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À la découverte de la biodiversité marine de l’Île de Vancouver

Alors que beaucoup rêvent de plonger dans les mers chaudes et turquoises du globe pour découvrir les barrières de corail, leur faune et leur flore multicolores, l’endroit où Laura préfère enfiler ses palmes n’est autre que l’île de Vancouver où la température de l’océan dépasse rarement les 12° en surface et où les eaux sont généralement troubles. Pourquoi cette préférence? Car c’est ici que se trouve l’une des plus grandes diversités d’espèces marines invertébrées, les plus fascinantes qu’il soit d’après Laura.

Cette jeune femme canadienne originaire des prairies de l’Alberta est sans aucun doute la personne la plus passionnée par les sciences marines et la protection de ses écosystèmes marins que j’ai eu la chance de rencontrer. À l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité le 22 mai dernier qui était dédiée à la biodiversité marine des îles plus spécifiquement, j’ai voulu en savoir plus sur le parcours de Laura et ses connaissances à ce sujet concernant l’Île de Vancouver en particulier.

De la médecine aux sciences marines

Au départ, rien ne prédestinait cette Calgarienne ayant grandi à plusieurs centaines de kilomètres de l’océan, à se passionner pour les fonds sous-marins. Elle voulait d’ailleurs devenir médecin et c’est donc tout naturellement qu’elle s’est orientée vers cette voie au début de ses études. Cependant, lorsqu’elle entend parler d’un centre de recherche de sciences marines à Bamfield, sur la côte ouest de l’Île de Vancouver, cela attire sa curiosité. Elle décide donc d’y faire un tour au cours d’un été et y découvre alors un monde qui la fascine… et finit par se dire qu’elle préfèrerait côtoyer la vie sous-marine  plutôt que des patients mal en point!

Ses études prennent donc un nouveau tournant et de fil en aiguille elle enchaîne les cours et les expériences lui permettant d’en apprendre plus sur un domaine dont elle connaît alors peu de choses. Après diverses expériences de bénévolat qui vont la mener en Australie et en Nouvelle Zélande, sa certification de plongée et un Masters en Sciences Marines en poche, elle se tourne vers l’enseignement des systèmes environnementaux.

Création d’un programme scolaire unique au monde

Puis, il y a 4 ans, Laura décide d’élaborer son propre programme scolaire  et crée le tout premier cours de sciences marines pour l’Organisme du Baccalauréat International. À travers la mise en place de cette nouvelle matière, elle voulait avant tout montrer la beauté et la complexité de la vie sous-marine et surtout éveiller la conscience des élèves sur leur fragilité et la nécessité de les protéger pour maintenir l’équilibre de la vie.

Dans le lycée international où elle transmet sa passion et son savoir, elle apprend à des élèves de Première et de Terminale venus de 80 pays différents à connaître et comprendre le fonctionnement des écosystèmes qui les entoure pour mieux les respecter. Elle les incite également à s’intéresser aux écosystèmes marins de leur pays d’origine ou de ceux qui leur sont proches et à s’informer sur les menaces qui pèsent sur eux.

Les espèces marines de l’Île de Vancouver

Bien qu’on n’entende rarement parler des fonds marins de l’Île de Vancouver et qu’ils ne fassent pas plus souvent l’objet de reportages, ils n’ont rien à envier aux autres, tant ils sont riches et variés. Du côté de la faune, outre les poissons, on retrouve beaucoup d’invertébrés tels que les concombres de mer, de crustacés dont beaucoup de crabes, de céphalopodes comme les pieuvres et plusieurs mammifères dont principalement les baleines à bosse, les orques, les éléphants de mer, les lions de mer et les phoques. Laura, elle, est surtout fascinée par les étoiles de mer qui ont la particularité de digérer leurs aliments à l’extérieur de leur corps.

Du côté de la flore, Laura s’intéresse de près au varech (ou laminaire), une algue ayant la particularité de former des “forêts” sous-marines et dont la grandeur, de 30 à 80 mètres, permet d’abriter un nombre d’animaux impressionnant. On peut ainsi recenser jusqu’à 100000 espèces d’invertébrés au mètre carré dans une forêt de varech! Cette algue est également considérée comme une source potentielle d’énergie renouvelable mais son nombre est en diminution…

Les espèces menacées et les problèmes environnementaux

Comme partout ailleurs, beaucoup des espèces qui vivent autour de l’Île de Vancouver sont en danger à cause des activités humaines. De nombreuses orques ingurgitent des PCB (polychlorobiphényles) rejetés en mer et à leur mort ils deviennent de véritables cadavres toxiques.

Les loutres de mer, longtemps chassées pour leur fourrure, ont elles pratiquement disparu dans la région. C’est d’ailleurs suite à leur extinction en Colombie Britannqiue que l’on a observé une diminution du varech autour de l’île. En effet, les loutres de mer se nourrissent de prédateurs herbivores tels que les oursins, les escargots et les ormeaux qui eux-mêmes se nourrissent de varech. Ainsi, naturellement, la diminution du nombre de prédateurs pour ces herbivores amateurs de varech a entraîné la diminution de ses forêts et, par conséquent, des espèces qu’elles abritent.

La pollution affecte également le saumon du Pacifique, victime de la surpêche. De plus, la déforestation, qui affecte la qualité, la quantité et la stabilité de l’eau des rivières et des lacs de multiples manières a un impact sur la reproduction du saumon sauvage. Les saumons retournent habituellement à leur rivière natale pour pondre leurs oeufs. Ils ont besoin d’un courant rapide pour nager en amont, d’un courant lent dans certains endroits pour se reposer et d’un courant moyen dans d’autres pour construire leur nid et pondre leurs oeufs. Malheureusement, la déforestation autour des cours d’eau a entre autres pour conséquence de détruire la diversité d’habitats car sans arbres pour stabiliser le sol et ralentir les courants, les courants des ruisseaux et rivières deviennent uniformes par endroits. En plus, l’érosion des sols due à la déforestation bouche les ruisseaux et rivières et peut affecter le développement des oeufs et les jeunes saumons. Enfin, le manque d’ombre augmente la température de l’eau et par conséquent réduit le niveau d’oxygène.

Les élevages de saumons de l’Atlantique posent également problème car plusieurs poissons parviennent à s’échapper de leur bassin et une fois en mer ils introduisent et propagent de nouvelles maladies. Quant à la pêche aux crevettes, elle est responsable de la prise accessoire de nombreux poissons qui constituent en moyenne 90% de la prise lors de la pêche au chalut

L’éducation: une source d’espoir pour l’avenir

En entendant parler Laura de ces divers problèmes écologiques, je réalise que sous ses grands airs de vert, l’Île de Vancouver n’est pas à l’abri de la pollution et de la bêtise humaine. Cependant, Laura reste pleine d’espoir. Grâce aux cours qu’elle enseigne, elle sait qu’elle a réussi à éveiller de nombreuses jeunes consciences au sujet de la beauté et de l’importance des écosystèmes marins et du rôle de l’humain aussi bien dans leur destruction que dans leur protection. Rares étaient ceux qui avaient entendu parler du continent plastique ou de l’impact de la pêche avant d’entrer dans sa classe et ces réalisations les poussent à remettre en question leur rôle de consommateur.

Plus que de simples connaissances, c’est une véritable conscience et un sens des responsabilités qu’elle développe chez ses élèves, tout en leur donnant le goût et l’envie d’apprendre, comme le prouvent les récits et les photos du blog du cours de sciences marines de Laura.

Et je me dis qu’on devrait tous avoir eu une « Laura » comme professeure pour nous apprendre à connaître, à comprendre, à apprécier et à protéger l’environnement dans lequel on vit…

Quelles sont les espèces marines qui vous fascinent ? Connaissez-vous bien les écosystèmes qui vous entourent ?
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