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Manger sain, éthique et écologique : mes priorités et compromis

Ce que l’on met dans notre assiette et dans notre corps a un impact que l’on sous-estime encore bien trop à mes yeux. La manière dont sont cultivés, emballés, transportés, transformés et cuisinés nos aliments affecte non seulement notre bien-être mais aussi celui de l’environnement, des animaux et des humain·e·s impliqué·e·s à différentes étapes de leur production.

Nos habitudes alimentaires sont la cause et le reflet de bien des maux : violation des droits des humain·e·s, maladies chroniques et mortelles pour les consommateur·rice·s comme pour les producteur·rice·s, pollution des sols, de l’air et de l’eau, destruction d’éco-systèmes, extinction d’espèces de la faune et de la flore, maltraitance d’animaux… Lorsque j’ai découvert, avec horreur, l’impact de mes choix alimentaires, j’ai petit à petit remis en question mes habitudes, je me suis informée sur les alternatives, j’ai bousculé mes repères et remis de l’ordre dans mes priorités. Ainsi, j’ai décidé d’arrêter de manger des animaux, de cuisiner avec des sous-produits d’animaux, de consommer des aliments transformés, et j’ai choisi de privilégier les aliments frais, bio, locaux et de saison, tout en évitant au maximum les emballages dont ceux en plastique en particulier.

Malheureusement, je trouve qu’il est difficile de combiner toutes ces priorités sans devoir faire des compromis, et ce pour diverses raisons. En fonction du lieu où l’on se trouve, des personnes qui nous entourent mais aussi de nos moyens, besoins et vulnérabilités personnels, il faut s’adapter et reléguer certains critères de consommation au second plan. Après avoir passé quelques années à chercher la formule idéale pour allier santé, éthique et écologie dans mon assiette, à me prendre la tête pour faire du mieux possible dans tous les domaines, j’ai le sentiment d’avoir enfin trouvé mon équilibre. Pour cela, j’ai identifié mes priorités personnelles et appris à faire des compromis sur certains points.

Voici un aperçu des différents aspects que je prends en compte dans mon alimentation, avec les compromis qu’il m’arrive de faire pour chacun d’entre eux. Je vous les présente ici plus ou moins par ordre de priorité puisque le but de cet article est de partager avec vous le raisonnement que j’applique quand la combinaison de tous les critères qui m’importent est impossible. Cela dit, certains de ces critères vont de paire et je leur accorde donc la même importance que ceux qui les précèdent.

À force de parler des repas comme étant des moments privilégiés de partages et d’échanges, propices à la perpétuation de traditions, je trouve qu’on en oublie bien souvent l’essentiel : la raison primordiale pour laquelle nous mangeons est de nourrir notre corps afin de lui apporter tous les nutriments dont il a besoin pour fonctionner et rester en bonne santé. Ma priorité est donc de manger des aliments qui me font du bien, autant sur le plan nutritionnel que digestif, gustatif et je dirais même spirituel. J’évite donc tous les aliments que je n’aime pas, que je digère mal, auxquels je fais des réactions allergiques ainsi que ceux qui ne me donnent pas bonne conscience. Pour certain·e·s, cela fait de moi une personne “difficile”. Personnellement, je considère qu’être l’écoute de mon corps et de savoir éviter ce qui ne me fait pas de bien est un atout plutôt qu’une tare. C’est d’après moi la base d’une bonne santé- physique ET morale !

Je ne fais pas vraiment de compromis sur ce point-là car quand quelque chose ne me fait pas envie, je ne me force jamais à le manger, sauf si le malaise procuré par l’idée de ne pas en manger et l’embarras dans lequel cela risque de me mettre est plus fort… cela dépend bien sûr des aliments, du contexte et de mon état d’esprit. Mais j’ai le sentiment que plus je chemine vers un mode de vie plus sain, éthique et écologique, plus je gagne confiance en moi et plus il m’est facile d’assumer mes choix jusqu’au bout.

L’alimentation végétale est celle qui me fait le plus de bien au corps comme à l’esprit : elle me permet de me régaler tout en ayant une alimentation saine, variée et équilibrée et ce sans contribuer au développement d’une industrie dont les méfaits sur les êtres humains, l’environnement, et les animaux ne sont plus à démontrer. L’alimentation carnée est sans aucun doute celle qui nuit le plus à notre bien être et à celui de la planète- me passer de produits d’animaux est donc, selon moi, le choix le plus bénéfique que je puisse faire sur le court comme sur le long terme. Pour en savoir plus au sujet de l’impact de la consommation d’animaux sur l’humanité, la santé, l’environnement et les animaux, je vous invite à découvrir les différents ouvrages que je vous ai présenté à ce sujet ici et .

Il y a un an, je vous expliquais comment j’en étais arrivée à ne plus manger d’animaux et pourquoi je ne consommais presque plus de produits laitiers. À ce moment-là, il m’arrivait encore de manger des produits laitiers et des oeufs lorsque je n’étais pas chez moi, par manque d’organisation ou d’audace, par timidité ou par gêne ou encore par peur de faire de la peine ou de compliquer la vie à qui que ce soit. En fait, peu de personnes dans mon entourage savaient qu’il était important pour moi de manger végétalien car je n’osais pas en parler. Même si cela a pris du temps, les choses ont beaucoup évolué et aujourd’hui ma famille, la plupart de mes amis proches et mes collègues savent que je mange végétalien donc je ne ressens plus le besoin de faire de compromis parmi eux·elles, ce qui est un véritable soulagement. Est-ce que j’en ferais de même dans d’autres contextes et situations ? Même si j’aime à penser que je ne ferai plus de compromis sur ce point,  je sais que j’ai encore un peu de chemin à parcourir avant de pouvoir affirmer certains de mes choix en toutes circonstances. Toutefois, je ne peux aujourd’hui plus me permettre de faire de compromis sur la consommation de produits laitiers, pour des raisons de santé, donc la question se posera seulement pour les oeufs et le miel.

J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille où le fait maison a toujours été la base de notre alimentation. De cette enfance passée à me régaler de plats frais et savoureux, sans additifs ni conservateurs, m’est resté le goût pour la cuisine maison et un certain dégoût pour tous les aliments transformés, en conserves ou sous-vide. Je m’organise donc de manière à pouvoir prendre le temps de préparer moi-même nos repas et nos en-cas. En plus d’être meilleur, nutritionnellement et gustativement parlant, le fait maison a l’avantage non négligeable d’être plus économique.

Néanmoins, tout n’est pas fait maison chez nous et ce pour des questions de goûts, de coûts et pratiques aussi. J’aime tellement le pain de notre boulanger du marché que cela ne me donne pas du tout envie de le faire moi-même ; je peux acheter du tofu 100% bio et local alors que si je le faisais moi-même, il faudrait que j’utilise des graines de soja exportées ; la sauce tomate bio du commerce revient beaucoup moins cher que si je la faisais moi-même… Il y a aussi des aliments que je ne fais pas toujours moi-même mais que je pourrais facilement faire maison si je m’organisais pour, comme le pesto ou le lait végétal par exemple. Cela viendra certainement quand j’aurai fini de relever d’autres défis en cuisine !

Des aliments exempts d’OGM, de résidus de pesticides ou d’engrais chimiques, cultivés dans le respect de la terre : les avantages écologiques et sanitaires de l’alimentation bio ne sont vraiment pas négligeables à mes yeux. J’ai déjà abordé la question en détail sur le blog en présentant les problèmes liés à l’agriculture conventionnelle et en partageant mes astuces pour manger bio sans dépenser plus. Mon mari et moi avons fait des choix de vie nous permettant de dépenser notre argent dans ce qui nous semble essentiel et une alimentation saine, végétalienne et biologique en fait partie. Certes, nous avons la chance de vivre en Allemagne où l’alimentation biologique est bien plus accessible qu’en France mais l’exemple d’Herveline prouve que même dans l’Hexagone il est possible de nourrir une famille de 4 personnes avec du 100% bio et un budget de 300 euros par mois. Je vous invite vivement à consulter son blog qui regorge d’astuces pour maîtriser son budget alimentaire.

À la maison, nous mangeons bio à 95% environ. Mon pain préféré n’est malheureusement pas certifié bio et il m’arrive de me laisser tenter sur le marché par des produits savoureux que je ne trouve pas au magasin bio. Lorsque nous allons au restaurant, notre priorité reste d’en trouver qui proposent un large choix d’option végé et même si le bio est généralement privilégié dans ce genre d’endroits, ce n’est pas toujours le cas. Pour moi qui cuisine beaucoup, ces sorties au restaurant sont de véritables pauses et aussi l’occasion de découvrir de nouveaux ingrédients et saveurs ; je ne souhaite donc pas y renoncer…

Il y a encore quelques années, j’aurais été bien incapable de dire à quelle saison se récoltent la plupart des fruits et légumes. Aujourd’hui, manger des poivrons, des aubergines ou des tomates en hiver me semble inconçevable ! Manger de saison, c’est non seulement pour moi la garantie de manger des produits frais, locaux, riches en vitamines et en minéraux mais aussi la garantie de manger ce dont mon corps a besoin au fil des mois. En outre, les fruits et légumes hors saison n’ont généralement aucun goût, ils ont une valeur nutritionnelle peu intéressante et un impact écologique non négligeable car ils sont cultivés sous serres chauffées ou bien sont importés de pays étrangers. J’ai donc appris à me familiariser avec le calendrier des fruits et légumes de saison et à faire preuve de créativité en cuisine pour diversifier nos repas, surtout en hiver ou les variétés disponibles sont plus limitées. Même au restaurant je trouve qu’il est de plus en plus facile de manger des produits locaux et de saison ; en tous cas, à Freiburg, la plupart des endroits où nous aimons manger proposent un menu de saisonnier.

Même si je n’achète jamais de fruits et légumes frais hors saison, je garde toujours dans mon congélateur des petits pois, des épinards et des fruits rouges… j’avoue que cela me rassure d’avoir quelques fruits et légumes dans mon congélateur juste “au cas où” ! Je les utilise rarement finalement donc je pourrai certainement très bien m’en passer… voilà un autre petit défi à ajouter à ma liste !

Manger local a de nombreux avantages, à condition de pouvoir trouver des aliments de qualité et biologiques de préférence pour moi. Comme j’en ai déjà parlé dans cet article, cela peut permettre d’être mieux informé·e·s sur les conditions de travail des producteur·rice·s, de réduire son empreinte carbone ainsi que ses déchets, de faire des économies et de consommer des aliments plus frais, savoureux et nutritifs dans le cas des fruits et légumes en particulier. Pour ces derniers, je trouve qu’il est très facile de consommer régional grâce aux marchés des producteur·rice·s autour de chez moi. Je me suis également lancée dans la culture d’un petit potager sur ma terrasse : on ne peut pas faire plus local ! Pour le reste, je privilégie les aliments cultivés et fabriqués dans ma région, en Allemagne et dans les pays frontaliers. Nous avons tou·te·s une conception différente du local et, à mon sens, le local ne se limite pas aux frontières Au vu de ma situation géographique, il est plus logique pour moi de consommer des aliments produits en France, en Suisse ou même en Belgique ou aux Pays Bas plutôt qu’au nord ou à l’est de l’Allemagne.

Plusieurs des céréales, lentilles, légumineuses, graines, oléagineux, huiles et condiments que je consomme viennent bien au delà de ma région ou des pays frontaliers. Il en est certains dont je pourrais certainement me passer mais que je ne suis pas prête à éliminer complètement de mon alimentation donc je continue d’en acheter tout en leur faisant une place restreinte dans mes menus, afin que les aliments locaux soient toujours privilégiés. Il en est d’autres – surtout ceux utilisés en pâtisserie (chocolat, produits sucrants, noix de coco etc.) – que je réserve aux occasions spéciales. Ensuite, il y a les avocats ; quand ils sont de saison et qu’ils viennent d’Espagne, j’en consomme régulièrement. J’ai bien essayé de me passer de bananes, que je consomme principalement en automne et en hiver, quand les seuls autres fruits que j’aime ne sont plus de saison. Je n’en ai pas du tout acheté l’automne dernier mais en milieu d’hiver, j’ai ressenti le besoin d’en manger à nouveau ; je limite cependant ma consommation à 3-4 bananes par semaine, une semaine sur deux. Sinon, mon gros point faible au quotidien, c’est le thé… si j’ai réussi à me passer du chai traditionnel au lait lorsque j’ai adopté une alimentation végétalienne, je n’ai pas réussi à me passer de thé tout court et malheureusement cette plante ne pousse pas dans nos contrées. Mon objectif sera d’essayer de me contenter d’infusions à base de plantes locales, pour l’éco-défi “Manger local et végétal” le mois prochain. Dans tous les cas, pour ces aliments qui viennent de loin, je choisis des marques labellisées Fair Trade quand cela est possible et étant donné leur coût, cela m’oblige naturellement à les consommer avec parcimonie !

Les emballages dans lesquels sont vendus nos aliments requièrent de l’énergie et l’usage de ressources naturelles ou polluantes pour être produits, recyclés, transportés, détruits, enfouis… et ce, quel que soit le matériau. Le plastique en particulier a un impact sanitaire et environnemental non négligeable donc je l’évite autant que possible. Grâce à l’usage de sacs et filets en tissus ainsi que de bocaux en verre, je peux facilement m’en passer lorsque je fais mes courses au marché. Le fait de privilégier le fait maison, pour les plats comme pour les encas et goûters me permet également de limiter les emballages.

Malheureusement, la plupart des aliments que je consomme et dont je ne saurais me passer (céréales, pseudo-céréales, oléagineux, graines, lentilles, légumineuses…) se vendent emballés ; en dehors du marché ou l’offre reste principalement limitée aux fruits et légumes, rien ne se vend en vrac à Freiburg et quand c’est le cas, il s’agit de produits exportés non bio ou bien de produits d’animaux. Je fais donc du mieux que je peux en évitant le superflu et en privilégiant les emballages les moins polluants. Certain·e·s d’entre vous seront peut-être surpris·e·s de trouver ce critère en dernier… mais je pars du principe que nous sommes ce que nous mangeons donc ce que j’ingère est plus important pour moi que l’emballage dans lequel je l’achète. De plus, même si l’impact des emballages alimentaires sur la planète n’est pas négligeable, celui des élevages et de l’agriculture conventionnelle est bien pire selon moi donc pour faire une réelle différence, je préfère commencer par privilégier ces critères-là.

Mais je ne désespère pas qu’un jour je puisse manger entièrement végétalien, bio, local et zéro déchet ! C’est l’idéal vers lequel je tends un peu plus chaque jour, à mon rythme et suivant le chemin qui me semble le plus cohérent, personnellement…

Quelles sont vos priorités pour une alimentation saine, éthique et écologique ? Et quels sont les compromis que vous faites ?
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