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Amaboomi : des vêtements en matières 100% recyclées

Créer une marque de vêtements 100% recyclés, du fil au tissu, en passant par les étiquettes? Amaboomi a relevé le défi en utilisant du coton, de la laine… et même du plastique recyclés!

Au départ, je dois avouer que j’étais très dubitative quant à l’intérêt écologique d’utiliser du plastique, même recyclé, pour fabriquer des vêtements. Vous le savez déjà, le plastique, c’est ma bête noire et je fais tout pour l’éviter au quotidien, que ce soit quand je fais les courses, dans ma cuisine ou ma salle de bains.

Perplexe (mais ouverte d’esprit!), j’ai décidé de chercher à en savoir plus sur Amaboomi et j’ai posé quelques questions à ses fondateurs, Olivia Claude et Xavier Lagorce. Il ne fait aucun doute: ils détestent le plastique autant que moi… mais grâce à leur initiative, ils luttent à la fois contre la pollution plastique et en même temps contre l’épuisement des ressources naturelles. Je vous laisse découvrir le pourquoi du comment à travers les réponses d’Olivia…

Qui se cache derrière Amaboomi?

Nous sommes un jeune couple d’entrepreneurs français, passionnés par la nature, les sports outdoor, les voyages et les défis ! Ayant toujours habité au bord de la mer et proche des montagnes, l’élément naturel a toujours été notre terrain de jeu et notre source d’inspiration.

Suite à notre rencontre, Xavier m’a rejoint en Inde du Sud où je travaillais déjà depuis quelques années dans le milieu textile. C’est là dans un petit village du Tamil Nadu que s’est écrit le projet Amaboomi. Amaboomi signifie « Notre Mère la Terre » en Tamoul : « Ammà » signifiant « Mère » et « Bùmi » signifiant « Terre ».

Nous sommes aujourd’hui basés à Bayonne, dans le Pays Basque, lotis entre l’Océan Atlantique et les Pyrénées, une région en accord avec nos goûts et nos valeurs.

Comment vous est venue l’idée de créer une ligne de vêtements en matières recyclées?

J’ai depuis toujours voulu créer ma propre marque de vêtements. Suite à plusieurs années d’expérience dans le coton en Inde, je ne voulais pas contribuer à cette production de masse, pour produire des vêtements qui finissent par inonder les étals des magasins.

En parallèle, on découvrit sur internet l’existence des « gyres plastiques » flottant dans les océans, véritable catastrophe écologique alors peu connue du grand public. Sans oublier que vivre aux côtés des Indiens, malgré tout l’amour que je leur porte, c’est aussi être témoin de certaines aberrations écologiques : on brûle les déchets, on les jette à la mer… Peu à peu, une véritable prise de conscience est née en nous, et le devoir d’apporter quelque chose de différents à l’industrie textile, avec des valeurs fortes, nous a semblé être une évidence.

C’est à ce moment là qu’est né le projet Amaboomi : créer des vêtements à partir de matériaux recyclés, sans jamais puiser dans les ressources de notre planète.

Pourquoi avoir choisi le plastique alors qu’il s’agit de l’une des matières les plus polluantes et toxiques qui soient?

Justement ! Le plastique est comme vous le dites une des matières les plus polluantes. Mais il est malheureusement encore trop peu recyclé dans le monde, alors qu’il inonde notre quotidien.

La France fait partie des plus mauvais élèves en terme de recyclage, nous sommes entre la 19ème et 21ème place (selon les sources) des pays européens. En 2012, on recyclait en France moins de 20% de notre plastique, le reste, soit environ 3,3 millions de tonnes, a été enfoui en décharge ou incinéré. Sans parler du plastique abandonné dans la nature et qui, tôt ou tard, finira dans nos océans ! Que se passe t-il-alors ? Qui s’en occupe ? Il est bien là le problème, oui le plastique est très polluant. Ces chiffres sont alarmants, et c’est pourtant bien la réalité. Si nous choisissons de nier ce problème, nous n’y trouverons donc jamais de solution. Ce plastique est pourtant bien là, et il faut bien en faire quelque chose… Bien évidemment, nous ne faisons pas l’éloge du plastique, bien au contraire.

Attention à ne pas faire d’amalgame, il existe plusieurs familles de plastiques.  Le plastique des bouteilles, qui constitue nos tissus, est appelé « polyéthylène téréphtalate » ou « PET ». Malgré sa dénomination, il n’a aucune similitude avec le polyéthylène, et ne contient aucun phtalate.

Nos tissus composés à 100% de bouteilles plastiques recyclées ont été testés par des laboratoires à renommée internationale. Ils ne contiennent aucun phthalate, ni aucune autre substance toxique (test REACH).

Votre collection est actuellement produite en Asie : pourquoi avoir fait ce choix-là

Cette région du monde, pionnière en nouvelles technologies, possède les compétences techniques nécessaires à la réalisation d’un fil textile provenant uniquement de bouteilles plastiques. Ce procédé existe également aux Etats-Unis, mais, pour des raisons évidentes de coût, il était plus intéressant de réaliser ces tissus en Asie pour rendre ainsi accessible aux plus nombreux d’entre nous la possibilité d’acheter un produit 100% recyclé. Nous ne vendrions pas notre sweat 100% recyclé à 62€ si le fil était réalisé aux Etats-Unis. En Europe, nous recyclons les bouteilles plastiques jusqu’à l’état de granulés plastiques ou jusqu’ à l’état de fibres grossières destinées à l’isolation dans la construction ou au rembourrage, mais pas de qualité suffisante pour concevoir des vêtements.

Pour mener à bien ce projet et faire évoluer les mœurs de consommation, passer par la case Asie a donc été une étape incontournable de notre histoire, au-delà du fait que nous y vivions déjà. Tous les jours, nous nous réjouissons de constater la grande surprise des personnes qui touchent nos tissus pour la première fois. Oui, nous pouvons faire beaucoup de choses en recyclant ce plastique. La prochaine étape ? Développer ces tissus en Europe, et même en France. Créer de nouvelles filières textiles et créer de l’emploi. Nous voyons ce projet sur du long-terme, ce n’est qu’un début et cherchons constamment à nous améliorer !

De manière générale, les vêtements recyclés sont-ils forcément plus écologiques que les vêtements faits à partir de matières naturelles organiques et végétales telles que le lin, le chanvre ou encore le coton?

Nous pensons qu’il n’y pas de comparaison possible. Ce sont deux « chemins »   différents mais ayant le même but : préserver nos ressources. C’est un peu comme comparer un produit local, mais non bio, et un produit bio, mais non local… Quel serait alors le plus écologique ?

D’un point de vue très personnel, nous vous dirions que recycler les déchets générés par l’homme, déchets générés en quantités astronomiques et si peu recyclés, est plus écologique que de continuer à puiser dans les ressources naturelles de notre planète, notamment quand la culture de ces ressources assèche des lacs, ou condamne des terres qui pourraient servir à l’agriculture (biologique), alors que la population mondiale ne cesse d’augmenter.

En outre, nos vêtements sont recyclés et recyclables: une fois usés (mais il va falloir attendre très très longtemps…), nous invitons nos clients à nous retourner leurs produits en échange d’un bon d’achat. Nous les envoyons ensuite à notre fournisseur qui est capable de les retransformer au stade de fibres, sans ajout de matière, pour être ensuite re-filées puis tissées. La partie imprimée, qui ne se recycle pas sera utilisée pour décorer un sac par exemple (upcycling). Ainsi, la boucle est bouclée !

Mais il est évident que les deux efforts sont louables, et nous saluons toutes initiatives écologiques en général, qu’il nous semble difficile de comparer.

Cela revient-il plus ou moins cher d’utiliser des matières recyclées plutôt que des matières neuves? Est-ce que ça a des répercussions sur le prix de vente des vêtements?

Oui, aujourd’hui dans l’industrie textile, il est plus cher d’utiliser des matières recyclées plutôt que des matières neuves, mais à terme la réponse sera non. Pourquoi ? Tout simplement car aujourd’hui, les textiles recyclés représentent un nouveau marché. Le traitement des matières implique des investissements très importants, qui se répercutent donc sur le coût de la fibre.

Si l’on doit comparer un fil 100% polyester avec un fil 100% bouteilles plastiques recyclées, il est certain que ce dernier coûte 3 à 4 fois plus cher. Mais nous avons préféré aligner nos prix à ceux du marché. Le prix d’un sweat Amaboomi avoisine celui d’un sweat en polyester vierge d’une grande marque renommée. En effet, nous avons en fait le choix de réduire considérablement nos marges pour populariser au maximum le produit 100% recyclé, et tenter les consommateurs à essayer quelque chose de nouveau avec un réel sens écologique derrière.

D’ailleurs, si l’on pousse la comparaison un peu plus loin, d’un point de vue écologique, il faut savoir que le procédé de fabrication du fil issu de bouteilles recyclées réduit de 66% la consommation d’énergie, de 50% celle de l’eau et de 34% l’émission de gaz à effet de serre, en comparaison à du fil de polyester vierge.

En quoi la marque Amaboomi se démarque-t-elle des autres boutiques de vêtements éthiques et/ou écologiques?

Nous avons un double métier : nous sommes à la fois fabricant et commerçant.

Nous sommes nous-mêmes à l’origine de nos tissus 100% bouteilles plastiques recyclés. Nous avons développé ces tissus durant près de deux ans pour arriver à atteindre la qualité que nous souhaitions, deux ans passés au chevet de nos fournisseurs.  Il en est de même pour nos accessoires (étiquettes, cordons, zippers..) qui sont également conçus à 100% à partir de bouteilles plastiques. Également, chez Amaboomi, notre engagement du recyclé est respecté de A à Z : tous nos produits sont à 100% recyclés, du fil à l’emballage, en passant par le carton d’envoi…

Ensuite, pour les les teintures de nos vêtements nous avons conduit absolument tous les tests chimiques nécessaires (labo Intertek) afin de s’assurer de la non nocivité de celles-ci et tous nos tissus ont été labellisés OekoTex100 après teinte. De plus, nous avons choisi notre fournisseur en partie sur un critère technique écologique qui nous a séduit : nous commençons par teindre les tissus clairs afin de recycler à 100% l’eau utilisée pour teindre ensuite une couleur plus foncée et ainsi de suite.  Après la dernière teinte, l’eau est traitée selon de strictes règlementations par une usine spécialisée, limitant ainsi au maximum l’impact sur l’environnement. Car nous sommes bel et bien conscients que les teintures représentent la pire menace du milieu textile sur l’environnement!

Quant à nos imprimés ils sont réalisés en encre plastisols (malheureusement l’unique procédé qui tient vraiment longtemps sur le PET), mais encore une fois, ces encres sont certifiées eco-friendly (origine allemande) et ont été strictement contrôlées à notre initiative par Intertek. Nos imprimés passent d’ailleurs le REACH (règlementation européenne très stricte) prouvant ainsi l’absence totale de substance nocive comme phtalate, métaux lourds comme cadmium et plomb etc.

Enfin, nous reversons 5% de notre chiffre d’affaires à des associations qui luttent activement pour la préservation de la planète. Nous sommes par exemple partenaires depuis 2013 des « Expéditions 7° Continent ». Ces navigateurs-explorateurs réalisent chaque année une expédition dans un des  cinq « gyres plastiques » qui flottent dans nos océans, avec pour but d’alerter et d’informer, et de ramener des données scientifiques afin d’étudier et proposer des solutions. Découvrez leurs aventures iciNous sommes aussi membres du programme « 1% pour la planète« .

Avez-vous de nouveaux projets pour 2015?

Nous sommes en permanence à la recherche de nouvelles matières pour  proposer de nouveaux produits 100% recyclés. Pour cet hiver, nous avons d’ailleurs sorti des articles en laine et coton recyclés qui sont fabriqués à la main au Portugal. Vous pouvez les trouver sur notre boutique en ligne.

Nous avons également de beaux projets en cours, mais il est encore un peu trop tôt pour en parler ! C’est pourquoi nous vous invitons à rester connecté et nous suivre de près… ☺

Retrouvez Amaboomi sur leur site, Facebook et Twitter.

Et vous, les vêtements recyclés vous en pensez quoi ?
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