Site icon Échos verts

Mon cheminement vers une « conscience écolo »

On me demande souvent, quel a été le déclic. Comment j’en suis venue à créer ce blog, à me lancer des éco-défis chaque mois, à trouver la motivation pour changer mes habitudes afin de cheminer vers un mode de vie plus sain, plus éthique et plus écologique ? Alors aujourd’hui, je vous raconte les différentes expériences qui ont, au fil des années, contribué à l’éveil de ma “conscience écolo” et qui ont fini par me pousser à passer à l’action…

Comme beaucoup, j’ai toujours été sensible à la beauté de la nature et à la nécessité de protéger notre environnement. J’ai eu la chance de grandir à Grenoble, une ville entourée de montagnes, de forêts et de lacs plus majestueux les uns que les autres et j’ai donc très tôt été initiée aux trésors et à la fragilité de ma région, notamment grâce aux classes natures et aux camps de vacances. Mais comme pour beaucoup, ma conscience écologique se reflétait dans des gestes acquis par réflexe et somme toute assez « banals » : recycler, privilégier les transports en commun, ne pas jeter de déchets par terre, ne pas laisser l’eau couler pour rien, ni les lumières allumées inutilement.

Puis, je dirais que ma conscience écologique a atteint un autre niveau lors de mon voyage à bord de Fleur de Lampaul. Pendant près d’un an, j’ai partagé le quotidien de peuples autochtones des îles de la côte ouest africaine, des Caraïbes, de l’Amérique Centrale et de la Polynésie française. Très vite, j’ai réalisé non seulement que leur survie dépendait de la nature qui les entourait mais aussi que mes choix de consommatrice à l’autre bout du monde mettaient en péril leur environnement et donc leurs ressources vitales. En parallèle, j’ai aussi été sensibilisée à la richesse et à la fragilité des océans, de la faune et de la flore. Enfin, vivre à bord d’un voilier et partager le quotidien de peuples qui se contentaient de peu de choses sur le plan matériel, m’a obligé à adopter un mode de vie minimaliste et cela m’a permis de réaliser que le confort, le bonheur et la richesse d’une vie pouvaient être complètement indépendants de nos possessions. Une nouvelle graine verte fut alors semée dans mon esprit, mais il lui fallut encore beaucoup de temps avant de commencer à germer.

Au retour de ce voyage, je n’ai pas le souvenir d’avoir changé quoi que ce soit dans ma façon de vivre mais il est certain que ma vision du monde et de l’avenir ont commencé à évoluer. J’avais envie d’en savoir plus sur ces peuples dont le rapport à la nature m’avait énormément touchée, inspirée et fait réfléchir. Je ressentais comme une urgence et un besoin de comprendre, préserver et propager leurs savoirs. C’est donc naturellement que j’ai choisi l’Anthropologie comme matière au bac (international) et que j’ai ensuite fait une Licence en Anthropologie et en Communication. Je souhaitais ensuite devenir photojournaliste afin d’aller à la rencontre de ces peuples indigènes en danger et d’éveiller les consciences sur le lien étroit qui nous unissait à leur survie.

En outre, j’ai passé mon bac dans un lycée international sur l’Ile de Vancouver et cette expérience avait 2 particularités : il s’agissait d’un établissement faisant partie d’un organisme ayant pour mission d’éduquer les élèves à la paix et au développement durable et il se situait dans un lieu particulièrement propice au développement des liens entre l’humain et la nature. Pendant 2 ans, j’ai donc vécu au cœur de la forêt, au bord de l’océan Pacifique, avec autour de moi plus d’arbres, de biches et de phoques que de personnes ! Victoria, la ville principale de l’île, se situait à 1h30 en bus de là. J’y allais donc très rarement, et je me suis tellement bien habituée à cette vie en pleine forêt que chaque escapade en ville était pour moi devenue une véritable aventure !

J’avoue tout de même que j’ai mis du temps à me sentir à l’aise dans cet environnement dominé par la nature. Au début, j’évitais de m’y balader seule, craignant d’y croiser un ours, ou pire, un cougar ! Petit à petit, j’ai appris à relativiser et mes peurs ont été remplacées par un sentiment de quiétude immense. Dès lors, j’ai su que la nature prendrait une nouvelle place dans ma vie. Pour ce qui est du contexte scolaire, il m’a permis d’en apprendre plus sur les grands enjeux climatiques et certains problèmes environnementaux mais tout cela restait très vague et lointain pour moi- je ne me sentais pas directement concernée, que ce soit par les causes ou les solutions possibles.

Puis, il s’est écoulé 9 ans sans que ma conscience écologique n’évolue davantage. Pendant ce temps, j’ai passé 6 mois en France, 6 mois en Inde puis 8 ans en Angleterre. Je continuais d’appliquer mes petits gestes “banals” et j’avais mis de côté mon rêve de devenir photojournaliste pour devenir prof de français. J’ai tout de même profité de toutes les opportunités qui se présentaient à moi pour parler d’écologie dans mes cours et j’ai également participé au développement d’un projet axé sur le développement durable au sein du collège-lycée où je travaillais à Oxford. Mais encore une fois, j’agissais de façon un peu détachée, je regardais tout cela de loin puisque dans mon quotidien, rien ne changeait.

Depuis mon départ de l’Ile de Vancouver en 2002, je n’avais qu’une envie : y retourner. C’était le seul endroit au monde où je me voyais vivre sur le long terme. Alors quand un poste s’est libéré dans le lycée où j’avais moi-même été élève, j’ai sauté sur l’occasion,  et pour mon plus grand bonheur, j’y retournai en août 2011, avec J. cette fois-ci. Pour moi, c’était un peu comme un retour aux sources. Il y avait tout de même une grande différence entre mon premier et ce second séjour : je passais du statut d’élève à celui de prof. J’avais donc la responsabilité de donner à mes élèves les clés pour comprendre et appliquer la mission de notre établissement et savoir comment évoluer vers la paix et le développement durable.

La dernière journée de l’année scolaire est toujours consacrée au grand ménage. Tou·te·s les élèves étant internes, ce lycée est leur maison pendant deux années et vous pouvez donc imaginer tout ce qu’iels y accumulent ! Ce jour-là, chacun·e des éducateur·trice·s a son poste de responsabilité pour aider au bon déroulement de ce grand ménage et s’assurer que les élèves ne laissent aucune trace derrière eux·elles avant leur départ définitif du lycée ou leur retour chez eux·elles pour l’été. À la fin de ma seconde année, j’étais au poste de “recyclage”, afin d’aider les élèves à trier leurs différents déchets et c’est là que tout a basculé pour moi… Je suis tombée de haut en réalisant qu’au bout d’un ou deux ans de scolarité dans un établissement censé les sensibiliser à l’écologie, iels étaient incapables de trier leurs déchets correctement. Pire encore, dans la précipitation du départ, iels jetaient des objets qui pouvaient encore servir et même des aliments encore consommables ! J’étais écœurée par tant de gâchis et dévastée à l’idée que des élèves supposé·e·s être conscient·e·s des problèmes environnementaux et sociaux qui touchent notre monde (et certain·e·s d’entre eux directement puisqu’iels viennent du monde entier et de milieux socio-culturels très variés), puissent agir ainsi. Mais plus que tout, je me suis sentie envahie par la culpabilité – après tout, en tant qu’éducatrice dans ce contexte, j’avais ma part de responsabilité dans leur difficulté, voire leur incapacité, à faire le lien entre les problèmes dans le monde et leurs propres actions.

Ce soir-là, j’ai beaucoup pleuré et j’ai passé les semaines qui ont suivi à réfléchir au problème. J’avais besoin de trouver des solutions. Et puis très vite, l’idée de créer un blog a germé. Partout autour de moi, j’entendais parler d’initiatives d’éco-citoyen.ne.s à la portée de tou.te.s et je me disais que ce serait bien de les mettre en avant, afin de montrer que nous avions tou.te.s le pouvoir et le devoir d’agir et de verdir le monde, à notre échelle. Je me disais aussi que tenir un blog serait pour moi l’occasion de renouer avec mes passions d’antan qui m’avaient donné envie de devenir journaliste : l’écriture, les rencontres et le partage. Ainsi, est né Echos verts, au milieu de la verdure de la pointe sud de l’Ile de Vancouver, en juin 2013.

Au gré de mes recherches et lectures, au moment de la création du blog, je suis tombée sur No Impact Man et ce documentaire m’a permis de réaliser tout ce que moi je pouvais mettre en place dans mon quotidien pour réduire mon empreinte écologique. Évidemment, je ne pouvais pas tout changer d’un seul coup alors j’ai décidé d’y aller pas à pas, en relevant un nouvel éco-défi chaque mois. Je dirais que c’est à partir de ce moment-là que que j’ai réellement pris mes responsabilités et que j’ai décidé de faire de mon mieux pour contribuer à la protection de notre planète, plutôt qu’à sa dégradation. J’ai alors remis en question mes habitudes et mes croyances et c’est à partir de ce moment-là que j’ai véritablement commencé à cheminer vers un mode de vie plus sain, plus éthique et plus écologique.

Il s’est donc écoulé près de 15 ans, entre le moment où cette première graine a été plantée lors de mon expédition à bord de Fleur de Lampaul et le jour où j’ai commencé à en récolter les fruits. Mais après, tout est allé très vite… Quand je songe à mon quotidien il y a à peine 4 ans, j’ai du mal à croire combien il était différent de celui d’aujourd’hui… Tant de choses ont évolué dans ma manière de penser, d’être et de faire puisque c’est désormais ma “conscience écolo” qui me guide au quotidien, dans mes choix, mes réflexions et mes aspirations… Et même si ce n’est pas toujours évident de vivre avec cette conscience dans un monde dominé par le consumérisme, le matérialisme et le capitalisme, je lui fais entièrement confiance. Car la vie semble avoir tellement plus de sens depuis que je me laisse guider par ma conscience écolo…

Comment s’est déroulé votre cheminement vers une « conscience écolo » ? Quel a été le déclic pour vous ?
Quitter la version mobile