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Objectif zéro déchet: de l’utopie à la réalité

Les 5 “R”

“Reduce, Reuse, Recycle” (“Réduire, Réutiliser et Recycler”) est LA devise écologique des pays anglophones où il semble qu’agir en éco-citoyen ne se résume qu’à ça… Aux deux extrémités de cette devise, Béa Johnson a elle ajouté “Refuse” (Refuser) ainsi que “Rot” (Composter). En effet, pourquoi perdre son temps à trouver des stratégies pour réduire, réutiliser et recycler des objets dont on peut tout simplement se passer? Et pourquoi se limiter au recyclage quand on peut transformer certaines matières organiques en engrais? En appliquant à la lettre sa propre devise basée sur les 5 “R”, Béa Johnson et sa famille ont fini par adopter un mode de vie leur permettant de ne produire presque aucun déchet. Ainsi, depuis plusieurs années, Béa, d’origine française, son mari Scott et leurs deux enfants Max et Léo, installés aux USA, génèrent à eux quatre moins d’un litre d’ordures par an!

D’un extrême à l’autre

Lorsqu’elle a débarqué aux Etats-Unis en tant que fille au pair, cette jeune avignonnaise n’imaginait pas qu’elle y rencontrerait son mari, s’y installerait et adopterait certains extrêmes de « l’hyperconsommation à l’américaine »: immense maison, grosse voiture et shopping à gogo. Le couple a vécu ainsi avec ses deux jeunes garçons jusqu’à ce que Béa ressente “un grand vide, un profond malaise et une immense insatisfaction” (Source). Les Johnson décident alors de quitter San Francisco pour vivre à Mill Valley, une petite ville de banlieue dans le Nord de la Californie. Mais en attendant de trouver la maison de leur rêve, ils louent un appartement, bien trop petit pour y loger tous leurs biens qu’ils décident de conserver au garde-meuble. Ils réalisent alors que rien de ce qu’ils ont stocké ne leur manque et que le fait de posséder moins leur permet de gagner du temps qu’ils passent en famille et à l’extérieur. Ils décident alors de se débarrasser de tout ce qu’ils considèrent superflu et emménagent dans une maison deux fois plus petite que la précédente. Ce premier pas vers le minimalisme va conduire Scott et Béa à s’informer davantage sur les bienfaits écologiques de ce mode de vie et de là naîtra l’idée d’une vie sans déchets.

Refuser avant tout

Ils leur faut donc changer entièrement leurs habitudes, à commencer par les courses. Cela n’est pas le plus difficile puisqu’ils peuvent s’approvisionner en produits frais et sans emballages au marché, et acheter le reste en vrac au supermarché ou dans des magasins spécialisés. Ils s’organisent également pour transporter leurs provisions dans des bocaux en verre ou des sacs en toile. Pour le mobilier et les vêtements, ils font des affaires dans les magasins d’occasion. Grâce à une organisation méticuleuse, à des choix plus sains et à une routine bien réglée, non seulement la famille a gagné en temps mais aussi en vitalité et en argent. Le plus laborieux est de contrôler ce qui arrive chez soi, contre son propre-gré: la pub dans la boîte aux lettres, ce que les enfants ramènent de l’école ou encore ce que la famille et les amis offrent à différentes occasions. Il faut donc apprendre à refuser le superflu et c’est là la clé d’une vie zéro déchet selon Béa.

Du blog au livre

Depuis le début de son expérience, Béa partage ses conseils et ses recettes sur son blog. Ainsi, l’attention qu’elle a attiré du public et des médias a fait d’elle le gourou du mode de vie “Zéro Déchet”. Évidemment, les critiques vont aussi bon train: certains lui reprochent de priver ses enfants des “joies” de la consommation, d’autres de ne pas en faire assez puisque la famille utilise du papier toilette, mange parfois de la viande et du poisson et prend l’avion pour partir en vacances. Béa reconnait que certains aspects de son mode de vie ne sont pas entièrement écologiques, mais jamais n’a-t-elle clamé qu’elle se prenait pour une écolo! Finalement, après plusieurs années passées à bloguer, Béa décide de publier un livre à travers lequel elle raconte son parcours pour réduire sa quantité de déchets tout en donnant des conseils pratiques et des exemples d’alternatives pour supprimer les poubelles dans chaque pièce de la maison. Bien que certains conseils se transforment parfois en leçon de morale ou de vie qui n’ont à mon goût pas leur place dans un livre qui s’intitule “Zéro déchet”, cela ne m’empêche pas d’admirer les efforts de Béa et de sa famille pour atteindre son objectif et d’apprécier l’utilité de ses idées ainsi que la pertinence de ses remarques.

“Moi aussi, je pourrais le faire!”- voilà la première réflexion qui m’est venue à l’esprit après avoir lu Zero Waste Home, la version américaine du livre. Que ce livre donne à ses lecteurs le sentiment de pouvoir et l’envie de changer est pour moi signe que l’auteur a réussi à faire passer son message! Affaire à suivre…

Béa Johnson vous a-t-elle aussi poussé à réfléchir à votre production de déchets ?
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