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Minimalisme : idées reçues et préjugés

Comme vous avez pu le voir au fil des témoignages publiés dans la série d’articles “Cheminements minimalistes”, il existe différentes manières de concevoir le minimalisme et d’en appliquer les principes au quotidien. Il n’y a de ce fait pas de méthodes ni de règles précises à suivre pour devenir minimaliste : il s’agit d’une démarche tout à fait personnelle et personnalisable, selon les besoins et priorités de chacun·e. Bien évidemment, il y a tout de même un principe de base sur lequel tout minimaliste s’accordera certainement : cet art de vivre implique de s’entourer uniquement de choses qui répondent à un besoin, qui contribuent à notre bien-être et à notre confort. Par conséquent, le minimalisme nous amène à faire le tri, à nous délester du superflu et de tout ce qui nous pèse – matériellement ou émotionnellement. Même s’il a le vent en poupe et qu’on en parle de plus en plus ces dernières années, certaines remarques me laissent penser que le minimalisme est encore mal compris, tant sur le fond que dans la forme. J’avais donc envie de revenir sur quelques idées reçues et préjugés à son sujet afin de permettre à celles et à ceux qui découvrent ce mode de vie de partir sur de bonnes bases.

Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, je ne vois personnellement aucun intérêt à compter ou à limiter le nombre d’objets que je possède. M’assurer que toutes mes possessions répondent à un vrai besoin et qu’elles contribuent à mon bien-être de manière durable reste ma priorité. À partir du moment où chacun de mes objets joue un rôle positif dans ma vie, peu m’importe si j’en ai 33, 111 ou 7777. Je trouve toutefois cela utile de faire des listes pour identifier mes besoins, de réfléchir au nombre de T-shirts ou d’assiettes qu’il me faut et je conçois que les méthodes ou défis minimalistes basés sur des chiffres précis puissent aider certain·e·s (apprenti·e·s) minimalistes dans leur cheminement. Il me semble néanmoins important de garder en tête que le minimalisme n’est pas une compétition et qu’aucun prix ne sera remis à celle ou à celui qui possédera le moins de vêtements ou dont la poubelle sera la plus légère. Le minimalisme, c’est bien plus que ça : c’est un art de vivre axé sur le sens et la qualité des objets que l’on possède et non sur leur nombre.

Le minimalisme n’est pas synonyme d’ascétisme ! Posséder moins de choses qu’avant ou que notre entourage ne signifie pas que l’on se prive de quoi que ce soit. Bien au contraire, le minimalisme est un choix de vie libérateur puisqu’il permet de faire davantage de place aux choses, aux activités et aux personnes qui nous paraissent essentielles, pour notre bien-être ainsi que pour notre épanouissement personnel. Il ne s’agit donc en aucun cas de vivre dans l’austérité, de renoncer au confort et aux innombrables plaisirs de la vie. Il s’agit simplement de faire des choix conscients et réfléchis concernant la manière dont on remplit notre espace et notre quotidien, afin que ces derniers soient le reflet de nos besoins, de notre personne et de nos aspirations.

S’il est vrai que les articles et les ouvrages sur le minimalisme adressent essentiellement des questions matérielles, le minimalisme peut également s’étendre à d’autres domaines. Personnellement, j’applique le minimalisme à différentes sphères de mon quotidien. Par exemple, je fais en sorte de ne pas accumuler trop de tâches et de responsabilités au travail afin de me laisser suffisamment de temps et d’espace pour atteindre les objectifs déjà fixés sans me stresser. De même, j’évite de m’impliquer dans d’innombrables activités et je fais rarement plus d’une chose à la fois : ainsi, je m’investis pleinement – et en pleine conscience – dans tout ce que j’entreprends et je suis plus efficace également. Par ailleurs, je fais attention à ne pas remplir tous les créneaux libres de mon agenda car avoir une heure, une demi-journée, une soirée et un week-end entièrement libres pour laisser place à la spontanéité ainsi qu’à l’oisiveté me paraît essentiel pour se ressourcer. Je limite aussi mon usage des nouvelles technologies et des réseaux sociaux en particulier et je fais régulièrement le tri non seulement dans les blogs et comptes que je suis mais aussi dans mes relations. Ce tri immatériel me permet de faire une place de choix à tout ce qui me semble essentiel et qui contribue à mon bien-être dans chaque domaine du quotidien.

Bien souvent, le minimalisme nous donne envie de renoncer à certains objets « modernes » et de (ré)adopter des gestes d’une autre époque. Ainsi, certaines personnes font le choix de vivre sans téléphone portable, sans frigo ou encore sans voiture. Elles préfèrent d’autres modes de communication (le téléphone fixe, les emails), de conservation (Marie Cochard partage son expérience et ses astuces dans son superbe livre Notre aventure sans frigo) et de transport (marche, vélo, transports en commun). Certain·e·s perçoivent ces choix comme un retour en arrière, un rejet des progrès et de la modernité mais ce n’est pas forcément le cas.  Les avancées scientifiques et technologiques n’ont parfois d’avancée que le nom – à y réfléchir vraiment, beaucoup d’entre elles nous encombrent, sont sources de tracas et de stress supplémentaires, alors qu’elles sont censées nous simplifier la vie. Lorsqu’on revient à des méthodes et à des outils d’antan par choix, c’est généralement parce que ces derniers nous sont suffisants et qu’ils répondent mieux à nos besoins et priorités tout simplement. Cela ne signifie pas pour autant que l’on rejette en bloc les progrès de notre époque : on fait simplement la part des choses en étant plus critiques et sélectif·ve·s.

De nombreuses personnes ont découvert le minimalisme grâce à Marie Kondo. Je ne connais aucun de ses ouvrages mais j’ai lu plusieurs articles au sujet de sa méthode et plusieurs d’entre eux critiquent le fait que Kondo nous invite à mettre tous nos objets superflus… à la poubelle* ! Bien évidemment, que l’on soit dans une démarche écologique ou pas, il me semble que toute personne avec un minimum de bon sens prendra le temps de donner ou de vendre les objets en bon état qu’elle ne souhaite pas garder. À condition de s’organiser et de prendre son temps, le tri (régulier) qu’implique un mode de vie minimaliste n’est pas forcément une source de gaspillage et de déchets. Bien au contraire, on peut tout à fait revaloriser nos possessions grâce au marché de l’occasion et à notre tour nous tourner vers des objets de seconde main pour tout nouveau besoin. Par ailleurs, lorsque le minimalisme s’inscrit dans une démarche écologique, on fait toujours très attention à la qualité et à la durabilité de nos futurs achats.

* EDIT 08/11 : En lisant un commentaire sur un autre blog, j’ai appris que le fonctionnement de Marie Kondo était influencé par des croyances propres au taoïsme et à la culture japonaise qui considèrent que les objets incarnent l’âme de leur propriétaire. Les personnes adhérant à ces croyances n’envisagent donc pas d’utiliser des objets de seconde main. J’espère que mon élève japonais saura m’en dire plus à ce sujet !

Certain·e·s s’imaginent qu’après leur grand tri, les minimalistes se contentent de ce qu’iels possèdent… pour le reste de leur vie ! À moins que nos occupations, notre lieu de vie, nos priorités, nos goûts ou encore notre santé n’évoluent plus du tout jusqu’à la fin de nos jours, il est peu probable que l’on puisse se satisfaire de nos possessions actuelles dans 10, 20 ou 30 ans. Entre les enfants qui grandissent, celles et ceux qui rejoignent ou au contraire qui quittent le foyer familial, les changements professionnels, l’évolution de nos passions, les déménagements, etc., nos besoins évoluent généralement au fil des années. Une approche minimaliste permet donc de réévaluer régulièrement nos besoins afin de nous débarrasser des objets devenus superflus et de faire une place à ceux qui nous semblent désormais essentiels.

De toute évidence, habiter dans une tiny house implique la possession d’un nombre limité d’objets et le désir de vivre en mode minimaliste. On peut cependant adhérer aux principes du minimalisme tout en souhaitant habiter dans un logement spacieux ! L’objectif du minimalisme n’est pas de réduire absolument tout mais de nous délester uniquement de ce qui ne contribue pas à notre bien-être et à notre confort personnels.  Alors que certain·e·s se sentent mieux dans un petit logement, d’autres préfèrent avoir de l’espace autour d’elles·eux. Encore une fois, le minimalisme n’est pas une question de chiffres ou de mesure mais de besoins et de ressentis fondamentalement personnels.

Les articles qui parlent de minimalisme sont souvent illustrés par des photos d’intérieur aux murs et au mobilier blancs. Il s’agit là d’une question de goût et non de minimalisme : la blancheur d’un intérieur, l’absence de fantaisies, de couleurs et/ou de décorations ne sont pas des critères propres au minimalisme. On peut tout à fait vivre en mode minimaliste dans un logement aux murs colorés et agrémentés de décorations qui contribuent à une atmosphère propice à notre bien-être.

Enfin, on peut tout à fait être minimaliste dans la plupart des domaines – avec, par exemple, une garde-robe qui rentre dans une valise, une petite étagère en guise de bibliothèque et aucun appareil électroménager dans sa cuisine – mais posséder plus d’objets que nécessaire dans d’autres domaines. Parfois, nos passions peuvent nous inciter à accumuler nombre de choses complètement superflues mais nous les gardons parce qu’elles nous apportent tout de même de la joie ! Personnellement, je suis passionnée de cuisine et je sais très bien que je n’ai pas besoin d’avoir chez moi une vingtaine de verrines (de tailles et formes diverses), presque autant de mini-cocottes (de tailles et couleurs variées) et deux fois plus de livres de cuisine (dont certains que j’ouvre à peine une fois par an)… Ces objets prennent de la place, je ne les utilise pas très souvent et je pourrais tout à fait m’en passer. Mais je les garde malgré tout parce que pour le moment ils ne m’encombrent pas et je suis heureuse de les utiliser à chaque fois que l’opportunité se présente.

Crédit photos : Pexels
Quels sont les idées reçues et préjugés sur le minimalisme que vous entendez le plus souvent ?
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