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À la découverte d’un poulailler pédagogique avec Elise

En me penchant sur la question de l’exploitation animale, j’ai réalisé combien nous dépendions des animaux dans d’innombrables sphères du quotidien : pour nous alimenter, nous habiller, nous divertir, nous tenir compagnie, nous aider à remplir diverses tâches…

De toute évidence, certaines raisons me semblent aussi inacceptables que les conditions dans lesquelles la majorité des animaux que nous exploitons sont élevés et tués. J’essaie malgré tout de garder un esprit ouvert et d’en savoir plus sur les différents contextes où les animaux utilisés par l’Homme sont traités avec autant de respect que possible.

Alors quand j’ai appris qu’Élise, qui avait partagé son avis au sujet de la garde-robe végane, participait à la mise en place de poulaillers dans le cadre de son rôle d’éducatrice dans une ferme pédagogique, il m’a semblé intéressant de lui poser quelques questions !

Qu’est-ce qui a motivé la Ferme pédagogique où tu travailles à vouloir installer des poulaillers dans les écoles ?

Dans un premier temps, ce projet vise à la réduction des déchets alimentaires au sein des écoles. Cela va de pair avec des accompagnements  au compostage ou lombricompostage. Cet axe permet aussi de sensibiliser les plus jeunes aux gaspillages,  de se rendre compte des déchets produits, de LEURS déchets ! En effet, les poules seront nourries avec les déchets de cantine par les enfants. Ces poulaillers pédagogiques permettent aussi de parler de la biologie de cet animal, de la découverte du vivant qui fait partie des programmes scolaires.

​​Quelles sont les précautions à prendre pour mettre en place un poulailler chez soi ou dans une école et pour s’assurer du bien-être des poules ? Est-il préférable, pour les poules, d’avoir un coq parmi elles ?

Le poulailler fourni aux écoles est tout équipé, avec abreuvoir, mangeoires, pondoirs, perchoir, parc mobile de type filets etc… Alors bien sûr il faut déjà que l’école possède un coin de verdure pour installer ce poulailler.

Si l’on veut accueillir des poules chez soi, on peut se pencher sur les préconisations pour les élevages bio, soit :

Enfin tout cela c’est des chiffres normalisés pour le cahier des charges. Souvent lorsqu’on accueille soit chez soi quelques poules on voit large et c’est tant mieux !

On peut retenir qu’il faut un lieu pour se percher, la poule a cet instinct : elle dort en hauteur, et un endroit propre avec de la paille pour pondre. On peut également mettre un bac avec des cendres afin qu’elle puisse s’y rouler afin  de se protéger des parasites (et hop on réutilise la cendre de la cheminée). On peut la nourrir aux grains de maïs et on peut surtout lui donner nos épluchures et restes alimentaires.

Je ne sais pas si vraiment il y a une différence de bien être pour les poules à être avec ou sans coq ; à la ferme nous avons des coqs, mais autour de moi les poules vivant sans coq ne semblent pas mal s’en porter. Sans coq, ça a l’avantage de ne pas engendrer de conflit de voisinage ; il est de plus en plus fréquent d’avoir des poules en ville. Mais également de ne pas culpabiliser à l’idée de manger un œuf fécondé. Si l’on opte pour la présence d’un coq, il faut alors avoir plusieurs poules, je conseillerais une dizaine, sinon le coq plumera les poules à force de leur monter dessus.

On peut aussi vermifuger les poules et faire attention à la galle qui peut s’installer sur leurs pattes. Certaines poules sont plus sensibles aux poux rouges.

​D’où viennent vos poules et combien de temps peuvent-elles vivre dans ces conditions ? Que faites-vous quand l’une d’entre elles ne remplit plus ses tâches ?

Nos poules sont achetés au « marché aux bestiaux » (qu’est-ce que je n’aime pas ce terme) dans l’Oise, j’avoue ne pas en savoir plus notamment sur les conditions d’élevage. Si j’ai l’occasion d’y aller, je me renseignerai auprès des éleveurs.

Si l’on veut acquérir une poule ou un autre animal, je pense qu’il vaut mieux miser sur la proximité afin de pouvoir connaître au mieux les conditions dans lesquelles évolue l’animal.

Les poules qui vont dans les écoles sont au nombre de deux par poulailler, elles interviennent pour une période entre deux vacances scolaires et après reviennent à la ferme. Ce ne sont pas forcément elles qui repartiront après les vacances dans une autre école. On y emmène des poules qui s’approchent facilement des enfants. Il est vrai qu’après un changement d’environnement les poules peuvent mettre un petit temps avant de se remettre à pondre.

Elles vont dans les écoles pas tant pour leurs œufs qu’elles pourraient pondre mais plutôt pour réduire les déchets alimentaires. Je suis consciente que ce coté animal-outil peut être dérangeant. Mais du coup, c’est sûr qu’elles rempliront toujours cette « fonction ». À la ferme, on n’est pas derrière les poules à traquer laquelle est vieille, laquelle ne pond plus, elles restent et profitent du gite et du couvert.

Lorsqu’un animal meurt, nous avons une convention avec un équarrisseur qui vient chercher le cadavre qui est ensuite incinéré, il faut bien avouer que pour une poule nous ne le faisons pas déplacer, elle subit le même sort en partant avec les ordures ménagères.

​Je me demande si, tant que les poules seront exploitées, dans quelque contexte que ce soit, des poussins mâles ne continueront pas d’être tués… Penses-tu que l’on puisse éviter cela avec des poulaillers ?

Et non, malheureusement on ne peut pas l’éviter, si on veut faire naître des poules, on fera forcement naître des coqs. Par contre, que les poussins mâles puissent être jetés vivants dans des poubelles, cela me révolte, c’est de la torture. Dans certains élevages les poussins mâles sont congelés et vendus pour l’alimentation des animaux carnivores.

La question de l’exploitation est propre à chacun, est ce qu’on exploite les poules lorsqu’on en a 4/5 dans son jardin de 300m² ? Alors certes la plupart du temps, l’objectif numéro un est d’avoir des œufs frais, mais est ce que la poule en est malheureuse ?  Je ne sais pas, je pense qu’on peut quand même avoir une chouette vie lorsqu’on est une gallinacé chez les particuliers. Attention tout de même à ne pas faire d’anthropomorphisme.

On ne peut pas éviter que les mâles continuent d’être tués, et bien sûr que des milliers de poules vivent dans des conditions sur lesquelles il y  a plus qu’à redire. Si plus de français adoptaient quelques poules, c’est autant de volatiles qui ne seraient pas dans les élevages pour répondre à la demande en oeufs.

​D’un point de vue éthique, que penses-tu du fait de consommer des œufs de poules ?

J’ai parlé plus haut du fait d’avoir des œufs fécondés ou non, en fonction de la présence d’un coq. Je pense que souvent les gens ont l’image de l’œuf = le poussin. Lors des animations pédagogiques, quand j’explique la constitution de l’œuf, il revient souvent (et pas que des enfants) que le jaune est le poussin, alors que non l’embryon est un cercle germinatif présent juste sur le jaune. Le jaune et le blanc étant les réserves pour le développement du poussin. Bref, la poule aussi peut manger son œuf. Si cela arrive c’est que la poule cherche à combler une carence. Je ne suis pas végétalienne alors je ne sais pas si pour un végétalien, l’oeuf est banni de son alimentation pour le coté reproduction ou plutôt par rapport aux conditions d’élevage. Je connais une famille végé, qui conçoit de consommer des oeufs de leurs poules. En fait, pour moi cette famille est vraiment un chouette modèle dans leur manière de vivre alternative.

Une poule, même sans la présence d’un coq, pond, alors de mon point de vue, autant que cet œuf soit consommé. Certains disent que si l’on retire l’œuf à la poule cela stimule la ponte, je ne sais pas trop quoi en penser et je ne connais pas d’études à ce sujet. Je trouve tout de même, cela contradictoire avec le fait que l’on vende de faux-œufs pour cette même raison. Il existe des oeufs en céramiques que l’on peut placer dans les pondoirs pour éviter le picorage entre poules, mais aussi les “anciens” avaient coutume de laisser un oeuf dans les pondoirs soit disant pour stimuler la ponte.

Mais comme je le dis souvent quand j’interviens dans un sujet qui touche au sujet de l’alimentation : c’est mon poids de vue en tant que non végéta*ienne, mais je reste ouverte à la discussion et je m’intéresse de plus en plus aux recettes végés.

Je tiens à remercier Natasha qui m’a sollicité en découvrant mon métier. J’avoue que les articles et discussions de la première semaine m’ont beaucoup remuée et fait réfléchir à la place de l’animal dans ma vie dans notre société.  Ici on parle des poules, mais plus largement je travaille dans une ferme et donc nous utilisons les animaux pour leur fonction que cela soit des œufs, de la laine, du lait, leur intéret pédagogique ou même l’entretien de terrains enherbés. Ma réflexion autour de l’élevage est assez complexe, car l’homme a domestiqué les animaux depuis des milliers d’années et ainsi créé des races différentes. Ces races, ces élevages ont participé à sculpter les paysages tels que nous les connaissons. Nos paysages font la richesse de notre pays, les différents milieux qui en résultent hébergent une biodiversité immense. Alors sans l’élevage que deviennent ses milieux s’ils ne sont plus pâturés ? Ils se referment, la forêt peu à peu gagne l’espace. La biodiversité est partout, il faut la préserver. De mon point de vue, ce n’est pas l’élevage et l’utilisation des animaux qu’il faut dénoncer, mais plutôt les conditions d’élevage lié à la surconsommation.

Si la question de la consommation de viande de poulet et d’oeufs vous intéresse, je vous donne rendez-vous le mois prochain sur le blog : la question sera abordée dans le cadre de l’éco-défi « Vers une cuisine éco-éthique et minimaliste » pour lequel vous pouvez déjà vous inscrire par ici.

Avez-vous un poulailler chez vous ? Que pensez-vous de ce genre de poulailler pédagogique ?
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