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Un an après la sortie de mon livre « 21 éco-défis » – le bilan

Voilà tout juste un an que mon livre 21 éco-défis pour prendre soin de soi et de la planète est sorti en librairie… Un jour qui fut teinté d’émotions contradictoires, tout comme les mois qui ont suivi cet événement. Inspirée par Cécile, autrice de Nouvelle Mère qui publiait récemment l’article « Ça fait quoi d’écrire un livre ? », j’avais envie de revenir sur ces 12 derniers mois. Après avoir partagé avec vous les coulisses de mon manuscrit, j’ai à mon tour souhaité parler de l’après-publication, de mes attentes et de la réalité, des hauts et des bas.

La signification de ce projet pour moi

Je crois que pour comprendre les émotions qui m’ont traversée suite à la publication de mon livre, il convient de revenir brièvement sur la genèse de ce projet ainsi que sur les conditions dans lesquelles j’ai écrit mon manuscrit (je ne m’attarderai pas sur les détails puisque je les ai déjà relatés dans une série de 3 articles). 21 éco-défis pour prendre soin de soi et de la planète, c’est une idée qui a vu le jour au printemps 2017, lorsqu’une maison d’édition m’a proposé un contrat pour l’édition d’un guide écolo. Quelques mois et d’innombrables heures de travail plus tard, après avoir pris conscience de la malhonnêteté du directeur éditorial, j’ai décidé de mettre fin à mon contrat. Finalement, après avoir démarché plusieurs maisons d’édition rebutées par la taille du projet et/ou l’écriture inclusive, j’ai eu l’immense joie de signer un contrat avec Ulmer, à l’automne 2018 – j’étais alors enceinte de 5 mois. Malgré tous mes efforts pour avancer dans la rédaction de mon manuscrit avant le terme de ma grossesse, j’étais loin de l’avoir achevé à la naissance de mon bébé. Je me suis donc retrouvée à le terminer pendant mon congé parental, alors que j’étais épuisée par tout ce qu’implique le quotidien avec une nouvelle-née et que je disposais rarement de plus de 20 minutes d’affilée pour travailler la journée… Ce fut une épreuve si difficile que j’ai à plusieurs reprises voulu laisser tomber mais j’ai finalement réussi à rendre mon manuscrit en août 2018 (avec 6 semaines de retard). Sans le soutien infaillible de quelques proches convaincues de l’intérêt et de la valeur de mon projet, je n’aurais sans nul doute pas persévéré dans sa réalisation. Sans elles, ce livre serait certainement resté au stade de manuscrit non-abouti.

Les mois qui ont suivi la remise de mon manuscrit n’ont pas été de tout repos non plus. J’étais toujours en congé parental et c’est dans un état de fatigue mentale et physique indescriptible que j’ai effectué le travail de relecture et de corrections ainsi que les ajouts. Ce n’est que début janvier 2020, soit 3 ans après avoir commencé à travailler sur ce projet que j’ai pu me dire, avec un soulagement certain, « ça y est, j’ai terminé, mon livre peut être imprimé ! ».

Le contexte de la sortie de mon livre « 21 éco-défis »

J’ai ensuite commencé le décompte des semaines qui me séparaient de la date de sortie de mon livre, d’abord annoncée pour début mars puis décalée pour le 12 mars à cause d’un retard chez l’imprimeur italien… Ulmer m’avait proposé de venir à Paris à cette occasion afin de célébrer la sortie de mon livre à La Recyclerie et en librairie. J’étais vraiment ravie à l’idée de pouvoir fêter cet événement avec l’équipe d’Ulmer, mes proches et toustes celleux d’entre vous qui prévoyiez d’assister à ces rencontres. Malheureusement, à partir du mois de février, on a senti que la pandémie se rapprochait de nous et mon mari était particulièrement préoccupé à l’idée que nous nous rendions à Paris, qui plus est avec nos mamans… Pour moi, il était inenvisageable d’annuler ce voyage et, à vrai dire, je ne pensais vraiment pas qu’il y avait lieu de s’inquiéter (ou peut-être que cela m’arrangeait de penser ainsi !). L’écriture de ce livre fut une telle épreuve pour moi que j’avais besoin de fêter sa sortie en bonne et due forme, entourée de personnes qui croyaient en ce projet, de personnes qui m’avaient soutenue dans les moments difficiles et de vous, fidèles lecteurices qui portiez un réel intérêt pour mon travail depuis des années ! L’idée de rester à Freiburg en ce jour si attendu me fendait vraiment le cœur…

Nous avons donc finalement pris la décision de partir à Paris mais nous n’étions pas tranquilles. L’inquiétude avait fini par me gagner aussi et le virus était désormais au cœur de toutes les discussions, ce qui créait une ambiance assez étrange. J’étais donc partagée entre l’émotion liée à la sortie de mon livre et ce sentiment de méfiance et d’insécurité dans la rue, les transports, les restaurants, etc. Plusieurs personnes qui avaient prévu d’assister à la soirée de lancement ou à la discussion en librairie ont d’ailleurs annulé leur venue. Personne n’était complètement détendu·e et j’ai un peu eu l’impression de voir le coronavirus me voler la vedette, haha ! J’ai tout de même passé de très bons moments, aussi bien à La Recyclerie qu’à la librairie, grâce à mes proches et à chacun·e d’entre vous qui avez pris le temps de venir échanger un peu – parfois d’autres villes ! -, ne serait-ce que le temps d’une dédicace.

Le vendredi 13 mars, alors que nous étions dans le train du retour pour Freiburg, nous apprenions que la France et l’Allemagne seraient confinées dès la semaine suivante et que les établissements scolaires et les crèches (entre autres) seraient fermés. Moi qui venais à peine de reprendre le travail après une année de congé parental éprouvante, cette nouvelle m’a complètement abattue, noyant toute la joie qui avait découlé de ces deux jours à Paris…

La promotion (limitée) de mon livre « 21 éco-défis »

De retour à Freiburg, j’ai petit à petit réalisé ce que ce confinement signifiait pour mon livre : impossibilité de se le procurer en librairie, impossibilité d’organiser d’autres événements pour le promouvoir, impossibilité de vivre et célébrer pleinement sa sortie… Moi qui m’étais imaginée rencontrer certain·es d’entre vous en librairie à Strasbourg, à Grenoble, à Lyon, à Poitiers, etc., dans les semaines suivant sa sortie, j’étais vraiment déçue de devoir renoncer à cette joie-là. Je crois que je concevais ces rencontres, ces opportunités de réunir des personnes partageant plusieurs valeurs, comme la récompense de tout le travail accompli après des années à travailler en solo derrière mon écran d’ordinateur.

J’avais aussi secrètement espéré pouvoir promouvoir mon livre à travers différents médias. Sans non plus m’imaginer être invitée au JT ni faire la couverture d’un magazine, je pensais que cette publication, qui représentait tant pour moi, en représenterait autant pour le reste du monde. Mais à part quelques phrases superficielles dans des petits encadrés de magazines, une interview publiée sur le site internet d’un magazine et une interview pour la radio d’un village de 1 000 habitants, il faut bien reconnaître que mon livre n’a pas beaucoup fait parler de lui. Cécile parle d’ailleurs très bien de ces « contrastes » : l’écriture d’un livre demande un énorme investissement – en termes de temps, d’énergie, d’émotions – et pour beaucoup d’auteurices c’est un accomplissement exceptionnel alors que pour le reste du monde ce n’est qu’un livre de plus en librairie… Évidemment.

Dans mon cas, il s’agit en plus d’un livre sur un thème vu et revu – je ne suis pas la première à parler d’écologie du quotidien et d’autres l’ont très bien fait avant moi. En revanche, supposer que je me serais contentée de répéter ce que d’autres ont déjà dit, juste pour le plaisir de voir mon nom imprimé sur la couverture d’un livre, c’est mal me connaître. Je déplore également que certain·es supposent que mon livre est une simple copie de mon blog. Certes, on y retrouve des thèmes déjà abordés ici et dans d’autres livres et même plusieurs extraits de mon blog, mais me dire, après avoir lu mon blog gratuitement pendant des années que mon livre n’apportera rien de plus, c’est encore une fois mal me connaître. Sachant le travail monstrueux que représente l’écriture d’un livre et la rémunération dérisoire qui va avec (je touche 6 % du prix HT pour chaque livre vendu, soit à peine plus d’1 euro), je ne me serais pas lancée dans ce projet si je n’avais rien à dire de plus ou de différent (attention, je n’ai pas dit mieux !) des guides écolo déjà publiés. Ce n’est pas évident d’avoir sorti un livre sur l’écologie du quotidien 1 000 ans après d’autres auteurices et c’est certainement un peu tard. Mais quand on sait toute la réflexion, les recherches et le travail d’écriture que m’a demandé ce livre, je ne peux m’empêcher de ressentir un sentiment d’amertume face à ce type de suppositions de personnes qui ne l’ont pas lu ou l’ont à peine survolé.

À cette amertume s’est ajoutée la constatation que mon livre n’a pas fait autant parler de lui que d’autres ouvrages du genre dans la blogosphère et l’instagramosphère écolo et engagée. Cela n’a fait que renforcer la sensation d’isolement que je ressens déjà depuis des années et sur laquelle j’ai enfin osé m’exprimer, notamment grâce à Annabelle (aimyt_ sur Instagram) qui a dénoncé le racisme et cet entre-soi qui règne dans ce milieu dominé par des femmes blanches. Si vous ne savez pas de quoi je parle, ne me faites pas l’affront de me dire « Mais non, ça ne peut quand même pas être du racisme ! » comme on a pu me le dire sur Instagram ou encore « Moi, en tant que personne blanche, je ne me sentais pas à l’aise sur ton blog ». Véridique !

Si l’on ne m’avait pas répété d’innombrables fois que mon blog était l’un des piliers de la blogosphère écolo et que l’on ne m’avait pas félicité autant de fois pour les richesses de son contenu, j’aurais certainement fini par croire que mon travail n’avait ni intérêt ni valeur et compris pourquoi, pendant que les autres créatrices de contenu écolo se tenaient la main et s’envoyaient des fleurs, mon travail était rarement mis en avant. De même, si des personnes à l’esprit suffisamment critique à mon sens n’avaient pas vu en mon livre un ouvrage de qualité, j’aurais certainement fini par reconnaître la médiocrité de mon travail. La sortie de mon livre a donc exacerbé des sentiments d’exclusion et de non-reconnaissance qui me préoccupaient déjà bien avant.

Après des années de réflexion et de remises en question, la publication de mon livre m’a donc permis de comprendre beaucoup de choses sur ma place dans la blogosphère engagée et dans le monde de manière plus générale en tant que femme d’origine indienne. Grâce aux constatations partagées par d’autres créatrices de contenus racisées, engagées et invisibilisées, j’ai le sentiment de comprendre enfin pourquoi, malgré la qualité de mon travail (je ne pense pas écrire des choses exceptionnelles mais je pense le faire suffisamment bien pour mériter autant de reconnaissance, d’encouragements et de sororité que d’autres), j’ai trop souvent eu l’impression de stagner et d’être mise de côté en tant que blogueuse et maintenant autrice. C’est certainement l’une des réalisations les plus importantes de ces derniers mois, suite à la sortie de mon livre. Cela m’a permis de croiser le chemin d’autres personnes racisées et de me sentir moins seule face à mes doutes et questionnements – et que ça fait du bien !

La promotion très limitée de mon livre fut donc, je dois bien l’admettre, une source de déception pour moi et pas parce que ça aurait fait du bien à mon égo de m’entendre dire, par la terre entière, que j’avais fait du bon travail, mais surtout – SURTOUT – parce que la vie d’un livre dépend largement de la promotion qui en est faite.

Les retours sur mon livre « 21 éco-défis »

Heureusement, malgré un certain sentiment de non-popularité, je dois dire que je me sens aussi très bien entourée dans la blogosphère engagée. Car être mise à l’écart ne signifie pas forcément être complètement privée du soutien, de l’attention et même de l’affection de personnes formidables. Tout au long des premiers mois qui ont suivi la sortie de mon livre, j’ai découvert avec beaucoup d’émotions les premiers avis sur le livre, ceux des personnes y ayant contribué, ceux d’autres créatrices de contenus engagés, ceux des lecteurices du blog, ceux de mes proches et ceux d’inconnu·es… Mon cœur a fait un bond à chaque fois qu’une photo de mon livre est apparue dans mon fil d’actualité sur Instagram et j’ai ressenti une infinie reconnaissance envers toustes celleux qui ont pris la peine de présenter mon ouvrage et de le promouvoir auprès de leur lectorat. Car finalement, ce sont elleux qui ont fait la promotion de mon livre, celle que j’aurais aimé pouvoir faire en personne, celle que j’attendais d’autres médias. Mon livre serait-il parti en réimpression quelques semaines après la réouverture des librairies sans ces publications Instagram et ces articles de blog ? Je ne le pense pas !

J’ai pris énormément de plaisir à lire chacun de vos retours, à savoir ce que cette lecture vous avait apporté, à savoir que vous l’aviez offert/prêté à d’autres personnes de votre entourage, à savoir qu’on vous l’avait offert pour votre anniversaire/pour Noël, à savoir que vous l’aviez recommandé à votre médiathèque… À savoir simplement que mon livre était lu et apprécié et que je n’avais pas fait tout ça pour rien.

Alors publier un livre, ça fait quoi ?

Je suppose que chaque auteurice vit la sortie de son livre différemment, suivant le contexte, la promotion, le sujet du livre. Dans tous les cas, je crois que cela reste une expérience unique en son genre, caractérisée par un méli-mélo d’émotions et de sentiments parfois contradictoires. En relisant cet article, je réalise qu’il en ressort beaucoup d’amertume – au risque de passer pour une pleurnicheuse et une ingrate, j’assume entièrement mes propos et à vrai dire, ça fait du bien de vous livrer tout cela. La publication d’un livre est un événement exceptionnel mais il me semble important de reconnaître que ce n’est pas toujours tout rose et que derrière la satisfaction qu’apportent cet accomplissement et les innombrables retours enthousiastes de nos lecteurices, il se joue beaucoup d’autres choses…

Finalement, de cette expérience, je retiendrai ceci :

Merci de tout cœur à celleux d’entre vous qui avez accueilli la publication de mon livre avec enthousiasme et qui lui avez donné un sens en le lisant, en le recommandant et en l’offrant autour de vous.

Une dernière chose : si vous avez lu et aimé mon livre, pourriez-vous prendre quelques minutes pour laisser votre avis sur un site internet de vente ou de critiques de livres (Goodreads, Decitre, Fnac, Amazon, etc…) ? Même si je vous ai toujours encouragé.e à acheter mon livre auprès de librairies indépendantes (et surtout pas chez Amazon), je déplore qu’il y ait à ce jour à peine 2 avis publics sur mon livre… Des avis que 2 amies ont pris la peine de laisser après que je leur ai fait part de mon désarroi à ce propos. Même si j’évite les achats de livres en ligne de manière générale, je me fie beaucoup aux avis que je trouve sur divers sites pour mes choix de lecture. Alors quand je vois que mon livre, sorti depuis 1 an, a zéro étoile et zéro avis sur la plupart des sites en ligne, ça me fait un peu peur pour son avenir… Donc si vous avez aimé mon livre et que vous avez 5 minutes aujourd’hui, demain ou dans les semaines qui viennent, n’hésitez pas à laisser votre avis sur un ou plusieurs sites. Si vous avez déjà partagé votre avis sur Insta, sur le blog, par mail, vous pouvez simplement copier/adapter votre message. Je vous en serai in-fi-ni-ment reconnaissante !

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