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3 romans au cœur de la nature #1 – Sahara, Alaska et Colombie Britannique

J’inaugure aujourd’hui une toute nouvelle série d’articles, axée autour de la découverte de romans dans lesquels la nature, sous diverses formes, joue un rôle important. Ces romans sont, je trouve, une belle manière de se déconnecter du quotidien, de s’évader dans des milieux différents et de réfléchir au lien qui nous unit à notre propre environnement. Étant donné que c’est la première fois que je publie ce genre d’article, je serai particulièrement reconnaissante d’avoir vos retours, pour savoir si cela vaut le coup de vous présenter ce style de romans de manière régulière.

Étant davantage habituée à vous présenter des essais ou des guides, je ne savais pas trop comment vous parler de romans alors je me suis inspirée des articles de ce genre que j’ai pu lire ailleurs et j’ai choisi d’inclure le résumé imprimé sur la quatrième de couverture de chaque livre, suivi de mon humble avis. Il ne s’agit absolument pas de critiques littéraires, ni d’un avis très détaillé, mais simplement des raisons pour lesquelles j’ai été attirée par ces romans et des aspects qui m’ont le plus plu dans chacun d’entre eux. Je ne m’attarde pas non plus sur la description des contextes naturels dans lesquels se déroulent chaque histoire, car cela m’aurait semblé superficiel et incomplet, tant ces lieux, leurs personnages et leur vie leur sont liés.

J’espère en tout cas que ce nouveau type d’article vous plaira et si c’est le cas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire !


Désert, de J.M.G Le Clézio

Résumé  : “La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l’exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n’éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.”

Mon avis : j’ai acheté ce livre il y a quelques années, mais ce n’est qu’au bout de ma 3e tentative de lecture, cet hiver, que j’ai enfin réussi à me plonger véritablement dedans et à l’apprécier pleinement, du premier au dernier mot. Je savais que ce livre me plairait mais j’ai de manière générale beaucoup de difficulté à me concentrer sur les récits longs, lents et riches en descriptions, aussi belles soient ces dernières. Il faut pour cela que j’aie l’esprit vraiment libéré et que j’aie du temps devant moi afin de pouvoir savourer les mots autant que le rythme de l’histoire et cet hiver, qui fut propice au ralentissement, j’ai enfin trouvé le bon moment.  

J’ai immédiatement été absorbée par l’atmosphère du désert saharien dans lequel nous entraîne Le Clézio, et j’ai suivi, à la fois intriguée et fascinée, le périple des hommes bleus à travers les dunes et sous le soleil brûlant. Bien que lointaine, leur histoire racontée en parallèle de celle de Lalla, nous montre le lien puissant qui unit chaque génération et qui les enchaînent, pour le meilleur et pour le pire, à la puissance du désert. On ne comprend pas tout de suite la relation entre les deux histoires et cette part de mystère rend le récit particulièrement intéressant.

J’ai trouvé le personnage de Lalla très attachant et j’ai aimé la douceur avec laquelle Le Clézio nous raconte sa vie pourtant très pénible parfois. Même en la suivant au cœur de Marseille, on a le sentiment qu’elle est portée par le rythme et protégée par la puissance de son désert natal. On pourrait la croire naïve et vulnérable, et pourtant, sa grâce, son humanité et sa foi – en elle, en l’amour, en la vie – sont de véritables boucliers qui lui permettent de surmonter les obstacles avec une facilité presque déconcertante.

J’ai vraiment apprécié le fait que l’histoire de Lalla et de ses ancêtres ne soit pas dramatisée, qu’elle soit décrite de manière à laisser les lecteur·rices développer leurs propres émotions. Enfin, c’est une histoire merveilleusement bien écrite. Ce sont 400 et quelques pages riches en descriptions qui ont éveillé tous mes sens, qui m’ont donné le sentiment d’être aux côtés des hommes bleus et de Lalla tout au long du récit et qui m’ont permis de ressentir, avec émotion, la chaleur et la soif du désert, l’amour et les peines des personnages, la beauté et la dureté de leurs vies.

Into the wild, de Jon Krakauer

Résumé : Toujours plus loin. Toujours plus seul. Inspiré par ses lectures de Tolstoï et de Thoreau, Christopher McCandless a tout sacrifié à son idéal de pureté et de nature. Après deux années d’errance sur les routes du Sud et de l’Ouest américain, il rencontre son destin (à vingt-quatre ans) au coeur des forêts de l’Alaska. Un parcours telle une étoile filante dans la nuit froide du Grand Nord.”

Mon avis : j’ai lu le livre après avoir vu et adoré le film éponyme, il y a quelques années et j’ai souhaité le relire dernièrement afin de me rafraîchir la mémoire et de vous le présenter dans cette sélection. Dans ce roman biographique, l’auteur, fasciné et intrigué par l’histoire de McCandless, met bout à bout des témoignages de personnes qui ont rencontré le jeune homme tout au long de son parcours jusqu’à l’Alaska, des cartes postales qu’il leur a envoyées par la suite, des passages qu’il a soulignés dans certains livres, des extraits de son journal, des mots qu’il a gravés ici et là, des descriptions de photos prises par McCandless ainsi que des souvenirs de ses proches afin de comprendre d’où venait son besoin de se détacher du matériel et de sa famille et son désir de s’aventurer seul dans les tréfonds de l’Alaska.

À travers ce récit aux multiples facettes, on découvre un jeune américain qui a marqué le cœur et l’esprit de nombreuses personnes sur son chemin, de par son intelligence, son côté travailleur, sa détermination mais aussi de par son inconscience du danger et son choix de ne plus donner signe de vie à sa famille aimante. Bien que l’on découvre dès les premières pages comment s’est terminé son voyage, l’on a tout de suite envie de comprendre comment et pourquoi McCandless en est arrivé là. Au fil des pages, l’auteur retrace son parcours d’un point de vue géographique, humain et personnel et nous aide à comprendre ce qui animait ce jeune homme fraîchement diplômé, ce qui l’avait motivé à tirer un trait sur son passé et à vivre isolé des humain·e·s dans les forêts alaskiennes.

L’auteur fait également le parallèle entre l’histoire de McCandless et celles d’autres hommes ayant comme lui décidé de s’aventurer seuls dans des milieux dominés par la faune et la flore sauvages. Même si les descriptions des différents lieux par lesquels est passé McCandless sont brèves et peu fréquentes, son histoire est une remise en question perpétuelle du lien qui nous unit à la nature, ou plutôt, du lien manquant entre nous et elle, entre humain·e·s, entre nous et l’essentiel. J’ai été très happée par ce récit – je trouve toujours plus facile de me plonger dans des histoires vraies – et je trouve que Krakauer a fait un travail de recherche remarquable pour retracer le chemin à la fois géographique et intérieur de ce jeune homme en quête de simplicité et de pureté.

Les étoiles s’éteignent à l’aube, de Richard Wagamese

Titre original : Medicine Walk

Résumé : Franklin Starlight a tout juste seize ans lorsqu’Eldon, son père ravagé par l’alcool, le convoque à son chevet et lui demande de l’emmener au cœur de la montagne, là où, traditionnellement, on enterre les guerriers. Au cours de leur voyage, le fils affronte un jeune grizzly, ramène poisson ou gibier et construit des abris contre la pluie, tandis qu’Eldon lui raconte comment il a rencontré l’amour de sa vie, pourquoi il a sombré dans l’alcool et d’où vient leur patronyme qui évoque les temps indiens immémoriaux. Pendant ce périple, père et fils répondent, chacun à sa manière, à leur besoin d’apaisement identitaire. Ce roman au style brut et aux dialogues taiseux est un aller simple pour les terres sauvages du centre du Canada.”

Mon avis : j’ai entendu parler de Wagamese pour la première fois il y a un an et étant très intéressée par les peuples autochtones et par les aborigènes du Canada en particulier, j’ai tout de suite été attirée par l’œuvre de cet auteur Ojibwe (peuple indigène d’Amérique du Nord) basé en Colombie-Britannique. Après avoir lu le résumé de ses différents romans, j’ai souhaité commencer par découvrir Les étoiles s’éteignent à l’aube, principalement motivée par le désir de m’évader en Colombie-Britannique, région canadienne où j’ai vécu 5 ans et à laquelle je suis extrêmement attachée ainsi que par mon intérêt pour le thème de l’identité de manière générale.

Au fil des pages on découvre des personnages à la fois blessés, fragilisés et endurcis par leur passé. Dès le début, les tensions entre Franklin et son père qui l’a abandonné sont palpables. Puis, au fur et à mesure que la santé d’Eldon se détériore et que ce dernier raconte sa vie à son fils, on sent la compassion et la bienveillance se frayer un chemin entre eux. Alors qu’Eldon préserve ses dernières forces pour révéler à son fils l’origine de son histoire et les causes de son abandon, Franklin, lui, déploie toutes ses forces physiques et ses connaissances de la nature pour conduire son père qu’il méprisait jusque-là, à dos de cheval, à travers montagnes et forêts, jusqu’au lieu où il souhaite être enterré. Tous deux sont sans cesse tiraillés par la douleur du passé et le désir d’avancer afin d’arriver au bout de ce voyage avant tout intérieur.

Cette histoire est aussi belle que bouleversante et m’a beaucoup émue. J’ai très vite accroché au style de l’auteur dont les phrases brèves et lourdes de sens reflètent à la fois la dureté de la vie et de la relation des personnages ainsi que la beauté et la force de la nature qui les entoure. Par ailleurs, les personnages sont si attachants et l’histoire si prenante que j’ai eu beaucoup de mal à refermer ce livre avant de l’avoir terminé… L’auteur a su, à mon sens, trouver le juste équilibre pour maintenir un certain suspens autour du passé d’Eldon, tout en nous révélant suffisamment de détails au fil des pages afin de nous donner le sentiment de nous rapprocher, malgré tous les obstacles, de la vérité.

Si ces livres vous intéressent, pourquoi ne pas suggérer à votre bibliothèque de quartier de les ajouter à sa collection ? Si vous souhaitez les acheter, je vous invite à les réserver auprès de la librairie la plus proche de chez vous et si vous n’avez vraiment d’autre choix que de passer par internet, vous pouvez les commander via le site de la librairie française Decitre (lien affilié*). Pour en savoir plus sur les liens affiliés, rendez-vous sur cette page.
Avez-vous déjà lu un ou plusieurs de ces romans ? Quel est le dernier roman dont l’intrigue se déroule au cœur de la nature que vous avez lu et aimé ?
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