de leur logement, intoxiqué par des moisissures. Après une inspection des lieux par des experts, on demande au couple de quitter l’appartement immédiatement, tant l’air qu’ils respirent est malsain.

“On réalise alors l’importance de regarder notre environnement de plus près” m’explique Jay, d’autant plus qu’à ce moment-là, Chantal est enceinte de 8 mois. Ils sont particulièrement vigilants et s’informent sur l’impact de l’exposition à différentes toxines. C’est au cours de ces recherches qu’ils prennent conscience de la nocivité du plastique et décident de bannir ceux qui pourraient être en contact avec l’alimentation.

Les dangers du plastique pour la santé

Comme m’en informe Jay, les plastiques communs sont classifiés en 7 catégories et alors que la recherche sur la toxicité du plastique des catégories 2, 4 et 5 est encore en cours, ceux des catégories 1, 3, 6 et certains n°7 ont été reconnus comme étant néfastes pour la santé.

Les législations

Malgré les risques reconnus de ces différents plastiques, on les retrouve dans d’innombrables objets du quotidien. “C’est suprenant que le PVC, soit utilisé pour les jeux d’enfants alors qu’il est encore plus toxique que le BPA!” s’exclame Jay. Le BPA a quant a lui été banni des biberons pour la première fois en 2008, au Canada, puis en 2010, en France. L’Hexagone est également en voie vers l’interdiction complète de l’usage du BPA dans les emballages alimentaires. En effet, depuis le 1er janvier 2013, tous les produits destinés aux enfants en bas âge contenant du BPA ont été suspendus. D’ici 2015, aucun emballage alimentaire ne devrait contenir du BPA en France.

De la recherche d’alternatives à la naissance d’un business

La réalisation des dangers du plastique pousse Jay et Chantal à chercher des alternatives saines, notamment pour leur enfant. En 2004, on ne parle pas encore des dangers du BPA: difficile donc de trouver des biberons qui n’en contiennent pas. En 2005, ils parviennent finalement à dénicher des modèles en verre fabriqués par une entreprise américaine. Seule contrainte: ils se vendent par lots de… 1000, au minimum! Chantal, qui souhaitait depuis longtemps monter sa propre entreprise, y voit alors l’opportunité de se lancer, surtout qu’autour d’eux, de plus en plus de personnes sont à la recherche d’alternatives au plastique.

Au printemps 2006, ils ouvrent donc leur boutique en ligne Life without plastic/ Vivre sans plastique, et au fur et à mesure qu’ils se débarrassent du plastique dans leur vie, leur affaire s’agrandit. Ils commencent alors à proposer un éventail d’objets utiles au quotidien pour la cuisine, la salle de bains et le bureau, en inox, en chanvre, en bambou… En plus de leur qualité, Jay et Chantal s’assurent que les produits qu’ils vendent proviennent de fournisseurs adhérants à la Charte Ethique de Vivre sans Plastique dans leur fonctionnement. Celle-ci est fondée autour de 4 principes de base qui régissent le mode de vie de Chantal et Jay: santé, environnement, intégrité et communauté.

Faute de trouver des alternatives sans plastique pour répondre à tous leurs besoins et ceux de leur clientèle, Jay et Chantal ont dessiné certains modèles eux-mêmes, notamment le bac à glaçons en acier inoxydable, inspiré par celui que la mère de Jay utilisait dans les années 60. “En fait, beaucoup des alternatives sans plastique nous font faire un retour en arrière” me fait remarquer Jay. Aujourd’hui, leur bac à glaçons fait partie des objets les plus populaires avec les boîtes hermétiques en verre et en inox, la Spork pliante, une cuillère-fourchette en inox et les sacs en chanvre local et en coton bio.

Une vie plus simple et plus saine

Au début de leurs démarches, il y a près de 10 ans, on prenait Chantal et Jay un peu pour des “fous”, me raconte-t-il. Puis, les controverses autour du BPA largement médiatisées en 2008 ont fini par convaincre leur entourage des méfaits de certains plastiques. Même si des personnes qu’ils côtoient aucune n’a renoncé au plastique au même degré qu’eux, ils remarquent une volonté et des efforts grandissants pour s’en débarrasser.

D’après Jay, limiter leur utilisation du plastique a complètement changé leur vie. D’une question de santé, c’est devenu une question environnementale et cela les a poussé à questionner tous les aspects de leur mode de vie. Ils sont temporairement à Winnipeg dans le Manitoba et vivent habituellement à Wakefield, un petit village Québecois: deux lieux dans lesquels ils peuvent facilement s’approvisionner localement et consommer bio à 80-90%. En outre, ils consomment peu de viande et de poissons de manière générale et plus du tout de viande rouge. Ils privilégient également les déplacements à vélo plutôt que ceux en voiture et font leurs achats vestimentaires dans les magasins d’occasion. Enfin, ils ont fait construire leur maison avec des murs pré-construits grâce à Modulex, des matériaux écologiques et un système leur permettant de limiter leur consommation d’énergie.

Au fil du temps, “nous sommes devenus plus sensibles au gaspillage, à l’impact des transports et à notre empreinte carbone de manière générale”, me confie Jay. Cela les a naturellement conduit vers un mode de vie minimaliste, plus simple et plus sain.

Le quotidien sans plastique pour les débutants

Selon Jay, bannir tous les plastiques du quotidien est difficile, mais pas impossible. Cependant à partir du moment où l’on a une voiture, un ordinateur et un téléphone, on utilise forcément du plastique. Pour lui, le plus important reste de ne pas consommer d’aliments ou de boissons ayant été en contact avec du plastique.

Bien que cela puisse sembler impossible pour ceux dont les placards de la cuisine et le frigo débordent de plastique, Jay suggère de commencer par adopter des alternatives simples, telles que d’utiliser des sacs en tissu plutôt que des sacs en plastique pour les courses et s’équiper d’une bouteille en inox réutilisable plutôt que d’acheter des bouteille d’eau en plastique. On peut ensuite faire plus attention au type de plastique dans lesquels sont emballés les aliments qu’on a l’habitude de consommer et chercher des équivalents vendus en vrac par exemple. Cela dit, le symbole spécifiant le type de plastique ne figure pas sur tous les emballages.

Le plus simple reste donc d’éviter le plastique sous toutes ses formes: si l’on n’est pas convaincu de ses effets nocifs sur la santé, on ne peut dénier l’impact environnemental de cette matière dont la production et le recyclage sont aussi polluants que sa décomposition… Notez également que généralement, seuls les plastiques des catégories 1 et 2 peuvent être recyclés.

L’éco-défi du mois de mars

Depuis mon éco-défi du mois d’août dernier, pour lequel j’avais décidé de bannir tous les sacs plastiques de mon quotidien, j’ai petit à petit réduit l’utilisation de certains plastiques, sans réussir à m’en débarrasser pour autant. Mon éco-défi du mois de mars sera donc inspiré par cette discussion avec Jay qui ne m’a pas laissée indifférente: je vais faire le point sur les différentes formes de plastiques dans lesquels sont emballés les aliments que je consomme régulièrement et tâcher de trouver un maximum d’alternatives zéro plastique.

Est-ce que vous cherchez à éviter le plastique dans votre quotidien ? Quelles sont vos astuces ?
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