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S’épiler… ou pas ?

Pendant longtemps, je me suis sentie très différente. Physiquement. Les élèves à la peau matte dans mon école primaire et au collège se comptaient sur les doigts d’une main et je pense même avoir été la seule par moments. On m’a souvent demandé, d’où je venais et si je retournais souvent en Inde… alors que je n’y avais jamais mis les pieds!

Cette différence n’a fait que s’accentuer à la puberté, lorsque mes premiers poils ont fait leur apparition. Bien épais. Bien noirs. Comme mes cheveux qui faisaient l’admiration de tout le monde… Sauf que mes poils n’avaient eux nulle envie de se faire remarquer !

Ma première épilation

Un jour, j’ai découvert les bandes dépilatoires de cire froide de ma maman et j’ai profité de son absence pour lire attentivement les instructions et pour m’attaquer aux poils… de mes bras! Je me souviens encore précisément de ce jour-là… est-ce à cause de la douleur? Est-ce à cause de ma ridicule maladresse? Est-ce parce qu’il s’agissait-là de ma 1ère bataille contre mes poils?

En tous cas, je me souviens bien des veines bleues qui ressortaient sur ma peau rougie et même tachetée de sang par endroits après plusieurs essais… ratés ! Et la tête de ma maman à son retour… visiblement interloquée et ennuyée: qu’est-ce qui m’avait pris là ? Et les bras en plus ?! Mais voyons, on ne s’épile pas les bras ! Oui mais ce sont ceux qu’on voit le plus, que je vois le plus et qui me rappellent sans cesse que je suis une fille poilue, tellement plus poilue que mes amies à la peau blanche et aux poils si discrets voire inexistants à mes yeux…

Chez l’esthéticienne

À partir de ce jour-là j’ai rejoint la liste des clientes de l’esthéticienne de ma maman et j’ai laissé les poils de mes bras tranquilles, contrairement à ceux des jambes et des aisselles. Quand j’ai quitté ma ville natale, il était hors de question pour moi d’aller chez une autre esthéticienne. J’avais beau être habituée à laisser l’esthéticienne qui me connaissait depuis des années me « dépoiler », cela restait un moment de vulnérabilité où j’avais le sentiment d’exposer les horreurs de mon corps.  Non seulement je n’étais pas prête à les montrer à n’importe qui mais en plus je n’avais pas confiance en qui que ce soit d’autre pour rendre ce moment douloureux aussi « agréable » que possible.

Mes méthodes dépilatoires maison

Je me suis donc résolue à m’épiler moi-même principalement avec de la crème dépilatoire, des bandes de cire froide (j’ai amélioré ma technique !) , un rasoir (plus rarement) ou un épilateur électrique en fonction des zones et des périodes. Je profitais bien évidemment de chaque retour dans ma famille pour passer chez l’esthéticienne et lors de l’un ce ces séjours j’ai aussi décidé de me faire épiler les sourcils, pour qu’ils soient plus fins et uniformes, le maillot ainsi que la lèvre supérieure. Il m’a donc fallu améliorer mes techniques d’épilation maison! Plus tard, j’ai croisé le chemin d’un jeune homme qui n’aimait pas mes bras poilus, alors je me suis résolue à les épiler à nouveau… heureusement, ça n’a pas duré longtemps!

Les méthodes dépilatoires alternatives

Puis  arriva le jour où je décidai de réduire mes déchets dans la salle de bains et où il a fallu que je me rende à l’évidence: mes habitudes dépilatoires étaient source de déchets et de pollution. J’ai donc cherché à en savoir plus sur les alternatives.

Les méthodes d’épilation dites plus écologiques et durables sont nombreuses mais ne sont pas idéales non plus: l’épilation au laser, l’épilation à la lumière pulsée, l’épilation électrique à l’aiguille, la lampe flash, l’épilateur électrique, la tondeuse électrique, le rasoir à lames métalliques interchangeables, la cire chaude au sucre, la pince à épiler, l’épilation au fil… Ces méthodes sont certainement plus écologiques que les bandes de cire, la crème dépilatoire, le rasoir jetable… Mais toutes nécessitent l’usage d’appareils, de matériel ou de produits qui usent de l’énergie et/ou génèrent des déchets difficiles à recycler.

Les méthodes dépilatoires les plus écologiques

Les 3 dernières options sont peut-être les plus écologiques et les plus économiques, mais elles ne sont pas forcément parfaites ni pratiques non plus… Le sucre a l’avantage de pouvoir être composté mais il vient souvent de loin et n’est pas sans impact écologique. La pince à épiler, en théorie, c’est solide donc elle peut nous servir toute une vie… mais il doit falloir une sacrée patience et beaucoup de volonté pour s’épiler entièrement avec ! Enfin, l’épilation au fil demande également de la patience et beaucoup d’adresse. Et puis même si le fil en coton c’est biodégradable, on sait que la culture du coton est très gourmande en eau… Quoi qu’il en soit, personnellement, aucune de ces 3 options ne me semblaient suffisamment pratiques ou en tous cas, je n’avais pas (et je n’ai toujours pas) suffisamment de motivation pour m’habituer à ces méthodes.

Mes remises en question

N’étant pas prête à renoncer à m’épiler pour autant, comme je l’ai fait pour le maquillage, j’ai pris un grand pas de recul et je me suis demandée pourquoi…

J’ai d’abord cherché à savoir pourquoi l’être humain avait des poils et j’ai réalisé que les poils, comme tout autre élément de notre corps ont des fonctions physiologiques très importantes. Tout d’abord, ils permettent le maintien du film hydrolipidique de la peau et la régulation de la transpiration. Par endroits, ils permettent également de retenir les odeurs et de nous protéger de certaines agressions extérieures (poussières, insectes, bactéries). Tel un système d’alarme, ils nous préviennent également de certaines sensations comme le froid ou les brûlures et peuvent décupler le côté plaisant des sensations plus agréables, comme les caresses par exemple !

Bref, j’ai réalisé que mes poils ne me voulaient aucun mal, bien au contraire! Néanmoins, malgré toutes ces réalisations, l’idée de ne plus m’épiler me dérangeait. Pourtant, dans certaines cultures et sociétés, la pilosité féminine n’est pas un tabou et j’ai personnellement rencontré deux jeunes filles de pays africains différents qui m’ont expliqué que leurs poils étaient synonymes de beauté dans leur société. Si seulement c’était le cas dans la mienne… et dans ma tête surtout!

Car pour moi, l’épilation n’a jamais été un plaisir, c’est une véritable contrainte, une perte de temps et d’argent ainsi qu’une source de dépenses, de déchets et de pollution et de douleurs dont je me passerais bien

Ce qui a changé

En un an, j’ai tout de même réussi à amorcer certains changements en réduisant ma fréquence d’épilation et en cessant d’épiler certaines parties de mon corps. Mais pour le reste, je ressens encore un certain malaise à l’idée de laisser mes poils pousser librement. Pourquoi? À cause du regard des autres principalement… et du mien aussi. Parce qu’à chaque fois que je vois mes poils, j’entends les réflexions qu’on a pu me faire, je vois le regard que d’autres ont pu poser sur eux… alors je préfère ne plus les voir, pour ne plus penser à tout cela. Pourtant, dans le fond, je n’ai rien contre mes poils et je sais qu’ils sont là pour plusieurs bonnes raisons.

Malgré tout, alors que je fais de nombreux efforts dans tous les domaines de mon quotidien pour réduire mon empreinte écologique, côté poils, ce n’est pas gagné ! J’ai néanmoins abandonné les bandes de cire dépilatoires pour privilégier l’usage de mon épilateur électrique puisque j’en ai un (le même depuis une dizaine d’années). Une fois que toutes les lames de mon rasoir seront usées, j’utiliserai la tondeuse de Mister Vert. Et je continuerai d’aller chez l’esthéticienne… c’est un luxe, mais le mode de vie minimaliste que j’ai adopté ces dernières années me permet de faire beaucoup d’économies alors je préfère, autant que possible, que quelqu’un d’autre m’arrache les poils plutôt que de m’infliger cette douleur à moi-même…

En attendant le jour où je ferai peut-être la paix avec mes poils…

Je vous propose à présent de découvrir le témoignage de 4 lectrices sur la question…

Justine

L’épilation est une question « d’image » on accepte ou on n’accepte pas de correspondre à l’image de la femme aujourd’hui (imberbe). Pour ma part je suis brune avec des origines du bassin méditerranéen, je fais donc partie des femmes dont la pilosité dérange. 

J’entends depuis petite des « tu as des poils sur les bras c’est immonde » parce que j’ai un duvet brun comme certains hommes. Afin de limiter ces réflexions et me débarrasser d’une petite partie de cet impératif : j’ai fait l’épilation laser sur les jambes parce que je me sentais mal vis a vis de cette pilosité « sale ». 

À l’époque j’étais dans l’idée de tout éradiquer, mais aujourd’hui je préfère réapprendre a vivre avec une partie de ma pilosité, notamment la pilosité intime qui a un rôle réellement bénéfique! Il faut savoir que l’épilation intégrale ou presque fragilise les muqueuses ce qui induit des mycoses, infections et donc une prise de médicaments ou associés. 

Aujourd’hui j’en ai eu marre de me faire du mal (brûlures, irritations) j’ai donc décidé de ne m’épiler que lorsque j’en ressentais le besoin personnel (et non plus pour les autres ni même pour celui qui partage ma vie). J’utilise la tondeuse une fois par semaine pour les aisselles et beaucoup moins pour les jambes. J’utilise aussi une tondeuse électrique que j’avais déjà, mais il existe de vieilles tondeuses à main!

Irène

Cela fait un an ou deux que je réfléchis au rapport que j’entretiens avec l’épilation, pour différentes raisons. J’ai lu plusieurs témoignages de femmes qui ne s’épilaient plus ou presque, avant tout parce qu’elles revendiquent leur liberté de choix par rapport à ça, et la volonté de ne plus se faire mal en s’épilant très régulièrement. Pin-up bio nous parle ainsi de son expérience sur son site internet et recommande d’utiliser une tondeuse, une option un peu plus bienveillante pour son corps. De mon côté, j’étais aussi gênée par les bandes jetables et autres déchets, et l’épilateur électrique était à la fois long à utiliser, assez douloureux, et pas si efficace sur le long terme (et puis, si on peut se passer d’un appareil électrique de plus, c’est bon à prendre !). 

J’ai donc choisi d’espacer davantage les épilations et de prendre ça comme une possibilité et non comme une obligation. Cet été, j’ai ainsi décidé de rester environ 1 mois et demi sans être épilée du tout. Je suis partie en vacances comme ça. Cela a parfois engendré des discussions amusantes (NB : je faisais du wwoofing donc j’étais hébergée chez des gens que je ne connaissais pas). Surtout, cela permet de relativiser la chose : finalement personne ne nous fuit et ce n’est pas si rebutant que ça. Je n’ai cependant pas arrêté de m’épiler, simplement, je laisse chaque fois le temps à mes poils de repousser complètement (que ce soit les sourcils ou les jambes, ou bien les aisselles). Cela ne me gêne plus vraiment de sortir si je ne suis pas parfaitement épilée. Pour les jambes je préfère ensuite aller en institut et me faire épiler à la cire, ce qui me laisse bien deux mois tranquilles. Je vais dans un institut “bio”, ce qui limite un peu la casse… mais je sais que ce n’est pas la panacée ! Pour les sourcils, je teste depuis la rentrée l’épilation au fil pratiquée par une esthéticienne à domicile. C’est vraiment rapide et efficace, le résultat est très net et ça dure longtemps. On utilise seulement une petite quantité de fil, c’est plutôt économique ! Il y a ensuite des zones que je ne touche pas, notamment le pubis. Je “desépaissis” un peu de temps à autre avec une tondeuse (quand j’y pense!) mais c’est tout.

En ayant espacé ces séances d’épilation, j’ai gagné beaucoup de temps, un peu d’argent, et réduit les déchets produits. Surtout, j’assume mon corps comme il est même lorsque je ne suis pas épilée du tout. Je sais toutefois que je pourrais faire mieux, mais j’ai pour l’instant trouvé un équilibre qui me satisfait.

Clémentine du blog Clémentine la Mandarine

Je ne me suis jamais épilée, j’ai toujours été persuadée, sans avoir testé, que ce serait trop douloureux. Par contre, je me rasais presque quotidiennement les aisselles et les jambes, notamment en été. Et puis, avec la naissance de Petit Lutin, mes priorités ont changé, et j’ai commencé à zapper le rasage lorsque mes aisselles et mes jambes sont couvertes, c’est-à-dire quand ce n’est pas l’été. L’hiver, mes poils me tiennent chaud 😉 Mon Amoureux ne s’en est jamais formalisé. Il faut aussi souligner que je suis pourvue à la base une pilosité faible et que je ne vais jamais à la piscine.

Après des irritations sous les aisselles, j’ai arrêté de me raser. Aujourd’hui, j’utilise la tondeuse de mon amoureux, réglée sur le minimum : adieu les micro-coupures irritantes ! Pour les jambes, j’utilise toujours un rasoir, uniquement les jours où je porte des jupes ou des shorts. Je suis donc passée à une éradication minimaliste des poils, qui me convient parfaitement et qui me permet d’avoir grandement diminué la quantité de rasoirs jetables que j’utilise. Quand à la mousse à raser (je ne sais même pas si ça existe pour les filles ?!), je n’en ai jamais utilisé. J’utilise tout simplement du savon d’Alep.

 Lucie

Pour ma part je me suis toujours posé la question : je n’ai jamais vraiment eu envie de m’épiler mais suite à des moqueries (même si ça remonte à loin maintenant) j’ai fini par me conditionner. J’ai à peu près tout fait : rasoir, cire maison, la cire au sucre  esthéticienne traditionnelle, esthéticienne low cost , épilation laser. Et puis ça à fait tilt suite à des discussions entre amis et la découverte de Pin-up Bio. Et du coup j’ai sauté le pas, je ne m’épile plus depuis quelques mois : je tonds !

1 à 2 fois par mois actuellement parce que mon chéri bosse loin, j’envisage 1 fois par semaine en été. Les avantages que j’ai pu constater à la tondeuse :

Personnellement j’ai une tondeuse féminine, comprendre tondeuse spécial pubis… plutôt petite donc et ce n’est pas super pratique pour les grandes surfaces comme les jambes. Du coup je pense peut-être me prendre une tondeuse classique, pour homme, pour faire les jambes et garder la petite pour les aisselles à l’occasion, les petites zones et le pubis mais de manière respectueuse de mon corps.

Voici les quelques liens, du plus révélateur au petit plus, qui m’ont aidé :

Crédit photos: les 3 dernières photos sont l’oeuvre du photographe Ben Hopper

Un grand merci pour ces contributions et voici d’autres liens pour  aller plus loin:

 Et vous, quel est votre rapport aux poils et  à l’épilation ? Seriez-vous prêt-e-s à arrêter de vous épiler pour réduire votre empreinte écologique ?
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